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La Maraîchine Normande
26 décembre 2014

MACON (71) - UN BON PERE, UN BON MARI, UN BON PATRON ...

Mâcon

 

MACON, 1er janvier 1849

Dimanche dernier, un honnête artisan de notre ville, vint demander une place pour Cluny, dans la voiture qui partait à six heures du matin ; toutes étaient promises, et il lui fut impossible de trouver à se caser. Le jour était encore loin de paraître ; une neige épaisse tombait sur le verglas qui couvrait la route, et rendit un voyage à pied dangereux pendant l'obscurité.


Tous ces obstacles n'arrêtèrent pas ce bon père de famille, dont le fils, en garnison à Cluny, devait partir le lendemain pour Charolles avec son bataillon ; il se met donc résolument en route, sans s'inquiéter du mauvais temps.


Arrivé aux dernières maisons du faubourg, il glisse, tombe et se casse le bras gauche. Revenir chez lui, est ce qu'il paraît le plus sage à faire, mais s'il revient sur ses pas, il ne verra pas son fils, dont il est séparé depuis plusieurs années.


Sa résolution est prise ; malgré le froid, malgré la douleur occasionnée par sa fracture, malgré la distance et les dangers qu'il peut courir encore, il continue son voyage.


Arrivé à Cluny, son fils, désespéré du prix que coûte à son pauvre père le plaisir de l'embrasser, lui prodigue tous les soins dont il est capable, et va chercher son chirurgien-major pour réduire la fracture ; l'opération faite, on presse le blessé d'entrer, pour quelques jours, à l'hôpital, pour y recevoir les soins que son état réclame. Ce brave homme résiste ; il a laissé à Mâcon une femme qui attend son retour dans la soirée, si elle ne le voit pas revenir, elle concevra une inquiétude mortelle sur son compte ; et, oubliant ses souffrances, il prend une place dans la voiture du soir, pour être rendu chez lui à l'heure où il était attendu. Jugez de ce qu'a dû souffrir ce malheureux, à chaque secousse, pendant un voyage de plus de trois heures, après un accident aussi grave. Eh bien ! au milieu de cette torture, c'était le sort de quatre ouvriers qu'il faisait travailler chez lui, et qu'il allait se trouver forcé de congédier, par suite de l'impossibilité où il était de diriger leurs travaux.


Que faut-il admirer le plus, chez cet homme de coeur, de la tendresse du père, de l'affection du mari, ou de la sollicitude du patron pour ses ouvriers !"

Extrait : La Gazette Vendéenne - n° 2 - 1ère année - Samedi 13 janvier 1849

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