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La Maraîchine Normande
20 mars 2014

LES COMPTES DE TAILLEUR DU MARQUIS DE BONCHAMPS, GÉNÉRAL VENDÉEN

LES COMPTES DE TAILLEUR
DU MARQUIS DE BONCHAMPS
GÉNÉRAL VENDÉEN

C'est une attrayante et singulière figure que celle de ce capitaine de grenadiers devenu général de paysans, et qui, au milieu de la plus terrible de nos guerres civiles et de la plus terrible de nos guerres civiles et de la plus sanglante, a su, en s'illustrant, imposer le respect de son nom à ses plus acharnés adversaires.

 

BONCHAMPSCharles-Melchior-Artus, marquis de Bonchamps, appartenait, on le sait, à l'une de ces vieilles familles de noblesse provinciale nombreuses encore, il y a cent ans, dans nos régions de l'Ouest, plus riches de gloire que d'écus et connues surtout à cause des grands coups d'épées donnés et reçus par toute une lignée de rudes gentilshommes, soldats et chasseurs intrépides, serviteurs dévoués de la France et du Roi.
Ses aïeux, dès l'an 1218, vivaient au pays Loudunais, en Poitou, et Guillaume de Bonchamps, en 1315, rendait aveu au Roi, seigneur de Saumur, tenu qu'il était envers le monarque "à une maille d'or de reconnaissance", pour sa maison noble de Pierrefitte. Malhabiles au métier de courtisans, ne fréquentant guère à la Cour, ils vivaient tant bien que mal, soit à Angers, soit dans leurs terres, du maigre revenu de celles-ci.
L'un d'eux, cependant, l'homme célèbre de la famille, René, premier du nom, avait été gentilhomme de la chambre du roi Louis XIV et créé chevalier de l'ordre de Saint-Michel.
Notre héros naquit le 10 mai 1760, au château du Crucifix, en Anjou ; il avait à peine six ans lorsqu'il perdit sa mère, et, son père s'étant remarié quelque temps après, il fut recueilli par son grand-père paternel, dans ce castel de la Baronnière, à l'entrée des Mauges, où, vingt-cinq ans plus tard, les gars du pays devaient le venir prendre de force, pour ainsi dire, et le mettre à leur tête. Le logis n'était ni brillant ni confortable, les dépendances plus qu'à demi ruinées montraient partout des pans de murs croulants. L'argent manquait, pour réparer quoi que ce fût. L'enfant grandit là, entre son aïeul déjà fort âgé, des tantes demeurées filles, faute de dots, et quelques vieux parents, anciens militaires. Je laisse à penser si son éducation se ressentit de cette existence en plein champ !
L'heure vint, cependant, où il fallut prendre une carrière ; un Bonchamps ne pouvait être que soldat ; aussi le jeune Artus entra-t-il le 6 juillet 1776, comme cadet-gentilhomme, au régiment d'Aquitaine, alors à Metz, et dont un compatriote, vieil ami de sa famille, le comte d'Autichamp, venait d'être nommé colonel en second, c'est-à-dire commandant effectif du corps. Le gamin indiscipliné de la Baronnière avait l'esprit alerte, il comprit rapidement combien son instruction avait été négligée, et profita de ses loisirs de la vie de garnison pour apprendre les mathématiques, le dessin, la musique, en même temps que l'art militaire. Il était sous-lieutenant depuis deux ans et demi, lorsque le second bataillon, dont il faisait partie, reçut l'ordre de s'embarquer pour l'Inde, au commencement de l'année 1781.
A l'île de France, où l'on n'arriva que le 18 décembre 1782, on trouva le marquis de Bussy, commandant en chef de l'expédition. Mais l'ancien lieutenant de Dupleix n'était plus le Bussy l'Indien des grandes luttes passées ; l'héroïque officier d'antan était devenu un vieillard goutteux, inquiet surtout de sauvegarder son immense fortune et d'en jouir, laissant à Suffren le soin de relever l'honneur du pavillon gravement compromis. - En abordant au Port-Louis, Bonchamps apprit sa nomination de lieutenant, qui datait déjà de plus de huit mois.
