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La Maraîchine Normande
20 février 2014

SAINT-DENIS-D'ANJOU (53) SOUS LA RÉVOLUTION

SAINT-DENIS-D'ANJOU SOUS LA RÉVOLUTION

En 1789, le 21 juillet au soir, des habitants de Miré, au nombre de 20 à 30, sur la fausse nouvelle que 800 brigands saccageaient le bourg de Saint-Denis-d'Anjou, se transportèrent "au château de la Rouaudière, en Saint-Denis", pour y réclamer des fusils et autres armes, afin de combattre "lesdits brigands". Ils maltraitèrent et menacèrent de mort la concierge, parce que cette femme leur avait déclaré n'avoir aucun moyen de satisfaire à leur réquisition.

 

SAINT DENIS D'ANJOU


Lors de la création des districts, en 1790, Saint-Denis-d'Anjou forma, avec Saint-Laurent-des-Mortiers, Saint-Martin-de-Villenglose et Varennes-Bourreau, le 9ème canton du district de Château-Gontier. Mais comme le bourg de Bierné était plus central, quoique moins important, lorsque la loi du 28 pluviôse an VIII institua les arrondissements communaux des sous-préfectures, c'est Bierné qui fut choisi comme chef-lieu de l'un des cantons de l'arrondissement de Château-Gontier, au détriment de Saint-Denis-d'Anjou.

Le clergé cessa de tenir les registres paroissiaux le 1er novembre 1792.

Guittet, dit Saint-Martin, chef de  bataillon dans les troupes de la Chouannerie, était né à Saint-Martin-de-Villenglose, près Saint-Denis-d'Anjou. Il travailla activement, après la défaite de l'armée vendéenne au Mans, à organiser la résistance dans les cantons de Saint-Denis-d'Anjou et de Grez-en-Bouère. Sa compagnie s'allia à celles du district de Sablé pour combattre les patriotes. [Le 28 floréal an VII, Guittet, déguisé en sergent de ligne, assassinat de sa propre main, en plein jour, d'un coup de poignard à la gorge, le commissaire de l'administration cantonale, Millière, chez lequel il s'était introduit avec quatre de ses compagnons. Il réussit à s'échapper. Il prit part aux soulèvements de 1815 et de 1832. Il mourut des suites des blessures qu'il reçut au combat de Chasnay.]


De leur côté, en 1794 et 1795, les soldats de Joseph Coquereau, le chef des Chouans du pays de Daon et des alentours, firent de fréquentes excursions sur le territoire de Saint-Denis-d'Anjou. Après la mort de Joseph Coquereau, son frère, Louis Coquereau, le remplaça et unit ses forces à celles de Marin-Pierre Gaulier ou Gaullier, dit Grand-Pierre, qui livrèrent de fréquents combats dans la région.


Un acte inscrit dans les registres de l'état civil de la commune de Saint-Denis-d'Anjou porte la mention suivante : "Aujourd'hui 2e jour complémentaire de l'an IIe, etc ... devant nous Jean-René Gehére, officier public, nommé par la commune de Mont-Vainqueur, a comparu ... demeurant commune de Mont-Vainqueur ..." Ces mots sont plusieurs fois répétés dans le texte. Le nom nouveau, donné à la commune de Saint-Denis-d'Anjou en 1793, fait allusion à une victoire remportée par les Bleus sur leurs ennemis.

 

SAINT DENIS D'ANJOU CARTE


Suivant une tradition généralement accréditée, ce fut à la suite d'une rencontre sur la butte de la Croix-du-Ray, sur la route de Sablé à Saint-Denis-d'Anjou, entre une troupe de républicains venus de Sablé et les habitants royalistes de Saint-Denis-d'Anjou. Plusieurs de ceux-ci furent tués et enterrés, dit-on, au pied de la croix. Ce changement de nom fut-il imposé par décret ? Nous l'ignorons. Il fut d'ailleurs éphémère. Cette croix porte l'inscription suivante, tracée sur une pierre de schiste mesurant 0m40, sur 0m30, environ.

inscriptions croix St Denis d'Anjou



Pendant la fin de l'année 1795, les Chouans parcoururent la région. Le 13 mars 1796, 300 hommes, de la garnison de Sablé, commandés par le général Genay, partaient pour fouiller les communes voisines, entr'autres Chemiré-sur-Sarthe et Saint-Denis-d'Anjou. Ils rencontrèrent plusieurs troupes de royalistes et les mirent en déroute. Les trois années qui suivirent furent plus calmes. Mais, en 1799, Gaullier reprenait les armes.


