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La Maraîchine Normande
17 novembre 2014

SAINT-FLORENT-LE-VIEIL (49) - CLAUDE ROBIN, PREMIER CURÉ CARDINAL DE SAINT-PIERRE D'ANGERS

C'était bien le plus fier original qui se pût voir, interrompant ses sermons pour, du haut de la chaire, crier à sa cuisinière le menu du dîner. En somme un bon vivant, joyeux drille, malin comme une chouette, la terreur de tous les chanoines angevins, et dont le fameux Bernard, (Souvenirs d'un Nonagénaire), raconte maintes anecdotes drôlatiques. Ses manières débraillées ne sont guère à vrai dire celles qui conviennent à un prêtre ; mais sa mort racheta toutes ces drôleries, lesquelles d'ailleurs ne le poussèrent jamais à mal, et ne l'empêchaient pas de mieux valoir que certains engoncés jansénistes, vrai gibier d'enfer à mine de saint. (Papiers de Benaben - Arsène Launay - 1886 - page 161 - note 7)

 

 

Saint-Florent-le-Vieil 1793

 

 

Fils d'un commerçant en fers, blés et charbons de Saint-Florent-le-Vieil, y naquit le 15 décembre 1714, dans une maison de la place Maubert, qu'on y montre encore (dictionnaire de Maine-et-Loire - Célestin Port - AD49) le savant spirituel Claude Robin, docteur en théologie, ancien recteur de l'université, curé de Saint-Pierre d'Angers, premier curé cardinal de la ville, Pèlerin apostolique et patron perpétuel des pélerins de saint Jacques.

 

acte naissance Claude Robin


Elève lauréat du collège de Beaupréau, il devint, à l'âge de vingt-cinq ans, vicaire de la paroisse où il avait reçu le baptême. C'est dans la ville de Saint-Florent qu'il commença ses études archéologiques ; chaque fois que son ministère lui laissait quelques loisirs, il parcourait la campagne avec plusieurs savants bénédictins de l'abbaye de Montglonne. Ce fut à lui qu'on dut la découverte de la grotte de saint Mauron, abbé de Saint-Florent, successeur immédiat du fondateur.


Cette grotte fut comblée lorsqu'on fit les terrassements pour établir la base de la colonne élevée sur le cavalier, en mémoire du passage, dans la Vendée, de la duchesse d'Angoulême.


Nommé à la cure de Chenehutte, puis à celle de Saint-Pierre, il ne manqua jamais, pendant le cours de sa longue carrière, de visiter, chaque année, la ville de Saint-Florent-le-Vieil.


L'esprit enjoué, les vives réparties de Claude Robin, l'ont fait comparer à Rabelais. Si Robin fut railleur comme le curé de Meudon, si comme lui, il fut négligé dans sa mise, il fut toujours un prêtre zélé et de moeurs irréprochables.


Voici le portrait qu'il fait de lui-même dans son histoire du Montglonne.


"S'il était nécessaire de se conformer à l'observation du Spectateur anglais, qui dit : qu'on ne parcourt guère un livre avec plaisir à moins qu'on ne sache si l'auteur est noir ou blond ; d'un naturel doux ou bilieux ; s'il est marié ou garçon, etc., je dirais d'un homme que je connais, qu'on croit connaître et qu'on ne connaît point comme il faut dans sa ville ; je dirais, par exemple, qu'il soupe peu ou point du tout, la bonne chère est peu compossible avec l'amour de l'étude : par là son sommeil est doux et léger, comme dit le sage : suavis erit somnus tuus. Aussi se réveille-t-il presque toujours après la première digestion, c'est-à-dire, sur les deux ou trois heures après minuit, comme dans la règle de saint Benoît : surgant digesti. Ses sens sont encore liés, mais son âme est déjà libre ; son corps ne repose jamais, dit Cicéron : nunquam requiescit. Dès lors il est saisi de quelque vérité ; elle l'occupe sans qu'il la cherche ; il médite sans efforts ; il prie sans méthode ; il adore l'auteur de son être, et c'est ordinairement le premier objet qu'il trouve au fond de son âme à son réveil. Le souvenir de ses fautes vient alors l'assaillir et le pénétrer malgré lui ; il se trouve saisi de je ne sais quel sentiment de crainte, tous ses écarts lui reviennent, il a honte de ses imprudences ; il regrette ses omissions, il gémit sur ses faiblesses, et cependant il se rassure, en regardant Dieu comme un bon père, comme l'ami de l'homme, et non comme un tyran. Il dort et veille ainsi délicieusement et par intervalle jusqu'au matin. S'il se lève quelquefois si longtemps avant le jour, il récite l'office de l'église, le silence et le calme de la nuit ont pour lui des charmes, le Venite exultemus et tous les beaux cantiques du psalmiste le ravissent.
Son état ne lui permet pas d'aller souvent à Matines ; y va-t-il quelquefois, si cet effort lui coûte, qu'il en est bien dédommagé par le goût singulier qu'il prend au chant et à la psalmodie ! il a plusieurs fois été attendri jusques aux larmes.
N'y va-t-il pas, après une courte prière il se hâte de prendre sa plume pour ne pas perdre ce qu'il a pensé pendant la nuit ; toute la matinée se passe ainsi à écrire le fruit de sa veille. Il écoute cependant, sans presque s'interrompre, les petites gens qui lui demandent du pain, ou qui lui font part de leurs petites affaires ; elles sont grandes pour eux. Il s'occupe ainsi, jusques vers midi, qui le trouve souvent à l'autel.
L'après midi il sort, voit les pauvres, les malades, se promène, lit, visite rarement, fait peu d'amis (en est il quelques-uns ?), néglige un peu ceux qui le sont ou qui le deviendraient sans toutefois jamais leur être infidèle."