Ce fut seulement dans la nuit du 16 au 17 mars 1783 que les troupes débarquèrent enfin sur la côte de Coromandel, aux environs de Goudelour, où on les enferma. Bientôt, les Anglais prétendant former le blocus de cette ville, il fallut songer à les repousser. Le bataillon d'Aquitaine, commandé par le chevalier de Damas, prit une part importante à cette défense ; mais, pendant une sortie, cet officier manoeuvra si mal qu'il se fit prendre, malgré l'héroïsme de ses hommes. Le bataillon, privé de son chef, dut rentrer dans la place, rapportant deux drapeaux enlevés à l'ennemi. Cette affaire fut la dernière de la campagne ; quatre jours après, une frégate anglaise vint, en parlementaire, annoncer que des préliminaires de paix avaient été signés à Versailles, le 20 janvier précédent. Les troupes françaises se retirèrent à Pondichéry, où on les embarqua pour la métropole.
Je n'insisterai pas sur les incidents du retour, non plus que sur cette léthargie pendant laquelle on crut Bonchamps mort ; on allait jeter son corps à la mer, quand un sergent de sa compagnie s'interposa et le sauva ; ce récit a été dramatisé à l'envi. Enfin, au mois de juillet 1785, le bataillon d'Aquitaine prenait terre à Lorient et rejoignait, peu après, le reste du régiment alors en garnison à Mézières.
Bonchamps avait à ce moment vingt-cinq ans ; il était lieutenant en premier depuis le 16 septembre 1783. "Ses manières, écrit son ami Sapinaud de Bois-Huguet, étaient nobles et gracieuses, sa taille moyenne, mais bien faite, ses traits expressifs, son teint brun, ses cheveux épais et frisés ; ses lèvres un peu grosses lui donnaient un air de bonté, ses dents étaient d'une blancheur éclatante et ses yeux étincelants d'esprit." Le fils de cette longue race de rudes soldats, vrais soudards pour la plupart, était un raffiné, amoureux du faste et de toutes les commodités de la vie. Il dépensait sans compter, largement, plusieurs fois le montant de ses revenus modestes. Le soir, après une partie très grosse - car il était joueur passionné et presque toujours malheureux, - il ne s'endormait pas sans avoir lu pendant plusieurs heures, à la lueur d'une lampe placée au milieu de sa chambre et l'éclairant tout entière ; le matin, à son réveil, il passait un pantalons de soie, des pantoufles rouges et une robe de chambre superbe, puis il allait s'asseoir, devant une glace, jouer de la harpe. Toujours très soucieux de la mode dans sa coiffure et dans ses vêtements, il avait besoin d'un tailleur complaisant et qui ne lui demandât pas trop souvent d'argent. Aussi cet élégant, presque continuellement en garnison dans le Nord ou dans l'Est, se faisait-il habiller à Angers où il était connu et ou Maître Fontaine - c'est le nom du praticien chargé du soin délicat de le vêtir - lui avait ouvert un large crédit.
Dès la fin de 1785, il devait à cet artiste une grosse somme : trois mille cinq cent douze livres quatre sols et deux deniers. Nous en sommes malheureusement réduits aux conjectures, quand au détail d'un si respectable chiffre ; je trouve seulement sa trace dans un second Mémoires de ce que doit M. de Bonchamps de la Baronnière à Fontaine, tailleur à Angers. Ce curieux document fournit d'intéressants détails sur toute une période de la vie intime du brillant officier.
La longue campagne de l'Inde avait évidemment détérioré tout à fait sa garde-robe ; venu à Angers au printemps de 1786, il la remonta complètement. Il y a de tout, dans la fourniture du tailleur.
La pièce est curieuse pour les aperçus qu'elle nous donne sur les prix payés par les élégants à cette époque, en province. Je respecte l'orthographe de Maître Fontaine (1).