Nous avons copié récemment un manuscrit très curieux, intitulé le Livre de Comptes de Monsieur Pierre Gaullier (6 octobre 1798-18 février 1800). On y remarque les mentions suivantes : 1er juillet 1799, à Miré et à Saint-Denis, quarante-cinq sols, pour vin et tabac. - 6 août, à Saint-Denis, pour dépense pour les compagnies, six livres. - 20 août, à Saint-Denis, pour une livre de tabac à fumer, vingt sols. - 28 octobre, à Saint-Denis-d'Anjou, pour quatorze livres de poudre pour Francoeur, soixante-douze livres. - 15 novembre, à Saint-Denis, pour tabac aux compagnies de Francoeur (1) et La Giroflée (2), six livres. - 16 novembre, trente livres à une marchande de Saint-Denis, à valoir sur ce qui lui est dû. - 1er décembre, à Saint-Denis, pour vin et avoine, trois livres. - 6 décembre, à Saint-Denis, pour avoine, vingt-quatre sols. - janvier 1800, à Saint-Denis, aux deux compagnies de La Giroflée et Francoeur, six livres.
- 12 janvier, pour dépense de quatre chevaux et trois hommes, quatre livres seize sols. - 16 janvier, à Saint-Denis-d'Anjou, pour avoine, vingt-quatre sols. - 8 février, pour dépense à Saint-Denis, du 8 au 9 de ce mois, neuf livres.


La compagnie de Saint-Martin est souvent mentionnée dans ce registre. Elle reçoit des vivres, des armes et des munitions. Les historiens de l'école révolutionnaire ont systématiquement représenté, dans leurs différents ouvrages, les Chouans comme un ramassis de gens d'une discipline régulière et aux nécessités d'une organisation méthodique. Or, en feuilletant ce Livre de Comptes, composé de 31 feuillets à tranches rouges et recouvert d'un fort parchemin, on constate que la division de Gaullier était administrée, équipée, armée, approvisionnée avec un soin, un ordre, une précision et une ponctualité que les armées républicaines, livrées à l'incurie et à l'imprévoyance des généraux incapables ou malhonnêtes, auraient pu, à bon droit, envier à leurs adversaires. L'écriture de Grand-Pierre est nette et ferme, l'orthographe généralement correcte.


Le 14 messidor an IX, Tessé, dit La Ramée, chef de Chouans, était arrêté par les patriotes à Saint-Denis-d'Anjou. Métivier, originaire de Saint-Denis-d'Anjou, ancien soldat de l'armée vendéenne, guerroya dans les rangs des officiers des légions Grand-Pierre et Tranquille, de 1793 à 1800. Louis XVIII lui donna un fusil d'honneur et une pension de quatre cents francs. Il mourut au Mans dans un âge avancé.

(1) Menant, dit Francoeur, de Villiers-Charlemagne, suivit jusqu'à la mort de Saint-Paul, les opérations du Camp-de-la-Vache-Noire, et, dans la seconde guerre, servit sous le commandement de Beauregard. Il était officier et comptait parmi les braves. Mais ce n'est pas ce Francoeur, que cite Gaullier, c'est Mahnes, dit Francoeur, de Précigné, inscrit le 5 octobre 1794 sur la liste des émigrés, et qui fut aussi officier de Saint-Paul. Un troisième personnage, Louis-François Turmeau, de Rouez-en-Champagne, porta également le surnom de Francoeur.
(2) L'ouvrage de M. l'abbé Paulouin ne cite pas La Giroflée ... - D'après une note que M. de la Sicotière a bien voulu nous adresser, nous apprenons que La Giroflée s'appelait de son vrai nom Renard. Il était capitaine dans l'armée du Maine et vivait encore en 1814.

Commission Historique et Archéologique
Procès-Verbaux et Documents
Tome troisième
1882-1883
Laval
1885

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