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La Maraîchine Normande
3 juin 2014

TOUVOIS (44) - LE VAL DE MORIERE (BADEMORERIA)

LE VAL-DE-MORIERE

 

P1250381



Fontevraud a possédé dans le pays de Rays, ou Retz, diocèse de Nantes, un prieuré appelé Bademoreria, en mémoire d'un certain Bademor, ancien propriétaire du terrain sur lequel le petit couvent et sa chapelle furent construits.


Au seizième ou au dix-septième siècle, ce nom a subi une transformation assez difficile à expliquer : la Bademorière est devenue et est encore le Val-de-Morière. Fondée par les sires de Rays, avant l'année 1150, cette maison reçut d'eux des revenus ainsi que des terres assez considérables. Les seigneurs et les religieuses vécurent longtemps en bonne intelligence ; mais leurs relations furent beaucoup moins amicales lorsque, tombé en quenouille, le fief changea de mains. Vers 1250, Eustachie de Rays épouse un cadet de la puissante et très-nombreuse famille des Chabot, ainsi surnommée, ou parce que son principal auteur avait une forte tête, ou parce qu'il avait pris pour armoiries trois de ces poissons, très-communs en bas-Poitou, nommés alors chabots, et aujourd'hui grondins.

 

LES CHABOTSLa mésintelligence entre le prieuré de la Bademorière et le château de Machecou éclate, au plus tard, sous le fils d'Eustachie.

Témoins des débats existant entre leur maître et les religieuses, un chevalier et un sergent de Girard Chabot, deuxième du nom, se croient autorisés à convertir les menaces en faits. Ils ne se bornent pas à commettre de nombreuses violences, injures et vilainies à l'encontre du prieuré et même des nonains ; un homme ou sujet des religieuses, nommé Etienne Racinous, est tué par eux. Quatre pièces du débat auquel ces actes barbares donnèrent lieu ont été transcrites dans le cartulaire des sires de Rays ... La première nomme, le 10 mars 1278 (nouveau style), l'arbitre chargé de prononcer sur le procès. Les autres contiennent : 1° le jugement rendu le 30 octobre suivant, par Hugue de Chatillon, chevalier ; 2° la garantie donnée le lendemain même, par le susdit arbitre, pour le payement des dommages et intérêts auxquels il a condamné Girard Chabot et ses gens ; 3° la quittance délivrée par l'abbesse de Fontevraud à celui-ci, qui les solda au mois de juillet 1281.


Ils s'élevaient à la somme de 160 livres. Le retard apporté au payement provient sans doute d'un appel a minimâ, interjeté par les religieuses. Girard aurait encouru une trop forte amende pour rejeter la sentence de l'arbitre choisi par lui-même. Il devait s'y soumettre d'autant plus volontiers qu'elle ne condamnait ni lui ni ses gens à la perte de la vie ou même d'un membre, et le déclarait innocent, d'intention comme de fait, des excès commis par le chevalier Thibaut et Rondeau le sergent. Quant à la peine pécuniaire, elle était sans doute forte pour l'époque ; mais elle ne le fut pas assez pour apprendre à Girard Chabot qu'un baron ne doit pas user de sa puissance pour opprimer les serviteurs de Dieu. Le cartulaire des sires de Rays en fournit notamment la preuve ...


Moins de trois ans après le payement de 160 livres à l'abbesse de Fontevraud, Robert, abbé de Marmoutier, près Tours, se mit en route pour visiter les prieurés du monastère à la tête duquel le choix des religieux venait de le placer. Arrivé à la porte du prieuré de Machecou, il y est sommé, par le sire de Rays, de lui livrer, à titre de redevance féodale, le palefroi sur lequel il chevauche. L'abbé refuse et proteste contre cette prétention ; Girard persiste, et, sur un mot, ou tout au moins un geste de lui, accourent quatre vigoureux écuyers, lesquels culbutent le cavalier et s'emparent de la bête.


Bientôt le sire de Rays est frappé d'excommunication, et sa terre mise en interdit. Il est donc obligé de reconnaître, non pas qu'il n'a aucun droit sur le cheval, mais que ses serviteurs n'ont pas dû traiter l'abbé Robert d'une façon aussi brutale. Du reste, Girard obtint l'absolution à la charge de prendre la croix pour le Pèlerinage d'Aragon, et en faisant faire par ses écuyers, nommés La Queue, Henri de Vue, Guillaume de la Forêt, dit Pincelou, et Jean Tribouillart, une amende honorable, qui consistait à suivre, en tunique sans capuchon, sine soua cuayfa, deux processions des moines : l'autre à Machecou, le jour de l'Assomption ; l'autre à Marmoutier, le jour de la Saint-Martin d'hiver.


