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La Maraîchine Normande
8 avril 2014

HENRI-CHARLES GUYOT DUREPAIRE

HENRI-CHARLES GUYOT DUREPAIRE

ETAT DES SERVICES, CAMPAGNES & BLESSURES
DE MONSIEUR GUYOT DUREPAIRE HENRI-CHARLES
CAPITAINE-ADJUDANT DE PLACE


NÉ LE 18 DÉCEMBRE 1781
A LA PITARDE
PAROISSE DE ST PREUIL
ARRONDISSEMENT DE COGNAC
DÉPARTEMENT DE LA CHARENTE

le 1er août 1792
Entré au service dans le 1er Baraillon des chasseurs Basques en qualité de Sous-Lieutenant
Le 15 septembre 1792
Aide de Camp du Général de Brigade Guyot Durepaire (son père), jusqu'au 26 messidor an 2, époque où ce Général a obtenu sa retraite pour cause de blessures graves, reçues aux armées le 26 messidor an 2
Le 1er frimaire an 9
Sous-Lieutenant aux chasseurs à cheval de la Légion de France du Nord
Le 12 thermidor an 9
Réformé avec ladite Légion, avec traitement de réforme
Le 30 frimaire an 14
En vertu de l'arrêté des Consuls du 7 messidor an 9, nommé Sous-Lieutenant au 70e Régiment de Ligne par Décret Impérial
Le 22 fructidor (1807)
Lieutenant audit corps
Le 6 août 1809
Capitaine
Le 16 décembre 1815
Passé avec son grade à la Légion de la Charente
Le 14 août 1816
Confirmé dans son grade à ladite Légion par ordonnance royale

CAMPAGNES

1792 - aux Pyrénées occidentales, sous le Général Muler
1801 - à l'armée de Hollande, sous le Général Hosten
1806 - à l'armée des Côtes de l'Océan, sous le Général Delaborde
1807 à 1808 - à l'armée de Portugal, sous le Général Junot
1809 - 1810 - 1811 & 1812 - aux armées d'Espagne & de Portugal sous le Maréchal Soult & MM. les Généraux Hudelet, Reguier, Abbé & Marzione (?)
1812 et 1814 - à la grande Armée et au siège d'Eifurt sous le Général Dalton, a fait pendant ce mois de siège les fonctions d'officier supérieur.
1815 - Dans la Vendée, dans les 100 Jours, avec le 3e Bataillon du 70e Régiment de Ligne.

BLESSURE

Blessé d'un coup de feu à la jambe, le 25 novembre 1810, entre Navalecarnero & Madrid (Espagne).

Guyot Durepaire chevalier de St Louis



DÉCORATIONS

- Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de Saint Louis, le 18 avril 1819.
- Chevalier de l'Ordre Royal de la Légion d'Honneur, le 10 avril 1832.

signature Guyot Durepaire



AFFAIRE DITE D'AMAILLOUX
MM. GUYOT-DUREPAIRE ET MOUNIER
OFFICIERS DE L'EX-GARDE ROYALE
Accusés de complot et d'attentat contre le gouvernement
Cour d'Assises d'Eure-et-Loire (Chartres)
Le 29 décembre 1832
Extraits du plaidoyer de M. Doublet

"Quels sont les faits constitutifs des crimes que l'accusation reproche à MM. Wampers, Gaspard de Chièvres, Durepaire et Mounier ?
L'acte d'accusation, dans son résumé, leur reproche :
D'avoir, depuis moins d'un an, pris part à un complot ayant pour but : 1° SOIT de détruire, SOIT de changer le gouvernement ou l'ordre de successibilité au trône, SOIT d'exciter les citoyens OU habitans à s'armer contre l'autorité royale ; 2° d'exciter la guerre civile en armant OU en portant les citoyens à s'armer les uns contre les autres.
Crimes prévus par les articles 87, 89 et 91 du Code pénal.
Voilà pour le complot.
Ce n'est pas tout ; l'acte d'accusation leur reproche encore :
D'avoir, le 23 mai dernier, dans la commune d'Amailloux et lieux circonvoisins, volontairement commis, en bande armée, UN OU PLUSIEURS attentats dont le but était : 1° SOIT de détruire, SOIT de changer le gouvernement OU l'ordre de successibilité au trône, SOIT d'exciter les citoyens OU habitans à s'armer contre l'autorité royale ; 2° d'exciter la guerre civile en armant OU en portant les citoyens OU habitans à s'armer les uns contre les autres.
Crimes prévus et punis par les articles 87, 88 et 91 du Code pénal.
Voilà pour l'attentat."

