1793 - MANIFESTE DE L'ARMÉE CHRÉTIENNE ET ROYALE AU PEUPLE FRANCAIS

AVERTISSEMENT

Nous donnons avis, à qui il appartiendra, que le manifeste est extrait de la Gazette des nouvelles politiques. Les Français ajouteront à cette pièce telle foi qu'ils jugeront convenable.

MANIFESTE DE L'ARMÉE

CHRÉTIENNE ET ROYALE

AU PEUPLE FRANCAIS.

A Clisson, ce 1er juin 1793

NOUS, Commandans généraux des armées catholique & royale, arrêtons ce qui suit, dont nous ordonnons que la lecture soit faite dans toutes les paroisses, ne pouvant pas douter que l'intention de Sa Majesté très-chrétienne, Louis XVII, Roi de France, ne soit de récompenser, conformément à leur mérite, ses braves & fidèles sujets, qui se dévouent pour sa cause & celle de la religion chrétienne.

Nous ordonnons au Conseil provisoire établi dans les différentes paroisses, de fournir à la subsistance des femmes & enfants de ceux qui combattent pour la plus juste des causes & qui ont besoin de secours.

Ils donneront un reçu des bleds qu'ils emploieront à cet effet, & en enverront un double, avec les pièces justificatives qui les ont décidés à accorder des secours au conseil supérieur, établi en ce moment à Saint-Laurent-sur-Severs, afin qu'il ordonne le payement des bleds.

Les conseils des paroisses correspondront avec le conseil supérieur pour leurs opérations, & obéiront aux ordres qu'ils en recevront.

Comme l'intention de sa Majesté très-chrétienne n'est pas de faire participer aux récompenses destinées à ceux qui se sacrifient pour sa cause, les personnes lâches & indifférentes qui ne contribuent en rien aux efforts que font les autres pour rétablir la sainte religion & la monarchie, les Commandans-généraux se feront représenter une liste du nombre des habitants de chaque paroisse, qui marchent non pour un ou deux jours en passant, mais continuellement.

D'après cette liste & le nom de ceux qui la composent, ils jugeront de la bonne volonté des habitans des différentes paroisses ; & les familles qui seront reconnues être de mauvaise volonté, & ne pas se vouer avec le même zèle que les autres, au soutien de la bonne cause, seront assujettis sur le champ au paiement des impositions de 1792, parce qu'il n'est pas juste, que ceux qui ne partagent pas les dangers, partagent les récompenses ; dans le cas même où il y auroit des habitans d'une mauvaise volonté bien reconnue, & qui détourneroient les autres de servir le roi, leurs impositions seront augmentées progressivement.

Voulant aussi, autant qu'il dépendra de nous, rétablir la religion catholique & la rendre florissante, nous invitons messieurs les Curés & Vicaires en place, qui n'ont pas les pouvoirs généraux de leurs évêques légitimes, de s'adresser, dans le courant de la semaine qui commence demain, 2 juin, à M. l'Evêque d'Agra, Vicaire apostolique, résident à Saint-Laurent-sur-Livres, afin qu'il règle leur conduite ; & nous ordonnons que ceux qui n'auront pas, dimanche, 9 juin, une attestation de Monseigneur, pour ne pas être inquiétés, soient arrêtés par les Conseils des paroisses & conduits en prison à Châtillon.

NOUS ORDONNONS également que tous les biens ecclésiastiques connus sous le nom de biens nationaux, & qui ont été achetés par des particuliers, soient administrés par les conseils de paroisses, qui recevront les prix de ferme, & en rendront compte au conseil supérieur, dont Monseigneur l'évêque d'Agras est membre.

DÉPORTONS les commandans généraux ; il est enjoint aux chefs & à tous les soldats catholiques de la paroisse de Saint-Aubin-le-Clan, de se trouver en armes samedi au soir premier juin sans faute, à Brassuire, lieu fixé pour le rassemblement général des paroisses du Poitou.

A Clisson, ce 30 mai 1793.

Signé LESCURE, le chevalier de Marsaigne de la ville de Baugé.