LE PIN (79) - MASSACRE DU 25 JANVIER 1794
LE PIN (79)
Le 25 janvier 1794, Grignon (commandant la 1ère colonne infernale) arrive dans la paroisse du Pin, près de Châtillon.
Vingt habitants environ se portent à sa rencontre ; ils le supplient de ne pas brûler leur village et d'accepter le repas qu'ils ont préparé pour lui et sa colonne.
Grignon se met à table ; lorsqu'il a dîné, il ordonne d'attacher avec des cordes ceux qui l'ont si cordialement reçu ; ils sont traînés dans un champ voisin, et, sur un signe de cet homme, tous sont égorgés à coups de sabre et de baïonnette.
Pendant cette boucherie, la femme Tricot, auprès de son mari, de son fils, âgé de dix-huit ans, qui revenait de la campagne d'outre-Loire, auprès de son père, de son beau-père, de sa belle-mère et de sa soeur, était là portant un jeune enfant qu'elle allaitait. Cet enfant fut tué dans ses bras par les assassins de toute sa famille.
Malgré les imprécations qu'elle entend et les blessures qu'elle reçoit, malgré la mort de son dernier né, elle ne cesse de répéter à son mari et à son fils avec l'éloquence de la mère des Machabées : "Songez que votre Dieu est mort sur une croix et votre roi sur un échafaud ! ..." Et ce n'est pas à voix basse que ces paroles étaient prononcées. La femme Tricot les proférait en face des bourreaux. Elle semblait implorer le martyre subi par tous les êtres qui lui étaient chers à tant de titres. Grignon la condamne à vivre.
Elle revint de cette exécution, les mains, les vêtements couverts du sang de sa famille ; elle en revint pour en éteindre le feu qui avait été mis à la maison de sa belle-soeur.
A peine les révolutionnaires sont-ils éloignés qu'elle a le courage de se présenter encore sur le terrain où le sang des siens avait coulé. Chrétienne, après avoir été épouse et mère, fille et soeur pleine de sublimité, elle voulut ensevelir les cadavres mutilés de son mari, de ses enfants et de toute sa famille ...
Crétineau-Joly (Histoire de la Vendée militaire, T. II, ch. 1er, p. 45-46.
(Revue Le Dimanche - 5ème année - n° 14 - 8 avril 1893)
Le fils TRICOT, âgé de 18 ans, dont on parle dans ce récit, s'appelait JEAN-FRANCOIS, il était né le 16 avril 1776.
Son père s'appelait JEAN-BAPTISTE et était charpentier au bourg du Pin.
Sa mère s'appelait MARIE-MAGDELEINE BODINEAU.
Jean-François avait pour parrain, son oncle, FRANCOIS TRICOT et pour marraine, sa tante, MARIE-JEANNE BODINEAU.
Toutes les personnes citées ci-dessus ont probablement été les victimes, parmi d'autres, de ce terrible massacre.
Shenandoah Davis