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La Maraîchine Normande
10 février 2014

LA FLOCELLIERE (85) - L'ÉGLISE - LES CARMES - LES PERSONNALITÉS - LES COLONNES INFERNALES

LA FLOCELLIERE

La Flocellière mérite sous plus d'un rapport de fixer notre attention. Le château se classe parmi les plus importants de la province par l'étendue de ses ruines, par le pittoresque de ses aspects, aussi bien que par l'illustration de ses possesseurs, les Maingot de Surgères dont le nom se perd dans la nuit du Xe siècle, les Maillé-Brézé, et, dans le dernier siècle, les de Granges se prétendant issus des Surgères. Le séjour habituel de ces familles opulentes donna à la Flocellière une importance qui lui valut de bonne heure le titre de ville dont elle s'honora dès le XIVe siècle, dénomination fastueuse que sa modestie ne lui permet plus de s'attribuer. Jacques de Maillé y fonda, en 1617, un couvent des Carmes "devant la grande porte de son château" ; un de ses prédécesseurs, Jacques II de Surgères, avait créé quatre chapellenies ; un autre Jacques III, la dota, en 1487, de foires très-suivies jusque vers la révolution.
Ces sources de prospérité se sont taries : le château incendié au commencement de 1794, fut vendu nationalement ; le couvent l'avait été dès 1790 ; enfin, le commerce a abandonné peu à peu ses foires pour celles de Saint-Michel et de Pouzauges.

Un instant la Flocellière sentit le mouvement lui revenir au coeur, mais c'était pour la guerre civile avec ses angoisses et ses terreurs. Le comité des Vendéens s'y tint de 1793 à 1796 sous la direction de l'abbé Brossard, qui se disait général de l'armée de Sapinaud, administrant le pays à sa manière, y levant des contributions, y faisant des réquisitions. Les républicains n'y pénétrèrent qu'une fois, après la campagne d'Outre-Loire, mais la visite fut terrible ; ce fut avec la colonne infernale n° 2 du général Grignon. "Ma troupe, écrivait celui-ci, le 27 janvier 1794, au général en chef Turreau, ma troupe arrive ici toute mouillée. Nous avons continué à mettre le feu dans différents endroits. Comme tu m'as recommandé de faire rentrer tout l'argent et l'argenterie qui se trouveraient dans ce maudit pays, j'ai appris que les hussards avaient une somme de 1.413 francs, confiée à un officier. Je te la fais passer par un officier d'hussards, avec un petit ciboire qui a été trouvé". - Et le 29 : "La journée d'hier s'est passée à faire des patrouilles et à brûler des métairies où il n'y avait pas de subsistances. Il y a eu une vingtaine de brigands fusillés. J'exécute les ordres que tu me donnes le plus exactement possible. J'ai été hier à Pouzauges visiter ma colonne de gauche. J'ai recommandé de détruire tous les moulins à eau et à vent, c'est le moyen d'ôter les subsistances à ceux qui peuvent nous échapper. Je reçois à l'instant ta lettre. Tu me dis que les ennemis se grossissent ; je l'ai pensé en fouillant les bois et les métairies où l'on ne troupe plus personne. Tous ces scélérats-là sont absents, je crois bien qu'ils vont se réunir à quelque colonne de brigands." Que dites-vous de l'étonnement du général de ne plus trouver personne à fusiller ! Le 3, il quitte enfin la Flocellière, et écrit à Turreau : "Je laisse dans le pays quantité de grains, fourrages, bestiaux, etc. Il n'y a pas assez de charrettes pour les enlever, et il est impossible d'en trouver dans le pays, toutes les métairies étant brûlées."


"Quand donc détruira-t-on le poste abominable de la Flocellière," disait l'administration de la Châtaigneraye au Comité de salut public, le 14 août 1795 ! Le 16 octobre suivant, les généraux républicains, commandant les divisions de Chollet et de Saintes, combinent un plan d'attaque contre la Flocellière et Châteaumur. Ce plan ne fut pas mis en exécution. La guerre touchait à sa fin ; après la prise de Stofflet, le comité vendéen se sépara de lui-même.

Mgr Paillou (1735-1826). Après ces cruelles années, un ministre de paix, M. Paillou, né dans le pays (au Puybelliard), chargé, comme vicaire-général de La Rochelle, de l'administration de la Vendée réunie à ce diocèse par le concordat de 1801, fixa sa résidence à la Flocellière. Nommé évêque de La Rochelle et sacré à Paris par le pape Pie VII, le 2 février 1803, Mgr Paillou continua d'y habiter la moitié de l'année, passant seulement l'hiver dans sa ville épiscopale. A une connaissance approfondie des personnes et des choses du pays, le nouvel évêque unissait les avantages extérieurs et les qualités de coeur qui font le succès. Digne et honorable dans le maintien, simple jusqu'à la bonhomie dans sa vie, d'une humeur franche, gaie et bienveillante, religieux sans affectation et sans vigueur, Mgr Paillou a laissé dans la Vendée des souvenirs qui ne s'effaceront pas de longtemps, et que nous aimons pour notre part à conserver.