"M. Mounier père était chirurgien-major dans la marine royale ; son fils fit ses premières armes dans la marine, jusqu'au moment où il obtint une sous-lieutenance dans le 6e régiment d'infanterie de Ligne. En 1814, un oncle de M. Mounier épousa la soeur de M. Durepaire ; c'est ainsi que les accusés se connurent. Du même âge, destinés à parcourir la même carrière, liés par des rapports de famille, leur amitié ne put que s'accroître par le temps ; elle se fortifia encore lorsqu'en 1823 tous deux furent appelés à servir dans le 6e régiment de l'ex-garde royale. En 1827, M. Durepaire se maria, et vous savez qu'à cette époque les désirs de sa nouvelle famille amenèrent sa démission. Plus tard M. Mounier dut encore à son amitié de s'allier à l'une des familles les plus honorables de la ville de Saintes.
Voici maintenant comme MM. Durepaire et Mounier eurent des relations avec M. Paul-Emile de Chièvres. Madame Durepaire était parente de madame de Clervaulx née Aymer. Madame de Clervaulx a une propriété appelée l'Haumelière, à une lieue et demi d'Avançon. Madame Durepaire était aussi cousine d'une dame Desmenards de Clervaulx ; cette dame habite une propriété appelée Châteauneuf, dans les environs de Saint-Maixent. M. Mounier était l'ami intime de la maison ; enfin MM. Mounier et Durepaire possédaient des propriétés dans le département des Deux-Sèvres, et vous n'avez pas oublié que la résidence habituelle de M. Paul-Emile de Chièvres était à Aujac, à trois lieues de Saintes. Ainsi, par leurs rapports de famille et de voisinage, MM. Mounier et Durepaire devaient connaître M. Paul-Emile de Chièvres.
Ces faits une fois connus, j'arrive aux évènemens de juillet 1830.
A cette époque, M. Mounier appartenait au 2e bataillon du 6e  régiment de la garde royale. Ce bataillon se trouvait alors détaché à Vincennes. Ce fut là qu'une capitulation fut conclue entre les généraux Gourgaud et marquis de Puyvert, capitulation qui assurait aux officiers de la garde les prérogatives attachées à leur emploi ; mais cette capitulation n'ayant pas été ratifiée par le gouvernement provisoire, la garde royale fut licenciée le 23 août. M. Mounier, comme ses frères d'armes, perdit non seulement son grade supérieur, mais encore l'ancienneté dans le grade effectif.
Constatons ici un fait dont la conséquence me paraît utile à signaler. Sans doute la révolution de Juillet ne fut pas vue d'un oeil favorable par M. Mounier, et vous le mésestimeriez s'il disait le contraire. Fidèle à ses sermens, fidèle à son drapeau, il avait fait son devoir ; il cédait, comme tant d'autres, à la force des circonstances. Sans doute encore à trente-trois ans on ne renonce pas sans regret à une carrière si bien commencée ! ... Mais enfin sa position changeant, son avenir, peut-être moins brillant, n'en était pas moins assuré. Marié depuis six années, père de deux enfans, heureux époux, heureux père, il allait échanger une position mobile, aventureuse, si je puis le dire, contre une position stable et fixe ; il allait veiller aux soins de sa jeune famille, et cette idée consolante fut pour lui une douce compensation du malheur qui l'avait frappé ... M. Mounier se retira à Font-Couverte, près de Saintes, dans une propriété appartenant à sa femme, avec la solde de congé affectée au grade de lieutenant. Dans un pays tranquille, entièrement livré aux travaux utiles de l'agriculture, il vécut s'occupant peu de politique, heureux des occupations paisibles qu'il s'était crées.
