Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Maraîchine Normande
12 juin 2014

MARIE-LOUISE MORPHY DE BOISFAILLY, MERE DU GÉNÉRAL DE BRIGADE DE BEAUFRANCHET D'AYAT

UNE FAVORITE DE LOUIS XV
ET SES ALLIANCES EN AUVERGNE

Evoquer quelques figures de gentilshommes d'Auvergne et le souvenir d'une jeune femme, qui, par deux de ses mariages a appartenu, au milieu du XVIIIe siècle, à la noblesse de cette province et y a tenu fort dignement une place et un rang auxquels ses origines et ses débuts ne semblaient nullement l'avoir préparée, est le but de cette simple note.

MORPHISE. SES ORIGINES. SA JEUNESSE.

Son origine, la date exacte de sa naissance, son nom même sont des plus incertains. Se nommait-elle Murphy, Morphy, O'Morphy ou Marie-Louise Morphy de Boisfailly, comme l'appellent les actes officiels ?
Le jolie nom de Morphise, sous lequel elle est connue, convient à sa fine beauté, à son charme léger, à sa grâce spirituelle, qui captivèrent un roi de France et rendirent profondément amoureux deux gentilshommes, les deux premiers de ses trois maris. Dépourvue de tout ce qui la fit si séduisante, elle a pour nous encore l'attrait de ces vieux pastels, qui, leur savoureux duvet envolé à jamais, restent toujours exquis par la beauté des traits, maintenant secs et estompés, laissés par les crayons.
Était-elle d'une famille grecque ayant passé par les Flandres ? d'origine irlandaise ? de souche noble ? fille de savetier et de marchande à la toilette ?
On sait seulement qu'elle avait quatre soeurs, plus âgées qu'elle de quelques années, femmes de moeurs fort légères, ayant débuté fort jeunes dans la galanterie. L'aînée, Marguerite, après avoir "fait des campagnes en Flandre", vivait bourgeoisement avec un jeune homme, qui l'entretenait, et élevait sous le nom de celui-ci la fillette de sa soeur Victoire ; la seconde, Brigitte, admirablement faite et de belle prestance, mais extrêmement laide et picotée de la petite vérole, ce qui ne l'empêcha pas de devenir, après sa jeune soeur, la maîtresse passagère du roi Louis XV, fabriquait des perles fausses et servait surtout de modèle à des peintres ; elle avait eu comme ses soeurs nombre d'aventures, mais moins bruyante et moins brillantes ; la troisième, Magdeleine ou Magdelon, grosse mère, de bonne mine, de moyenne taille, brune, piquée aussi par la variole, avait un instant paru sur la scène de l'Opéra-Comique sous le nom de Mme Corbin, qui était celui d'un comédien avec lequel elle avait vécu du temps où, avec sa soeur Marguerite, elle faisait "des campagnes en Flandre". La quatrième, Victoire, jolie brune, marquée aussi par la variole, aux yeux beaux et vifs, de taille moyenne, la jambe un peu forte, la gorge et, comme ses soeurs, la main jolies, avait débuté à l'Opéra-Comique avec un médiocre succès et à dix-neuf ans avait eu multiples aventures amoureuses.
La cinquième des soeurs, Marie-Louise ou la petite Louison, fut élevée dans ce milieu des plus légers. Grâce à l'un des protecteurs de sa soeur Victoire, elle fut placée trois ou quatre mois chez une lingère aux Halles, puis pendant six mois, jusqu'à sa première communion, dans un couvent. Elle revint ensuite vivre chez sa soeur Victoire.


A quatorze ans, nubile à peine depuis trois mois, elle était d'une remarquable beauté. Bien faite, de taille à devenir grande, le visage fin, un peu long, brune - et non blonde, comme la dépeint Casanova, qui prétend l'avoir connue et qui l'appelle Hélène - brune comme ses soeurs, mais non marquée par la petite vérole comme trois d'entre elles, le plus joli minois du monde, ayant de la gorge et très bien formée, elle avait servi de modèle au peintre Boucher, dit-on, pour une Sainte Famille, qui orna l'oratoire de Marie Leczinska, et pour un Saint Jean-Baptiste prêchant dans le désert, qui fut placé dans l'église Saint-Louis de Versailles.