PAILLOU Gabriel-LaurentPersonne ne convenait mieux pour la mission de pacification que lui confiait l'Empereur, envers qui il n'hésitait point à faire remonter la reconnaissance de ces diocésains pour les bienfaits rendus à la Vendée : la sûreté des personnes et des propriétés. "Nous sommes bien loin, disait-il dans son premier mandement de Carême, d'avoir la présomption de croire que, par un exemple unique dans l'empire français, ce soit pour nous et particulièrement en notre faveur qu'il vous donne pour Evêque un de vos frères, né au milieu de vous, placé au milieu de vous dans différentes fonctions ecclésiastiques qu'il y exerce depuis quarante-cinq ans. Non, M. F., non, jamais nous n'avons pu croire l'objet de cette faveur singulière. C'est pour vous, c'est à cause de vous qu'il nous a choisi, tout indigne que nous nous en reconnaissons ; il sait que vous nous avez montré de l'attachement et que vous paraissez satisfaits de notre administration spirituelle ; il a jugé que notre épiscopat vous serait agréable ; il pense qu'étant votre concitoyen et votre frère, notre gouvernement sera celui d'un père tendre, voilà ce qui l'a décidé". Certes ce n'étaient pas de vaines formules de flatterie, dans un pays où les proconsuls de la Convention avaient promené le fer et le feu. Puis il termine son mandement en faisant connaître qu'il est autorisé à résider comme d'habitude en sa maison de la Flocellière, d'où, en effet, sont datés un grand nombre de ses mandements.

Lors de la mise à exécution du concordat de 1817, c'est-à-dire en 1821, Mgr Paillou, par la création de l'évêché de Luçon, se trouva privé de la partie de son diocèse qu'il affectionnait le plus. Il n'en continua pas moins de visiter de temps en temps sa maison de la Flocellière.
Ce n'est pas un mince honneur pour le clergé de la Vendée d'avoir fourni au diocèse deux prélats comme MM. Paillou et Soyer.

La Flocellière peut revendiquer deux autres illustrations vendéennes, l'ambassadeur Alquier et le général Bonnamy.

