STANCES : LES DERNIERS MOMENTS DE LOUIS XVI

LES DERNIERS MOMENTS DE LOUIS XVI

M. Henry, président honoraire du Tribunal civil de Muret (Haute-Garonne), nous communique les stances suivantes, écrites sur un vieux papier, à l'écusson fleurdelysé de l'ancien régime, jauni par le temps et déchiré aux plis et aux angles, qu'il a retrouvé au fond d'un tiroir, parmi des titres de famille.

Stances
Air : Pauvre Jacques

I
Peuple français, ah ! que vous ai-je fait ?
J'aimai la vertu, la justice.
Votre bonheur fut mon unique objet,
Et vous me traînez au supplice (bis).

II
Français, Français, n'est-ce pas parmi vous
Que Louis reçut la naissance ?
Le même ciel nous a vu naître tous.
Je fus enfant dans votre enfance (bis).

III
O mon bon peuple, ai-je donc mérité
Tant de tourments et tant de peines ?
Quand je vous ai donné la liberté,
Pourquoi me chargez-vous de chaînes ? (bis)

IV
Jeune Dauphin, tous les Français, en moi,
Voyaient leur appui tutélaire.
Je n'étais pas encore votre roi,
Et, déjà, j'étais votre père (bis).

V
Quand je montai sur ce trône éclatant,
Auquel m'appelait ma naissance,
Je débutai, dans ce poste brillant,
Par un édit de bienfaisance (bis).

VI
Ce bon Henry, longtemps cher à vos coeurs,
Eut cependant quelques faiblesses ;
Mais Louis seize, ami des bonnes moeurs,
N'eut ni favoris ni maîtresses (bis).

VII
Nommez-les donc, nommez-les ces sujets,
Dont ma main signa la sentence.
Un seul jour vit périr plus de Français
Que les vingt ans de ma puissance (bis).

VIII
Si ma mort peut faire votre bonheur,
Prenez mes jours, je vous les donne.
Votre bon roi, déplorant votre erreur,
Meurt innocent et vous pardonne (bis).

IX
O mon cher Peuple ! acceptez mes adieux.
Soyez heureux, je meurs sans peine.
Puisse mon sang, en coulant sous vos yeux,
Dans les coeurs éteindre la haine ! (bis).

Revue Lyonnaise
Cinquième année - Tome neuvième
Janvier-Juin 1885