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La Maraîchine Normande
22 décembre 2014

SAINT-HILAIRE-DES-LOGES (85) - HISTOIRE DU PRESBYTERE

HISTOIRE DU PRESBYTERE
SAINT-HILAIRE-DES- LOGES

 

Saint-Hilaire-des-Loges

 

M. l'abbé Bailly, entrant dans cet immeuble en 1904, pouvait y entendre les paroles qui émotionnent : Enfin je redeviens l'asile de l'étude et de la prière, la demeure du prêtre. Pendant plus d'un siècle j'ai vécu en dehors de ma destination sacrée.


En effet cette maison léguée par Madame Masson était déjà la cure de Saint-Hilaire sur l'Autize avant la Révolution de 1793. Ce grand bouleversement national fit arriver au Pouvoir des hommes amis des destructions et des spoliations. Toutes les propriétés de l'Eglise catholique lui furent sacrilègement enlevées et vendues à des particuliers. St Hilaire partagea le sort de toutes les autres paroisses de France.


Voici ce que nous trouvons dans l'Acte de Délivrance du Legs Masson, rédigé par Me Ciory, notaire à Foussais, approuvé par M. le Président du Tribunal de Fontenay, 7 janvier 1903, enregistré sous M. P. Tapie :

"Il résulte d'un Acte administratif dressé à Fontenay-le-Comte le 14 Prairial an IV, (4 juin 1796) que les administrateurs du département de la Vendée, en présence du commissaire du Directoire exécutif, ont vendu à un Monsieur Louis Mangou, propriétaire demeurant à Saint-Hilaire des Loges, divers biens nationaux et en outre une partie de la propriété ci-dessus désignée qui formait à cette époque la maison curiale de Saint-Hilaire des Loges."


Les idées nouvelles qui bouillonnaient alors dans le cerveau de plusieurs obscurcirent-elles le sens de l'acquéreur, au point de lui voiler sa responsabilité et la gravité de son acte ? C'est un problème que je ne me charge point de résoudre.


Quels furent en général les sentiments des Mangou sur cette partie de leur fortune, je l'ignore. Il me suffit de savoir qu'ils ont pour la plupart, paru au Tribunal Souverain, où les jugements humains sont susceptibles de cassation et de réforme.


Mlle Emilie Mangou, épouse Masson, devenue par héritage propriétaire de cette maison, avait nourri, toute sa vie, la pensée de le rendre à son affectation première, la demeure du prêtre. Qu'elle soit, par rétroactivité, la bénédiction de ses ascendants !


Le 4 octobre, par ministère de Me Clory, notaire de Foussais, nommé plus haut, Madame Masson, demoiselle Emilie Manou, fit son testament en faveur de sa filleule, Mme Suire, de Fontenay-le-Comte. Cette pièce qui renfermait les volontés formelles de la testatrice, portait au numéro 15 ce qui suit :


"Je donne et lègue à la Fabrique de Saint-Hilaire des Loges ma propriété que j'habite en y comprenant le champ à la suite ; à condition par la dite Fabrique, d'en faire une cure et de nous faire dire des messes, pour le repos de nos âmes, tous les mois deux messes et à perpétuité."


Rien de plus clair et de plus impérieux que ces quatre lignes. Il n'échappera à personne que la Commune fut indirectement la principale bénéficiaire de cette largesse. En effet, le Concordat imposait aux Communes de France l'obligation de consacrer un immeuble convenable au logement du clergé catholique.


C'est donc une charge communale que la générosité de Mme Masson faisait cesser. Comme par un coup de baguette magique, le budget de Saint-Hilaire s'éleva en recette de trois cent francs environ. L'état de chose eut une durée de trois années environ. On voit que nous arrivons à un total très respectable.


Aussi le conseil municipal, dont l'avis fut pris, estima-t-il qu'il était de bonne administration de ne pas refuser son Placet à une proposition pour lui si avantageuse.


Nous trouvons le Conseil de Fabrique qui s'occupe pour la première fois de la question, à sa réunion ordinaire de Quasimodo, le dimanche 13 avril 1903. Voici la teneur de sa délibération, oeuvre surtout de M. l'abbé Bailly.