 

LOUIS XVC'était un morceau de roi, et le roi s'en éprit, dès qu'il la connut. Une miniature de cette enfant de quatorze ans ayant été placée sous ses yeux, Louis XV se serait écrié : "Je ne puis m'imaginer que la nature ait produit un si bel enfant. Ce portrait ne peut être qu'un idéal". Mais quelque temps plus tard, Lebel, valet de chambre du roi, servit par une entremetteuse, une demoiselle Fleuret, qui demeurait rue Coquillière, et par une des soeurs de Morphise, fort probablement Brigitte, présenta la jeune fille à son maître. Celui-ci dut avouer que le peintre de la miniature, loin de l'avoir flattée, ne lui avait pas rendu la justice qui lui était due. Les grâces de l'enfance unies à la beauté accomplie des formes, sa timidité et son émoi, contrastant avec sa taille élégante et sa belle prestance, la dotaient d'un charme prenant. S'étant assuré que la jeune fille n'avait pas encore suivi l'exemple de ses volages soeurs, Louis XV lui en manifesta toute sa satisfaction par un baiser, et, s'essayant, la prit sur ses genoux. O'Morphy regardant attentivement le beau gentilhomme inconnu, qui si manifestement lui portait intérêt, se prit à sourire. "Pourquoi ris-tu ?" lui dit-il. "Je ris parce que vous ressemblez à un écu de six francs comme deux gouttes d'eau" dit la fillette. Cette naïveté l'amusant et le charmant, le roi lui demanda si elle voulait rester à Versailles, ce à quoi elle répondit : "Cela dépend de ma soeur", et la soeur d'ajouter qu'elle ne désirait pas de plus grand bonheur.

 

Morphise portrait

(Alte Pinakothek, Munich)



LA MAITRESSE DU ROI.

Ainsi la petite Louison resta à Versailles, tandis que deux cents louis, répartis dans la famille et, à maintes reprises, suivis de nouveaux cadeaux, y apportaient un bien être jusque-là inconnu. On dit que lorsqu'on lui annonça cette heureuse nouvelle, son bonhomme de père, ne put s'empêcher de s'écrier : "Hélas ! il n'y en aura pas une de sage !"
Ceci se passait au début de l'an 1753. Morphise venait d'atteindre ses quinze ans. D'abord logée au château, elle habita bientôt, dès la fin du mois de mars, une petite maison que le roi possédait dans le quartier du Parc-aux-Cerfs. A son service étaient attachés une gouvernante, une femme de chambre, une cuisinière et deux laquais. En mai elle revint au château, et quelque mois après dans la petite maison du Parc-aux-Cerfs.
Tout en cette délicieuse jeune fille était fait pour augmenter l'attachement du roi, lequel ne craignait pas de se montrer profondément amoureux.
A sa fine et régulière beauté, indiscutable et admirée de tous, Morphise joignait les charmes de la conversation, les grâces de l'esprit, la gentillesse, la naïveté et l'espièglerie, et savait amuser et distraire l'éternel ennuyé.


Après une fausse couche, qui désola le roi, elle mit au monde, pendant l'été de 1754, une fillette, que Louis XV fit élever dans un couvent sous le nom de Mlle de Saint-André, en lui assurant 8.000 livres de pension viagère. L'affection de Louis XV augmenta pour celle qui l'avait rendu père. Il la comblait de cadeaux, de bijoux. Bientôt elle fut en passe d'être maîtresse déclarée.


Nombre de gens s'efforcèrent de se pousser dans sa bienveillance, et bientôt les ennemis de la marquise de Pompadour espérèrent lui voir prendre la place de la royale favorite. Parmi eux d'Argenson, désireux d'assurer sa fortune, donnait à l'intelligente jeune fille des avis habiles et des instructions minutieuses, qu'elle suivait fidèlement.
Malheureusement, l'intrigante comtesse d'Estrées, se glissa dans son intimité et lui donna de maladroits conseils inspirés par sa haine pour Madame de Pompadour. Un jour Morphise ayant dit au roi à brûle pourpoint : "En quels termes en êtes vous donc avec la vieille coquette ?", celui-ci comprit que la naïve enfant n'aurait pu, d'elle-même, imaginer cette insulte envers la marquise et la questionna. Morphise, fondant en larmes, déclara que Madame d'Estrées l'avait incitée à parler ainsi. La comtesse fut envoyée dans ses terres, ce qui n'empêcha pas le comte d'Estrées de recevoir, moins de deux ans plus tard, le bâton de maréchal.

LE PREMIER MARIAGE DE MORPHISE

Dans les premières semaines de l'année 1756, le bruit se répandit à la cour que Sa Majesté avait marié sa maîtresse, la petite Morphise, à un homme de qualité.


