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La Maraîchine Normande
9 janvier 2014

LA FAMILLE VIDALOT, DES RÉPUBLICAINS VALENCIENS SOUS LA RÉVOLUTION - "GÉNÉRAL DUSIRAT"

LA FAMILLE VIDALOT
DES RÉPUBLICAINS VALENCIENS
SOUS LA RÉVOLUTION

 

château du Sirat



ANTOINE VIDALOT, fils de Pierre et de Marie Bompard, naît le 9 août 1734, à Valence, au château du Sirat. Il poursuit des études de droit. En 1773, il est avocat et consul à Agen, ce qui laisse supposer qu'il a aussi des biens dans cette ville. Il est nommé maire de Valence le 16 mars 1776.

 

Acte de naissance de Antoine Vidalot père


Au début de la Révolution, il ne semble pas participer à la vie politique, mais le 10 octobre 1790, on le retrouve deuxième juge au tribunal du district de Valence. L'année suivante, il est élu député à l'Assemblée Législative et fait partie du comité du commerce. Réélu à la Convention, pendant le procès de Louis XVI, il vote contre l'appel au peuple, pour l'exécution du roi en déclarant : "La mort de Louis est nécessaire à l'intérêt de la République, je vote pour la mort.", puis il rejette le sursis.
Au mois d'avril 1793, il est favorable à la mise en accusation de Marat, qu'il juge comme étant "le persécuteur acharné de la Révolution", et proteste contre la révolte ouverte des tribunes et la violation en sa personne de la représentation nationale.

Signature de Antoine (père) Vidalot


Sous le Directoire, il appartient au Conseil des Cinq-Cents dont il devient le secrétaire, le 21 janvier 1797. Il soutient la promulgation de la loi sur la garde nationale, première cause, dit-il, de différend entre les monarchistes des conseils et le Directoire. Il appuie le projet relatif au paiement des officiers réformés.
Le 20 mai 1798, il se retire dans son domaine du Sirat, se contentant d'être l'un des administrateurs du canton de Valence. Il est considéré comme un républicain très prononcé, probe, moral et ayant des talents. Il publie un Dialogue sur l'utilité morale et politique des institutions républicaines.

 

acte de décès de Antoine Vidalot père


Il décède le 12 février 1808. Marié à Dame Elisabeth de la Rigaudelle de la Forest, il eut dix enfants : Pierre-Marie-Gabriel, né le 25 mars 1764 ; Françoise-Roflette (?) (et non pas Blanche), née le 2 mars 1765, fille infirme ; Jean-Baptiste-Siméon, né le 2 février 1766 ; Géraud, né le 5 avril 1767 décédé le 21 avril 1767 ;  Marie-Rose, née le 31 juillet 1768 ; Louis, né le 29 juillet 1770 ; Jeanne-Marie-Lisbette (?), née le 9 septembre 1771 ; Françoise, née le 3 août 1773 ; Jean-Siméon, né le 31 janvier 1775 ; Catherine-Françoise-Pauline, née le 2 avril 1777. (1)



ANTOINE VIDALOT NEVEU (2) prend des responsabilités sur le plan cantonnal, puis départemental, tout au long du Directoire. Il est élu commissaire exécutif du canton de Valence. Le 9 prairial an VI (28 mai 1798), il est nommé membre de l'administration centrale à Agen.
De santé fragile, il est parfois obligé d'interrompre ses fonctions pour se soigner. Le 26 pluviôse an IV (14 février 1796) : "Retenu dans ma chambre par une incommodité assez grave et n'en étant sorti que hier matin ..." Le 10 août suivant : "Une maladie très grave m'ayant retenu dans mon lit depuis le 15 ou 18 thermidor jusques au 28 ou 29 du même mois, il m'a été impossible de requérir les dispositions convenables pour cette fête [...] Trop faible pour pouvoir marcher seul ..." 18 nivôse an V (7 janvier 1797) : "Le mauvais état de ma santé exige des soins qu'il m'est impossible de lui donner en exerçant les fonctions publiques que le gouvernement m'a confiées."
Attaché à la cause publique, il se juge en porte-à-faux à l'égard des hommes de son âge requis aux armées et il envoie au ministre de la Guerre un certificat de réforme : "Des infirmités malheureusement trop bien établies depuis mon enfance m'avaient toujours fait omettre sur la liste des jeunes gens citoyens de la première réquisition ; mais les lois du 4 frimaire dernier exigent la plus grande sévérité dans leur application et la surveillance contre la désertion m'étant particulièrement confiée, j'ai souhaité d'être soumis à l'examen des officiers de santé, afin que mon congé de réforme me fût délivré par vous."
Le souffle révolutionnaire s'est épuisé ; avec soulagement, les Français ont vu s'éloigner la Terreur. Tout au long du Directoire, à l'échelon national, ce sont des balancements, une valse-hésitation pour conserver un juste milieu : ne pas revenir à un régime de terreur tout en gardant ce qui a été acquis, et empêcher l'expansion de la contre-révolution. Dans le canton de Valence, on sent que les administrateurs ont perdu cet esprit révolutionnaire, ce qui explique en partie de nombreuses démissions, et ceux qui restent en place désirent gérer les affaires dans une paix civile revenue. Jeu dangereux qui incite les adversaires de la Révolution à se manifester et ouvre la porte aux dissensions. Seul peut-être, Antoine Vidalot neveu, en tant que commissaire du Directoire exécutif, garde cette volonté révolutionnaire, ou du moins, en tant que représentant du pouvoir, désire la conserver. De là, des frictions avec les autres membres de l'administration cantonale. Le 26 pluviôse an IV (14 février 1796), il se plaint que le projet d'arrêté pour la cérémonie de la "juste punition du dernier roi des Français", adopté cependant sans opposition, a été dénaturé par des changements. "Je n'ai pu réclamer assez tôt contre une pareille infidélité dont plusieurs membres de l'administration municipale et divers autres fonctionnaires publics ont été aussi indignés que moi. La cérémonie n'a donc présenté aucun de ces caractères de solennité que l'on doit imprimer aux fêtes nationales : point de discours quoique le président eut été chargé d'en prononcer un, point de chants civiques, pas un seul cri de vive la République."
Il en est de même pour la commémoration du 10 août, au cours de laquelle seulement quelques membres de l'administration se présentent. La garde nationale n'est pas là, certains de ses membres "vaquant à leurs travaux [...] Je ne crois pas inutile de vous répéter ce que je vous ai déjà dit que lorsque les fêtes nationales sont indiquées pour des jours que le culte catholique n'a pas consacrés au repos, il est impossible de réunir trente personnes pour les célébrer."
Le 27 vendémiaire an V (18 octobre 1796), nouvelles récriminations d'Antoine Vidalot neveu qui s'adresse aux agents municipaux du canton :
"L'administration municipale se trouve dans l'impossibilité d'expédier les affaires qui lui sont confiées par la négligence de quelques-uns de ses membres qui laissent passer des mois entiers sans paraître à ses séances. L'intérêt des administrés étant compromis par cette coupable insouciance, je crois devoir vous rappeler les obligations qui vous sont imposées par votre place".
Puis le 18 frimaire (8 décembre), il se plaint au commissaire du département et se dit "péniblement affecté de la conduite des magistrats du peuple. Toutes les fois qu'il s'agit d'exécuter une loi qui renferme des dispositions rigoureuses, on rencontre des obstacles presque insurmontables. Ils ne veulent point se faire d'ennemis, ils aiment mieux donner leur démission".
Deux partis se sont établis depuis un certain temps à Valence. Déjà, l'assemblée municipale avait noté dans sa délibération du 20 brumaire an VI (10 novembre 1797) : "Depuis quelques jours, la tranquillité publique est menacée dans la commune de Valence par des rixes particulières qui [dénotent] les germes de l'esprit de parti". Dix jours après, une nouvelle tentative de réconciliation est amorcée par une proclamation : "En conséquence, chers concitoyens, nous vous invitons à ce repas fraternel qui doit cimenter l'oubli du passé, l'union et la concorde. Prenez part à une fête qui doit anéantir les haines et les divisions. Venez tous, s'il est possible, et nous présenterons le spectacle attendrissant d'une nombreuse famille réunie".
En germinal an VI, des troubles violents éclatent lors du déroulement des élections primaires du canton de Valence. Antoine Vidalot neveu écrit au commissaire départemental : "L'assemblée centrale n'a pas mis la même célérité dans son travail parce que des discussions extrêmement animées ont absorbé un temps précieux, parce que les deux partis qui divisent les citoyens de Valence ont lutté avec effort et persévérance pour obtenir une supériorité qu'il serait bien temps de ne point disputer à la République. Je n'entrerai point ici, citoyen collègue, dans le détail de ces débats tumultueux où le royalisme s'est montré à découvert, où les provocations les plus dures ont été adressées aux républicains par des fonctionnaires publics destitués, par un ci-devant noble et par un parent d'émigré". Cela ne l'empêche pas malgré tout d'en écrire les détails, trop longs pour être donnés ici ...
Malgré les menaces du parti royaliste, triomphant à Auvillar, les républicains réagissent et les élections se terminent à leur avantage, non sans mal.