"M. le Président expose que par testament olographe du 4 octobre 1902, déposé en l'étude de Me Clory, notaire à Foussais, Mme Mangou Emilie, veuve Masson Mathurin, en son vivant propriétaire à St-HIlaire des Loges, où elle est décédée le 2 novembre 1902, a légué à la Fabrique de l'église de la dite commune la propriété qu'elle habitait, en y comprenant le jardin et le champ à la suite, à la condition d'en faire une cure et de faire dire, à ses intentions et à celles de sa famille, deux messes par moi à perpétuité.
Les formalités prescrites par les articles 2 et 3 du Décret du 1er février 1896, ont été remplies et deux des héritiers de la De Cujus ont fait opposition à la délivrance du legs dont il s'agit, en se basant sur ce que la testatrice était faible d'esprit et qu'elle avait été exploitée par son entourage.
Ouï, le Président, le Conseil,
1° Sur l'Acceptation du Legs :
- Considérant que l'Immeuble légué par la testatrice, d'une valeur d'environ dix mille francs, est d'un revenu suffisant pour couvrir les charges dont il est grevé ;
- Considérant qu'il est conforme à l'esprit et au texte de la loi du 3 avril 1884, que la Fabrique, s'il est possible, se charge elle-même de fournir et d'entretenir le presbytère paroissial, l'obligation de la commune à cet égard n'ayant plus qu'un caractère subsidiaire ;
- Considérant que sans doute, il eût été mieux pour les intérêts de la Fabrique que le legs Masson eût été fait sous les mêmes clauses à la Commune de Saint-Hilaire des Loges, à laquelle, dans l'espèce, eussent incombé les charges du legs mais que la testatrice ayant choisi la Fabrique comme légataire, la Fabrique ne peut, sans nuire aux intérêts communaux, se dérober à la mission de légataire dont la testatrice à jugé à propos de l'investir.
Considérant qu'il importe de seconder les vues pieuses de Mme Masson et de faciliter la fondation de messes qu'elle a voulu faire pour elle et ses parents, en même temps que de remplir ses volontés dernières ;
Pour ces motifs, décide à l'unanimité des membres présents qu'il y a lieu d'accepter, aux conditions posées, le legs Masson, de solliciter de l'Administration supérieure le Décret autorisant ce legs et confié à M. le Président et à M. le Secrétaire du Conseil, le soin de constituer le dossier nécessaire pour obtenir ce décret d'autorisation.
2° Sur l'opposition de deux des héritiers de la De Cujus,
Le Conseil,
Considérant que par son testament olographe du 4 octobre 1902, Mme Masson a constitué la Dame Malvaud Joséphine, épouse Suire, légataire universelle de tous ses biens meubles et immeubles, à charge pour elle de servir aux personnes désignées dans son testament les legs particuliers qu'elle y énumère ; que cette légataire universelle est entrée régulièrement en possession de son héritage ; qu'elle ne fait aucune objection à la délivrance du legs particulier fait à la Fabrique de Saint-Hilaire des Loges.
Considérant que, même si le legs fait à la Fabrique était frappé d'un refus d'autorisation, ce refus d'autorisation ne serait d'aucun profit pour les deux opposants, puisque, en cas d'annulation, c'est la dame Suire-Malvaud seule qui, en qualité de légataire universelle, recueillerait en sa part d'héritage l'immeuble légué à la Fabrique.
Considérant enfin que le testament Masson qui institue légataire pour partie la Fabrique de Saint-Hilaire des Loges, établit légataires encore, soit à titre universel, soit à titre particulier, huit ou dix autres personnes ; que tous ces légataires, hormis la Fabrique, ont été envoyés en possession, sans aucune objection de la part des deux opposants ; qu'il y a contradiction manifeste à dire que l'état d'esprit et la liberté de la testatrice, reconnus suffisants par les deux opposants, pour la validité d'un legs universel et de plusieurs legs particuliers à titre universel, ne l'ont pas été pour le legs spécial à la Fabrique, alors que tous ces legs, sans exception aucune, ont été fait par un seul et même acte testamentaire.
Pour ces motifs, à l'honneur de prier l'administration supérieure de considérer comme sans valeur et sans intérêts possible pour les opposants, l'opposition qu'ils ont formulée contre la délivrance du legs dont il s'agit, et la déclarer non avenue.
Fait à Saint-Hilaire des Loges, les jour, mois et an que dessus.
Victor Bailly, curé doyen, Baribeau, A. Vaneau, Simonneau, Nigot, Logeay.


Le gouvernement, éclairé et convaincus par la force des raisons, approuve le don fait à la Fabrique, de la maison de Mme Masson.


Nous tenons à mettre sous les yeux des lecteurs du Bulletin la pièce fondamentale qui suit.


RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Préfecture de la Vendée
DIRECTION DES CULTES
Ministère de l'Intérieur et des Cultes
DÉCRET
Le Président de la République Française,
Sur le rapport du Président du Conseil, ministre de l'Intérieur et des Cultes ;
Vu les pièces produites ;
La Section de l'Intérieur, des Cultes, de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts, du Conseil d'Etat, entendue :
Décrète :
Article premier
Le Trésorier de la Fabrique de l'église curiale de Saint-Hilaire des Loges (Vendée), est autorisé à accepter, aux clauses et conditions imposées, le legs fait à cet établissement par Mme Vve Masson, née Mangou, suivant son testament olographe du 4 octobre 1902 et consistant en la propriété qu'elle habite avec jardin et champ à la suite, située commune de Saint-Hilaire des Loges, numéros 1369 p. 1370 p. et 1402, section F. du plan cadastral, d'une contenance de 37 ares 40 centiares estimée 10.000 francs, à la condition par la dite Fabrique d'en faire une cure et de faire dire à l'intention de la testatrice et de son mari, tous les mois deux messes chantées.
Ces messes seront acquittées dans l'église paroissiale.
Article 2
Le Maire de Saint-Hilaire des Loges (Vendée), au nom de cette commune, est autorisé à accepter le bénéfice résultant pour elle de la libéralité faite par Mme Masson, née Mangou, suivant testament olographe du 4 octobre 1902 et consistant en une maison et ses dépendances destinées au logement du desservant.
Article 3
Le Président du Conseil, ministre de l'Intérieur et des Cultes, est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait à Paris, le 24 décembre 1903.
Signé : Emile LOUBET.
Par le Président de la République ; le Président du Conseil, Ministre de l'Intérieur et des Cultes,
Signé : E. COMBES.
Pour ampliation : Pour le Conseil d'Etat, Directeur général des Cultes, le Sous-Directeur :
Signé : P. MAGNY.
Pour copie conforme : La Roche-sur-Yon, le 12 janvier 1904, le Secrétaire général :
Robert LEROY.


Nous terminons le récit de cette douloureuse affaire de fondation, par l'Ordonnance épiscopale :


Nous, Clovis-Nicolas-Joseph,
Par la miséricorde divine et la grâce du Saint-Siège apostolique,
Evêque de Luçon,
Vu le Décret de Monsieur le Président de la République Française, en date du 24 décembre 1903, autorisant le Trésorier de la Fabrique de St-Hilaire des Loges à accepter le legs fait à cet établissement par Mme veuve Masson, née Mangou, suivant son testament olographe du 4 octobre 1902 et consistant en une propriété estimée 10.000 francs, à la condition par la Fabrique, d'en faire une cure et de faire dire à l'intention de la testatrice et de son mari, tous les mois, deux messes chantées :
Vu les saints Canons et notamment le saint Concile de Trente ...
Vu notre tarif diocésain approuvé ;
Considérant que l'excédent des recettes annuelles de la Fabrique de Saint-Hilaire des Loges est plus que suffisant pour assurer, sans avoir recours à d'autres moyens, l'exécution des services religieux demandés par la testatrice,
Avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
Article I
La Fabrique de Saint-Hilaire des Loges est chargée de faire célébrer, chaque année, à perpétuité, dans l'église paroissiale, deux messes chantées tous les mois, à l'intention de Mme veuve Masson et de son mari.
Article 2
La présente ordonnance sera transcrite sur le registre des délibérations du Conseil de Fabrique et mention sera faite de cette fondation au tableau des fondations, affiché dans la sacristie de l'église paroissiale.
Donné à Luçon, dans notre Palais Episcopal, sous notre seing, le sceau de nos armes et le contre-seing de notre secrétaire, le 19 janvier 1904.
CLOVIS-JOSEPH, Ev. de Luçon.
Par mandement de Monseigneur,
R. MIGNEN.


Rien de plus solide que ce monument, me direz-vous, chers lecteurs. Pour le bâtir, ont travaillé de concert : Conseil de Fabrique, Conseil municipal, Préfet de la Vendée, Directeur et Ministre des Cultes, Président de la République, et, comme pour tout consacrer, Mgr l'Evêque de Luçon lui-même.


Hélas ! un pouvoir de destruction, la Franc-Maçonnerie, est entrée partout, jusque dans la tombe de notre bienfaitrice, et l'a profanée. Nous pleurons maintenant sur des volontés saintes méconnues et violées, sur la France chrétienne sacrilègement outragée. Courage, Dieu ne meurt pas. Prions et travaillons, afin qu'il reprenne sa place dans notre chère patrie.

 

acte décès Marie-Emilie Mangou veuve Masson


L. RIVALIN, curé-doyen.
Bulletin paroissial de Saint-Hilaire-des-Loges - 1909

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