LOURESSE-ROCHEMENIER (49) - ROCHEMENIER, VILLAGE TROGLODYTIQUE ET L'ANCIENNE ÉGLISE DE VARENNE
ROCHEMENIER
Rupes Mainerii, 1238
Rochemenier, 1273
Mainerium prope capellam apud Rochemenier, 1313
Terra de Roca Minori, 1532
Vieux bourg pittoresque, jadis en grande partie troglodyte et présentant de nombreuses caves creusées dans le calcaire, dont quelques-unes encore habitées. D'autres ont été aménagées, après leur achat par la commune en 1967, en un petit musée paysan riche en objets de la vie quotidienne et du travail, qui n'a pas reçu moins de 35.000 visiteurs en 1980, amenant la municipalité à créer un parking pour faciliter la circulation dans les rues étroites du hameau (Nouvelle République, 10 juillet 1981).
F.-Y. Besnard, note qu'à la fin du XVIIIe siècle "la moitié pour le moins des habitants de Doué et des trois communes environnantes avaient leurs logements dans des caves, produites par l'exploitation des carrières de tuffeau, dont l'accès avait été facilité par des courdouères, tantôt couvertes, tantôt découvertes, qui aboutissaient pour l'ordinaire à une petite cour en plein air, autour de laquelle se trouvaient les portes tant de l'habitation que des étables et autres excavations propres à procurer les servitudes nécessaires."
C'est un peu ainsi que se présentait alors - et que se présente encore - le bourg de Rochemenier. Là ne se trouve pas d'escarpement, de coteau, où aient pu être creusées des demeures. Bien plutôt nous trouvons des carrières, qui ont été progressivement habitées, et surtout utilisées pour les dépendances de l'exploitation agricole. La "cour de cave", vocable habituel pour ces cours d'habitations troglodytiques est presque toujours absente des logis creusés à flanc de coteau sur la rive gauche de la Loire, faute de dégagement entre le coteau et le fleuve, et en raison aussi du fait que leur population de vignerons, mariniers, artisans, n'avaient pas besoin de dépendances très importantes. Par contre les cultivateurs de l'intérieur, non limités au point de vue de la place, avaient besoin d'espace pour les attelages, le battage des céréales, les volailles, etc."
"Les cours de caves à Rochemenier ont la forme d'un cercle ou d'un quadrilatère régulier, autour duquel s'ordonnent les abris du matériel, du bétail, de la volaille, du pressoir, etc. Les unes sont communes à plusieurs habitations, les autres particulières à un seul foyer. On y accède par des pentes douces, permettant l'accès des charrettes. Le verger, la vigne, les champs, étaient naturellement en surface. Pour éviter de longs détours, d'autant plus que les chemins en surface étaient étroits, on a creusé de longs souterrains, larges de deux à trois mètres, hauts de trois à quatre mètres. Les demeures troglodytiques comportent habituellement une façade en maçonnerie ; parfois l'habitation n'est que semi-troglodytique, c'est-à-dire qu'elle comporte partie de murs et toitures classiques. Si aujourd'hui ces demeures souterraines sont très rares, le réseau des caves a, lui, subsisté, abandonné parfois, et plus souvent encore toujours utilisé pour les dépendances de l'exploitation.
Parmi ces dépendances on retiendra, comme caractéristique, l'aménagement de pressoirs que l'on retrouve dans presque toutes les exploitations. Quant au réseau des voies souterraines, on en suit parfois difficilement l'organisation : voies directes de communication avec les cours de caves voisines et, plus loin, les champs de ces voies - tunnels discrets, voire cachés, pour servir de cachette, lors des visites des agents de la gabelle, au sel acheté des faux-sauniers, ou pour permettre une fuite en cas de guerres ou de troubles, comme ce fut le cas lors de la guerre de Cent Ans, des guerres de religion, de la Révolution, larges salles soutenues par de gros piliers, ayant servi d'entrepôt ou, simplement, résultant d'une exploitation du falun ; une étude attentive en démêlerait sans doute un peu le sens, mais le réseau s'est trop diversifié au cours des âges, en raison de besoins différents, pour qu'on puisse l'expliquer aujourd'hui complètement".
Exemple intéressant de l'habitation et de l'exploitation troglodytique du val de Loire, le village de Rochemenier retiendra aussi le visiteur par le charme de ses vieilles demeures, toujours rattachées par des pentes douces à leurs cours de caves.
A l'entrée du bourg se remarque le pittoresque manoir de Pierre-Basse, XVIe siècle, flanqué de deux tourelles en encorbellement, malheureusement tronquées.
Au centre, la petite église (30 m x 8 m), remaniée au XVIIe siècle avec galbe incurvé du campanile et choeur "à la romaine", présente une façade soutenue de deux gros contreforts s'avançant de part et d'autre du portail à accolade fleuronnée, XVe siècle. A l'intérieur sont conservées d'intéressantes statues anciennes de la Vierge, Ste Emerance, etc., jugées il y a un siècle "vilaines" par C. Port ; on a posé contre un mur latéral la pierre tombale de "maître Pierre Povert, nommé curé le 20 juillet 1763 et mort le 15 novembre 1789, âgé de 58 ans". ...
De fondation inconnue, une chapelle existait dès 1313 lorsqu'un manoir et son enclos, près de la chapelle du lieu, furent donnés au chapitre de St-Maimboeuf d'Angers pour y entreposer les dîmes perçues par lui à Rochemenier. Elle sera plus tard chargée du service paroissial, à la fin du XVIe siècle pour remplacer l'église de Varennes détruite en 1567 par les protestants. Elle lui emprunta alors son vocable de la Madeleine et St-Jean, abandonnant celui de Ste Emerance dont le culte y resta seulement privilégié ; la sainte est encore invoquée de nos jours contre le tonnerre et contre les coliques ; une fête, le 23 janvier, se tient en son honneur.
Liste des curés, tant de Varennes que de Rochemenier :
Jean Bohic, 1463-1465
Pierre Bouchier, 1498
Jacq. Lemesle, secrétaire de l'évêque, 1518-1519
Jean Rouault, évêque de Rouanne, 1521
Jean Esnault, 1558
Math. Perre, 1572
Charles Regnault, 1574
André Pelé, 1600
Mich. Duparc, 1608-1619
Jean Emery, 1620-1627
Jean Sourice, 1630
Aimé Bouquet, 1643
Jean Gigault, 1661-1687
Elie Guibert, 1692
Franç. Créteau, 1694-1701
Franç. Bédugneau, 1709
Franç. Julliot, 1718
E. Bellanger, précédemment curé de Baracé, avril 1719-1743
Pierre Malineau, 1754-1758
Pierre-Franç. Pauvert, 1763-1789
Alex. Renault, 1789, déporté en septembre 1792 en Espagne.
Curé constitutionnel : Boulnoy, 1790, précédemment curé de Montsoreau, où il retourne en 1792.
Le presbytère ayant été vendu nationalement le 9 thermidor an IV, à Jacques Carry, les habitants sont, en l'an V, condamnés pour "violences exercées par attroupement envers le citoyen Carry, acquéreur de la ci-devant cure".
Curé concordataire : André Bascher, 1801-1809. La paroisse, qui relevait du Doyenné de Chemillé, fut supprimée en 1809 par une ordonnance épiscopale du 20 février, qui la réunit à Louresse. Elle avait été érigée dès l'organisation nouvelle en commune, dont le territoire comprenait 738 hect. et une population de 260 hab. en 1790, 286 hab. en 1831, 328 hab. en 1841. Une loi du 4 juin 1842, rendue sur l'avis du Conseil général, contre le voeu des habitants et l'avis du Conseil d'arrondissement, l'a réunie à la commune de Louresse.
ancienne chapelle souterraine
Maires :
Augustin Grignon, 1789-1796
Pinson, 1er mess. an VIII
André Courjaret, 2 janvier 1808
Camille Merlet, août 1832
André Pinson, installé le 7 février 1840.
Extrait :
Dictionnaire Historique de Maine-et-Loire (AD49)
ANCIENNE ÉGLISE DE VARENNE
Sur ce site existait le village de Varenne avec ses maisons d'habitation, son église et son cimetière. Tout cela fut détruit de fond en comble lors du passage de troupes huguenotes en 1567, pendant les guerres de religion. Il n'est resté et il ne reste que le pignon ouest de l'église.
L'origine précise de l'église est inconnue. Elle remonte au moins au 13ème siècle. Elle portait le nom d'église "Saint Jean et Sainte Madeleine de Varenne". Après sa destruction, le service paroissial de Varenne fut transféré dans la chapelle "Sainte Emerance" du bourg de Rochemenier.
Le pignon qui subsiste présente un intérêt historique et architectural qui justifie que ce monument soit préservé en l'état. Il est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 29 août 1977. Jusqu'à la fin du 20ème siècle elle était située sur une propriété privée et continuait à se dégrader. Fin 2009, la commune de Louresse-Rochemenier put enfin l'acquérir et engager des travaux pour préserver ce précieux témoignage du génie mais aussi de la barbarie des humains. Les travaux de consolidation furent conduits par la commune avec le soutien du Conseil Général et de la Fondation du Patrimoine. Celle-ci organisa une souscription qui permit à de nombreux donateurs, dont beaucoup d'habitants de la commune, de participer à la sauvegarde de ce précieux monument.