Au mois de mai 1832, M. de Clervaulx, beau-père de M. Durepaire, appelé à faire partie du jury aux assises des Deux-Sèvres (un certificat en fait foi), s'en remit à son gendre pour la surveillance de ses biens, et pour opérer des rentrées dans des propriétés qu'il possédait dans le département des Deux-Sèvres. M. Durepaire, ami de M. Emile de Chièvres, son voisin de campagne en Saintonge, communiqua ce projet de voyage à M. Mounier, et l'engagea à l'accompagner. Si c'était pour M. Durepaire une occasion d'aller visiter M. Emile de Chièvres et madame Aymer, sa belle-mère, c'en était une pour M. Mounier d'aller voir madame Desmenards de Clervaulx, c'en était une pour tous les deux d'aller voir M. de Baillou, leur ami intime, qui avait longtemps servi avec eux dans la garde, et qui, d'après ce que leur avait appris un officier du 64e en détachement à Saintes, devait se trouver en garnison à Parthenay.
La proposition de M. Durepaire fut acceptée par M. Mounier. Tous deux partirent de Saintes le 19 mai au soir par la diligence, ne s'arrêtèrent point à Niort, et arrivèrent ainsi sur les midi à Saint-Maixent. Dans cette ville, ils se procurèrent un guide qui les conduisit le lendemain dimanche 20, au château d'Avançon où résidait madame Aymer. Au moment de leur arrivée, M. Emile de Chièvres en était absent. Ils furent reçus par madame Aymer comme des amis, comme des parens. Ils y étaient depuis plusieurs heures, lorsque deux personnes qui leur étaient entièrement inconnues furent annoncées sous les noms de MM. Wampers et Gaspard de Chièvres. A l'accueil qu'ils reçurent, aux paroles obligeantes de madame Aymer, MM. Durepaire et Mounier reconnurent que ces messieurs étaient proches parens de la famille. En effet, plus tard ils apprirent que tous deux étaient cousins germains de M. Emile de Chièvres, et que MM. Wampers et Gaspard de Chièvres étaient beaux-frères. M. Emile de Chièvres ne tarda pas à arriver, il avait été visiter M. de Clervaulx, son beau-frère et son voisin de campagne.
MM. Durepaire et Mounier lui firent part de leur projet d'aller à Parthenay voir leur ami M. de Baillou. M. Emile de Chièvres mit à leur disposition deux de ses chevaux ; et le lendemain 21, après le déjeuner, ils partirent pour se rendre à Parthenay. Arrivés dans cette ville, leur premier soin fut de s'informer auprès d'un officier du 64e qu'ils rencontrèrent, si le capitaine de Baillou n'était pas à Parthenay. Cet officier leur apprit que depuis peu de jours le capitaine de Baillou était parti pour le cantonnement de Chiché ou de Largeasse, il ne put affirmer lequel des deux. Quant à l'état-major du bataillon, il leur assura qu'il était à Chiché. Que faire ? leurs chevaux venaient de parcourir cinq lieues de pays, ils étaient fatigués, et d'ailleurs ils ne pouvaient abuser de l'obligeance de M. Emile de Chièvres. MM. Durepaire et Mounier résolurent donc de repartir le lendemain 22, pour le château d'Avançon, et de faire plus tard leur visite à M. de Baillou un but de promenade ... Toutefois, et sans plus de réflexion, ils jugèrent convenable d'informer M. de Baillou du but de leur voyage, et de lui donner les moyens de venir les voir, s'il le pouvait, à Avançon. M. Mounier lui écrivit à peu près en ces termes :