Maîtres Thibaut et Rondeau auraient mérité de subir au moins une humiliation du même genre, ne fût-ce qu'en pénitence du meurtre du pauvre Racinous ; mais Hugue de Chatillon jugea l'affaire en laïque. En vrai baron du treizième siècle, il déclara aussi que quelques pièces d'argent payaient à sa juste valeur le sang d'un vilain. Nous avons retrouvé la charte originale par laquelle Girard Chabot le choisit comme arbitre. Elle est rédigée en langue vulgaire, tandis que les autres pièces du procès sont écrites en latin. C'est elle aussi qui donne le plus de détails, de la part du sire de Rays lui-même, sur les excès commis contre les religieuses et le prieuré de la Bademorière.

ACCOURD DE L'ABBASSE DE FRONTEVAUX E DU SEIGNEUR DE RAYS, POUR LA BADEMORIERE (Original jadis scellé)

A touz ceos qui verront ces presentes letres, Girart Chabonz, chevaler, seignor de Rays, saluz en nostre Seignor. Sachent ... que, de toz les contenz que religiouses dames l'abaesse e le convent de Font Evraut movéent ou entendoient a esmover contre moi e contre monsor Johan Thibaut, chevalier, e contre Johan Rondeau, mon sergent, par requeste ou par complainte ou par dénunciation ou en austre meniere, sur les violences, injures, trobles e enpeschemenz que lesdites religiouses diséent que je e le chevaler e mon sergent davant diz lor avions fait e porchacé en troblant lor saisine, lor jontise e lor seignorie, e en lor faisant injures : ceu est a savoir des vexations e des injures e des vilanies faites aux nonains de la Bademorière, de l'ordre de Font Evraut, en la terre e en la joutise desdiz abbaesse e au couvent ; de rechief sur la violence et sur les injures e sur les trobles faites en la seignorie e en la joutise de ladite abbaesse e au couvent en lor vile de la Bademorière, par raison de la mort Estienvre Racinous, lor home ; les queles choses offrent a montrer e a desclaerer ladite abbaesse e le couvent en leu c en tens, si come eles diséent ; je me suis mis, por moi e por l'austre chevaler e por mon sergent desusdiz, sur paene de cinq cenz livres, au dit e a la volenté et a l'ordinacion haute e basse monsor Hues de Chatillon, chevaler ; e promeit, sur la paene desus dite, tenir e fermement garder e a faire e a procurer a tenir e a garder sur ladite paene ledit Johan Thibaut, chevaler, e le dit Johan Rondeau, mon sergent, quant que ledit Hues chevaler, la vérité enquise, fera e ordrenera haut e bas sur les choses desus dites e sur les apartenances de celes, en tote la meniere que il verra que on fera a faire, sauve noz vies e noz menbres. E vuil e octroi que ceste chose soit déterminée dedenz le prochain parlement a venir. E si on n'esteit déterminé dedenz ledit parlement, les choses desusdites e les enquestes et les aprises e tout le proçais fait sur ceu, par le commandement de la cort, demorret en l'estat e en la vertu en quoi oui estoet avant ceste mise ; e voil e otroi que ceste mise ou ceste ordenance ne nuise riens a la davant dite abbaesse e au couvent, que l'enqueste, l'aprise e le proçais davant diz y demorast en son estat e en sa vertu si la chose n'estoet déterminée dedenz le davantdit parlement par ledit monsor Hues, si come de desus est devisé ; e sauves mes raisons aussi come eles estoent davant la mise. E quant aus choses davant dites tenir et fermement garder de moi, de monsor Johan e de mon sergent desus diz, e de non venir encontre par auqune cause ou par auqune raison, et de paer la paene desus dite, si elle estoet commise contre moi ou contre monsor Johan Thibaut ou contre mon sergent desus diz, je en oblige a la dite abbaesse e au couvent moi e mes heirs e mes successors e toz mes biens mobles e non mobles presenz e a venir, en quauque leu que le seent, e soumeit a la juridicion lou rei de France, en quauque leu que je aille. En tesmoig de la quau chose, je ai saclé cestes presentes letres de mon seiau. Ceu fut fait en l'an de grace mil e dous cenz seixante e dis e sait, le jeudi après le dimenche que l'on chante Invocavit me.