L'INSURRECTION ROYALISTE

Le 23 nivôse an V (12 janvier 1797), des jeunes gens entonnent le Réveil du Peuple à la porte de Vidalot père. On reproche à celui-ci "d'avoir joué un grand rôle dans le régime de la Terreur [...] ils ont chanté sur le même air à la messe de Noël un cantique analogue".
La sécurité est donc fortement compromise, lors des élections de l'an VI, les jours de marché, mais surtout de messidor à fructidor an VII, au moment du complot royaliste. Dans le département, on dénonce des écrits "contenant des provocations au rétablissement de la royauté, au renversement de la constitution de l'an III, à l'assassinat des républicains et au pillage des propriétés".
A la suite des hésitations du Directoire, les royalistes reprennent espoir. Le 7 nivôse an VII (27 décembre 1798), dans sa correspondance, Antoine Vidalot nous apprend que, trois semaines auparavant, lors de la déclaration de guerre aux rois de Naples et de Sardaigne, une certaine agitation s'était manifestée parmi eux. Ils avaient tenu et tiennent des conférences dans des maisons et même dans des lieux publics. Un témoin raconte qu'on entendit un soir "quatre ou cinq qui se disaient que le moment de se pourvoir d'armes et de munitions était venu, et à la suite de quelque autre propos qu'il ne peut pas bien saisir, on ajouta ces mots mystérieux que le grand thermomètre l'avait ainsi décidé [...] Je n'ai aucune connaissance qu'il existe dans le canton des commissaires chargés de l'organisation des associations connues sous les noms de compagnies de Jésus, d'Enfants du Soleil, de Fils légitimes."
Pour Vidalot, le moindre fait est sujet à suspicion. C'est ainsi que le 27 prairial an VII (15 juin 1799), un sellier de Valence aurait fabriqué "nombre de ceintures propres à contenir une vingtaine de cartouches, un poignard, et on dit même qu'on lui en a commandé une certaine quantité d'autres, soit du canton, soit d'ailleurs." Et aussitôt d'imaginer un complot royaliste. Quelques jours après, Vidalot reconnaît que leur nombre a été exagéré, qu'il ne dépassait pas la douzaine et que l'artisan n'en confectionne plus.
Pourtant, les évènements se précipitent. Les royalistes sèment le désordre dans le canton d'Auvillar : menaces, tentatives d'enrôlement auprès des réfractaires à l'armée, préparations diverses. D'où des contrecoups dans celui de Valence, avec des incendies dans la nuit du 20 au 21 messidor (8-9 juillet), à Valence, on placarde "des potences aux portes des citoyens Galan et Demons coutelier, Labordère apothicaire et Jean-Baptiste (père d'Antoine Vidalot) Vidalot du Sirat, connus pour leur attachement aux principes républicains. Au-dessus de la potence figurée à l'encre sur une demi-feuille de petit papier, était le nom de chacun de ces citoyens avec cette inscription : toi qui fais partie du nombre des tyrans, tes jours seront tronqués avec ce noble instrument."
Les royalistes entrent ouvertement en lutte dans la région toulousaine pendant la nuit du 18 au 19 thermidor (5-6 août) et quatre jours après, à Auvillar, Saint-Nicolas, Beaumont, Lavit ... Cette insurrection est détaillée ci-dessous, Pierre Vidalot y ayant joué un rôle important.

