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La Maraîchine Normande
12 avril 2014

PETITE HISTOIRE : LES EFFETS DU NOMBRE TREIZE

LES EFFETS DU NOMBRE TREIZE.
Le trait suivant appartient à un village du Hainaut.

 

NOMBRE 13



L'an 1773, le vendredi, 13 octobre, à huit heures treize minutes du soir ; (on observera que le concours de plusieurs nombres treize est toujours fatal), on achevait alors la vendange, parce que les vignes avaient mûri tard cette année. Le paysan Lucas, en sortant de la cuve où il venait de fouler le raisin, avala treize pleins verres de vin nouveau. Quand il rentra chez lui, ce n'était plus un homme, c'était un diable. Malheureusement sa femme Lisette avait mangé, à son dîner, une petite omelette aux rognons, de treize oeufs ; et n'avait bu que de l'eau ; la digestion s'était faite péniblement. Lisette, en voyant Lucas un peu gris, bâilla, fit la grimace, et tint un propos aigre. Lucas répondit par un geste menaçant et par un gros mot. Dans un petit moment d'humeur, Lisette jeta treize assiettes à la tête de Lucas, qui, dans un premier mouvement, l'assomma de treize coups de broc ...


Quand il la vit morte, il sentit qu'il l'aimait. Il se jeta comme un désolé sur le cadavre, et lui demanda pardon de l'avoir tuée. - Hélas ! s'écriait-il piteusement, voilà pourtant la première fois que cela m'arrive ! Enfin, il se releva, d'un air réfléchi, alla droit à sa cuve, les bras croisés ; et s'y insinua tout doucement, la tête la première. On l'en retira, au bout de treize secondes ; il était déjà mort et noyé ...


La justice, indignée, prit connaissance de l'affaire. Elle s'empara du corps de Lucas, qui, très heureusement pour lui, n'avait plus d'âme ; elle le fit pendre par les pieds. On rasa la ferme ; et le terrain fut mis à l'encan. Celui qui l'acheta s'en trouva mal, et ne put jamais habiter le corps-de-logis, qu'il avait fait bâtir à la place ; car tous les ans, dans le temps des vendanges, quelquefois plus tard, il s'y faisait toujours un changement affreux. La nuit venait, le corps-de-logis sautait sur ses fondemens, le toit semblait danser, les murs paraissaient rouges de sang ou de vin. Il se faisait dans l'intérieur un horrible charivari ; on croyait entendre le cliquetis des assiettes, le choc des brocs, les gémissements d'une morte et les cris d'un noyé.

(Louvet de Coupvrai)

Extrait :
Histoire des fantômes et des démons ...
par Mme Gabrielle de P*****
Locard et Davi (Paris)
1819

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