5 mai 1786 - ENVOY FAIT A MON DIT SIEUR BONCHAMPS DE LA BARONNIERE, SUIVANT LES ORDRES QUI M'AVET DONNÉ LE 5 MAI 1786, A SON ADRESSE, EN GARNISON A MEZIERES, EN CHAMPAGNÉ JOLIE, QUI SANS SUIT :

PREMIERE NOTE BONCHAMPS

DEUXIEME NOTE BONCHAMPS

TROISIEME NOTE BONCHAMPS



Il fallut cinq mois au tailleur, pour livrer tant de choses !


Le 16 mai 1787, Bonchamps avait été nommé capitaine de grenadiers, précisément au moment où son régiment vint, pour quelques mois, tenir garnison à Tréguier et à Lannion, en Bretagne. Est-ce à cette époque que notre héros fit la connaissance de cette jeune personne dont, au dire de Sapinaud, les regards incendièrent son coeur ? je ne le saurais dire, mais c'est très probable. La belle enfant, qui était de bonne noblesse de ce pays, n'était pas demeurée insensible aux charmes du séduisant capitaine ; mais le père s'opposa formellement au mariage, à cause du peu de fortune du prétendant.


Dès le mois de décembre, Aquitaine retournait à Longwy. En passant par Angers, nouvelle visite au tailleur Fontaine. Cette fois, il s'agit d'une veste de chasse, d'un gilet en drap "vert michel, vert de gris" et de trois culottes "de cotton merdois foncé".
Le 14 février 1788, nouvelle commande ; cette fois c'est un "habit de drap reyé amarante et autres couleurs", puis "un gilet de velour cizaillé fons cerise et autres couleurs" également, d'autres gilets et des culottes en velours, "en piquier", en "tricot de soye", en satin noir, en "cazimir chamoy", que sais-je encore ?


Cependant l'aïeul, avant de mourir - il avait quatre-vingt-trois ans - désirait ardemment marier son petit-fils, l'héritier de son nom. Ce n'était pas chose facile. Bonchamps avait gardé le souvenir de sa jolie Bretonne et, depuis, se refusait à toute épousaille. Heureusement le comte d'Autichamp, son premier protecteur, vint au secours de tout le monde. Malgré l'allure étourdie du jeune homme, il avait su apprécier ses éminentes qualités et lui avait voué une solide affection. Il entreprit de lui faire épouser sa nièce et pupille, Mlle Marguerite de Scépeaux. Bonchamps se décida malaisément à se laisser présenter ; enfin il y consentit, un jour qu'il avait appris le mariage du premier objet de sa flamme, de la bouche même de l'infidèle. Admis à faire sa cour, il plut et fut agréé.
Il fallut nécessairement recourir une fois de plus aux bons offices de Fontaine, afin de pouvoir paraître dignement devant la fiancée. Aussi le mémoire s'augmente-t-il de près de seize cents livres, à cette occasion ; par exemple, le tailleur est universel ; il fournit de tout.

NOTE BONCHAMPS 4 DEC 1788



Il faut une aune un tiers de velours "réyé" pour les deux gilets, à quarante-quatre livres l'aune, plus une aune de satin, à dix livres, pour garnir les devants.
Pour la "oupplande", il est besoin de six aunes de drap à douze livres l'aune.

 

NOTE BONCHAMPS 31 DEC 1788



Puis c'est l'habit de noce, la livrée et les mille objets nécessaires au trousseau :

NOTE BONCHAMPS 2 FEV 1789



Il y a encore "un habit de velour reyé fonssé cerin, bleu et noir" ; un gilet "pareil à l'habit ci-dessus", d'innombrables culottes de toutes sortes et de toutes couleurs, parmi lesquelles "deux culottes de velour reyé couleur amérikinne", dont l'étoffe "de velours de coton" coûte huit livres l'aune, soit en tout trente-deux livres, et pour lesquelles on emploie "deux douzaines de petits boutons de composition anglaise, jaune à quarante sous la douzaine" ; un peu plus loin je vois aussi toute une théorie de gilets dont la description est vraiment suggestive :

NOTE BONCHAMPS GILETS



Veut-on des chiffres ?
Le taffetas des deux gilets roses vaut dix-sept livres ; la façon, les garnitures et autres menus frais montent à quarante-cinq livres dix-huit sous ; le gilet brodé d'or vaut cinquante-six livres cinq sous, sur lesquels il y a quarante livres pour l'étoffe.
Il y a encore des "calesons de cottoneille", un habit de couleur pansée", dont l'étoffe seule a coûté soixante-seize livres dix sous, etc., etc.
La future marquise elle-même a recour au tailleur ; oh ! pas beaucoup, il est vrai.

NOTE BONCHAMPS POUR MADAME



La description de la livrée du jeune ménage mérite encore qu'on s'y arrête.

NOTE BONCHAMPS DOMESTIQUES



Soit pour la livrée seule, cinq cent treize livres quatorze sous.


Mais, dès lors, on dirait qu'une vie nouvelle commence pour le marquis de Bonchamps ; autant il a peu su compter jusqu'ici, autant désormais il cherche à mettre ordre à ses affaires. Il commence à payer ses dettes, et la manne bienfaisante se répand, deux jours avant le mariage, jusque sur le brave Fontaine, qui reçoit un premier acompte. Il était temps, d'ailleurs, le mémoire s'élevait à dix mille sept cent trente-cinq livres huit sous quatre deniers !

