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La Maraîchine Normande
26 décembre 2014

FOUSSAIS (85) - LA MORT TRAGIQUE DES DEUX NOTAIRES DE FOUSSAIS EN 1793

FOUSSAIS
Un épisode des guerres de Vendée : La mort tragique des 2 notaires de Foussais en 1793

Note : Je suis heureux, grâce à l'obligeance de M. Boone, ancien receveur d'enregistrement à St-Hilaire-des-Loges, de donner le récit détaillé de cet épisode, qui a eu pour théâtre le château de Serigny. Les sources en sont très sûres, elles résultent en effet de la tradition locale, les faits étant dans toutes les mémoires, il y a une centaine d'années, et 2 personnes nées vers 1825 les ayant elles-mêmes rapportées à l'auteur il y a quelque 30 ans ; de plus certains détails résultent d'actes très authentiques.
G.D.

Foussais vue


Sous Louis XVI, Foussais possédait 2 études notariales, et non une seule comme aujourd'hui, dont les titulaires étaient Me Jean Caillet et Me Etienne Gay, habitant le premier à la Gatinière, et le second au château de Sérigny, la résidence au bourg n'étant pas alors obligatoire.


Notables et expérimentés en affaires, ils étaient tout désignés pour être des dirigeants de la commune, aussi furent-ils alternativement syndics, c'est-à-dire : maires ; mais rivaux dans leur métier, il était un peu fatal qu'ils le fussent en politique, et, en effet, lorsqu'éclata la Révolution Me Caillet se prononça pour les Vendéens, et Me Gay pour les Républicains. La conséquence fut que tous deux se trouvèrent intimement mêlés aux fluctuations politiques d'alors, et aussi aux incidents qu'elles provoquèrent à Foussais.


Entre autres choses, en 1792, le curé de Foussais, l'abbé Jean Guard, ayant refusé de prêter serment à la constitution civile du Clergé, fut expulsé de sa cure, arrêté, traduit devant le tribunal de Fontenay et condamné à l'exil, puis remplacé par un prêtre constitutionnel, l'abbé Bichon, ancien vicaire de Fontenay.


Mais, lorsqu'on voulut procéder à la constitution de la Garde nationale prescrite par arrêté du Directoire départemental du 15 février 1793, et à la levée d'hommes pour l'armée, ordonnée par décret du 24 février 1793, Caillet et ses partisans mirent de telles entraves qu'il fallut y renoncer par crainte de voir ces recrues se prononcer contre le gouvernement. Cette attitude valut à son auteur d'être maire de Foussais pendant toute la durée de l'occupation vendéenne (avril 1793 et mai). Naturellement, il prit aussitôt des mesures inverses de celles préconisées par les Républicains, et le curé jureur fut le premier à en souffrir. L'abbé Bichon recevait en effet une subvention pour l'entretien du cheval de la cure, or cette subvention lui fut non seulement supprimée, mais le cheval lui-même fut réclamé comme propriété communale. De plus, quand le gouvernement ordonna pour le 21 juillet 1793 la réunion au chef-lieu du canton, c'est-à-dire à Foussais même qui était alors ce chef-lieu, d'une assemblée électorale, appelée à se prononcer sur la ratification de la constitution du 24 juin 1793 récemment votée, Caillet s'y opposa et l'empêcha.


Mais au recul des Vendéens peu à peu refoulés vers le Bocage, à partir d'août 1793, il y eut renversement de situation politique ; et la première victime en fut le maire Caillet.


Porté sur la liste des rebelles après la rentrée des Républicains à Fontenay, (fin juillet 1793), il fut arrêté, puis déféré à une Commission militaire chargée des sanctions, par ordre de Lequinio, délégué du Comité de Salut Public, et le 27 nivôse an II (17 janvier 1794), il était condamné à mort, pour "étant chef de Brigands, avoir voulu voler le cheval du curé de Foussais, bon patriote, et avoir voulu soulever les citoyens contre la République, etc. 
Il fut guillotiné aussitôt.


Les partisans de Caillet, probablement assez nombreux, furent également l'objet de perquisitions, d'arrestations, de détentions plus ou moins longues, voire même d'exécutions sommaires, lorsqu'un coup de fusil parti du sein d'une haie touffue contre quelque patrouille républicaine, faisait porter les soupçons sur les habitants de la ferme la plus proche. Aussi d'abord ce fut une peur affreuse ; puis ensuite une sourde colère contre certains révolutionnaires de Foussais ou des villages voisins, rendus responsables de cette situation et accusés - à tort ou à raison - de dénonciations téméraires ou calomnieuses.

 

Foussais - château de Sérigny


Et un jour vint, où cette colère ne se contenant plus, se traduisit en actes de vengeance, et Me Gay, de Sérigny, en fut la victime la plus marquante. Le 11 pluviôse an III, en effet (31 janvier 1795), dans l'après-midi, une dizaine d'hommes armés arrivaient au château de Sérigny, sa résidence, leur grand chapeau enfoncé sur les yeux, et un mouchoir attaché sur la nuque cachant le bas de leur visage ; sous menaces, ils refoulèrent les domestiques dans une petite chambre près de la cuisine, et tandis que deux hommes restaient à les surveiller, les autres s'emparaient du maître du logis, Me Gay, et l'entraînaient dans le salon. Ils y restèrent une heure environ ; puis vers 5 heures du soir, on entendit des coups de fusil, et peu après, les domestiques voyaient les hommes masqués quitter le château. Redevenus libres, ils s'inquiétèrent immédiatement de leur maître, et après quelques recherches, ils retrouvaient son cadavre au pied de la façade donnant sur le parc. Que s'était-il passé ? Il fut assez difficile de le savoir au juste, personne ne voulant parler, et les domestiques ayant été gardés à vue pendant toute la scène ; mais peu à peu, on arriva cependant, à l'aide de certains témoignages, à reconstituer ainsi les faits : Me Gay avait subi tout simplement un jugement en règle ; trois des hommes masqués s'étaient en effet assis au salon derrière une grande table, avec Me Gay debout devant eux, et après une longue séance, l'accusé avait été condamné à mort, puis emmené au jardin et fusillé près de la tour d'angle du château.

 

acte décès Etienne Gay

 


Il ne fut d'ailleurs pas seul à subir ce sort ; deux jours après, le 13 pluviôse (2 février 1795), à 11 heures du soir, le fermier de la Pénotière, Jacob Duret, était exécuté dans les mêmes conditions.

 

jacob duret


Les enquêtes n'aboutirent à rien de précis, mais aux quelques arrestations faites répondirent de nouvelles exécutions. Le 8 germinal (29 mars 1795), Jacques Baudouin, menuisier à Trié, était trouvé fusillé ; le 26 messidor (15 juillet 1795), c'était le tour des quatre fermiers de la Valinière, François, Louis, Daniel et Pierre Guillot.

 

Guillot François

Guillot Louis

Guillot Daniel

Pierre Guillot


Du coup, ce fut le silence général et aussi la fin des mesures de rigueur. Les atrocités d'une véritable guerre civile venaient de faire comprendre à tous les besoin impérieux d'une trêve et d'une amnistie que le gouvernement lui-même acceptait sur ces entrefaites en signant avec Charette, général vendéen, le traité de la Jaunaie, le 17 février 1795, et avec Stofflet celui de Saint-Florent, le 2 mai 1795.

Bulletins paroissiaux - 1934 et 1935 - AD85

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