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La Maraîchine Normande
23 octobre 2014

1882 - LE BANQUET LÉGITIMISTE DE CHALLANS (85)

1882
LE BANQUET LÉGITIMISTE DE CHALLANS

 

Challans est une petite ville de 5.000 habitants, chef-lieu de canton, arrondissement des Sables, département de la Vendée. Challans est en plein Marais : dans le Marais, M. de Baudry-d'Asson a son château de Fonteclose.

 

château de Fonteclose La Garnache


C'est aux portes de Challans que M. de Baudry-d'Asson a organisé un immense banquet royaliste qui a eu lieu vendredi à midi. Il a fait dresser une immense salle en baraquement de soixante-quatre mètres de longueur sur trente-huit de largeur, divisée en cinq nefs, occupées par seize tables d'hommes et quatorze de femmes, comprenant 3.000 couverts. Au centre de cette avenue, la tribune. A une extrémité, en estrade, la table d'honneur, derrière laquelle s'élève un orme, fils de l'orme de Fonteclose, qui vit mourir le premier Charette. Dans la salle, flottent six cents bannières fleurdelisées.


Quatre à cinq mille royalistes sont venus à Challans. La presse monarchiste de Paris et de province s'y est fait représenter.


MM. de Monti de Rezé, le général marquis de Charette, de la Bassetière, de La Rochejaquelein, de Cazenove de Pradines, de la Claye, de La Rochette, baron de Lareinty, de Chevigné, marquis et comte de La Rochefoucauld, Bayers, Espivent de La Villeboisnet, Pleyre, de la Billais, de Baudry-d'Asson, etc., etc., avec les vétérans de la Vendée soutenus par de jeunes Maraîchins, font leur entrée et prennent place à la table d'honneur, au milieu des acclamations mille fois répétées de : "Vive Charette ! Vive Baudry ! Vive la Vendée ! Vive le Roi ! Vive Henri V !"


La fanfare de Challans joue l'air de la Vendéenne.


M. de Monti, par ordre de M. le comte de Chambord, invite M. de Charette à prendre la présidence.
Le général de Charette demande le silence et donne la parole à M. de Baudry-d'Asson pour la lecture d'une adresse à M. le comte de Chambord.

 

Baudry-d'Asson


M. de Baudry-d'Asson lit alors une longue adresse dont nous détachons le passage suivant :


Vendéens et Vendéennes du Marais et du Bocage, nous sommes nombreux, ici, pour fêter Henri V, et pour pousser le vieux cri national : Vive le roi !
Tous, monseigneur, nous avons, plus vives que jamais, la foi et l'indestructible espérance que bientôt va sonner l'heure de Dieu, l'heure de la délivrance et du relèvement.
Sur le trône fleurdelisé de votre auguste aïeul, le bon roi Charles X, de glorieuse et sainte mémoire, vous apparaîtrez, monseigneur, portant au côté la glorieuse épée de Tolbiac, de Bouvines, de Marignan, d'Ivry et de Fontenoy, tenant en main le sceptre de saint Louis, et présentant fièrement au monde, sous le panache blanc du Béarnais, la couronne de Charlemagne et de Louis XIV.
Fils de France ! vos destinées sont inéluctables : Vous régnerez !!!
Et, par vous, monseigneur, triompheront enfin le droit, la justice et les vraies libertés !!!
Armée contre un peuple ingrat, la divine justice se lassera des criminels attentats et de l'orgueil des républicains.
Touchée des sanglantes expiations des martyrs, des longues et cruelles épreuves des héritiers de leur foi religieuse et politique, des angoisses patriotiques, des larmes et des supplications de tous les vrais Français, la céleste miséricorde ouvrira bientôt l'ère du salut national.
L'odieuse République s'est ruée sur la pauvre France quand elle gisait sous le pied vainqueur de l'étranger.
L'infâme régime l'épuisa d'honneur, de sang et d'or : il la laissa morceler par l'ennemi, épuiser et flétrir par la guerre civile, outrager et opprimer partout !
Nous l'avons vu chaque jour et nous le voyons encore, ce gouvernement sacrilège, exercer ses haines impies aux portes des monastères, dans les asiles de la prière, de la science et de la charité, dans les refuges de la misère et de la souffrance ! Nous le voyons poursuivre la guerre à Dieu, jusqu'au pied des autels, autour des parvis trois fois sacrés de la Chapelle expiatoire, sur les cryptes de l'église du Sacré-Coeur et dans le sanctuaire inviolable des prétoires de la Justice ! Nous l'avons vu et nous le voyons encore porter la persécution au foyer de la famille et dans les écoles des enfants du peuple.
Nous l'avons vu et le voyons encore, ce gouvernement de malheur, porter au comble nos maux et nos douleurs en infligeant l'humiliation et la honte au pavillon de notre marine et au drapeau de notre armée.
Que deviendra, monseigneur, ce qui reste de notre infortunée patrie entre les serres de ces vautours politiques que la Révolution a lancés sur nous ?
Encore un peu de temps et c'en serait fini de son indépendance, de sa fortune, de son honneur et du patrimoine de ses quinze siècles de gloire !
Mais le moment ne tardera guère, nous l'espérons, monseigneur, où votre voix royale nous conviera aux résolutions suprêmes ! Nous retrouverons, alors, dans notre dévouement pour la France, dans les indignations de notre foi profanée, dans notre conscience ignoblement provoquée et dans notre amour du roi, les ardeurs et les générosités de nos pères.
Comme eux, monseigneur, nous le jurons, sur le sacré-coeur qu'ils portaient à la bataille, sur les étendards qu'ils ont trempés de leur sang, sur cette noble terre de Vendée que soulèvent leurs mânes indignées, nous le jurons : petit-fils des immortels soldats de Cathelineau, de Charette et de La Rochejaquelein, oui ! nous serons prêts à combattre, s'il le faut, et à mourir, jusqu'au dernier.
Pour Dieu ! Pour le Roi ! Pour la France !
Daigne le roi agréer l'hommage filial de notre amour, de notre obéissance et de notre inaltérable fidélité.


L'éloquence de M. de Baudry-d'Asson n'a pas suffi à l'assemblée ; elle a entendu ensuite quinze orateurs qui montent successivement à la tribune : le prince de Léon, le marquis de La Rochejaquelein, M. Pieyre, député du Gard ; M. Durand, ouvrier de Nîmes ; M. Dubost, de Marseille ; M. Jaquier, avocat à Lyon ; M. André Barbes, de la Francenouvelle ; M. Cornély, rédacteur en chef du Clairon ; M. Henri des Houx, ancien directeur de la Civilisation, aujourd'hui rédacteur du Gaulois.


Après les discours, les chants. M. de Baudry-d'Asson, aussi bon chanteur qu'orateur excellent, a chanté le Chant du Marais, avec refrain par les Maraîchins. Puis, après l'exécution d'autres mélodies, l'assistance tout entière a entonné la Vendéenne ; la foule s'est ensuite écoulée dans le plus grand calme, sans un chant, sans un cri. Le samedi soir, au château de M. Baudry-d'Asson, il a eu de nouveau dîner pour les invités particuliers du député de la Vendée, dîner qui a été suivi d'une grande fête de nuit.

Article du Journal Le Temps
21.08.1882
Numéro 7788

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