1831 - MARSEILLE (13) - DU VERT ET DU BLANC - ARRESTATION DE MARIUS-MARC-ANTOINE TESTON

Un peintre décorateur, nommé Marius-Marc-Antoine Teston, âgé de 31 ans, qui depuis les glorieuses journées est souvent réduit à se promener, non pour gagner de l'appétit, mais pour distraire la faim, passait tranquillement sur le port, à Marseille, le 18 mai (1831), lorsqu'un commis au bureau des passeports placé sous les ordres de M. *** le saisit et le conduit à l'hôtel-de-ville, sans lui faire connaître, nous ne disons pas sa qualité (ce commis n'en a aucune pour arrêter les citoyens qui se promènent), mais le motif de cette arrestation, que la présence et le concours de deux gardes nationaux ne pouvait rendre légale.

Teston ne tarda pas à être conduit devant M. Marlot, qui lui apprit qu'il avait conspiré publiquement ! Le pauvre décorateur, qui ne se doutait pas du fait, demande des explications, et on lui fit connaître qu'il avait failli mettre toute la France en combustion, en se promenant avec un morceau de verre à la main et un bouton de lys à la bouche. Vert et blanc ! disait le commissaire, vert et blanc ! vous avez commis une action que l'ordre légal ne saurait tolérer. Et au nom de l'ordre légal, Teston a été mis en prison au palais-de-justice, où, malgré la Charte-Vérité, il n'a été interrogé par le juge d'instruction que le 21, c'est-à-dire trois jours après son arrestation.

Voudrait-on bien nous faire connaître enfin la loi qui défend de porter les couleurs verte et blanche ou les fleurs de la saison ?

Revue judiciaire, civile, criminelle, administrative et commerciale
N° 43 - Tome III - 1ère année - Jeudi 2 juin 1831