De celui-ci on ignorait encore le nom et les curiosités s'éveillaient. Certains assuraient qu'il s'agissait d'un parent de M. de Soubise, d'autres d'un officier breton ; plus tard, on chuchota une initiale, un grade, une fonction, on parla d'un M. de P..., major au régiment de Beauvoisis-Infanterie.


Malheureusement, l'Etat Militaire de France de Messieurs de Montandre consulté, donnait comme major de Beauvoisis, M. du Rousset, dont le nom ne comportait pas le P... initial. Le renseignement était donc erroné. Quelqu'un s'avisa que cette indication avait bien pû - on en ignorait l'origine et les agents de transmission - avoir subi une altération en passant par une bouche suisse ou alsacienne, et qu'au lieu d'un P..., il pourrait bien s'agit d'un B. Dès lors, le problème se trouva aisément résolu. Sur l'Etat Militaire du régiment de Beauvoisis figurait, non comme major, mais comme capitaine aide-major, un capitaine de Beaufranchet.
Quelques jours après, il se confirme que le mari de Morphise est bien M. de Beaufranchet d'Ayat, "pauvre gentilhomme d'Auvergne, qui a à lui et à sa mère huit cents livres de rentes et une petite gentilhommière au pied des montagnes". Il n'était connu à la cour que pour y être venu à quelque temps de là, au moment où l'on y faisait des essais d'artillerie."


On trouve dans les notes manuscrites du généalogiste Chérin les renseignements suivants au sujet de ce mariage : "Jacques de Beaufranchet, seigneur d'Ayat, Beaumont, Grandmont et autres lieux, âgé de vingt-quatre ans et demi, capitaine aide-major au régiment de Beauvoisis, épousa par contrat passé au Châtelet de Paris, le 25 novembre 1755, Marie-Louise Morphy de Boisfailly, demoiselle, âgée de dix-huit ans, fille de David Morphy de Boisfailly, gentilhomme irlandais, mort à Paris, le 4 juin 1753, et de Dame Hicky, sa veuve". Parmi les témoins du mariage, figurent le Prince de Soubise et le Marquis de Lugeac.


Ces deux témoins étaient les chefs de Jacques de Beaufranchet. Le prince de Soubise est trop grand personnage pour qu'il soit nécessaire de rappeler rien de lui, si ce n'est qu'il appartenait à la grande famille bretonne des Rohan, et que de là peut-être est l'origine du bruit que le mari de Morphise était un gentilhomme breton.


Le marquis de Lugeac était le colonel du régiment de Beauvoisis. Charles-Antoine de Guérin, marquis de Lugeac, baron de Bueil, seigneur des Grèzes, des Roches et en partie de la Vau-Dieu, né le 25 mai 1720, d'abord page du roi, puis successivement lieutenant dans le régiment du roi, capitaine dans le régiment de La Suze-Dragons, exempt des Gardes du Corps dans la Compagnie de Noailles, fut, après la bataille de Fontenoy, où il s'était distingué, nommé le 26 mai 1745, colonel du régiment de Beauvoisis, qu'il commanda jusqu'au 10 février 1759. Il fut nommé successivement le 10 mai 1748 brigadier des Armées du roi après le siège de Berg-op-Zoom, où Beauvoisis se distingué particulièrement ; inspecteur général d'infanterie en 1754 ; commandeur de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1757 ; maréchal de camp le 10 février 1759 et capitaine-lieutenant de la compagnie des Grenadiers à cheval le 1er avril 1759 ; lieutenant-général le 25 juillet 1762 ; gouverneur et lieutenant général de Toul et du Toulois en 1763. C'était donc lui aussi un personnage de notable importance et, qui plus est, officier des plus estimés et des plus en vue ; par suite  un protecteur des plus autorisés pour son jeune subordonné, qui, comme lui, avait des attaches en pays d'Auvergne. Ce fut lui qui présenta au roi M. de Beaufranchet, lorsque le prince de Soubise, à la demande du roi lui-même, se mit en quête d'un mari pour la jeune favorite royale.
A Marie-Louise Morphy de Boisfailly, le roi fait donner 200.000 livres de dot, 1.000 livres en bijoux - sans parler de ceux qu'elle a reçus au cours des deux dernières années - 1.000 livres pour les frais de noces, un magnifique trousseau ; à M. de Beaufranchet, il est octroyé 50.000 livres.

 

SIGNATURE DE MORPHISE


Ce mariage provoqua, bien entendu, critiques et chansons ayant pour but réel d'attaquer le roi. On lit dans une chanson qui avait cours en 1756 et reproduite dans le Recueil du marquis de Paulmy, le passage suivant :
Sur l'air : Cela ne me surprend pas.
Qu'un Egrefin pour avoir des ducats
Du maistre épouse une maîtresse
Cela ne me surprend pas.
et les notes indiquent qu'il s'agit d'un officier du régiment de Beauvoisis et de la Demoiselle Moréfie (sic).