 

BARONNIERE 7


La mort de l'aïeul, survenue presque aussitôt, mit définitivement la Baronnière aux mains du capitaine ; c'est là qu'il attendit l'époque de son retour au régiment. Sous l'influence de la jeune femme, la maison s'organise sur un pied d'économie nécessaire, mais ignorée jusque-là. On ne jette plus les uniformes défraîchis, on les donne à "reblanchir" à Fontaine, et on lui fait ajuster de vieux habits, pour les domestiques.
C'est que la Révolution gronde et commence à devenir inquiétante pour un esprit aussi net que celui de Bonchamps. Malgré le libéralisme qui lui a fait accepter avec plaisir les premières réformes et donner des gages au régime nouveau, en achetant des biens d'Eglise vendus nationalement, il n'est pas sans crainte pour l'avenir et s'emploie de son mieux à liquider son passif avant la tourmente. Il fallut cependant rentrer à Bitche prendre le commandement de sa compagnie. Plein d'inquiétude au sujet des évènements, il laissa sa femme en Anjou, la trouvant plus en sûreté, avec ses deux enfants, à la Baronnière, que partout ailleurs. L'émigration avait commencé, mais le capitaine en avait compris rapidement toute l'inanité ; il sentait que si l'on voulait défendre le Roi et sauver la France de l'anarchie, c'était dans le pays même qu'il fallait agir. Le décret du 22 juin 1791, imposant aux officiers le serment de "n'obéir qu'aux ordres qui seraient donnés en conséquence des décrets de l'Assemblée nationale", et qui, par suite, pouvait à un moment donné l'obliger à servir l'Assemblée contre le Roi lui-même, - à ses yeux la personnification de la Patrie, - vint l'obliger à se retirer. Plutôt que de prêter ce serment qu'il considérait comme contraire à l'honneur, il donna sa démission le 8 juillet suivant.
Dans l'état où se trouvaient les esprits, il eût été de la plus grande imprudence, pour un officier dans sa situation, de chercher à traverser la France, de Bitche à la Baronnière ; tous ses camarades passaient la frontière ; malgré ses répugnances, il fit comme eux. Aussi bien, peut-être s'exagérait-il l'inutilité, le danger même de l'émigration ! ... Il ne lui fallut pas longtemps pour se convaincre qu'il avait vu plus juste que la grande majorité de ses amis. Cette fois, aucune considération ne pouvait plus l'arrêter. Sans tarder davantage, il prit le chemin de l'Anjou.


Lors de la formation de la garde constitutionnelle du Roi, Bonchamps courut à Paris offrir ses services ; ils ne furent pas agréés par le ministre. Lui demeura quand même, dans l'espérance de pouvoir, à un moment donné, être utile au malheureux Louis XVI. Mais rien ne devait sauver l'infortuné monarque ; la révolution du Dix Août dispersa ses derniers défenseurs, parmi lesquels notre héros. Celui-ci fut assez heureux pour recueillir et cacher chez lui, après la lutte, son cousin le comte d'Autichamp et un ami de celui-ci, Henri de La Rochejaquelein. Le lendemain, toujours fidèle à ses idées libérales, et désireux sans doute de mettre ses hôtes à l'abri d'une perquisition, il signait la formule du serment civique. Avec les opinions que nous lui connaissons, jurer "d'être fidèle à la Nation, de maintenir la Liberté et l'Egalité et de mourir en les défendant", ne pouvait lui sembler contraire à son devoir de gentilhomme et de royaliste. Cette formule ne pouvait-elle pas devenir celle du pacte renoué entre le Roi et le Peuple ? Bientôt, n'ayant plus rien à faire à Paris, il rentra à la Baronnière.


Au milieu de tous ces évènements, il avait continué à payer peu à peu son tailleur ; du 30 mars 1791 à la fin de 1792, il lui fit passer de sérieux acomptes, si bien qu'à cette époque, il ne restait plus devoir à Fontaine que dix-huit cents livres ; encore les calculs de ce dernier paraissent-ils quelque peu erronés, au détriment du débiteur. Le mémoire s'arrête là, malheureusement, et je n'ai pu savoir s'il avait été intégralement soldé avant la guerre de Vendée.


Je n'insisterai pas sur la dernière période de la vie de Bonchamps ; c'est la plus courte, mais aussi la plus brillante et la plus connue. C'est Chalonnes, c'est Thouars, c'est Fontenay, où le marquis est blessé d'une balle qui lui laboure la poitrine et lui casse la clavicule par un misérable auquel il vient d'accorder la vie et la liberté ; C'est Châtillon, six semaines après ; c'est Erigné, où il est de nouveau atteint d'une blessure dont il souffrira jusqu'à la mort. Enfin, c'est Torfou, c'est Cholet, où il tombe mortellement atteint, puis Saint-Florent, le passage de la Loire et la mort dans une cabane de pêcheur !
Mais avant de succomber, il a eu le temps d'empêcher le massacre des prisonniers républicains, et ce grand acte, si simplement accompli en un pareil moment, lui a donné cette gloire que, disait-il, "les guerres civiles ne donnent point". Bonchamps est et restera le Héros de Saint-Florent.

 

NOTE BONCHAMPS TAILLEUR


H. BAGUENIER-DESORMEAUX
La Revue hebdomadaire
1894/09 (A3, T28)

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