ALQUIER 3ALQUIER (le baron Charles-Jean-Marie) est né à Talmond, le 13 octobre 1752, d'une famille originaire de la Flocellière, et qui y est revenue par le mariage du colonel Alquier avec la fille du général Bonnamy. Daniel Alquier, maître chirurgien, demeurait, en 1709, à la maison de la Rollandière, commune de Pouzauges ; on trouve dans le même temps un Alquier, prieur, et, en 1715-21, N... Alquier, avocat en parlement, sénéchal de la Flocellière.
Charles Alquier fit ses études chez les Oratoriens, embrassa la carrière du barreau, et devint avocat du roi au présidial et procureur du roi au tribunal des trésoriers de France à la Rochelle. Il était maire de cette ville en 1789, et fut nommé député du tiers-état du pays d'Aunis aux états généraux. Après la session, il fut appelé à la présidence du tribunal de Seine-et-Oise, département qui l'envoya comme député à la Convention. Il y vota la mort de Louis XVI, mais à la condition que l'exécution serait ajournée à la paix général, où cette peine pourrait être commuée. Il entra ensuite au conseil des Anciens, et en fut élu secrétaire le 21 mars 1795. Après plusieurs missions importantes et bien remplies, Alquier fut nommé en 1801 à l'ambassade d'Espagne, de là à celles de Florence et de Naples. Il débuta dans cette dernière cour par faire renvoyer dans une sorte d'exil en Sicile, le ministre Acton, qui, depuis plus de quinze ans la dirigeait. En 1806, Alquier remplaça le cardinal Fesch à Rome, et fut chargé de continuer auprès de cette cour la négociation d'une alliance commencée par son prédécesseur. Il était doué de trop de tact et d'habileté pour ne pas apprécierf dès le premier moment toutes les difficultés d'une pareille affaire, et il s'en expliqua sans détour dans les rapports qu'il fit à son gouvernement. Napoléon, qui ne pouvait souffrir de résistance, rappela son ambassadeur. "Vous êtes un dévot, M. Alquier, lui dit-il, à son arrivée à Paris ; vous avez voulu gagner des indulgences à Rome. - Sire, répondit le spirituel et souple diplomate, je n'ai jamais eu besoin que de la vôtre." En effet, Napoléon ne lui garda pas rigueur et l'envoya deux ans après dans un poste plus difficile encore en Suède, qu'il voulait faire prononcer pour le blocus continental. De Suède, Alquier passa en Danemarck, avec le titre de ministre plénipotentiaire, et la mission de rattacher par une alliance ce gouvernement à la France. Le succès fut complet : le Danemarck resta fidèle à la politique de l'empereur jusqu'à sa chute, et Alquier, rappelé en juin 1814 par Louis XVIII, partit comblé de présents par Frédéric VI. La loi du 12 janvier 1816 contre les régicides l'ayant obligé de quitter la France, il se fixa à Vilvorde en Belgique, jusqu'en 1818, époque où, sur les pressantes sollicitations de Boissy-d'Anglas son ancien collègue à la Convention, devenu pair de France, les portes de la patrie lui furent ouvertes.
A partir de ce moment, Alquier vécut à Versailles dans la retraite la plus paisible. Sa mort arriva le 4 février 1826. Il avait l'esprit cultivé, fin et piquant ; il aimait les jouissances douces et délicates et joignait à une conception facile un coup d'oeil juste qui le dispensait d'une longue occupation. Il était difficile enfin d'avoir plus d'esprit, plus de tact et plus d'aménité. Suivant ses contemporains, plus d'un mot attribué à Talleyrand serait de lui. Ces qualités firent d'Alquier un des ambassadeurs les plus remarquables et les plus employés de son temps. C'était d'ailleurs l'appréciation que l'empereur portait de lui. ...
Alquier a laissé : 1° N... Alquier, colonel en retraite depuis 1815, marié à la fille du général Bonnamy ; il habite une partie de l'année Versailles et l'autre la maison du général à la Flocellière, devenue sa propriété ainsi que le château ; - 2° M. N... Alquier, marié à Mlle Labretonnière, fille de l'ancien ingénieur en chef, auteur d'une statistique de la Vendée ; - 3° Marie-Agathe Alquier, épouse de Gabriel-Alexandre Brunet de Sairigné, décédée le 11 février 1808.

BONNAMY (Charles-Auguste-Jean-Baptiste-Louis-Joseph)
http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2014/01/31/29088307.html

BOUNIN. Pour ne rien oublier de ce qui intéresse la Flocellière, nous mentionnerons encore, malgré le peu d'intérêt qui s'attache à ce nom, Jean Bounin, chanoine hebdomadaire et secrétaire du chapitre de Luçon, né à la Flocellière vers 1600, et mort en 1664, auteur d'un poème en soixante vers latins sur Antiquitates urbis et ecclesioe Lucionensis, avec des pièces justificatives, publié en 1657. Malgré les éloges pompeux de quelques-uns de ses confrères du chapitre, qui, dans leur admiration pour les rares lumières qu'il avait de l'antiquité, assurent que le savant chanoine n'offre que nectar et ambroisie à ses lecteurs, nous ne le citons que pour mémoire, jugeant son livre comme un recueil de fables puériles et de faits sans critique peu digne de l'examen que Dreux du Radier lui accorde et de la réfutation qu'il lui consacre, dans sa Bibliothèque historique et critique du Poitou, à laquelle nous renvoyons les personnes qui voudraient plus de détails.

 

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L'ÉGLISE

P1240295David de la Flocellière la donna, en son nom, et en celui de son frère et de son fils Geoffroy, au monastère de la Sainte-Trinité-de-Mauléon par une charte du 24 octobre 1090. D'autres dons faits par quarante vassaux de la seigneurie suivirent cette concession. Depuis, l'église n'a pas cessé jusqu'en 1789 de dépendre de ce monastère, dont l'abbé conserva le droit de présenter ses prieurs-curés.
On ne pourrait signaler dans l'église actuelle de traces de cette première église. Elle fut remplacée, au commencement du XIIIe siècle, par une nouvelle dont les restes se montrent dans la porte d'entrée et sous le clocher. Puis le XVe et le XVIe siècles sont venus y ajouter des constructions sans style, sans symétrie, qui rendent toute description inintelligible, si l'on n'en a le plan sous les yeux. D'abord c'est une nef divisée en deux travées et accompagnée de deux bas-côtés très-étroits, dont elle est séparée à droite par un pilier et deux arcs formerets. Tous ces arcs sont plein cintre, sans chapiteau, ayant pour moulure un seul cavet qui descend jusqu'au sol. Cette nef doit être attribuée au XVIe siècle. Vient ensuite le choeur du XVe, doublé d'un bas-côté, ou plutôt d'une chapelle dont on ne pourrait comprendre le motif, si l'on ne savait que les seigneurs de la Flocellière eurent là leurs bancs et une porte d'entrée particulière, circonstance qui doit leur en faire attribuer la construction.
La nef renferme, à droite, l'autel de Sainte-Anne, à gauche, celui de Sainte-Marie, disposé en 1634. Diverses réparations datent évidemment de la même époque, et sont dues probablement à Jacques de Maillé. Le clocher, avec sa flèche en ardoise du plus mauvais goût, est peut-être du même temps. - La chapellenie de la Thomasière, paroisse de Saint-Amand, était desservie en cette église.
L'orientation est très inexacte.
Le curé de la Flocellière eut plus d'une fois à défendre les limites de sa paroisse. A une époque très-éloignée, en 1225, ce fut contre le prieur-curé de Châteaumur, pro limitibus utriusque parochioe. Ces discussions furent apaisées par l'abbé de Mauléon, dissidentes ad pacem et concordiam reduxit. Au commencement du siècle dernier, la vanité de Mesnard de Toucheprès, marquis de Pouzauges, fit réunir les Echardières à Pouzauges, par les motifs que, tenant la première place en l'église de Pouzauges où les honneurs lui étaient dûs, il ne pouvait en accepter une secondaire en celle de la Flocellière où le seigneur du lieu passait avant lui. La réunion fut prononcée par un arrêt du conseil d'Etat du 18 décembre 1625. Depuis, les Echardières sont restées unies à Pouzauges et le sont encore pour le spirituel, tandis qu'au civil elles appartiennent à la Flocellière. Par compensation, la Flocellière comprend au spirituel le village des Brenonnières dépendant de la commune de la Pommeraye.

 

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L'ÉGLISE DES CARMES

Jacques de Maillé-Brézé, par un contrat du 19 juin 1617, passé avec l'ordre du Mont-Carmel, s'engagea à donner un fonds suffisant dans sa terre de la Flocellière pour y bâtir une église, un cloître, une salle, des dortoirs ordinaires, et y faire un cimetière. Le convent devait prendre le titre de Couvent et Monastère de Notre-Dame-de-Lorette ; une chapelle de Saint-Joseph devait être faite dans l'église ; le fondateur la dotait du revenu temporel de quatre prestimonies fondées par un de ses ancêtres (Jacques II de Surgères) dans la chapelle du château ; le revenu assuré devait consister en 54 charges (la charge de la Flocellière était de 3 pochées ou 12 quarts d'hectolitre ; le boisseau, qui était celui de Châteaumur, contenait 22 litres 70 centilitres), 6 boisseaux de blé, 4 barriques de vin, et 33 livres en deniers ; c'était le revenu de trois métairies. Le droit de sépulture était réservé pour le fondateur et ses descendants

 

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La première pierre de cet établissement fut bénie par Henri Admirault, prêtre du diocèse de Tours, chanoine et archidiacre d'Aizenay, vicaire général de l'évêque de Luçon, Pierre de Nivelle.
Jacques de Maillé décéda avant que l'église et le couvent fussent achevés. Ses héritiers, mécontents de ses prodigalités, n'acceptèrent la succession que sous bénéfice d'inventaire, et eurent des difficultés avec l'ordre qu'ils trouvaient trop doté.
Le style de l'édifice en dit assez sur son origine. L'ensemble présente une nef avec deux bas-côtés formant huit chapelles, séparés de la nef par des piliers carrés et des arcades en plein cintre, et recouverts de voûtes en pierre. Les voûtes de la nef sont tombées. La façade est percée de trois portes différant peu pour la forme des portes des hôtels particuliers ; celle du milieu est ornée de pilastres et de frontons dans le goût du siècle de Louis XIV, et est décorée des armoiries du fondateur. Il n'existait pas de clocher. Bien que cette construction ait été faite évidemment à grands frais, l'effet qu'elle produit n'est ni grand ni religieux ; son caractère, au contraire, est froid et indécis comme dans toutes les constructions de cette époque de décadence de l'architecture chrétienne.


LA DESTRUCTION DU COUVENT


A la veille de la Révolution, 4 frères carmes résident à La Flocellière. En 1792, après la Constitution Civile du Clergé, le couvent est vendu comme bien national au notaire du Boupère, Biraud, et les carmes sont chassés. Après le soulèvement vendéen, le bocage voit ensuite déferler en janvier 1794, la colonne infernale de Grignon, et le couvent, comme le château, est ravagé.
L'édifice reste un amas de pierres et de poutres calcinées jusqu'en 1828. Racheté par le Docteur Abautret, médecin à la Flocellière, l'édifice retrouve un nouveau toit et fait office de grange à foin et à bois pendant une quarantaine d'années.