"Nous nous faisions une joie de vous trouver ici, mon cher Baillou, jugez de notre désappointement en apprenant que vous êtes détaché dans un cantonnement si éloigné. Si vous êtes le même Baillou que nous avons connu autrefois, vous n'hésiterez pas à venir nous rejoindre, si votre service vous le permet, au château d'Avançon près Saint-Maixent, où nous sommes encore pour deux ou trois jours au plus tard. Croyez-moi, etc. Signé Mounier."
Cette lettre, remise à un officier du 64e, MM. Durepaire et Mounier ne songèrent plus qu'à utiliser leur soirée dans une ville où ils ne connaissaient personne. Après le dîner ils se dirigèrent vers la promenade ; ils n'avaient pas fait cent pas, que, passant auprès d'un groupe d'officiers du 64e, M. Mounier reconnut l'un d'eux pour être M. Ardisson, avec lequel il avait servi. La reconnaissance fut renouvelée avec effusion de part et d'autre ... La soirée se passa avec M. Ardisson ; et malgré son insistance pour retenir MM. Durepaire et Mounier pour un déjeuner le lendemain matin, ceux-ci s'y refusèrent.
Dès le mardi 22, à la pointe du jour, ils se mirent en route pour le château d'Avançon, avec le projet bien arrêté de surprendre dès le 23, par leur arrivée à Largeasse ou à Chiché, leur ami M. de Baillou ; en effet, ils pensèrent alors et avec raison, l'évènement l'a prouvé, que la lettre qu'ils lui avaient adressée n'arriverait que trop tard par la correspondance des cantonnemens, pour que M. de Baillou les trouvât encore à Avançon ; que, d'un autre côté, M. de Baillou ne pourrait pas, à cause de son service, aller les rejoindre chez madame Aymer ... Ils arrivèrent à Avançon dans le courant de la journée, ils annoncèrent à madame Aymer leur intention de prendre congé d'elle dès le lendemain. Le reste de la journée fut employé par eux à visiter l'étang des Châteliers, peu éloigné d'Avançon, l'une des curiosités du pays. Ils ne rentrèrent qu'assez tard le soir ; ils ne trouvèrent pas M. Emile de Chièvres, qu'on leur annonça être parti dans la soirée.
Le mercredi 23, à quatre heures du matin, MM. Mounier et Durepaire, munis de provisions nécessaires pour déjeuner, gagnèrent la grande route de Parthenay. En passant par le chemin de traverse qui mène d'Avançon à cette route, leur projet était d'aller à Largeasse ou à Chiché trouver M. de Baillou. Sur les huit ou neuf heures, ils étaient à une demi-lieue de Parthenay ; ils s'arrêtèrent pour déjeuner, et continuèrent ensuite leur route, traversant Parthenay vers neuf heures et demie sans s'y arrêter, et suivant la direction de Chiché. La chaleur était extrême ; marchant depuis plusieurs heures, quoique habitués à de longues fatigues, MM. Durepaire et Mounier s'aperçurent qu'ils avaient trop présumé de leurs forces. Une soif ardente les dévorait ; il fallut s'arrêter et chercher un gîte pour se reposer ; ils apperçurent à peu de distance de la route une ferme isolée, ils s'y dirigèrent ; il était environ midi quand ils y arrivèrent ... Là une rencontre assez extraordinaire, il faut en convenir, mais non pas impossible, eut lieu ... Ils ne furent pas peu surpris de trouver MM. Wampers et Gaspard de Chièvres. On s'interrogea sur cette rencontre