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La Maraîchine Normande
4 octobre 2014

AVRILLÉ - LE POIROUX (85) - PETITES HISTOIRES DE TRÉSORS ...

PETITES HISTOIRES DE TRÉSORS

1862

On lit dans le Publicateur de la Vendée :

"Deux nouveaux trésors sont sortis dernièrement des entrailles du sol, sans bénéfice pour la science : le premier aux Brosses-d'Avrillé, le second à l'Éraudière-de-Poiroux.

 

Les Brosses

 

Le trésor des Brosses a été trouvé par le propriétaire lui-même, dans un buisson et sous les racines d'un chêne. La possession lui en était assurée par le Code civil ; mais, prêtant par trop l'oreille aux docteurs du village qui lui montraient le glaive de la loi suspendu sur sa tête, il s'est hâté de s'en débarrasser au profit d'un marchand ambulant, qui depuis huit jours parcourt les bourgades, offrant aux amateurs des monnaies censées du septième et huitième siècle : c'est le chiffre qu'on a cru lire à Avrillé. Il n'en est rien. Le trésor, qui se compose de 175 pièces d'argent, et du poids de 3 livres, est postérieur à Louis XII et même à François Ier. Ces petits écus d'argent étaient inconnus avant ce prince. Ceux qui nous sont tombés sous main portent les effigies de Charles IX, de Henri IV et de Louis XIII. Ces derniers sont des premières années du règne de ce roi. Nous croirions assez volontiers que l'enfouissement eut lieu à la fin des guerres de religion, alors que Soubise levait l'étendard du protestantisme dans le bas Poitou. Les paysans montrent encore, à quelques lieues d'Avrillé, le champ de bataille où l'une de ses bandes fut écrasée et anéantie par les catholiques, commandés par le seigneur de Montorgueil.

 

l'Eraudière

 

Le trésor de l'Éraudière est d'un autre genre. Il n'est pas monétaire, il est héraldique. Voici dans quelles circonstances il a paru à la lumière. Un boeuf, en traçant péniblement son sillon, s'affaisse tout à coup au milieu d'un champ, la terre lui manque sous les pieds ; il se trouve dans une fosse. C'était une fosse, en effet, creusée de main d'homme. Trois jeunes gens se concertent ensemble au même instant, et se mettent, pendant trois nuits consécutives, à la recherche de richesses qu'elle pouvait recéler. Elle n'avait pas moins de 12 à 13 mètres de profondeur ; ils la vidèrent sans rencontrer une seule monnaie. En revanche, à une profondeur de 10 à 11 mètres, ils trouvèrent des bandes et des liasses de parchemin posées avec symétrie et cachées dans une niche en bois artistiquement agencée ; elles étaient couvertes de lettres qu'ils ne purent déchiffrer ; aussi, n'y attachant aucune importance, ils ne tardèrent pas à les mettre en pièces. Ici, comme pour le premier trésor, nous avons été prévenu trop tard.

Tout porte à croire que cette fosse renfermait les titres des seigneurs de l'Éraudière, et qu'elle fut pratiquée pendant les guerres du seizième siècle. La destruction de ces actes authentiques est, nous le pensons du moins, une perte pour l'histoire du pays.


Espérons que ces actes de vandalisme auront une fin, et que les chercheurs de trésors finiront par comprendre qu'il est de leur intérêt, aussi bien que de celui de la science, de montrer à des hommes compétents les objets qu'ils peuvent rencontrer."

Extrait :
L'Ami des Sciences
par Victor Meunier
1862 (A8, T8)

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