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La Maraîchine Normande
6 mai 2014

AIR ARABE CHANTÉ PAR UN MOISSONNEUR POITEVIN

AIR ARABE CHANTÉ PAR UN MOISSONNEUR POITEVIN

chanson poitevine sur un air Arabe 3



Feu notre collègue M. Eugène Delavault, auteur de "L'Oncle Traub", opéra-comique joué à Paris au Théâtre Lyrique en 1862, assistant dans une ferme des Deux-Sèvres à la fête (en patois : le Bourlot) qui clôture la moisson, entendit un refrain d'un rythme insolite, qu'il s'empressa de recueillir.


Cet air ne figure point dans les "Chants et chansons populaires des provinces de l'Ouest" de Jérôme Bugeaud publiés beaucoup plus tard dans les volume III et IV de la 2e série des "Mémoires de la Société de Statistique (1863-64)", M. E. Delavault mourut en 1892 ; l'objet me parut alors de trop minime importance pour demander à sa veuve, qui ne m'eut certainement point refusé, une recherche dans les notes laissées par le défunt.


Tout espoir semblait perdu quand M. Alphonse Faraud retrouva la curieuse notation dans les manuscrits et pièces diverses relatifs à la musique, provenant de Désiré Martin Beaulieu, décédé en 1863, récemment acquis par la Bibliothèque municipale.
M. Delavault m'avait déclaré avoir fait part de son intéressante découverte au fondateur des "Congrès de l'Ouest" ; j'en retrouvai pour preuve ces mots écrits de la main de Beaulieu : Donné par Delavault Eugène, au bas des deux lignes de partition.
Cette communication au représentant le plus en vue de l'art musical à Niort, s'explique en outre par divers travaux antérieurs de l'ex-prix de Rome du conservatoire.
C'est ainsi qu'on rencontrait déjà dans son "Mémoire sur quelques airs nationaux qui sont dans sa tonalité grégorienne", une Chanson Poitevine.


D'un commun accord, il fut reconnu qu'il s'agissait cette fois d'un air Arabe sur lequel on avait adapté des paroles françaises, mais les deux compositeurs ne s'entendirent pas sur le mode, l'un tenait pour le mineur, l'autre pour le majeur, et l'on remarquera que dans sa transcription, Beaulieu laisse la question indécise en n'indiquant de mode d'aucune sorte.
Il y aurait peut-être cependant une difficulté plus grande encore à déterminer le moment où l'air fut importé chez nous avant de servir de canevas soit à une chanson Française, soit plus vraisemblablement Poitevine. Comme on ne cite guère de timbres venus d'Algérie après la conquête, il est possible que celui-ci, recueilli tout d'abord par les Espagnols, nous fut transmis de seconde main par des soldats de cette nation au temps de la Ligue.


Les dirhems retrouvés jusqu'à Orléans offrent cependant la preuve de relations commerciales dès le temps des Maures et nul ne saurait fixer l'époque reculée où l'Espagne commença à venir acheter nos mules, pas plus d'ailleurs que celle de l'inauguration du chemin de St-Jacques par nos pèlerins de Compostelle.


Les chansons Poitevines faites sur des airs venus du dehors, ne sont point chose exceptionnelle. On en retrouve souvent les timbres dans les "Airs de Cour" ; il ne faut pas oublier qu'une édition de ces "Airs de Cour", de 1607, est dite faite à Poitiers et si l'attribution du lieu de publication et de l'imprimeur est erronée, elle n'en prouve pas moins que l'éditeur, quel qu'il fut, considérait qu'il trouverait en Poitou un débit assuré.
Jérôme Bugeaud pourrait s'être un peu aventuré en contestant aux villageois qui fournirent pendant longtemps d'excellents exécutants - on a pour preuves Robert du Dorat et surtout leur amour pour la danse (1) - l'honneur d'avoir composé les paroles de beaucoup de chansons qu'il a recueillies. Le préfet Dupin reconnut qu'il y avait parmi eux bien d'autres gens que de grossiers ruraux.
Mais après la Fronde (1548-53), les musettes se turent et il y eut moins de danseurs, puis vint la Révocation qui fit déserter nos campagnes.


LÉO DESAIVRE

(1) Les Poitevins étaient connus pour leur talent pour la danse dès le XIIIe siècle. On voit des bergers Poitevins figurer dans la danse barboire des fiançailles de Claude de France, fille de Louis XII, avec le futur empereur Charles-Quint (1665) et ce sont eux encore qui représentent la France dans le Ballet des Nations, divertissement du Bourgeois gentilhomme, représenté à Chambord en 1670.

Bulletin de la Société historique et scientifique des Deux-Sèvres.
1912

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