Dans son exposé contre les doyens, chanoines et chapitre de la ville, formé en 1785, Claude Robin a tracé de lui le portrait suivant :


"Le sieur curé, naturellement gai, badin, léger, ouvert avec ceux qu'il connaît, donne facilement prise sur lui, prompt, vif, impatient, délicat, sensible, il est tranquille par réflexion au milieu des orages ; aimant la raillerie et les gentils mots pour rire, comme dit Brantôme, sans vouloir blesser personne, il l'admet volontiers contre lui-même, quand elle est fine et délicate ...
Il ne sait point pérorer dans les assemblées ; il se contente de dire son avis en deux mots, parce qu'il est laconique, parce qu'il est naturellement timide, à moins qu'il ne soit enhardi, animé, égayé, parce qu'ils a trop grande simplicité (ou, si l'on veut, bêtise), accompagnée toutefois d'une certaine abondance d'idées qu'il ne peut digérer sur-le-champ, qui se brouillent, se confondent, se séparent et l'empêchent de parler."


Claude Robin fut un écrivain très fécond ; la plupart de ses oeuvres n'ont point été imprimées. Il a écrit jusqu'à la fin de sa vie.


Le journal d'Angers du 30 avril 1790, en annonçant une nouvelle brochure de cet auteur, terminait son article par ce quatrain :


A soixante-quinze ans Robin
Écrivait, imprimait encore,
Et nous prouvait que son déclin
Ne démentait pas son aurore.


Ces principaux travaux sont :


1 - Recherche sur le châtelier de Chenehutte
2 - L'Ami des Peuples, ou mémoire intéressant pour l'Eglise et pour l'Etat.
3 - Le Camp de César au village d'Empiré, paroisse de Saint-Pierre d'Angers, ou Dissertation sur l'antiquité de l'église de Saint-Pierre.
4 - Le Mont-Glonne, ou Recherches historiques sur l'origine des Celtes Angevins, Aquitains, Armoriques, et la retraite du premier solitaire des Gaules au Mont-Glonne, de nul diocèse, sur les confins d'Anjou, d'Aquitaine et de Bretagne.
5 - Exposé signifié suivi de la demande en complainte formée par messire Claude Robin contre les doyens, chanoines et chapitre de ladite ville. 1 vol. de 168 pages - Angers, Mame, 1785.

 

Dissertation


Claude Robin fit en 1750 le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, puis ensuite se rendit à Rome. De retour à Angers, il suspendit à la voûte de son église son bâton de pèlerin, qu'il ne portait jamais qu'une fois par an, le jour de la procession du Sacre, marchant en tête de la confrérie de Saint-Jacques, dont il était le directeur. ...


Malgré les nombreux amis que comptait à Angers le curé Robin, il ne put se soustraire aux persécutions révolutionnaires.


Par une sombre nuit de la terreur, il fut conduit à Nantes pour alimenter les noyades de Carrier. Lorsque la barque où se trouvait le vénérable Robin passa près les hauteurs du Mont-Glonne, il se leva, jeta un regard attendri vers sa ville natale, lui donna une bénédiction suprême, puis retomba au fond de la barque, où il commença une prière qu'il ne finit que dans les flots de la Loire.

Bulletin Historique et Monumental de l'Anjou
par Aimé de Soland - n° 6 - 6ème année - 1859

Il fut enfermé, comme les prêtres sexagénaires, à la Rossignolerie, délivré par l'entrée en ville des Vendéens, et de nouveau arrêté à Empiré dans l'été, croit-on, de 1793. (dictionnaire de Maine-et-Loire - Célestin Port - AD49)

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Commentaires
P
On pourrait ajouter une illustration du vitrail de St-Florent qui le représente sur le bateau qui le conduit à Nantes en 1793.
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