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La Maraîchine Normande
1 février 2014

TROYES (10) - OPINION DU CITOYEN OLLIVET SUR LE PROCES DE LOUIS XVI - DÉCEMBRE 1792

Interrogatoire de Louis XVI

 

OPINION DU CITOYEN OLLIVET, DE TROYES, SUR LE PROCES DE LOUIS XVI
Décembre 1792

Je viens d'apprendre avec plaisir la présidence du citoyen Verguignaud (sic). Il serait à souhaiter que la Convention fût composée de pareils représentants ; nous ne serions pas au bord du précipice ; tels sont mes sentiments, tout petit individu que je suis.
Il est donc question de juger un monarque malheureux. A cette seule question, la Convention devrait trembler, tant pour elle que pour les propres intérêts de tous les citoyens qui l'ont érigée en Convention.
Il est des têtes couronnées qui frémissent d'horreur dans la crainte d'apprendre la nouvelle trop malheureuse de la mort du Roi ; - je ne le nomme point Louis Capet, car ceux qui lui ont donné ce nom déraisonnent. Il est impossible de ne pas croire que ces souverains ne cherchent pas à venger le meurtre qui va être commis sur la personne du Roi, crime d'autant plus atroce qu'il est tout prêt d'être commis par la Convention, - oui, par la Convention, qui endort le peuple en le trompant, en l'induisant en erreur ; elle lui fait croire que la mort du Roi va sauver la République. Hélas ! pauvre peuple, pauvre peuple, que l'on te trompe ! Ce n'est pas une justice qu'ils vont rendre, comme ils le prétendent, c'est un crime, un meurtre, un assassinat, un forfait, dont la Convention va se souiller en répandant le sang d'un Roi. Il ne sera pas plus tôt mort que tu vas pleurer, pauvre peuple, et gémir, que tu vas redemander ton Roi à tes représentants, mais hélas ! il ne sera plus temps ! Les crimes des représentants seront à leur comble ; ta misère va recommencer de nouveau ; tu vas voir dans le centre de tes cités les guerres civiles s'allumer, tu vas voir la France entière livrée aux plus grands des malheurs.
C'est alors que tu vas voir ta misère s'accroître de plus en plus ; il te faudra un roi, il te faudra l'accepter ; ce sera peut-être un tyran ; tu ne peux vivre sans un maître. Les remords devraient déjà s'emparer de toi à l'apparence d'une mort aussi injuste. Tu désireras ton Roi que tes représentants auront assassiné.
O toi, Justice divine, que ne retardais-tu la ruine de Messine (La ville de Messine avait été détruite en partie par le tremblement de terre de 1783), pour détruire cette race infernale des Danton, Robespierre, Marat, etc. Hé bien, permets qu'une seconde ruine se trouve sous les infâmes colonnes qui soutiennent les tyrans qui t'outragent et qui t'oppriment ! Qu'elle engloutisse à jamais ces despotes plus cruels que les bêtes sauvage : une bête respectera par le droit de la nature son semblable, mais Marat et autres ont oublié ce droit de la nature en faisant égorger plusieurs centaines d'hommes dans les journées de Septembre. Ces cannibales composent pourtant une partie de la Convention, cette assemblée de représentants qui devrait être si respectable par les grands hommes qui la composent ; elle se trouve souillée par certains membres scélérats qui s'y sont introduits par voie d'intrigue pour y faire tout le mal que la rage peut susciter à des scélérats. Si le Roi meurt, je me joindrai aux départements qui courront sur Paris pour punir ceux qui auront osé prononcer l'arrêt de mort.
CITOYEN OLLIVET, de TROYES.
(Arch. nat. D XL, 18.10)

La Révolution dans l'Aube
Bulletin d'histoire moderne et contemporaine
1908

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