P. Marchegay
Revue des Provinces de l'Ouest
1857 (A5)

LES SOULIERS DES RELIGIEUSES DU VAL DE MORIERE

Comme suzerain des paroisses des Brouzils et de Chavagnes, Maurice, seigneur de Montaigu y levait un impôt nommé fressenge, en latin frecengia, payable par les propriétaires de porcs. La charte dont nous publions la traduction littérale établit qu'il disposa d'une partie de cette redevance en faveur d'un petit et pauvre prieuré de l'ordre de Fontevraud, situé sur les limites du Poitou et de la Bretagne mais en cette dernière province. En passant au Val-de-Morière, Maurice y avait vu les religieuses réduites à marcher pieds nus. Avec 20 sous par an, lui dit-on, elles seraient toutes pourvues de souliers. Maurice leur en fit don immédiatement, et assigna la rente sur les fressenges des Brouzils et de Chavagnes.
Notre charte est surtout curieuse par la mention, à une date très-ancienne, de deux localités importantes sur lesquelles il n'existe pour ainsi dire de documents écrits pour la période du moyen-âge. On y trouve aussi, dans le surnom du premier témoin, l'étymologie du nom d'une autre commune du canton de Saint-Fulgent, la Copechanière ou Copechagnière.


Ce document n'est pas daté, mais la mention, des fils de Maurice, permet de dire qu'il est antérieur non-seulement au mois de février 1202, date d'une charte du seigneur de Montaigu constatant la mort d'Arbert et de Girard ; mais encore à l'année 1195, époque à laquelle le même seigneur, faisant confirmer par ses fils une importante donation, ne parle que de Maurice et Brient. Les deux pièces que nous venons de citer existent en original dans les archives de la Vendée, parmi les titres du prieuré de Commequiers. Dans la première, le bienfaiteur des moines et des religieuses de son voisinage, donne sur sa famille des renseignements précieux pour notre histoire locale. Son aïeul s'appelait Urvoy, Urvodius, son père Brient, sa mère Agathe, sa première femme Héloïse, leurs filles Pulcreisodis (en langue vulgaire Belle-Assez) et Kateline, ses oncles Herbert et Hugue, sa tante Gunnodis et sa soeur Pulcreisodis. Tous étaient morts, ainsi que ses fils Arbert et Brient.


Nous avons trouvé la copie du texte latin de notre charte, dans un manuscrits de la Bibliothèque Impériale, portant n° 5480 de l'ancien fonds latin, au volume 1er, page 236.


"Qu'il soit connu de tous, soit présents soit à venir, que Maurice de Montaigu, de Monte Acuto, avec l'assentiment de sa femme et de ses fils, Maurice l'aîné et de celle de ses amis, principalement pour l'âme de son fils Arbert, a donné aux religieuses du Val-de-Morière, Bademoreria, 20 sous de rente annuelle : 10 à prendre sur la fressenge des Brouzils, Brossilis, et 10 sur la fressenge de Chavagnes, Chavenie. Ces deux sommes doivent être payées par les sergents desdits lieux, quels qu'ils soient, le jour de la fête de Saint-Georges, sans aucun délai ; et elles seront annuellement employées en achat de souliers pour les religieuses.
Sont témoins de cette donation : Arbeget Copechane, Geoffroi de l'Herbergement, de Arbergamento, Bernier alors sénéchal, Etienne ... et M. son clerc, Guillaume prieur (1) du susdit lieu (du Val-de-Morière), Létard homme d'armes de ladite maison et plusieurs autres."


(1) On sait que dans chaque prieuré de l'ordre de Fontevraud il y avait religieux et religieuses ; et ces derniers, soumis à la prieure, s'occupaient des affaires du dehors, surtout quand elles se traitaient avec des hommes.
BIB PC 16/7 - Recherches historiques sur le département de la Vendée - Paul Marchegay.
1893

Vers 1235, Maurice Cathus, sénéchal de Pierre de la Garnache avait épousé Hilaire Du Coudray, fille de Simon (de Codreio), Chevalier croisé. Ils font cession de leur droits sur la terre de la Boloignère aux moniales de la Bademore (Val-de-Morière).
(Dictionnaire Historique et Généalogique des Familles du Poitou - Beauchet-Filleau - Tome deuxième)

En 1301, Maurice de Belleville, comme exécuteur testamentaire de Girard Chabot, donna attestation au prieuré de Bademorière, dépendant de Fontevrault, pour des legs faits à ce couvent.
Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou - Beauchet-Filleau - Tome premier - 1891