 

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P1240260L'OEUVRE DU PERE DALIN
En 1867, Joseph Dalin, curé de La Flocellière achète le bâtiment à la fille du Docteur Abautret. Prêtre dynamique et charismatique, il entreprend la restauration de la chapelle, amputée toutefois d'environ un tiers de sa surface initiale. Le 22 août 1869, une grande fête marque l'affiliation de la chapelle à la Sainte Maison de Lorette en Italie.
Peu de temps après, le père Dalin fait réaliser à l'arrière de l'édifice une copie conforme de la "Santa Casa de Loreto", la Sainte Maison de Lorette, suivant les plans du lithographe nantais Félix Benoist, qu'il avait envoyé sur place. Une grandiose cérémonie a lieu le 10 décembre 1873 à l'occasion de la bénédiction par Monseigneur Colet.

L'initiative du père Dalin va donner un nouvel élan religieux à La Flocellière. Pendant plus de 75 ans, les pèlerinages se succèdent, organisés parfois par des paroisses lointaines. Les fêtes de la Vierge de Lorette sont l'occasion de grands rassemblements : plus de 3000 personnes lors du 50ème anniversaire de l'affiliation le 22 août 1919, plus de 5.000 pèlerins lors du 75e anniversaire de l'affiliation le 22 août 1944, et ce malgré l'interdiction des autorités allemandes.
Après la seconde Guerre Mondiale, les pèlerinages et les processions vont toutefois progressivement disparaître. Aujourd'hui, les Flocéens restent très attachés à ce lieu, qui a fortement marqué la vie du pays.

 

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Indépendamment de ces établissements religieux, il y avait encore au château une chapelle de Sainte-Barbe, fondée par les anciens seigneurs, où les Carmes étaient tenus de dire trois fois par semaine une messe basse, et particulièrement les jours de dimanche et de fêtes d'obligation, à la réserve des quatre fêtes annuelles. En cas de maladie des seigneurs, ces fêtes ne devaient pas être réservées. La messe devait être dite de manière que le religieux eût le temps d'assister à la messe conventuelle.

LE CHATEAU ET SEIGNEURS
http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2014/02/05/29124764.html

 

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Etudes historiques et administratives sur la Vendée
LÉON AUDÉ
BIB PC 16/2
Archives départementales de Vendée.

+ Brochure de l'Association la Boulite

 

COLONNES INFERNALES

DÉNONCIATIONS

LEQUINIOPIECES DÉNONCIATIVES, dont j'ai déposé les originaux au Comité de Salut Public, et dont il m'a été délivré des copies collationnées, cotées, paraphées et signées par le citoyen Pierre, Secrétaire principal de ce Comité, le 28 Germinal dernier.

Pour faire condamner, ainsi qu'ils le méritent, plusieurs Généraux dénommés dans ces Dénonciations, il ne sera sûrement pas besoin d'autres pièces ; le Tribunal Révolutionnaire y trouvera surabondamment ce qu'il faut pour asseoir un jugement terrible, mais juste.