Acte de décès de Antoine Vidalot neveu


En tant qu'administrateur du Lot-et-Garonne, Antoine Vidalot est très actif. Peut-on dire qu'il meurt à la tâche, alors qu'il était parvenu à la présidence départementale ? Il décède à Valence dans la soirée du 24 germinal an VIII (13 avril 1800). Le lendemain, l'administration cantonale lui rend hommage. "Considérant que le citoyen Vidalot le fils, quoique à peine à la fleur de son âge, s'est distingué par ses talents peu ordinaires, ses moeurs pures et sans reproches, une probité rigoureuse, un zèle et un dévouement sans bornes pour la chose publique ; que dans l'exercice de ses fonctions, il s'est fait remarquer autant par la fermeté et l'impartialité de son caractère que par ses connaissances en administration ; qu'il n'est presque aucun de ses concitoyens à qui par la sagesse de ses conseils il n'ait rendu des services signalés ; que la perte d'un citoyen déjà si recommandable doit être vivement sentie et que déférer à sa dépouille mortelle des hommages funèbres particuliers, c'est rendre hommage à la vertu, aux talents, aux bonnes moeurs ; c'est assurer le fruit de ses bons exemples et encourager les citoyens dans la carrière possible du bien." Il est décidé que le cortège ira au Temple de Valence (l'ancienne église) et aux cornières du sud, de l'ouest et du nord. Après la cérémonie religieuse et un éloge, son corps sera amené "au champ funèbre" par la cornière du nord, la porte du ci-devant Quercy et le plaça. Deux jours après, l'un des registres des délibérations de l'administration départementale se termine par un nouvel hommage.

 