1407, 9 juin - Mandement au seneschal, alloué et procureur de Nantes, exercens les juridicion et recette du rachat de la terre de Rays, de sourdre la main mise de Mgr, qui asiise avoit est sur le temporel du prieuré dou Bourg des Moustiers, sauff à en joir des droiz et nobleces que y avoit la dame de Rays, se aucuns (y avait) ; et sauff à les poursuir de monstrer et aparoirz leurs fondacions, et ses tenues bailler en manière deue. - Rocher."
- "Semblable lettre pour dame Jehanne Chabot, aient le gouvernement du prieuré de la Bademolière. - Rocher."
(Bien que nous n'ayons pas vu cette pièce, nous savons par M. Maître, archiviste de la Loire-Inférieure, que le mandement de main-levée pour la prieure de la "Bademolière", auj. le Val-de-Morière (L.-Inf. arr. Nantes, C. Legé, C. Touvois), existe encore aux archives de Maine-et-Loire, F. de l'abbaye de Fontevrault.)
(Archives de Bretagne - Tome V - Lettres et Mandements, de 1407 à 1419 - 1889-1895)

 

SIGNATURES RELIGIEUSES VAL DE MORIERE



1785 - Prieure : Soeur Céleste de Biré
Entre 1765 et 1785, on trouve la signature de la Soeur L. Vaz de Mello de la Métairie.


Le dernier acte, provenant des registres du Val-de-Morière, est daté du 22 novembre 1785, il concerne l'entrée au noviciat de Aimée-Constance-Félicité-Robert de Boisfossé. Cet acte est signé d'elle-même et de :
Soeur Céleste de Biré, prieure ; Soeur Anne-Mélanie Dutressay, Supérieure ; Soeur Marie-Prudance Tardineau, Discrette ; Soeur L. de Mello de la Métairie, Dépositaire ; Soeur Antoinette Bouyer, Discrette ; Soeur Gabrielle de la Barbelays ; Soeur Thérèse Le Tanneur (ou Tenneur) ; Soeur Périne Fleury ; Soeur Guilloteau, Discrette ; Soeur Eléonore de Rorthays ; Soeur Marie-Marguerite Ellis ; Soeur Louise Bain ; Soeur Le Roux, Bourcière ; Soeur Céleste Girard.
 
(Registres paroissiaux du Val-de-Morière)