L'ARMÉ RÉVOLUTIONNAIRE parut tout-à-coup, et sans qu'on sût les ordres qu'elle exécutoit. Je vis Boucret à Saint-Hamand ; il ne s'ouvrit point avec moi. Je me rendis dans ma commune. Le lendemain la colonne s'éparpilla dans tout mon arrondissement ; elle pilla beaucoup, brûla peu et n'égorgea point. Deux cents soldats vinrent chez moi, burent, mangèrent, et ne firent aucun mal ; la garde nationale de Châteaumur étoit sur pied, et il n'y eut de part ni d'autre que des marques de fraternité ; il séjourna aux Essarts, et fit égorger, sur une liste insignifiante, vingt jeunes gens qui s'étoient conformés à la proclamation des représentans du peuple, avoient remis les armes, et se comportoient bien. Ils m'avoient, en qualité de commissaire du district, aidé à briser les cloches de dix églises, et désarmer au moins deux cents brigands. Il fit égorger des officiers municipaux en écharpe, par erreur de nom qu'il ne donna pas le tems d'expliquer. Dans le reste de la paroisse, il fusilla de toute main, sans exception ni formalité. Presque tous les jeunes gens égorgés aux Essarts alloient partir pour la réquisition, faisoient le service de gardes nationales, et le faisoient bien.
Grignon passa chez moi le lendemain ; la garde nationale étoit sur le pied. Crainte de méprise à cause de la forme des habits j'allai seul à la rencontre des hussards, avec mon fusil et mon uniforme ; ils me désarmèrent. Je les prévins que j'avois de la garde nationale ; je les conduisais au corps-de-garde, et fis déposer les fusils en faisceaux. On me rendit le mien. j'allai au-devant de Grignon ; il me fit désarmer, me demanda d'un air atroce qui j'étois ; je lui dis que l'on cumuloit les fonctions sur les mêmes têtes ; que j'étois à-la-fois capitaine de la garde nationale, président de la commission municipale de quatre communes, président du comité de surveillance du canton, et commissaire pacificateur du district. Je lui dis que j'étois autorisé du département, du district et du général Bard, à créer une garde nationale ; il me répondit qu'il ne connoissoit ni département, ni district, ni général Bard. Il fit lier ma garde ; me demanda qui étoient ces gens-là : je lui dis que je ne savois pas le détail de ce qu'ils avoient fait pendant mon absence du pays ;  mais que, depuis mon retour, ils avoient bien mérité de la patrie, en faisant journellement des patrouilles dans un local où sur soixante lieues quarrées il n'y avoit pas un soldat, en enlevant deux cents fusils aux brigands, en arrêtant de grands coupables, et brisant vingt-cinq cloches ; qu'ils s'étoient conformés aux proclamation des représentans du peuple et des généraux de l'armée de l'Ouest, que la commission militaire, à qui l'on en avoit livré deux qui se trouvoient dans le même cas, me les avoit rendus, avec éloge de leur civisme actuel. Il ne daigna pas lire la lettre de Bard et celles du district que je lui présentai ; il me répondit qu'il ne connoissoit ni commission militaire, ni proclamation des représentans et des généraux de l'armée de l'Ouest ; et, sur une voix qui cria : Et le maire aussi, il est suspect, par ordre de Grignon, on m'arracha mon habit pour me fusiller. Un soldat me reconnut pour avoir suivi pendant toute la guerre de la Vendée la troupe de la république ; je prononçai le nom de mon ami Joba, avec qui j'avois plusieurs fois donné la chasse aux brigands ; je parlai avec toute l'autorité de la vérité et l'ascendant de la vertu. Grignon me fit rendre mon habit, mon porte-feuille et de l'argenterie ; je perdis 100 livres en assignats de 10 sous, et une bourse d'or ; j'ignore ce qu'elle contenoit, elle n'étoit pas à moi, et je n'ai pas vu depuis la femme qui me l'avoit confiée. Dix hommes de ma garde nationale furent sabrés, dont deux furent mal tués, et en réchappèrent.
Grignon m'enjoignit de le suivre à la Floutière, dont j'étois maire ; j'offris de lui donner une liste des grands coupables ; il me dit que c'étoit inutile ; il fit égorger les hommes de ma commune sans me consulter ; la troupe pilla, incendia à tort, et à travers ; je ne mentionne pas les cadavres épars faits par le soldat ; on viola les femmes, et même trente passèrent sur une de 70 ans ; un oeil poché et d'autres désagrémens, n'en exemptèrent pas une autre. On coupa un patriote et sa servante, en morceaux, ainsi que deux vieilles femmes, dont l'une étoit en enfance, etc. etc. ; quatre pages d'etc. etc. etc. Dix neuf prisonniers envoyés du Bonpère, et faits par la garde de cette commune, furent égorgés par ordre de Grignon ; on en fusilla encore cinq d'une seule métairie de la Floutière, quatre-vingt hommes, femmes et enfans se retiroient à la Châteigneray, avec des laissez-passer de la municipalité de St. Mars ; six soldats les arrêtent, les conduisent à la Floutière ; Grignon fit casser la tête à six hommes, et ne renvoy que les vieillards, les femmes et les enfans. Il refusa de rendre aux femmes et aux enfans des morts, l'argent qu'ils avoient.
Grignon me dit, qu'en entrant dans la Vendée, il avoit juré d'égorger tout ce qui se présenteroit à lui ; qu'un patriote n'étoit pas censé habiter ce local ; que d'ailleurs la mort d'un patriote étoit peu de chose, quand il s'agissoit du salut public ; je lui dis que cette dernière proposition étoit une vérité, mais qu'il ne falloit pas en abuser, du reste qu'il y avoit bien des patriotes qui, pour le bien public, affrontoient les dangers.
Je lui disois un soir : il y a quelques métairies ici où l'on trouveroit bien de l'argent ; il crut que je voulois les faire piller, et me dit : voilà où je vous connois républicain : je baissai les yeux et ne répondit pas. Il disoit un jour : on est bien maladroit, on tue d'abord ; il faudroit d'abord exiger le porte-feuille, puis l'argent, sous peine de la vie et quand on auroit le tout, on tueroit tout de même. ...
Il voulut aller à Pouzauges ; il me prit pour guide ; il y avoit de jolies prisonnières au Château ; après-dîné Grignon et l'état-major allèrent prendre le café de cythère avec elles, et des soldats qui avoient été secondairement sans doute de la partie, crioient en sortant, d'une manière dont je ne puis rendre l'énergie, qu'ils avoient joui de quatre filles : elles furent fusillées, excepté une qu'on élargit ; et j'ai entendu Grignon lire une lettre, je ne sais de qui, où il étoit dit : j'ai élargi ta belle, et Grignon ajouta en riant qu'elle étoit plutôt à celui qui écrivoit.
Le commandant de la garde nationale du Bonpère et la municipalité vinrent à la Floutière consulter Grignon ; il leur dit qu'il iroit les voir, qu'il visiteroit la garde nationale.
Je l'accompagnai comme guide ; quatre cents hommes furent sous les armes ; il voulut les faire charger par son escorte ; il hésita plusieurs fois ; le nombre l'intimida ; il n'avoit que vingt-cinq à trente hussards et chasseurs. Les soldats se tenoient prêts à exécuter ce qu'ils appelloient le coup de tems ; j'ai entendu dire, dix fois depuis à Grignon, qu'il avoit ouvert la bouche plusieurs fois pour donner l'ordre, et qu'il se repentoit de ne l'avoir pas fait. Il ordonna le désarmement et le lendemain on lui remit deux cents fusils ; ce désarmement consternoit ces braves gens qui avoient rendu des services essentiels. On partit de la Floutière, après avoir incendié le bourg. Grignon m'ordonna de le suivre et, de ne pas m'éloigner de lui ; dans la route ; on pilloit, ou incendioit ; depuis la première jusqu'aux Herbiers, dans l'espace d'une lieue, on suivoit la colonne autant à la trace des cadavres, qu'elle avoit faite, qu'à la lueur des feux qu'elle avoit allumés ; dans une seule maison on tua deux vieillards, mari et femme, dont le plus jeune avoit au moins 80 ans. ...
Signé GUESDON