Pierre Vidalot du Sirat acte naissance



PIERRE-MARIE-GABRIEL VIDALOT, né le 25 mars 1764, fait carrière dans les armes. Cadet au régiment d'Aunis en 1781, sous-lieutenant deux ans après, il devient capitaine en 1792 et se distingue au siège de Mayence. Après un temps de service à l'armée de l'Ouest, il est nommé général de brigade à celle de Moselle au mois de juillet 1794. Il combat à nouveau à Mayence en avril 1795. Il est fait prisonnier à Manheim, puis après un échange, il retourne en France. Il est mis en traitement de réforme le 30 octobre 1795 pour relations avec les royalistes, dit-on. Son républicanisme est-il à nouveau reconnu ? Probablement puisque le 2 nivôse en VII (22 décembre 1798), la lettre suivante lui est adressée : "L'administration municipale [du canton de Valence] vous a nommé son président, dont la place était vacante ; elle ose se flatter qu'ayant rempli si dignement vos devoirs dans la carrière militaire, vous ne serez pas moins jaloux d'accepter les fonctions que vos connaissances et votre patriotisme vous ont mérité."
Pierre Vidalot démissionne le 12 messidor suivant (30 juin) pour reprendre ses activités militaires. Il est nommé général en chef des armées en Lot-et-Garonne pour aussitôt diriger dans le canton d'Auvillar une opération de grande envergure, exécutée en commun avec les cantons de Saint-Nicolas de la Grave, alors en Haute-Garonne, et Lavit, dans le Gers.
L'opposition royaliste se manifeste à Auvillar avec pour chef de file Lamothe-Vedel chevalier de Termes. La conduite de celui-ci a été irréprochable jusque là : engagé volontaire en 1792, il a fait campagne dans l'armée du Rhin, s'est conduit courageusement, devenant aide de camp de son oncle, le général Bressolles de Cissé. Revenu à Auvillar en 1796, il s'oppose aussitôt au régime républicain, rassemblant autour de lui les mécontents et mettant son expérience militaire à leur service.
Pendant vingt jours, la force armée de Pierre Vidalot occupe le terrain dans le canton d'Auvillar, arrête les réfractaires, qui se dérobaient à la conscription. Son rôle consiste aussi à disperser les attroupements dangereux, à "relever l'esprit public que la malveillance et le royalisme avaient totalement perverti." Le calme n'est pas vraiment revenu puisque quinze jours après le départ de la troupe, Lamothe-Vedel et ses hommes tuent un gendarme d'Auvillar lors d'un guet-apens.
Au début du mois d'août 1799, l'insurrection gagne tout le Sud-Ouest. A la tête des troupes républicaines, Pierre Vidalot dirige la lutte dans le secteur d'Auvillar, en appuyant les forces engagées aussi à Saint-Nicolas de la Grave, Lavit et Beaumont. Le chevalier de Termes reste l'un des chefs des troupes royalistes. L'aventure prend fin après l'attaque du château de Terride où les insurgés se sont réfugiés.
Mais les opposants n'ont pas baissé les bras. Dans la nuit du 3 au 4 floréal (22-23 avril 1800), quelques jours à peine après le décès d'Antoine Vidalot fils, se produit l'évènement le plus horrible de cette période tourmentée.
"Ils ont enfoncé les portes au moyen d'une grosse pièce de bois, ont fouillé toutes les armoires qui étaient dans le bas de la maison et après avoir pris l'argenterie et l'argent monnayé qu'ils ont pu trouver, ils ont mis le feu aux lits [...] Ils eussent infailliblement égorgé les citoyens Vidalot le père et Vidalot le fils, général de brigade employé dans le département (car c'étaient à eux et principalement à celui-ci qu'ils en voulaient), si ces derniers au bruit qu'ils ont fait en enfonçant les portes ne se fussent réfugiés avec leurs épouses dans le galetas d'une tour où ils se sont barricadés et où les brigands n'ont pas osé les attaquer, parce qu'ils les savaient encore armés d'armes à feu. Le péril qu'ils ont envisagé dans cette attaque les a déterminés à incendier la maison, afin que les victimes qu'ils avaient proscrites ne pussent échapper à la mort. Les scélérats ont été trompés dans leur attente. Les citoyens Vidalot et leurs épouses, après avoir passé une heure et demie dans la position la plus cruelle qu'on puisse imaginer, se sont heureusement sauvés pour ainsi dire du milieu des flammes à l'aide du métayer qui est venu les avertir que les brigands s'étaient retirés. Mais une fille du citoyen Vidalot le père, que son état de maladie n'avait pas permis de conduire au galetas, a péri dans son appartement consumé par le feu. Vainement son frère le général Vidalot a essayé avec le métayer de pénétrer jusqu'à elle. Le feu avait fait des progrès trop rapides [...] Ce qu'il y a de remarquable dans cet évènement, c'est qu'ils se soit passé à portée de quelques maisons voisines et assez près du village, pour que les coups de fusil, le bruit même que faisaient les brigands pussent à la faveur du silence et du calme de la nuit y être entendus, sans que personne se soit approché pour donner du secours. Mais en faisant attention à la terreur dont tous les esprits sont frappés, depuis les entreprises exécutées l'année dernière dans notre voisinage par les bandes royales - terreur qu'a dû rendre plus profonde les petites séances dont le canton a été récemment le théâtre -, tout motif d'étonnement doit disparaître."

Acte décès de Françoise Vidalot du Sirat


En complément de cette triste affaire, il m'a été donné d'apprendre, mais ce serait à vérifier, qu'il y a vingt ans, trente ans, si ce n'est plus, dans le parc de la propriété du Sirat, on avait trouvé une bague sur laquelle était gravé "Blanche" ou "Blanche Vidalot", qui aurait appartenu à la malheureuse jeune fille morte au cours de cet incendie. (?)