A PROPOS DU VAL DE MORIERE

Extrait des Mémoires de l'Adjudant-Général Aubertin

"Charette se dérobait toujours aux recherches des troupes républicaines ; jamais ce chef n'avait déployé plus d'activité dans ses mouvemens ; et il tenait dans un éveil continuel tous les postes et détachemens isolés. Souvent même il les surprenait avec avantage.
Aubertin, ayant repris le commandement de sa colonne, parcourut une partie du pays qui avoisine Montaigu, en même temps que plusieurs autres colonnes, parties du même point, marchaient dans des directions différentes. Au commencement de cette course, qui dura une quinzaine de jours, des soldats découvrirent une religieuse cachée dans les bois de Vieillevigne, succombant de besoin, et dans le plus déplorable équipage ; Aubertin la fit conduire au quartier-général.
C'était à des rencontres de cette nature que devait se borner l'expédition de cet officier supérieur ; car les troupes vendéennes ne se montraient nulle part. Charette renonçant, momentanément, à la levée des masses, avait divisé sa colonne permanente en plusieurs partis isolés, afin d'échapper plus facilement aux recherches qu'on faisait de lui.
Sur le chemin qui passe devant le Val-de-Morière, la colonne républicaine trouva deux enfans, frère et soeur, dont le plus âgé n'avait pas plus de trois ans ; ils étaient vêtus proprement et annonçaient une condition au-dessus de celle des simples paysans. Aubertin, qui était alors accompagné de l'adjudant-général Sainte-Suzanne, attendri à la vue de ces deux jolies et innocentes créatures, les adopta sur le champ ; mais son camarade voulut se charger du garçon. Au retour de la colonne à Machecoul, ces deux enfans furent mis dans une pension et fournis de tous les effets qui leur étaient nécessaires, aux frais de leurs protecteurs.
Quinze jours après cet évènement, un paysan vint trouver l'adjudant-général Aubertin et lui remit une lettre, par laquelle on le priait de confier, en toute sécurité, les deux enfans au porteur ; on remerciait cet officier de son obligeance, et on le suppliait, dans les termes les plus pressans, de n'ordonner aucunes recherches pour découvrir à qui ils appartenaient ; enfin, de ne pas faire suivre le messager qui était chargé de les ramener. La demande était si juste, et si convenablement exprimée qu'Aubertin n'hésita point à y faire droit sans restriction.
Dans la même course, l'avant-garde arrêta une autre religieuse qui, l'ayant aperçue la première sur la route, cherchait à l'éviter. Conduite à l'adjudant-général, celui-ci s'empressa de lui donner son manteau pour se couvrir, autant parce qu'il faisait froid et qu'elle n'avait que des vêtemens légers, que pour la soustraire aux regards et aux propos déplacés de la troupe. Elle prit place dans la voiture d'une vivandière, qui suivait la colonne.
Arrivé le soir près d'un village ruiné et désert, où la troupe devait bivouaquer, Aubertin fit venir cette religieuse près de lui, la fit manger à sa table, et lui assigna un endroit pour passer la nuit en toute sûreté. Elle raconta à son protecteur, qu'elle appartenait au couvent du Val-de-Morière ; que le monastère ayant été dévasté et brûlé, elle s'était cachée pendant quelque temps ; et qu'elle allait à Nantes, quand on l'avait rencontrée, pour se retirer ensuite dans un village voisin de cette ville ; où elle avait reçu le jour. Elle paraissait âgée de trente à trente-cinq ans. Son emploi dans le couvent était la direction de l'apothicairerie et de l'infirmerie.
Un transport de malades devait précisément partir le lendemain pour Nantes. Il fut convenu que la bonne religieuse, ayant troqué ses vêtemens contre quelques hardes de la vivandière, suivrait ce convoi, bien recommandée au chef de l'escorte, et qu'elle pourrait ensuite aller où bon lui semblerait, dès qu'elle serait arrivée à Nantes.
Trois mois après cette aventure, l'adjudant-général Aubertin, en passant dans une des rues de la ville que nous venons de nommer, se sentit tirer doucement par son habit. Il se retourne et voit une espèce de servante, ou femme du commun, qui le regarde avec beaucoup d'attention, et lui demande si il la reconnaît. Aubertin fixe à son tour celle qui l'interroge, et reconnaît en effet la religieuse à qui il a sauvé la vie. Celle-ci lui dit alors qu'elle devait partir le lendemain pour Angers, munie d'un passeport qu'elle venait d'obtenir de l'administration civile, sur le témoignage de personnes non suspectes ; mais qu'elle désirait bien, avant d'entreprendre ce voyage, retourner au Val-de-Morière, où elle avait caché de l'argenterie et de l'argent monnoyé. Aubertin l'engagea fortement à remettre cette visite à un autre temps, en lui représentant tout le danger qu'elle aurait à courir dans l'exécution d'un pareil dessein. Il reçut ses adieux avec les protestations les plus vives d'une reconnaissance éternelle, et la promesse de prier tous les jours l'Etre suprême pour la conservation des jours de son bienfaiteur. ..."

Voir également : http://chemins-secrets.eklablog.com/l-abbaye-du-val-de-moriere-a108129286

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Commentaires
R
Ah, oui, j'en ai entendu parler pour la première fois en lisant les souvenirs de Marie Lourdais...<br /> <br /> <br /> <br /> "Après être caché dans la forêt de Grala, le général Charette en sortit pour aller attaquer les Brouzils. Le combat fut vigoureux ; le général reçut une balle dans le bras. Malgré cette blessure, il resta jusqu'à la fin du combat.<br /> <br /> <br /> <br /> La troupe n'avait point de vivres et mourait de faim. Un convoi républicain était à la Chevrasse ; le général y court avec une poignée de ses soldats ; ils s'emparent du convoi. Le général fit faire, en sa présence, la distribution du pain, du vin dont on s'était emparé. J'eus un morceau de pain, qui me fit grand bien ; c'était le quatrième jour que je n'avais rien vu.<br /> <br /> <br /> <br /> Le général Charette se retira dans un couvent appelé la Morière, près de Machecoul, pour y faire soigner sa blessure. Il n'y resta pas longtemps tranquille ; il fut dénoncé ; les Bleus furent, la nuit, entourer le couvent. Le général, qui avait été averti, avait eu le temps de s'échapper ; mais ils tuèrent les religieuses et bon nombre d'habitants, qui s'étaient réfugiés dans l'église."<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour l'article.
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F
Merci pour votre article je vais pouvoir m'en servir pour mon analyse paysagère.
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La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
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