Nous soussignés membres de la commission municipale du Bonpère, ci-devant maire et officiers municipaux de la même commune soussignés, certifions qu'aussitôt que nous fûmes informés que l'armée révolutionnaire, commandée par le général Grignon étoit arrivée à la Floutière, pour tous incendier ; nous nous transportâmes auprès de ce général, pour lui faire connoître la conduite vraiment républicaine de notre commune, et lui dîmes que notre garde nationale avoit encore arrêté la nuit précédente, dans la commune de Litay, dix-sept brigands qui lui furent conduits et fusillés.
D'après nos représentations, ce général parut fort disposé à ménager notre commune, et promit de s'y transporter le lendemain, 10 pluviôse, ce qu'il effectua.
A son arrivée, il rencontra sur la place la commission municipale, avec la garde nationale bien armée, de cent cinquante hommes ; quatre cents autres bons citoyens et plus de deux cents femmes, qui lui présentèrent un bouquet ; à l'aspect de tant de citoyens et citoyennes, ce général ne put s'empêcher de dire qu'il n'avoit pas vu tant de monde dans toutes les communes qu'il venoit de parcourir, que dans celle de Bon-Père.
Alors les membres de la commission municipale lui dirent : Citoyen général, suivant le recensement qui vient d'être fait de la population de notre commune, elle se monte à deux mille cent trente-une âmes, toutes animées des mêmes principes ; nous avons su, dès le 29 Brumaire, époque de notre entrée en fonction, la purger de tout ce qu'il y avoit de gangrené ; tous les brigands qu'elle renfermoit dans son sein, sont morts par le fer de notre brave garde nationale ou à l'armée de Charette, et déjà notre commune a payé plus de dix mille livres d'impôts, et la loi y est respectée, malgré tout ce que l'on peut dire.
Ce général parut embarrassé ; il hésita, balbutia ; nous ignorions ce qu'il avoit dans l'âme. Nous avons su depuis qu'il avoit l'intention de faire sabrer tout notre monde, mais que le nombre l'avoit intimidé. Enfin il ordonna de lui remettre de suite toutes les armes et munitions, et dit : J'ai ordre de tout incendier et de faire fusiller tout ce qui se trouvera devant ma troupe ; ainsi ne manquez pas de me faire conduire vos armes et munitions à la Floutière et de vous retirer derrière l'armée : voyant des ordres aussi précis, nous lui fîmes conduire dès le lendemain matin cent cinquante-six fusils, quatre carabines, neuf sabres et plusieurs pistolets avec toutes les munitions.
Cet évènement imprévu ne nous déconcerta point ; nous députâmes auprès du général Bard, qui connoissoit notre civisme et notre amour ardent pour la République. Ce brave général nous donna la lettre ci-attachée pour le général Grignon ; nous lui portons sur-le-champ. Après en avoir pris lecture, il nous dit : Je vais vous donner une lettre pour le général en chef qui est à Chollet, et vous promets que votre commune ne sera point incendiée, avant d'avoir reçu sa réponse. Cette lettre ci-jointe est du 11 pluviôse, à huit heures du soir, et le 12 du même mois, quatre heures du matin, nous apprîmes qu'il se mettoit en marche pour tout incendier et massacrer. Nous députâmes de suite près de lui pour savoir définitivement son intention à notre égard ; les députés le trouvent à cheval, prêt à partir ; il leur dit : je ne puis pas écrire à la municipalité, mais dites-lui de ma part qu'elle continue toujours à bien surveiller sur-tout les maires des communes voisines, et qu'il aura pour elle tous les égards possibles.
A peine les députés furent-ils de retour, que la colonne de Pouzauge, sous les ordres du général Grignon, se porta dans la commune de Bonpère, l'incendia en grande partie, massacra indistinctement les hommes et les femmes qui se trouvèrent devant elle ; fit périr par les flammes plus de trois mille boisseaux de bled, au moins huit cents milliers de foin et plus de trois mille livres de laine.
Ce qu'il y a de plus singulier dans cette conduite, c'est qu'on a particulièrement incendié les propriétés des vrais patriotes et ménagé les aristocrates ou les maisons proscrites par la loi ; car il y avoit quatre châteaux assez considérables dans la commune de Bonpère, savoir : le Benigon, la Plissonnière, le Fief Millon et la Ramée. Tous ont été épargnés, et on s'est contenté de faire périr et incendier les métairies et servitudes qui étoient auprès de ces châteaux, où il y avoit des bleds, vins, laines et foins en quantité, etc.
Délivré par nous, membres de la commission municipale de Bonpère, le 14 pluviôse, l'an deuxième de la République Française une et indivisible.
Signé à l'original : A. Merlet, officier municipal ; C. Bertrand, officier municipal ; Guilloneau, officier municipal ; Biraud, officier municipal.
Pour copie conforme. Signé BIRAUD.

... Ce fut vraiment une armée d'exterminateurs qui sortit de Bressuire : les paroisses comprises entre Bressuire et la Flocellière, sur une largeur de plus de deux lieues et demi, furent entièrement sacrifiées. Le massacre fut général, et on ne distingua personne ; et c'est sur-tout dans cette marche que Grignon brûla une immense quantité de subsistances : il n'a pas pu s'empêcher de l'avouer lui-même en s'excusant. Cela seul le rendoit coupable ; c'est sur ce fait là principalement que j'insiste. Du reste les atrocités qu'il a commises, ont évidemment augmenté d'un nombre l'armée des brigands. C'est encore un fait très-vrai, elles ne lui étoient pas commandées ; je ne juge point ses intentions, ses moyens sont évidemment contre-révolutionnaires. Je prie le comité de salut public de prendre en considération ce que j'avance.
Signé Aug. Chauvin, membre du comité de surveillance de la commune de Bressuire.

... Le 12, la scène augmente d'horreurs, le général Grignon part avec sa colonne, incendie tous les villages, toutes les métairies, depuis la Floutière jusqu'aux Herbiers, dans une distance de proche de trois lieues, où rien n'est épargné, les hommes, les femmes, les enfans même à la mamelle, les femmes enceintes, tout périt par les mains de sa colonne ; envain de malheureux patriotes, leurs certificats de civisme à la main, demandèrent la vie à ces forcenés ; ils ne sont pas écoutés ; on les égorge. Pour achever de peindre les forfaits de ce jour, il faut dire que les foins ont été brûlés dans les granges, les grains dans les greniers, les bestiaux dans les étables, et quand de malheureux cultivateurs connus de nous par leur civisme, ont eu le malheur d'être trouvés à délier leurs boeufs, il n'en a pas fallu davantage pour les fusiller, on a même tiré et frappé à coups de sabre des bestiaux qui s'échappoient. ...
Fait à Fontenay-le-Peuple, le 16 Pluviôse, l'an deuxième de la République Française, une et indivisible.
Ont signé pour copie conforme. Maruteau, maire, Jouet, secrétaire-greffier.

EXTRAITS
LEQUINIO
Guerre de la Vendée et des Chouans
Mémoires publiés en l'an III
Les Editions du Bocage

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La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
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