En réalité, à cette époque, où dans le milieu élégant la morale conjugale était des moins sévères, on ne paraît pas avoir porté une attention plus grande au fait que la mariée était passée par le lit du roi que l'on n'en portait aux dégâts causés par la variole aux visages de trois des soeurs de Morphise et de nombre de beautés contemporaines. D'ailleurs, ne lit-on pas dans les oeuvres de Saint-Evremond, parues cinquante ans plus tôt, une pensée traduisant une façon de juger, alors généralement admise : "L'amour ne fait pas de tort à la réputation des dames ; c'est le peu de mérite des amants qui les déshonore".


Si l'on en croit le Journal d'Argenson, en date du 28 décembre 1755, Morphise ne fut même pas consultée et un beau matin, à 4 heures, conduite à Paris, elle reçut l'ordre imprévu de se marier. Le mariage fait, on la mit en route pour la province de son mari.


Loin de la cour, semblant avoir tout oublié, Mme de Beaufranchet mène une vie exemplaire à Ayat, où son mari la laisse pour rejoindre, comme colonel et aide-major, l'armée qui se forme en Alsace, le 1er juillet 1757, sous les ordres de Soubise. Le 30 octobre 1756, elle avait donné naissance à une fille qui semble morte jeune et sans alliance. Le 22 novembre 1757, Jacques de Beaufranchet était du nombre des braves et vaillants officiers et soldats français, qui par leur conduite valeureuse effacèrent la honte de la défaite, causée par l'impéritie du prince de Saxe-Hildburghausen et la lâcheté des troupes allemandes ; il trouva une mort glorieuse, à l'âge de 26 ans, sur le champ de bataille de Rossbach.

 

SIGNATURE EPOUX DE MORPHISE



LE DEUXIEME MARIAGE DE MORPHISE

Restée veuve, Mme de Beaufranchet ne fut pas inconsolable. Deux ans après la mort de son mari, un certain Le Normant, receveur des tailles, à Riom, veuf lui-même, devint amoureux d'elle et la demande en mariage. Mme de Beaufranchet, au dire de Valfons, écrivit au roi pour lui demander l'autorisation de se marier. Louis XV accorda la permission et, sa lettre reçue, le mariage se conclut sur le champ. Se ravisant, le roi fit écrire pour qu'on le suspendit ; il n'était plus temps.
Ce Le Normant était parent de Le Normant d'Etioles, le mari de Mme de Pompadour, et de l'abbé Terray. Cette double protection lui valut la charge de receveur général de l'Impôt des Vingtièmes. Il acheta la terre comtale de Flagheac, dont il prit le titre, ce qui le rattacha à la province d'Auvergne.
Par ce mariage, Morphise devenait l'alliée de Mme de Pompadour, à qui on avait voulu, quatre ans plus tôt, l'opposer. Bientôt les liens entre les Le Normant de Flagheac et les Le Normant d'Etioles se resserrèrent. La fille d'un premier lit de Le Normant de Flagheac épousa en deuxièmes noces Constant Le Normant d'Etioles, baron de Tournchem, son cousin, fils du second lit de Le Normant d'Etioles, mari de Mme de Pompadour.
De son mariage Mme de Flagheac n'eut pas d'enfant.


Elle devint veuve une seconde fois, sans doute en 1783. On trouve, en effet, au Livre Rouge de 1790, la mention suivante : Le Normant (Demoiselle Murphi, 52 ans), veuve du sieur Le Normant, trésorier du Marc d'or, touche depuis 1783, une pension de 12.000 francs.

LE TROISIEME MARIAGE DE MORPHISE

Sous la Terreur, le 20 ventôse, an III (10 mars 1795), Morphise fut arrêtée par ordre du Comité de Salut Public et enfermée à Sainte-Pélagie. Elle en sortit saine et sauve, peut-être grâce à son argent et à ses bijoux ; le comte Fleury émet avec beaucoup de vraisemblance cette hypothèse.
En effet, au sortir de prison, elle épousa en troisième noces à l'âge de 60 ans, un jeune homme de 33 ans. Les charmes de Morphise étaient-ils encore tels que Louis-Philippe Dumont, jeune député du Calvados, presque inconnu, se fut épris d'elle, ou les débris d'une fortune et les diamants, dons de Louis-le-Bien-Aimé, ne tentèrent-ils pas plutôt le jeune conventionnel ? Ce nouveau mariage fut de courte durée, comme le prouve un acte de divorce en date du 26 frimaire an VII (16 décembre 1798).