inattendue. MM. Durepaire et Mounier expliquent le motif de leur voyage ; MM. Wampers et Gaspard de Chièvres leur apprennent qu'en se rendant à Saumur leurs chevaux leur avaient échappé, et qu'après avoir couru une partie de la nuit, et sans pouvoir les rejoindre, ils cherchaient un lieu de repos lorsqu'ils avaient aperçu cette ferme. Du reste la route de Parthenay à Chiché étant celle de Saumur, ville où se dirigeaient MM. Wampers et Gaspard de Chièvres, leurs chevaux les ayant emportés de ce côté, la rencontre s'expliquait tout naturellement. Après s'être reposés un instant, MM. Wampers et Gaspard de Chièvres annoncèrent leur intention de se rendre à Avançon par Parthenay, et de s'arrêter à une auberge que la femme de la métairie leur annonçait être distante de là d'une grande lieue. MM. Durepaire et Mounier se rappelèrent avoir vu en effet cette auberge le matin à leur passage ; on conjectura que l'on pourrait probablement s'y rencontrer.
Continuons : MM. Durepaire et Mounier étaient à plus de deux lieues de Parthenay. Pour se rendre à Chiché, où était l'état-major du bataillon du capitaine du Baillou, il leur aurait fallu faire deux lieues. Arrivés à Chiché, s'ils apprenaient que le capitaine Baillou était dans le cantonnement de Largeasse, deux lieues étaient encore à faire. A Largeasse même auraient-ils eu la certitude de le trouver ? La fatigue d'un côté, et l'incertitude de l'autre, leur firent renoncer à aller plus loin ; ils résolurent, à regret, à rétrograder sur Parthenay ...
Ils se mirent en marche et arrivèrent sur les deux heures et demi à l'auberge de la Jussay, où MM. Wampers et Gaspard de Chièvres les avaient précédés. Cette auberge, située sur la grande route de Parthenay, était pleine de gens qui revenaient du grand marché de Parthenay ... Tous quatre se firent servir le dîner ... Un détachement du 64e arriva dans cette auberge ; les soldats ne virent rien de suspect dans la présence de quatre hommes dînant à la même table ; loin de là, un des soldats lia conversation avec M. Wampers, qui fit remplir sa gourde de vin. Le détachement continua sa route. Un second détachement arriva quelque temps après, commandé par le lieutenant Rebour ; les passeports furent demandés et représentés ; une visite minutieuse eut lieu dans l'auberge et sur les quatre voyageurs ; on ne trouva rien, rien absolument de suspect, le rapport en fait foi ; et cependant l'officier jugea ces quatre messieurs de bonne prise, comme le dit son rapport. On les conduisit dans les prisons de Parthenay comme des malfaiteurs, on les mit provisoirement au secret ... Une instruction judiciaire commença ... Tels sont les faits, Messieurs, vous les connaissez désormais. Pour en compléter l'exposé, je vous rappelle que la Cour royale de Poitiers évoqua cette affaire par arrêt du 26 mai, et qu'à la suite d'une longue instruction suivie contre quarante-six prévenus, cette Cour rendit, le 11 août suivant, un arrêt par lequel elle disjoignit de la procédure générale relative aux faits qui avaient eu lieu à Amailloux, la procédure instruite contre six des prévenus ; déclara n'y avoir lieu à suivre ultérieurement contre vingt-un des prévenus, mais déclara qu'il y avait des charges assez graves pour motiver la mise en accusation des dix-neuf autres. Dix-sept sont devant vous."


