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La Maraîchine Normande
29 novembre 2014

CHOLET (49) - ESPRIT-ANTOINE GUILLOU, COMMANDANT D'UN CORPS DE GUIDE (1764 - 1845)

 

acte naissance Guillou

 

Esprit-Antoine Guillou, né à Cholet le 30 juillet 1764. Il habitait sa ville natale au début de la guerre de Vendée ; il fut fait commandant d'un corps de Guides formé de gens du pays destinés à servir d'espions et d'éclaireurs aux colonnes républicaines, qu'ils avaient mission de "guider" dans un pays inconnu des généraux et des soldats. Ces guides s'acquirent dès le début une très mauvaise réputation, et on les accusa pendant toute la guerre de livrer de nombreuses victimes, même des patriotes avérés, aux commissions révolutionnaires, quand ils ne les exécutaient pas sommairement eux-mêmes.

Guillou se lia particulièrement avec Travot, auquel il rendit des services.


Peu après la pacification, il fut attaché en qualité de commissaire central de police à l'administration du département du Maine-et-Loire.


Il est mort à Cholet le 2 février 1845.

 

acte décès Guillou


Extrait : Kléber en Vendée (1793-1794)
par H. Baguenier Desormeaux - 1907

 

Esprit Guillou est engagé dans le processus révolutionnaire. Acquéreur de biens nationaux, inscrit aux "Amis de la Constitution", membre de la garde nationale et officier municipal, il commande en août 1792 la colonne d'une soixantaine de volontaires formée pour réprimer le soulèvement de Châtillon-Bressuire. Il participe à la vaine défense de Cholet et, le 14 mars 1793, est emprisonné par les Vendéens maîtres de la ville. Après son évasion, un mois plus tard, il prend le commandement des "Chasseurs à cheval" c'est-à-dire des "guides".

Les deux frères Guillou, Esprit (1764-1845) et Jean-Fidèle (1769-1845) ont été initiés au négoce dans le prospère commerce de draps et soiries que leurs parents ont monté à Cholet en 1753. Par son mariage avec une des filles du négociant René Bauduceau, Esprit Guillou est en contact direct avec le milieu des marchands-fabricants notamment les Revellière et les Chéreau, alliés de sa belle-famille. (Extrait : Les Onze associés de Cholet - (1796-1806) par Jean-Joseph Chevalier - Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest - Année 1990 - volume 97 - numéro 97-3)

 

CHOLET 3

 

QUELQUES CORRESPONDANCES DE GUILLOU, COMMISSAIRE DU POUVOIR EXECUTIF

Le 8 novembre 1799, le département de Maine-et-Loire fut déclaré en état de siège. Aussi, le 15 novembre, le citoyen Guillou, commissaire du pouvoir exécutif près l'administration centrale de Maine-et-Loire, mandait-il à son collègue près l'administration cantonale de Baugé : "Vous nous demandez des secours. Ce n'est pas à nous, mais au général (Hédouville) qu'il faut vous adresser pour en obtenir. C'est lui qui réunit aujourd'hui toute l'autorité depuis que le département est déclaré en état de siège. Portez-lui donc vos justes demandes. Je lui ai déjà exposé votre situation et vos besoins. Continuez de m'instruire des évènements. J'appuierai de toutes mes forces vos réclamations auprès de l'autorité militaire." - Au commissaire près la municipalité cantonale d'Ingrandes qui, le 27 décembre 1799, lui avait écrit que le fanatisme continuait de concourir avec le royalisme pour faire disparaître dans la contrée toutes les traces du régime républicain, le citoyen Guillou, commissaire central, répondait le 1er janvier 1800 : "Un état de choses aussi insupportable est à son terme. Le 15 nivôse (5 janvier 1800), les hostilités recommencent contre des scélérats qui ont abjuré toute bonne foi comme tout sentiment de justice." (Archives de Maine-et-Loire, L. 220)


Nous allons donner des extraits de la correspondance du citoyen Guillou, commissaire du pouvoir exécutif près l'administration centrale de Maine-et-Loire, avec le Gouvernement et avec ses subordonnés. Elle fait connaître quelle était la situation religieuse en Anjou au sortir de la Révolution.


Le 11 décembre 1799, le commissaire du pouvoir exécutif près l'administration cantonale de Rochefort-sur-Loire écrivait que les fêtes décadaires ne s'observaient plus dans son canton. - "J'en gémis avec vous, répondait Guillou le 17 décembre, parce que c'est un grand mal de voir si peu respectées des institutions qui peuvent beaucoup contribuer à l'affermissement du régime républicain. Mais ce mal est l'effet des circonstances. Si on l'attaquait par des mesures de rigueur envers les délinquants, on risquerait d'accroître la discorde qui fait tant de ravages dans ces contrées." (Archives départementales, L 220)


Le 9 janvier 1800, le commissaire central écrit à son collègue près l'administration cantonale de Beaufort-en-Vallée intra muros : "Tous les cultes sont libres, mais vous devez en surveiller les ministres. Leur premier devoir devrait être de prêcher la paix et l'union entre les citoyens. Vous m'instruisez de leur manière de se conduire à cet égard. Je vous recommande de faire observer les décades, mais en vous conformant strictement à la loi, sans lui donner aucune extension". (Archives départementales, L 220)


Le citoyen Loir-Mongazon, ancien prêtre jureur devenu commissaire du gouvernement près l'administration cantonale de Blaison, mandait à Guillou le 19 janvier 1800 : "Le curé de Jean-de-Mauvrets (sic) qui depuis deux ans se tenait caché, vient de reparaître sur l'horizon avec un ordre du général Hédouville ; malgré que le culte public soit permis, cet individu paraît préférer l'exercer en secret. Il est possible qu'il y gagne davantage. Et comme il faudrait faire une petite soumission à la loi, il veut avant voir le dénoûment de la chose." (Archives de Maine-et-Loire, L 233)


Au commissaire du pouvoir exécutif près le canton de Saumur intra muros qui, le 31 janvier 1800 lui écrivait sa douleur en voyant le culte décadaire délaissé, Guillou répondait le lendemain : "L'arrêté des consuls du 7 nivôse (28 décembre 1799), interprété par l'ignorance ou la malveillance, a produit généralement dans ce département un effet défavorable aux institutions décadaires. Pour arrêter ce mouvement dangereux, je vais provoquer une proclamation de l'administration centrale tendant à éclairer ses administrés. Comme cette influence nuisible à l'esprit public se fait sentir dans les cantons même les plus tranquilles et les plus patriotes, il serait imprudent d'employer la voie de contrainte dans la circonstance pour faire rendre aux fêtes décadaires le respect qu'elles obtenaient avant ces évènements." (Archives de la préfecture, L 220)


Dès le 4 février 1800, le commissaire du gouvernement près l'administration centrale du département écrivait au ministre de la police que les ministres catholiques avaient repris leurs fonctions (Fouché lui répondit, le 18 février : "Transmettez au général en chef tous les renseignements à ce sujet qui vous paraîtront utiles, et conformez-vous à ses instructions." (L 178). Nouvelle lettre, le 8 février : "Le département de Maine-et-Loire est entièrement tranquille, les ministres du culte ont repris leurs fonctions, le peuple se porte en foule et avec satisfaction à leurs cérémonies. Il est vrai que les décades ne s'observent plus guère qu'à Saumur et Angers, où même on se relâche beaucoup à cet égard. Tous les prêtres prêchent en général la paix et la soumission, quoique peu de déclarations aient été faites." (Cf. Anjou historique, septembre 1906, page 198)


Le 1er février 1800, le commissaire du gouvernement près l'administration cantonale des Ponts-de-Cé avait envoyé à son supérieur hiérarchique un rapport sur la situation de son canton. Il recevait du citoyen Guillou la lettre qui suit, datée du 13 février : "La prudence exige dans ce moment des fonctionnaires publics et surtout des commissaires du gouvernement qu'ils agissent avec modération en ce qui regarde le culte catholique et les institutions républicaines. Les évènements ont pu paraître défavorables à celles-ci en ranimant les espérances des sectateurs de celui-là. Mais nos institutions obtiendront l'ascendant qui leur convient à fur et mesure que l'ordre et la paix se consolideront dans nos contrées. J'ai fait connaître au ministre l'état des choses à cet égard, j'ai lieu de croire qu'il me tracera une règle de conduite qui leur convient. En attendant, je vous recommande d'exercer la plus active surveillance, de ne point brusquer l'exécution des mesures qui frappent les préjugés des habitants des campagnes." (Archives de Maine-et-Loire, L 220)


Le citoyen Loir-Mongazon, dont nous avons parlé plus haut, écrivait à son collègue près le département, le 15 février : "Un prêtre catholique exerce sans avoir fait sa soumission aux lois du Gouvernement. Comme je n'ai pas le plus petit mot à dire à tout cela, si vous avez la voix plus forte vous pourrez vous faire entendre. Pour moi, je suis muet." (Archives départementales, L 233)


Le 17 février, Bardou écrivait, d'Angers, au ministre de l'intérieur que les prêtres réfractaires rentraient en masse dans cette ville. (Archives nationales, F. 7 3682 1)


Le 19 février, le commissaire central Guillou mandait au ministre de la police : "La reprise du culte catholique est générale. Les prêtres remarient et rebaptisent. Ce qui est moins sans conséquence, c'est que les cloches sonnent où il y en a, sont redemandées où elles manquent, et que le coq et la croix remplacent sur les clochers le bonnet de la liberté."
Le jour suivant, nouvelle lettre : "Hier, l'oraison funèbre de Washington a été prononcée au temple décadaire (la cathédrale) par le président du département en présence des administrateurs et des généraux. La décade, célébrée avec pompe au chef-lieu, ne l'est plus dans les campagnes, où les prêtres reprennent leur influence et leur domination avec l'exercice de leur culte. Les émigrés rentrés concourent avec eux à égarer les habitants, à leur faire mépriser le gouvernement." (Anjou historique, septembre 1906)


Le citoyen Loir-Mongazon écrivait encore, le 20 février, au ministre de l'intérieur que le général Hédouville lui avait dit de fermer les yeux sur les prêtres rentrés qui exerçaient sans s'être soumis aux lois. (Archives nationales, F. 7 3682 1)


Le commissaire du Gouvernement près l'administration centrale de Maine-et-Loire mandait, le 20 février, à ses collègues près les administrations cantonales d'Ambillou, Blaison, Chalonnes-sur-Loire, Ingrandes, Gennes, Martigné-Briant et Les Rosiers, qui lui avaient envoyé des détails sur la situation de leurs cantons : "Je ne suis point surpris des ravages que fait le fanatisme. Cependant je ne crois pas que la tranquillité de votre canton en soit notablement altérée. Cet état de choses cessera lorsque les nouvelles autorités seront organisées, ce qui va avoir lieu très incessamment. Alors les lois reprendront tout leur empire, aucun individu ne pourra plus s'y soustraire impunément. Jusqu'à cette époque très voisine, vous n'avez autre chose à faire qu'à observer tranquillement tout ce qui se passe et à m'en instruire avec votre exactitude accoutumée. Toute mesure répressive serait inutile en ce moment et n'aurait d'autre résultat que de vous faire des ennemis." (Archives de Maine-et-Loire, L 215)


Le 14 février, le commissaire du pouvoir exécutif près le canton de Cholet avait annoncé que le culte catholique s'exerçait à Cholet par un ministre qui n'avait point fait la soumission prescrite par la loi ; il terminait en demandant ce qu'il devait faire. - "Toute démarche, toute mesure, répondait Guillou le 21 février, serait inconvenante et inutile de votre part en ce moment, parce que nous touchons à l'établissement d'un nouveau système d'administration. Il appartiendra aux autorités qui vont remplacer celles qui existent, de prendre les mesures qui conviendront pour assurer l'exécution des lois et faire rentrer dans les limites qu'elles leur prescrivent les prêtres qui voudront exercer leur culte. Ainsi pendant le peu de temps qui va s'écouler jusqu'à cette nouvelle époque, je vous engage à observer ce qui se passera d'intéressant pour la tranquillité de votre canton et à m'en prévenir jusqu'au dernier moment." (Archives départementales, L 220)


Le citoyen Guillou écrivait pour la cinquième fois à Fouché, le 22 février : "La multitude d'émigrés et de prêtres insoumis, qui abonde de plus en plus dans la commune d'Angers, réveille involontairement beaucoup d'inquiétudes dans l'esprit des républicains. Ils ont peine à croire à la conversion ou même à la tranquillité de leurs ennemis-nés. Mais surtout ils s'alarment de l'insoumission opiniâtre des prêtres devant qui l'autorité même semble fléchir, et par le souvenir des torrents de sang que l'Eglise a fait couler dans tous les siècles pour la défense de ce qu'elle appelait ses droits divins." (Anjou Historique, septembre 1906)


Par sa lettre du 23 février 1800, le citoyen Morry, commissaire du Gouvernement près la municipalité cantonale d'Angers, annonçait à son collègue près le département que plusieurs prêtres célébraient leur culte dans des maisons particulières de la ville, et que dans une de ces maisons il faisait tous les dimanches un rassemblement considérable. Il observait qu'aucun de ces prêtres n'avait satisfait à l'arrêté des consuls exigeant d'eux une promesse de fidélité à la Constitution. Il terminait en disant qu'il avait adressé un rapport à ce sujet au général Girardon. Guillou répondit à Morry le 24 février : "En transmettant ces faits au général qui commande ce département, vous avez fait ce que prescrit la surveillance dans laquelle il ne nous reste qu'à nous renfermer, puisque l'autorité militaire est seule chargée de la police. Au reste, je vous invite à continuer de surveiller jusqu'à la fin la conduite de ces prêtres, qui peut tant influer sur la tranquillité publique, et à me transmettre tous les évènements qui pourront en résulter." (Archives de Maine-et-Loire, L 220)


Le 26 février, le commissaire central Guillou disait dans une nouvelle lettre au ministre de la police générale de la République : "A Angers et dans les communes voisines, les prêtres réfractaires paraissent en très grand nombre et exercent publiquement leur ministère. Les autorités chargées d'exiger d'eux le serment prescrit par la loi du 21 nivôse (11 janvier 1800) gardent le silence et approuvent cette infraction." (Cité par M. Nauroy, dans le Curieux)


- Enfin le 2 mars, Guillou s'adressait au ministre de l'intérieur : "Si le Gouvernement n'a constamment l'oeil ouvert sur les départements de l'Ouest, ils deviendront une troisième fois le théâtre d'une guerre plus terrible peut-être que les deux autres. La conduite des prêtres et des émigrés qui s'emparent des esprits et les préparent à leur manière, la dernière pacification qui permet au scélérat de jouir de ses rapines à côté de l'honnête citoyen qu'il a dépouillé, tout fait croire qu'une troisième insurrection serait presque générale." (Archives Nationales, F 7 3682 1)


Loir-Mongazon, commissaire de Blaison, mandait encore à Guillou, le 2 mars 1800 : "La rentrée des émigrés et des prêtres réfractaires fait craindre aux patriotes pour leur liberté." (Archives départementales, L 233)


Le 10 mars, le commissaire près le canton de Rochefort-sur-Loire ayant annoncé que le prêtre Touzé, réfractaire et émigré rentré, exerçait son culte à Mozé sans avoir fait aucune espèce de soumission aux lois, et demandé quelle marche il devait tenir à son égard, le citoyen Guillou répondit le 15 mars : "Je ne vous en prescris aucune dans le moment actuel, parce que tout ce qu'on pourrait faire serait inutile. Je suis sous ce rapport dans la même position que vous. Je ne puis plus rien pour arrêter ce débordement de fanatisme. Ainsi nous sommes forcés de fermer les yeux sur ces abus dangereux. Peut-être que les nouvelles autorités qui vont nous remplacer, s'occuperont d'y mettre un terme en faisant respecter les lois relatives à la police des cultes." (Archives départementales, L 220)


Enfin le 16 mars 1800, le commissaire du Gouvernement près la municipalité cantonale de Durtal écrivait à son collègue Guillou : "Aujourd'hui dimanche (style ecclésiastique), nous avons eu quatre messes dans la section de Gouis, le culte s'y exerce librement et sans nulle contrariété des autorités constituées. On y court comme au feu. Il n'y a que le curé de Baracé qui ait fait sa déclaration, les autorités prudentes ferment les yeux sur les autres." (Archives de Maine-et-Loire, L 255)

Extrait :
La Revue des Sciences Ecclésiastiques et La Science Catholique
de MM. les abbés Quillet et Chollet
Première année - N° 1 - Décembre 1906

Guillou tombe Cholet 001 z

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Commentaires
J
Excellente documentation. Très bonnes références et sources.
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La Maraîchine Normande
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