LA MORT DE MORPHISE

Le registre des actes de décès du IIIe arrondissement signale, en date du 17 janvier 1815 (1), la mort de Marie-Louise Morphy de Boisfailly, âgée de 77 ans, épouse en premières noces de haut et puissant seigneur Jacques de Beaufranchet, chevalier, seigneur d'Ayat ; en secondes noces de messire François-Nicolas Le Normand, seigneur de Flagheac, maître d'hôtel de Mgr le comte d'Artois, trésorier de l'ordre de Saint-Esprit ; épouse divorcée de Philippe Dumont, ancien député de la Convention Nationale du département du Calvados. Parmi les témoins figure son beau-gendre François Le Normant, baron de Tournchem.

Telle fut la vie de Morphise. On ne peut s'empêcher de la rapprocher de celle de l'héroïne des Souvenirs d'une aïeule de M. Abel Hermant. Leurs aventures ont la même saveur et l'on se prend à regretter que Morphise n'ait pas tenté la plume du fin et délicat écrivain.

LE FILS DE MORPHISE ET DE BEAUFRANCHET D'AYAT.

Que devint le fils de Morphise et du chevalier de Beaufranchet d'Ayat ? Casanova prétend avoir vu à Fontainebleau, en 1783, ce jeune homme, âgé de 25 ans, véritable portrait de sa mère, et ignorant l'histoire de celle-ci.

 

Beaufranchet d'Ayat généralEn 1790, Louis-Charles-Antoine de Beaufranchet d'Ayat est capitaine au 2e régiment de carabiniers, dont il devient le colonel du 12 au 30 septembre 1792.
En 1793, il est général des armées de la République à l'armée des Côtes de La Rochelle. "Officier de cour, écrit M. E. Gabory, fils d'une favorite de Louis XV, mademoiselle Morphy de Boisfailly, il avait pris parti pour la Révolution, il lui resta fidèle et ne la trahit que par son incapacité". Incapable, Beaufranchet d'Ayat le fut probablement ; ses défaillances, son attitude sont qualifiées de "trahison des plus horribles", en mars 1793, par les habitants de Fontenay-le-Comte et de Luçon. Mais sous quels chefs servait-il ? mais quelles étaient les troupes et les moyens mis à sa disposition ? On ne peut incriminer sa bravoure. Le 24 mai 1793, lorsqu'après huit victoires successives de son lieutenant Chalbos, les troupes de celui-ci sont mises en déroute à Fontenay, il sait se conduire en soldat : "Beaufranchet et Nouvion, à la tête de 25 gendarmes, tentent en vain de protéger les débris des colonnes en déroute ; ils ont beaucoup de peine à esquiver eux-mêmes l'étreinte de 200 cavaliers vendéens". (Gabory).

(1)  Marie-Louise Morphy de Boisfailly est décédée dans le 2ème arrondissement, le 11 décembre 1814.

Morphise décès



Extrait
L'Auvergne littéraire et artistique
1935 (A 12, N 80).

 

Morphise - Saint-Jean-Baptiste prêchant

 

Une tradition versaillaise veut que le charmant profil qui se trouve dans le tableau de Boucher, de l'église Saint-Louis, saint Jean-Baptiste prêchant dans le désert, soit celui de Morphise. Nous ne pouvons que constater l'existence de ce bruit en notre qualité d'ancien habitant de Versailles. Nous ne pouvons en garantir l'exactitude.


Voici le portrait écrit que nous a laissé Casanova de Seingalt qui dit l'avoir connue de très près :
"Blanche comme un lis, Hélène avait tout ce que la nature et l'art des peintres peuvent réunir de plus beau, la beauté de ses traits avait quelque chose de suave ... ses yeux bleus avaient tout le brillant des plus beaux yeux noirs".
La jeune Morphy, car le roi l'appela toujours ainsi, plût au monarque par sa naïveté et sa gentillesse plus que par sa rare beauté, la plus régulière que je me souvienne avoir vue. Il la mit dans un appartement de son Parc-aux-Cerfs, véritable harem de ce monarque voluptueux." (Mémoires de Casanova, IIe vol. chap. XIV, p. 234).

Extrait :
Histoire de Madame du Barry
par Charles Vatel
Tome premier
1883

Publicité
Commentaires
A
très bel article sur Morphise. Il existe pourtant un portrait d'elle. Une toile, dans une collection particulière.
Répondre
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité