UNE CHANSON ... LES CLOCHES DE SAINT-JEAN-DE-MONTS (85)

(L'auteur est un pêcheur du pays et qui
ne possède à son actif que 30 mois d'école primaire.)

LES CLOCHES DE SAINT-JEAN-DE-MONTS

I
L'an mil sept cent quatre-vingt-treize (bis)
Les blius la firant brûlère [Les bleus firent brûler l'église]
Dame oui, dame vère, [vère : oui en dialecte noirmoutrain]
Et l's'en serviant d'écurie,
Dame vère, dame oui.

II
Les clioches de noutre cliochère (bis)
Furant mise en ène cornère [cornère : extrémité d'un fossé rempli d'eau]
Dame oui, dame, vère,
Per les sauver d'l'ennemi,
Dame vère, dame oui.

III
Mais dans un jour d'grand malhure (bis)
lane de chez grands sans chière [un de ces grands sans coeur]
Dame oui, dame vère,
Contre la "Corbe" les trouvit,
Dame vère, dame oui.

IV
Et le les emmenit à Nantes (bis)
Per faire fondre et per faire
Dame oui, dame vère,
Un canon per nous détruis,
Dame vère, dame oui.

V
Mais dans iène dau proumières batailles (bis)
Les blius furant tués par nous pères
Dame oui, dame vère,
Et le cher canon fut pris,
Dame vère, dame oui.

VI
Nous pères l'emmenirant en borque, (bis) [en borque : dans le bourg]
Dau drapeau blianc recouvert,
Dame oui, dame vère,
Tot entouraïe de fliurs de lys,
Dame vère, dame oui.

VII
Chuque temps aproë cha grand'déroute (bis) [quelque temps après cette grande déroute]
Le canon fut mis à faire,
Dame oui, dame vère,
Dou belles clioches per nout'pays,
Dame vère, dame oui.

VIII
Ché per ché là que chou cher bronze, (bis) [c'est pour cela que ce cher bronze]
Qui servait à tuer les pères,
Dame oui, dame vère,
Aujourd'hui prie pour les fils,
Dame vère, dame oui.

Bulletin paroissial
Saint-Jean-de-Monts
1921