Monument assez curieux dans le procès, le rapport de M. Rebour :
Amailloux, le 23 mai 1832
Mon Commandant,
Il était dix heures et demie du matin, lorsqu'un détachement, envoyé par mon capitaine, vint me prévenir que sa correspondance avait été attaquée par une bande considérable de chouans ; qu'il fallait que je prévinsse le détachement de Chiché de prendre les armes et de se trouver à deux heures dans le bois d'Amailloux. Cet ordre fut promptement exécuté, et de plus je fis prévenir Lajeon et Maisonier de se rendre en toute hâte vers le bois.
Mon détachement étant arrivé à l'heure fixée au bois d'Amailloux, je me réunis au commandant Chaudron, qui était au centre du bois avec les grenadiers du 1er bataillon et une escorte de Parthenay. Comme nous nous dirigions ensemble vers le carrefour de la forêt pour faire un mouvement général, le détachement de Saint-Germain l'occupant et le capitaine se trouvant au château de Villebouin, un gendarme fit signe qu'il avait entendu quelques chouans dans le bois. Les grenadiers se portèrent alors en grande hâte vers cet endroit ; on tira des coups de fusils ; alors je me précipitai dans le bois, mon détachement, et le lieutenant Debureaux qui était auprès de moi ; je fouillai le bois avec mon détachement environ une heure et demie ; nous entendîmes battre l'assemblée, et nous nous dirigeâmes vers l'endroit du rassemblement. Amailloux était le point de réunion ; y étant arrivés, nous trouvâmes tous les détachemens, ou du moins une partie ; le commandant Chardron y était, ainsi que d'autres officiers de divers détachemens. Là, chacun déploya sa capture ; des fusils, des sabres, des casquettes, des pistolets furent présentés ; nous n'eûmes pas le bonheur de tomber sur une de ces armes qui avaient été abandonnées ; cependant nous avions fouillé le bois pendant une heure et demie : le hasard ne nous a pas servi. Lorsque nous étions à Amailloux avec le commandant Chardron et quelques détachemens, le commandant fit rappeler, afin de faire une nouvelle poursuite dans le bois. Au moment de son départ, un paysan vint le prévenir qu'il avait vu à la maison du village de la Jussay, située sur la route de Parthenay, quatre individus qu'il croyait suspects, et un autre près des moulins des Rochers, exténués de fatigue. Comme ce sont mes parages, le commandant me dirigea vers cet endroit, mission que j'acceptai AVEC BIEN DU PLAISIR. En effet, je pris de suite mes hommes, et en grande hâte je me dirigeai vers les endroits désignés ; je dirigeai un sergent et huit hommes vers les moulins, avec ordre de fouiller et de battre partout, et avec le reste de mon détachement je me portai vers la maison de Jussay. Cette maison est cachée par une élévation en venant d'Amailloux ; lorsque nous fûmes sur la hauteur, je vis la maîtresse de cette soi-disant auberge sortir et faire dix pas, comme quelqu'un qui fait le guet ; seul je me précipitai à toutes jambes vers sa demeure, que je gagnai AVANT elle, quoique j'en fusse éloigné au moins de cinquante pas lorsque j'ai pris mon élan ; j'entrai précipitamment, et armé d'un fusil, je sommai quatre individus, que je trouvai à table, de se constituer mes prisonniers. Mes hommes me rejoignirent immédiatement et cernèrent la maison. Un d'eux me présenta son passeport, sur lequel je remarquai qu'il disait avoir avec lui un domestique ; je lui enjoignis de me le montrer, ce à quoi il me répondit qu'il était à la poursuite de son cheval qui s'était échappé : la même réponse me fut faite par un autre ARMÉ ÉGALEMENT D'ÉPERONS A SES BOTTES. Je fis main basse sur les quatre compères, et fis immédiatement la fouille de la maison. JE NE TROUVAI RIEN DE SUSPECT. Je me disposai à les conduire à Parthenay, lorsque Debureaux venant à passer, je mis entre ses mains mes quatre individus, qui, dans la conversation que j'ai eue avec eux, m'ont déclaré être d'anciens officiers et voyageant pour leur plaisir.
"J'estime qu'ils sont de bonne prise, et qu'ils ATTENDAIENT LE SUCCES des leurs pour soulever les villages et grossir leur nombre.
J'ai DOUBLÉ mon poste, AUGMENTÉ mes factionnaires ; tout le détachement couchera habillé, et NOUS LES ATTENDONS DE PIED FERME.
On a conduit aussi à Partenay deux autres hommes ; l'un d'eux avait à sa casquette un DRAP bleu en forme de cocarde, ce qui a fait que nous l'avons arrêté, d'autant plus qu'il était près du bois et feignait de travailler : c'est un domestique de l'ancien maire de mon bourg, et que je faisais guetter en raison de ses dispositions nocturnes. Cet ancien maire se nomme Caudière ; dernièrement chez lui il avait le portrait de Charles X.
Je suis avec respect, mon commandant, votre très humble et très obéissant serviteur,
Signé REBOUR."

"Faute de preuves, le président Bryon ne put établir que les projets de ces royalistes auraient été suivis d'exécution. Le 29 décembre, le jury prononça un non-lieu général." (Les Grandes Affaires Criminelles d'Eure-et-Loir - Gérald Massé - 2007)

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