Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Maraîchine Normande
5 septembre 2014

SAINT-MESMIN-LE-VIEUX (85) - LE SOUTERRAIN-REFUGE DE PURCHIN

SAINT-MESMIN-LE-VIEUX (85) -  LE SOUTERRAIN-REFUGE DE PURCHIN

Découverte
Derniers jours de janvier 1921, au village de Purchin, commune de Saint-Mesmin (Vendée).
Un cultivateur de l'endroit, M. Bonin, en abattant un gros châtaignier mit à jour une excavation de 4 à 5 mètres, au fond de laquelle on distinguait nettement trois couloirs souterrains, creusés dans l'arène granulitique, en forme de petit tunnel avec voûte en bonnet d'évêque.
Plusieurs personnes descendent, pénètrent à une courte distance, la chandelle s'éteignant.
Avisé du fait, j'explore le souterrain le 31 janvier, prends les mensurations indispensables ; terrassements nécessaires pour continuer la visite. Impossibilité de poursuivre l'examen des boyaux Nord sans faire des travaux longs et coûteux.
La première impression confirme l'archectonique connue des souterrains-refuges du Haut-Bocage ...

Localisation
Purchin, distant de 1200 mètres de Saint-Mesmin, à main gauche sur la route de La Pommeraie. Construit sur un coteau à 180 mètres d'altitude dominant le ruisseau de l'Augoire.
Des maisons et habitations seigneuriales y existaient avant 1789.
Superposition des civilisations, découverte au même endroit d'un beau polissoir néolithique faisant partie de ma collection.
Un chemin de 100 mètres conduit de la route au village ; châtaigneraie à 50 mètres, sur ce chemin, à main droite, non loin des habitations.
Calvaire très ancien à l'entrée du chemin ; croix de pierre sur un gros rocher à bassin. Au village maison ancienne remaniée.
Le souterrain est au milieu de la châtaigneraie.
Découverte déjà signalée et datant de fin janvier.
Souterrain vierge de toute investigation antérieure.
Le 31 janvier, agrandissement de l'ouverture d'entrée.
Accès assez difficile, terrains du puits artificiel s'éboulant facilement. Travaux de déblayage assez aisés.
L'excavation donne une coupe des terrains. Humus et terre arable pendant 0m60, arène granulitique ensuite et blocs de granite friable.

 

plan souterrain Purchin

 

Première exploration
Effectuée avec une lampe électrique et équipement habituel : bottes hautes, veston cuir : comme ustensiles : mètre, boussole, crayon, papier, corde, petite pelle, appareil pour mesurer les angles.
Descente à reculons, arrivée dans la grande chambre, découverte des orifices des trois galeries, exploration méthodique de chacune, travaux de déblayage. La première impression confirme qu'il s'agit d'un souterrain à longue distance avec ramifications assez nombreuses, spécimens assez rare dans le Bocage (sauf celui de la Haute-Fosse qui atteignait 77 mètres).
Souterrain en mauvais état de conservation, éboulis nombreux, voûte peu solide surtout dans les régions taillées en plein schiste. Pilier assez dangereux suivant ligne O P du plan (Fig. 30).

Notes pour servir à la description
L'Entrée du boyau est irrégulière, mais pas en bonnet d'évêque. Un bloc de granite au niveau de la voûte n'a pas permis cette conformation. Largeur de la galerie 0m80. Sol s'abaissant par suite de l'amas de terre. Longueur : 3 mètres, hauteur 1 mètres. Rien de particulier dans les parois ; à noter l'absence de traces de tige-pointe.
Au fond du puits vers le Nord, du côté opposé à cette galerie, on distingue les voûtes de deux boyaux mais le reste est comblé par un éboulement de terre consécutif à l'effondrement de la voûte au niveau du puits. Galeries à déblayer et à visiter si possible.
En somme le puits s'est produit juste au-dessus d'une chambre précédant une bifurcation.
La galerie explorée en sens inverse est creusée dans un "chaple" gris noirâtre effrité (chaple en patois - arène granulitique). Bientôt la voûte affecte la forme ogivale.
Cette galerie conduit à une chambre (c du plan) qui atteint jusqu'à 2 mètres de diamètre. En tenant compte des éboulis la hauteur est de 1m60. Quatre galeries convergent vers cette chambre, fait qui caractérise les grands souterrains.
Une vient du Nord-est, l'autre de l'Ouest, la troisième du Sud-est, la dernière du Sud (galeries K, I, H, G, du plan). Chambre dépourvue de cheminées, aucune au reste ne se remarque dans tout le refuge, les éboulements ont dû les détruire. La chambre C permet de se tourner en tout sens, chose impossible ailleurs. De gros blocs de granite sont tombés de la voûte, les éboulis atteignent en moyenne 0m50 de hauteur, en conséquence voûte irrégulière ne méritant aucune description.
Piliers des galeries en mauvais état, surtout celui qui sépare les galeries G et H. Entrée dans le boyau G étroite et l'élargissement se faisant au dépens de la base du pilier est dangereuse.
Une fouille serait intéressante. Récolté un peu de charbon de bois.
Galerie G : 6 mètres de longueur, coudée, d'une hauteur variable par suite d'éboulis, 1 mètre en moyenne ; largeur 0m80 à 0m85. Accès difficile. Se termine en cul-de-sac par suite d'effondrement.
Galerie H : un peu plus large, 0m90 environ. Porte à 2 mètres de l'entrée partant de la chambre C bien nettes, en bon état, sur une même ligne. Niche profonde de 0m35 un peu plus loin, à droite (cf le plan). Éboulis au bout de 11 mètres. Après déblayage on parvient à l'extrémité, creusée en plein schiste. Effondrement en cul-de-sac. Cette galerie donnerait peut-être l'orientation du souterrain qui serait Nord-ouest-Sud-ouest.
Galerie I : même largeur, en meilleur état. Moins d'éboulis, partant plus haute. S'incurve nettement vers l'Ouest. Exploration aisée.
Pas de portes ni de cheminées. Finit également en cul-de-sac par suite d'éboulis.

Géologie
Souterrain creusé dans de l'arène granulitique renfermant des blocs de granite. Couches de schiste légèrement feuilleté, humidité assez notable, racines d'arbres. Température 12° centigrade. Ventilation médiocre.

Conclusions
Souterrain se différenciant de ceux situés en plein champ loin de toute habitation ou ruines (Les Vergnauderies, Montboisé, etc., par la multiplicité des galeries, la présence de portes, de chambres, se rapprochant en somme, mais dans des proportions réduites de celui de la Haute-Fosse (Mouilleron-en-Pareds), pour ne faire des comparaisons qu'avec les refuges du Haut-Bocage. Donc souterrain d'occupation temporaire, plutôt galerie secrète permettant la sortie des maisons seigneuriales ou châteaux assiégés.
Cette voie souterraine semble prendre son point de départ dans la vieille maison de Purchin (celle de M. Bonin, père) et aboutir à une assez longue distance dans la direction Nord-est. Voie de retraite, mais emménagée pour la résistance en cas de poursuite (portes). Semble moins ancien que le souterrain de Montboisé daté par des fouilles (trouvailles de poteries mérovingiennes). Bien que l'utilisation de la pierre y fasse défaut alors que celui du Bois de Bède en renferme dans le boyau d'entrée, je le crois d'une époque sensiblement la même. Simple hypothèse que des fouilles infirmeraient ou confirmeraient.
Ce souterrain va disparaître dans quelques jours. Peut-être la description de divers types de ces refuges aidera-t-elle à dater exactement ces curieux spécimens d'une époque troublée de notre histoire et qui semble déjà lointaine.

M. le Dr E. Boismoreau
Bulletin de la Société préhistorique de France
Année 1921 - Volume 18 - Numéro 9

Publicité
Commentaires
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité