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La Maraîchine Normande
16 février 2014

1806 - L'AFFAIRE DE COURLAY (79)

courlay 3

LA POLICE SECRETE DU PREMIER EMPIRE


BULLETIN DU LUNDI 3 FEVRIER 1806 - n° 760
Gendarmes assassinés
Extrait d'une lettre du préfet des Deux-Sèvres, du 29 janvier :
"Le 27, la brigade de Courlay avait arrêté deux conscrits réfractaires, Bertaud et Point. Le 28, trois gendarmes de cette brigade, Chatelain, Bourgeat et Gougeat, se sont mis en route à sept heures du matin, avec ces deux prisonniers pour les conduire à Bressuire. Peu de moment après leur départ, à la limite de la commune de Courlay et de celle de Clazay, ils ont été assaillis par une troupe armée, qui a tiré sur eux environ 40 coups de fusil. Chatelain et Bourgeat ont été tués. Gougeat s'est enfui et a rendu compte de cet évènement au maire de Bressuire. On a envoyé de suite de Bressuire la compagnie de réserve et tous les gendarmes disponibles. On requiert des indemnités pécuniaires sur les deux communes où ce crime a été commis, 20.000 francs sur Courlay et 10.000 francs sur Clazay." - Le préfet fait plusieurs observations. Il faudrait quelques troupes de ligne pour atteindre promptement ces brigands qui cherchent à acquérir une force réelle et ont déjà enlevé des armes à plusieurs particuliers. Les peines établies contre les parents des conscrits n'ont d'effets que contre les riches. Il faudrait d'autres mesures contre ceux qui sont insolvables et que leur état d'indigence rend plus dangereux. Enfin, il conviendrait d'éloigner du pays plusieurs familles qui sont notoirement opposées à l'exécution des lois.

BULLETIN DU JEUDI 6 FEVRIER 1806 - n° 776
Deux-Sèvres
Moncey donne des détails sur l'assassinat des gendarmes de Courlay : les habitants ont achevé Bourgeat.

BULLETIN DU VENDREDI 7 FEVRIER 1806 - n° 778
Deux-Sèvres
Renseignements sur l'assassinat des gendarmes
Par un rapport du 5 de ce mois, M. le maréchal Moncey annonce que la gendarmerie a arrêté 3 individus complices de l'assassinat des gendarmes de Courlay. Le préfet des Deux-Sèvres parle également de ces arrestations, mais les dit faites dans une battue de la garde nationale et sur de simples soupçons d'avoir fait partie du rassemblement. Sa lettre renferme d'autres détails. Il paraît qu'à la nouvelle de l'arrestation des deux conscrits que ces gendarmes devaient conduire à Bressuire, 15 jeunes gens armés de fusils se sont réunis dans une auberge de Clazay et ont formé le complot de les délivrer. Ils les ont fait prévenir et il leur a été recommandé de se jeter ventre à terre lorsqu'ils entendraient crier : "Arrête !" pour n'être pas atteints des coups de fusil qui seraient tirés sur les gendarmes. Malgré cet avis, Bertaud, l'un des conscrits, a reçu une balle à la tête (on ne dit pas s'il en est mort). "Ce mouvement, dit le préfet, est le commencement d'une rébellion qu'on cherche à exciter contre la levée prochaine. Des réfractaires, qu'on n'a pas encore pu atteindre, annoncent à ceux qui seront sujets à cette levée qu'à cette époque il viendra de Poitiers des chefs importants. Les anciens vendéens ou chouans protestent de leur fidélité. Mais on sait qu'ils cachent, nourrissent et protègent les réfractaires."

BULLETIN DU LUNDI 10 FEVRIER 1806 - n° 786
Bressuire
Jugement
Le préfet des Deux-Sèvres annonce que le tribunal de Bressuire a condamné les communes de Courlay et de Clazay à l'amende et aux dommages-intérêts pour l'assassinat des gendarmes de Courlay. Il ajoute qu'on a réuni à Bressuire des forces suffisantes pour l'exécution de ce jugement. Les poursuites contre les coupables se continuent.

BULLETIN DU JEUDI 13 FEVRIER 1806 - n°798
Deux-Sèvres
Prêtres
- Le secrétaire général de la guerre communique une lettre du général Gouvion relative à l'assassinat des gendarmes de Courlay. En voici l'extrait :
"Un détachement de 400 hommes est cantonné à Bressuire, Châtillon, Courlay, Cerizay et la Forêt des Deux-Sèvres. Il sera employé à une battue pour la recherche des assassins en fuite. Il paraît qu'il règne un mauvais esprit dans ces contrées par l'influence qu'y exercent 8 à 10 prêtres dissidents. Ils sont entretenus, cachés et protégés par les habitants, notamment par quelques riches femmes, les demoiselles de La Rochejaquelein, Gibot et autres. On pourrait faire arrêter ces prêtres en employant 10 à 12.000 fr. à glisser parmi eux quelques espions adroits." - Nota : M. le sénateur Lemercier a reçu du maire de Saumur une lettre pareille. On y dit également que le crime du 28 janvier a sa source dans l'influence des anciens curés de paroisses désignées par cette lettre. Dès le 25 vendémiaire, un agent secret, qui se trouvait à Saumur et avait des rapports avec le maire, avait signalé au ministre les mêmes prêtres, la demoiselle La Rochejaquelein et autres, exposant de même que, avec quelques récompenses pécuniaires, on parviendrait à faire arrêter ces prêtres. Il est vraisemblable que les avis donnés au ministre de la guerre et au sénateur Lemercier ont la même source. Ce ne peut être que par conjectures qu'on attribue à ces prêtres l'évènement du 28 janvier. Plusieurs complices étant déjà arrêtés, leurs interrogatoires pourront faire connaître s'ils ont eu quelques instigateurs secrets.

BULLETIN DU VENDREDI 14 FEVRIER 1806 - n° 804
Deux-Sèvres
Suite de l'affaire de Courlay
La gendarmerie rend compte du résultat de ses opérations sur l'affaire de Courlay. Dans les Deux-Sèvres, on a fouillé tout le canton de Courlay. On y a arrêté et conduit dans la prison de Bressuire huit parents de conscrits réfractaires qui ont donné asile aux assassins des gendarmes. En Maine-et-Loire, canton de Saumur, on a pareillement arrêté neuf habitants accusés d'avoir recélé ces assassins. Ils sont transférés à Niort. La commune de Courlay a été condamnée à 15.000 fr. d'amende. Celle de Clazay à 5.000 francs. Des gendarmes ont été placés dans ces communes, outre la troupe de ligne.

BULLETIN DU LUNDI 24 FEVRIER 1806 - n° 839
Deux-Sèvres
Prêtres
- Le sénateur Lemercier et le secrétaire général de la guerre ont communiqué à Son Excellence le sénateur ministre des lettres des Deux-Sèvres par lesquelles on leur marquait qu'il y avait, dans l'arrondissement des Deux-Sèvres, huit ou dix prêtres dissidents obstinés, qui excitaient les conscrits à la révolte, et que c'était à leur instigation que les gendarmes de Courlay avaient été assassinés. Son Excellence a chargé le préfet des Deux-Sèvres de faire rechercher ces dix prêtres avec activité et rendre compte du résultat. Voici l'extrait de sa réponse, du 18 : "Les prêtres dissidents, quoiqu'en petit nombre, font effectivement beaucoup de mal dans l'arrondissement de Bressuire. On en distingue cinq : Texier, de Courlay ; Lebreton, de Clazay ; Guery, de Cerizay ; Brion, de Cirière ; Brunet, des Aubiers. La gendarmerie les poursuit depuis longtemps, mais leurs partisans nombreux les cachent avec beaucoup de soin et d'adresse. Ils ont des retraites souterraines dans les bois. On en a trouvé quelques-unes. Il est certain qu'ils ont été les moteurs de la rébellion. Le préfet a promis 5.000 francs de récompense pour leur capture, et à la commune de Courlay la remise de l'amende de 15.000 francs à laquelle elle a été condamnée pour l'assassinat des gendarmes, si elle livrait Texier, son prêtre, scélérat couvert de sang. Il a des propriétés. Elles sont séquestrées. Deux autres prêtres de Maine-et-Loire, Sevet et Raymond, curés, l'un de Cerqueux, l'autre de Saint-Paul-du-Bois, se rendent souvent sur les limites des Deux-Sèvres, armés, et quelquefois escortés. L'adjoint de Saint-Paul-du-Bois a confié à un gendarme que Raymond disait la messe dans la paroisse presque tous les jours, mais qu'il n'oserait le faire prendre, parce que les paysans lui feraient un mauvais parti. Enfin, le curé de Terves, nommé Proust, envoyé en surveillance à Poitiers, entretient son influence dans sa paroisse par ses correspondances et y fait des quêtes". - Le sénateur ministre a éloigné des Deux-Sèvres les demoiselles La Rochejaquelein et Gibot qui donnaient asile aux dissidents. Le préfet signale deux autres dames de Cerizay et de Combrand qui leur accordent la même protection, ainsi qu'un ancien prêtre nommé Jagot, régissant les biens de M. La Rochejaquelein, à Clisson. Il observe qu'il convient que Louis et Auguste La Rochejaquelein, qui sont actuellement à Citran, près Bordeaux, ne puissent revenir dans les Deux-Sèvres que lorsqu'ils y seront spécialement autorisés.

BULLETIN DU 25 FEVRIER 1806 - n° 847
Deux-Sèvres
Assassinat des gendarmes de Courlay
Dans ses divers rapports sur cet évènement, M. le préfet a regardé cet assassinat comme le prélude d'un soulèvement tendant à s'opposer à la levée de la conscription. Il a signalé comme instigateurs huit à dix prêtres insoumis, parmi lesquels on distingue Raymond, Sevet et Texier, recherchés depuis longtemps. Le sieur Jagot, prêtre, régisseur des biens de La Rochejaquelein à Clisson ; la demoiselle Gibot de Chanteloup, très attachée au brigand David ; la demoiselle La Rochejaquelein, tante du chef de ce nom ; Ayreau, de Chanteloup ; Mme Raoul de Combrand, qui a vécu avec Forestier ; et la demoiselle Buzelay, de Cerizay, ont été expulsés provisoirement des Deux-Sèvres, par ordre de M. le préfet, comme fauteurs de la désertion des conscrits. Ce magistrat a pareillement ordonné le séquestre des biens du prêtre Texier, comme émigré rentré sans soumission ; il a fait arrêté les parents des conscrits réfractaires et il a rendu les habitants des campagnes responsables des amendes prononcées contre eux. M. le conseiller d'Etat propose de maintenir l'expulsion des six individus désignés plus haut et de suspendre les trois dernières mesures, comme n'étant pas en harmonie avec les lois : - Approuvé et recommander de continuer les poursuites prescrites antérieurement par Son Excellence contre Raymond et autres prêtres insoumis.

BULLETIN DU VENDREDI 28 FEVRIER 1806 - n° 860
Deux-Sèvres
Ecrits séditieux
Le préfet des Deux-Sèvres annonce qu'on a trouvé chez la soeur du prêtre Texier, ancien curé de Courlay, recherché depuis longtemps, une instruction de M. de Coucy, intitulée : "Règles générales ..." Ces règles proscrivent les acquéreurs des biens nationaux et tout fonctionnaire public comme conservant une puissance évidemment usurpatrice. Elles ordonnent aux conscrits la désertion comme un devoir. Le préfet observe que, quoique cet écrit soit ancien, plusieurs prêtres se conforment encore avec exactitude à l'instruction qu'il renferme. Il ne les désigne pas.

BULLETIN DU 5 MARS 1806 - n° 879
Evènements divers
Raymond : Lemercier donne des détails sur cette arrestation, due à Janvier (receveur de l'enregistrement) aidé de deux habitants à qui on avait promis 300 fr.

BULLETIN DU VENDREDI 7 MARS 1806 - n° 887
Evènements divers
Moulin, prêtre dissident, effrayé des mesures prises, spécialement par l'arrestation de Raymond, demande l'autorisation de se retirer à Fontenay ; il y sera surveillé.

BULLETIN DU SAMEDI 8 MARS 1806 - n° 888
Deux-Sèvres
Mesures
Le préfet des Deux-Sèvres expose que, par suite de l'assassinat des gendarmes, près Bressuire, on a arrêté 52 individus, hommes et femmes. Les hommes sont d'anciens rebelles de la Vendée qui ont conservé l'esprit de faction, en suivant avec fanatisme l'impulsion des prêtres dissidents. Les femmes sont les agents les plus actifs de ces prêtres, sont continuellement en observation dans les campagnes pour leur donner tous les avis qui peuvent les intéresser, ainsi qu'aux déserteurs. Le préfet demande que les hommes soient envoyés à l'île de Ré, et les femmes à une distance assez éloignée pour qu'elles ne puissent plus nuire à l'exécution des lois. On a traduit à la cour criminelle de Niort cinq complices de l'assassinat des gendarmes.
Evènements divers
Mlle Gibot va en surveillance à Vienne. On ne trouve pas Mlle de La Rochejaquelein.

BULLETIN DU 18 MARS 1806 - n° 926
Mlle Gibot est partie pour Vienne. Mlle de La Rochejaquelein part pour Grenoble ; les surveiller.

