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La Maraîchine Normande
4 octobre 2014

LA COUTURE (85) - JOSEPH BESNARD, CURÉ, CONDAMNÉ A MORT

La Couture

 

Joseph Besnard, curé de la Couture (aujourd'hui dépendant de Rosnay), resta au milieu de ses paroissiens, après avoir refusé le serment schismatique. Arrêté au début de 1794, il est conduit à Poitiers, condamné à mort le 18 mars 1794 [comme réfractaire, par le Tribunal criminel du Département de la Vienne], et exécuté avec d'autres prêtres insermentés (D'après M. Teillet, curé d'Antigny).
(Le Clergé Vendéen, victime de la Révolution Française - par Armand Baraud)

 

JOSEPH BESNARD, Curé de La Couture

M. Besnard, nommé curé en 1783, dépasse toutes les gloires, car, ayant été guillotiné à la Terreur comme fidèle à la religion, il semble avoir été martyr, et nous pouvons espérer que peut-être un jour il sera proclamé Bienheureux par l'Église. Aucun curé n'a donné autant de détails sur son séjour à La Couture : nous allons publier ce qu'il y a écrit.

 

LA COUTURE Eglise


Registre de 1784 - "J'ai pris possession du prieuré-cure de La Couture le 22 juillet 1783, après m'être démis du prieuré-cure de Mouilleron, prieuré qui dépendait de Cheffois (il s'agit sans doute de Mouilleron-en-Pareds). J'ai demeuré dans le bénéfice pendant 21 ans, je le bâtis entièrement, et ai décoré l'église d'une manière honorable, ayant trouvé tout dans le plus mauvais état. Depuis que je suis titulaire de La Couture, j'ai fait bâtir la maison tout à neuf, je l'ai placée proche la sacristie tant pour être éloigné de la route que pour avoir vue sur la prairie de La Couture ; la maison à dix ouvertures de chaque côté. Je compte faire faire un appenti du côté de la Gauvinière, dans le bas duquel sera une décharge de cuisine, une chambre de servante, un office et un grenier régnant sur tous les appartements. A côté, je compte faire faire une galerie. Je compte faire faire une terrasse devant la maison et l'église, et au-dessous de cette terrasse ou parterre une autre terrasse et y planter une charmille. Je compte faire des murs pour soutenir tout cela de même que pour renfermer l'affiage du côté de la Gauvinière et du côté du chemin du petit bois.


Je compte faire refaire les murs du jardin et rétablir la voûte de la cave, dont une partie menace ruine prompte. Je compte faire abattre l'ancien bâtiment qui est le long du chemin, faire la porte d'entrée, en face tout vis-à-vis la porte de la maison neuve. Et devant la métairie, je compte faire une grange depuis le chemin jusqu'à l'Eglise : les bas feront les écuries et les dessus feront les greniers à foin. Cette grange aura 80 et quelques pieds de long sur 17 de large. A côté de la grange, sur la rue, je comptais y mettre le pressoir. J'ai fait semer une luzerne dans l'Ouche du Four et l'ai renfermée de mur d'un côté. Si Dieu me donne quelques années de vie, je compte rétablir la métairie et y faire un grenier. Je prie les Chanoines Réguliers de la Congrégation de Châtillon (à qui appartenait la cure) qui ne m'ont rien donné pour les réparations, et mes successeurs, de prier Dieu pour moi. C'est la juste récompense que j'ambitionne.


Besnard, chanoine régulier, prêtre de La Couture.


L'an 1784, j'ai fait faire l'office et la chambre des servantes, et la terrasse, où il est entré plus de 1.400 charretées de terre ; j'ai aplani celle devant le jardin, qui était une espèce de précipice ; je compte y faire planter une charmille ; j'ai fait détruire l'ancien bâtiment, et des pierres j'ai fait bâtir les granges. Ce bâtiment a 80 pieds sur 17. J'ai fait faire le portail ; la façon seule pour en tailler les pierres a coûté 80 livres ; je compte que la grille en fer sera posée sous deux mois ; je l'achèterai 8 sols la livre posée. Je fais aussi faire et poser la rampe de l'escalier, qui coûte 306 livres. Je suis maintenant occupé à faire baisser la cour pour donner l'égoût dans la rue. Je compte au printemps faire faire tous les murs de clôture. Il est à croire qu'anciennement le presbytère était dans le jardin et que l'endroit des bâtiments que j'ai fait défaire, qui étaient sur la rue de même que la cour, la place attenant au bâtiment, les terrasses servaient de cimetière ; on y a trouvé nombre de tombeaux.


L'an 1785, je compte faire démolir le cellier où sont les pressoirs, qui tombent en ruine, et qui sont situés proche le four banal (four où tout le monde faisait cuire son pain, moyennant une redevance). Je les place dans ce qui servait de salon en l'ancien bâtiment. - Je compte, l'année prochaine 1786, refaire bâtir la métairie. Pour toutes les réparations, que j'ai faites sans le secours de personne, je demande à mes successeurs de prier Dieu pour moi.


Besnard, chanoine régulier, prêtre."

Ses successeurs ! Il fut le dernier curé de La Couture, et la maison qu'il fit construire à ses frais, fut volée par la Révolution.


L'an 1786, j'ai fait faire tous les murs de clôture ; il n'y en avait point dans la ... (?) ; il n'y avait qu'une mauvaise haie par laquelle tout le monde et les bestiaux entraient ; j'ai fait faire les murs des terrasses, planter la charmille, une allée de grosses noisettes. J'ai fait planter plus de cent arbres fruitiers de toutes meilleures espèces, tant nains que de haute tige. J'ai fait faire le jardin bas qu'on appelle motée ; il y avait une espèce de pièce d'eau qui était le repère de bêtes venimeuses, qui tarissait en été et qui, pendant l'hiver, était tellement inondée que l'eau passait par le chemin du petit bois et aurait emmené les poissons qu'on y avait mis ; j'ai fait combler cet endroit qui était vaste, où il y avait six pieds de boue ; et cet endroit fait un excellent jardin pour l'été et l'automne. J'ai fait faire le fossé de la motée des métayers que j'ai augmentée de tout le bas. Cette terre était occupée par les métayers de la Gauvinière, de même que les étiers. J'ai prouvé au sieur Lavit, maître de la Gauvinière, et au sénéchal de Mareuil que le dit étier était au Prieuré, et ils en ont convenu. En conséquence, je m'en suis emparé sans procès. Le passage pour entrer dans les gîtes a été accordé par acte par les anciens prieurs, du côté de la prairie de La Couture ; j'ai trouvé cela dans les papiers de la Gauvinière, dans un échange que Messire Moreau, ancien prieur, avait fait avec la Gauvinière. - Quelques prières pour le repos de mon âme, c'est toute la récompense que je demande à mes successeurs pour tous les embarras et les dépenses pour établir le Prieuré qui était tout en ruines.


BESNARD, prieur curé de La Couture.

Fin des écrits de M. Besnard, martyr de la Révolution.

L'an 1787 - J'ai fait rebâtir la métairie sur les mêmes fondemens avec au moins huit pieds, plus de hauteur pour faire des greniers, auparavant il n'y en avoit point et le métayer étoit obligé d'en loué un dans le bourg.

Le dernier acte signé par l'abbé Besnard date du 29 juillet 1792.

 

signature abbé Besnard - La Couture

 

Bulletin paroissial - Rosnay-La Couture - 1931

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Commentaires
L
Habitant La Couture, face à l'église, l'histoire de mon village bien sûr me passionne..
Répondre
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