BULLETIN DU SAMEDI 29 MARS 1806 - n° 961
Soumission et serment du prêtre Raymond
Après de longues recherches, on a arrêté, le 26 février, le prêtre Raymond, l'un des dissidents les plus obstinés de l'arrondissement de Bressuire. Le sieur Janvier, receveur de l'enregistrement à Vihiers, l'a fait saisir au milieu de vingt fanatiques qu'il confessait avant le jour. Il a été conduit à Angers. Le préfet de Maine-et-Loire transmet le serment que ce prêtre a écrit le 18 : "Je jure et promets à Dieu, sur le saint Evangile, de garder obéissance et fidélité à l'Empereur et au gouvernement. Je promets aussi de n'avoir aucune intelligence, de n'assister à aucun conseil, de n'entretenir aucune ligue, soit au dedans, soit au dehors, qui soient contraires à la tranquillité publique. Et si, dans mon domicile ou ailleurs, j'apprends qu'il se trouve quelque chose au préjudice de l'Etat, je le ferai savoir au gouvernement." - "Le retenir en arrestation jusqu'à nouvel ordre." (Ordre écrit de la main de Fouché).

BULLETIN DU SAMEDI 5 AVRIL 1806 - n° 983
Evènements divers
Maine-et-Loire - Raymond a été arrêté ; Sevet vient de l'être et est en prison à Nantes. (En marge de la main de Fouché : "Ces deux prêtres ne peuvent être remis en liberté avant qu'on ne se soit assuré de bons renseignements et qu'on n'ait pris les moyens de surveiller leur conduite à venir."

BULLETIN DU MERCREDI 16 AVRIL 1806 - n° 1017
Niort
Cour criminelle
Le préfet des Deux-Sèvres annonce que, le 9 de ce mois, la cour spéciale de Niort a jugé les assassins des gendarmes de Courlay. Trois condamnés à mort, comme convaincus d'avoir tiré sur les gendarmes : Etavard, Boissinot, Point. Cinq à huit ans de fers, comme ayant fait partie de l'attroupement armé : Bertrand, Garboris, Germont, Barbarit, Bergeron.

BULLETIN DU SAMEDI 19 AVRIL 1806 - n° 1026
Bressuire
Situation
Le sous-préfet de Bressuire fait un rapport satisfaisant sur la situation actuelle de ce département, où il y avait eu quelques troubles pour la conscription et la religion. Il y avait 39 conscrits réfractaires ; 35 se sont présentés volontairement ; 2 ont été arrêtés, même par les habitants de leur commune. Les deux autres, mauvais sujets, ont disparu. Plus de prêtres dissidents et perturbateurs : ils ne trouveraient aucun asile. De ceux qui restaient deux se sont soumis ; deux ont été arrêtés ; un 5e est en fuite. L'évêque de Poitiers vient d'ordonner une mission. Mais il conviendrait de tranquilliser entièrement les habitants des campagnes sur la religion, en donnant des prêtres à celles qui en manquent. Ce serait le meilleur moyen de leur faire oublier ceux qui les troublaient.

BULLETIN DU LUNDI 12 MAI 1806 - n° 1105
Evènements divers
Sevet refuse de se soumettre ; le préfet demande qu'on l'envoie en surveillance au loin.

BULLETIN DU MERCREDI 4 JUIN 1806 - n° 1188
Lebreton, prêtre dissident
M. le maréchal Moncey annonce que, le 26 mai, un rassemblement nombreux s'est formé dans la commune de Nueil (Deux-Sèvres) pour entendre, sur la place publique, la messe du prêtre Lebreton, ancien curé de Clazay. L'autel était dressé, tout était prêt pour cette cérémonie, lorsque la gendarmerie a paru. Suivant le rapport, le prêtre et ses adhérents, à la faveur d'un brouillard, se sont tous évadés, excepté quatre métayers de Nueil qui ont été conduits à Niort, devant le magistrat de sûreté, avec tous les ornements préparés pour la messe du réfractaire. - Nota : Lebreton, ancien curé de Clazay, est l'un des grands perturbateurs de l'arrondissement de Bressuire, que Son Excellence le sénateur ministre a chargé spécialement le préfet des Deux-Sèvres de faire poursuivre sans relâche, après l'assassinat des gendarmes de Courlay, qu'on disait avoir été provoqué par cinq prêtres. La lettre de ce préfet, du 18 février, portait que la gendarmerie les recherchait avec activité et qu'il avait promis une récompense pour prix de leur capture. Il est surprenant qu'une brigade (on ne la désigne pas), ayant trouvé Lebreton sur le point de dire la messe au milieu des fanatiques sur lesquels il exerce son influence, n'ait pas pu le saisir.

Extraits
LA POLICE SECRETE
DU PREMIER EMPIRE
Tome II
1805-1806

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