SIGNATURE VIDALOT DU SIRAT



On ne connaît pas grand-chose de la carrière du général Pierre Vidalot sous le I° Empire. On sait qu'il est employé au conseil de recrutement du Tarn-et-Garonne de 1811 à 1813, qu'il commande la 2e légion de ce département, de janvier à avril 1814. Il vote contre l'Acte Additionnel établi par Napoléon Ier à son retour de l'île d'Elbe. Après Waterloo, il est provisoirement commandant du Lot-et-Garonne, avant d'être mis définitivement en traitement de réforme. Il meurt à Valence d'Agen le 30 décembre 1843. (3)

 

PIERRE VIDALOT ACTE DE DECES



MICHEL CADENE
Bulletin de la Société archéologique et historique de Tarn-et-Garonne
2007

Quelques erreurs s'étaient glissées dans le texte original que je me suis permise de corriger, à savoir :

- (1) Antoine "a trois enfants : Blanche, fille infirme ; Antoine et Pierre." : En fait, Antoine a eu dix enfants (voir plus haut)

- (2) Paragraphe : "ANTOINE FILS" : Il ne s'agit pas, selon moi,  du fils d'Antoine mais probablement de son neveu (fils de Jean-Baptiste, frère du Conventionnel). Ainsi, lors du baptême de Marie-Rose, fille d'Antoine, Jean-Baptiste et son épouse, Rose Ginioux, étaient présents, et celui-ci a signé l'acte "Vidalot Cadet". On peut vérifier également sur l'acte de décès (voir plus haut) d'Antoine Vidalot que son père n'est autre que Jean-Baptiste et sa mère Rose Ginioux ; donc il ne peut-être le fils d'Antoine le Conventionnel.

Acte de naissance de Marie-Rose Vidalot montage 2 parties

- (3) En ce qui concerne Pierre : "Il meurt à Valence d'Agen le 3 décembre 1843." : Pierre meurt effectivement à Valence d'Agen, mais le 30 décembre 1843.


PIERRE-MARIE-GABRIEL VIDALOT DU SIRAT
EN VENDÉE

MAI 1794

... On ne rêvait qu'incendie dans la Vendée. L'adjudant-général C.... remit le Ier mai, aux représentans du peuple à Nantes, un plan de destruction générale dont voici l'extrait :
"Cette détestable guerre, disait-il, a sans doute duré trop long-temps, mais je ne crois pas qu'on puisse accuser, comme on l'a fait, quelques généraux actuellement en activité de l'avoir prolongée.
Il serait difficile de donner une idée juste de toutes les villes, bourgs, villages, hameaux, châteaux, métairies, moulins à eau et à vent, repaires, et magasins dérobés, qui ont été la proie des flammes, depuis le 20 janvier ; l'aspect seul des lieux peut la fixer, et celui qui les parcourra sera bientôt convaincu que les personnes qui se permettraient de critiquer la conduite des généraux à cet égard seraient de grands scélérats et de vrais désorganisateurs.
Malgré les amples mesures prises par le général Turreau, et encore que les généraux, commandant les différentes colonnes en activité depuis l'époque du 20 janvier, paraissent avoir fait leur possible pour incendier journellement tout ce qui était à portée de leurs colonnes, il n'en est pas moins vrai qu'il existe encore çà et là, sur le pays insurgé, des moulins à eau et à vent, des métairies, des magasins dérobés, et peut-être des hameaux qui, par leur position, ont échappé aux flammes.
Ce sont ces dernières ressources qu'il faut enlever aux brigands pour arriver à leur destruction totale ; et, pour parvenir à ce but indispensable, il faut employer un plan tout différent de ceux qui ont été exécutés jusqu'à présent.

Bases du plan proposé.
"Couvrir de camps le pays insurgé, c'est-à-dire, établir des lignes d'une extrémité à l'autre, dans le sens le plus convenable, à quatre lieues de distance d'une ligne à l'autre et quatre lieues d'un camp à l'autre.
Chaque camp composé de huit cents hommes d'infanterie et vingt-cinq de cavalerie
Régler par un ordre général la marche progressive de tous les camps.
Rendre les commandans des camps responsables, même sous peine de mort, de la destruction totale de ce qui pourrait exister sur le terrain qui leur aurait été assigné.
Douze jours suffiraient pour l'exécution complète de ce plan, et les troupes seraient disponibles pour d'autres armées."

Quelques lettres concernant l'adjudant-général Dusirat :

L'adjudant-général Dusirat, au général en chef (Doué)
"J'apprends que tu étais à Niort le 29 avril. Je pars demain avec une colonne entièrement renouvelée par celle de Grignon et forte de trois mille six cent cinquante-un hommes.
Je compte, en protégeant un enlèvement de subsistances que doit faire Boucret, jeter quelques provisions dans Mortagne et de là aller tâter le garde-chasse Stofflet, ensuite prendre du pain à Saint-Florent. Je pourrai y être du 9 au 10."

L'adjudant-général Dusirat, au général Boucret (Bivouac de Saint-Hilaire-du-Bois)
"Les patrouilles que j'ai fait faire ont presque toutes vu l'ennemi. Je ne le crois pas dans ce moment réuni dans mon voisinage.
Un des commissaires de l'armée catholique, nommé Pavillon, vient d'être tué par nos volontaires. On a trouvé dans sa poche un ordre signé comte de Bruc et Stofflet, enjoignant à la moitié des habitans de Saint-Hilaire de se trouver en armes et avec le pain nécessaire, le Ier mai à Jallais. L'ordre est du 29 avril.
Les renseignemens donnés et quelques femmes que l'on a arrêtées font croire que les brigands se portent du côté de Saint-Florent. Pèse dans ta sagesse s'il n'est pas plus important que je me jette sur Stofflet, que de suivre le plan que nous avons arrêté ensemble.
Fais-moi le plaisir d'expédier de suite un courrier au général en chef qui doit être à Doué ; fais-lui part de tout ce qui se passe, et si demain à quatre heures je n'ai rien reçu ni de lui ni de toi, je marcherai sur la Fougereuse."

L'adjudant-général Dusirat au général en chef (La Fougereuse)
"J'ai marché sur trois colonnes vers Somloire, où je n'en ai formé qu'une pour me rendre à la Fougereuse.
Il est très-sûr que Stofflet, à la tête d'un prodigieux rassemblement, s'est porté vers Saint-Florent.
Maintenant que je ne puis aller interrompre la marche de Stofflet, je vais essayer d'attaquer une partie de ce rassemblement qui sans doute se divisera pour aller chercher des subsistances, comme c'est l'ordinaire.
Voici mon plan : demain je me porte  entre les Aubiers et Saint-Aubin, j'irai le 5 vers Mortagne. Le 6, je me rapprocherai de la grande route pour y recevoir le pain qui doit m'arriver de Doué. Je compte de là aller visiter Chemillé et la Jumelière, et me porter vers les points voisins, suivant les circonstances. Je recevrai mon pain le 11 de Saint-Florent. Si tu pouvais, vers cette époque, m'indiquer où je pourrais avoir une conférence avec toi, tu me ferais le plus grand plaisir.
Depuis mon départ de Montaigu, j'ai assez fait d'observations et de réflexions sur cette maudite guerre, si différente de ce qu'on la croit, pour que quelques instans d'entretien entre nous puissent te déterminer à changer entièrement le plan que tu parais avoir adopté.

Dusirat ne fut pas écouté ; il n'y eut point de conférence.

L'adjudant-général, au général en chef. (Camp de la Tessouale).
"J'ai campé près des Aubiers le 4, j'en suis parti le 5 au matin pour me rendre à la Tessouale, en passant par Maulévrier. Mon avant-garde me précédait d'un quart de lieue, mon corps de bataille était immédiatement suivi de la réserve. Un ordre donné le 4 et provoqué par quelque désordre, dans la marche de Saint-Hilaire-du-Bois à la Fougereuse, avait produit tout son effet. Ma colonne s'avançait dans le plus bel ordre possible, mon avant-garde avait chassé quelques avant-postes ennemis, elle traversait Maulévrier, j'entrais dans un chemin creux et bourbeux ; à peine y suis-je engagé, que la gauche et la droite de mon corps de bataille sont vigoureusement attaquées par deux colonnes commandées par Stofflet et le comte de Bruc. Ma droite est enfoncée, je la rallie à quelques cents pas du champ de bataille, et je vois avec le plus grand plaisir que ma gauche et la réserve ont repoussé le comte de Bruc dont la déroute entraîne celle de Stofflet. Mon avant-garde arrive, complète la victoire et poursuit ceux des brigands qui fuient vers Izernay. Ils ont trouvé un refuge dans la forêt de Vezin.
Le dixième bataillon de Paris s'est couvert de gloire ; sans lui, c'en était fait d'un détachement du deuxième de dragons, lequel engagé dans un passage étroit ne pouvait faire aucun mouvement et était exposé au feu le plus violent. La fermeté de la gauche de ce bataillon a conservé à la république cinquante braves dont la perte eût été irréparable. Trois de leurs chevaux ont été blessés.
L'avant-garde, composée des francs de Cassel et de Saône-et-Loire [avant-garde de l'armée de Mayence], a donné, par sa contre-marche accélérée, des preuves du plus grand zèle.
Le bataillon de Melun, qui formait l'arrière-garde et qui escortait un convoi assez considérable, a conservé le plus bel ordre dans sa marche.
Enfin, tout le monde a fait son devoir, et c'est à la lettre que la colonne que je commande a battu les brigands. Je n'ai eu d'autre part à cette victoire que d'avoir donné à propos l'ordre du 4.
Quoique victorieux, je persiste toujours dans ce que je t'ai déjà dit : Il faut un nouveau plan, il faut d'autres soldats.
Je frissonne, quand je pense au gros jeu que j'ai joué hier.
Si j'avais été battu, je perdais presque toute ma cavalerie et au moins la moitié de mon infanterie.
On me dira peut-être : Pourquoi t'engager dans un aussi mauvais pas ? Je répondrai que ce n'est pas sur les grandes routes et sur de superbes plateaux qu'on rencontre les brigands, et que c'est pour les rencontrer, pour les battre, et non pas pour me promener dans la Vendée, qu'on m'y a donné le commandement d'une colonne.
Sois cependant tranquille, citoyen général, ce que la discipline de nos troupes peut produire, je l'obtiendrai. Je suis d'une fermeté qui les étonne souvent ; je suis impitoyable pour qui que ce soit, et c'est grâce à l'espèce de discipline que je suis parvenu à établir dans ma colonne, que les trois déroutes que j'ai essuyées jusqu'ici n'ont pas fait perdre cent cinquante hommes à la république, quoi qu'en disent certains personnages auxquels je ne répondrai que quand ils auront vu les brigands en face, et quand ils auront le courage de me dire à moi-même ce qu'ils débitent ailleurs.
Je pars demain pour Coron où je recevrai le pain de Doué ; de là je traverserai le pays d'entre la Loire et la grande route, et je me rendrai le 11 sous Saint-Florent, pour y recevoir du pain et des souliers ; j'espère y trouver tes ordres.
Je te réitère la demande d'une entrevue avec toi. Il est impossible que je continue, à l'avantage de la république, mes courses dans la Vendée. Tu n'as pas d'idée de la tournure qu'ont prise les choses depuis que Stofflet exige impérieusement l'exécution de son règlement du 11 mars ; il n'est rigoureusement exécuté que depuis dix à douze jours."
P.-S. Les deux colonnes de Stofflet et de de Bruc passaient quatre mille hommes. Un des leurs, que j'ai avec moi et qui n'exagère pas trop, nous assure qu'ils étaient plus de six mille. Je pourrais, comme tant d'autres, écrire que quinze cents ont mordu la poussière ; mais tu sais, comme moi, qu'on ne tue pas quinze cents hommes qui ont une forêt pour retraite. Je porte leur perte à deux cents hommes.

L'adjudant-général Dusirat, au général en chef (Coron)
"J'ai traversé cette nuit la forêt de Vezin pour venir prendre mon pain ici. Quelques brigands ont été surpris. Je n'ai rien de bien certain sur le lieu de leur rassemblement ; cependant c'est ou à Jallais ou à Izernay que ce rassemblement aura lieu. Je serais même porté à croire qu'Izernay sera le lieu choisi, attendu que tous les renseignemens annoncent une prochaine réunion des forces de Marigny, qui est vers la Châtaigneraie, avec Stofflet. Ce ne serait que vers Maulévrier ou Izernay que je pourrais me promettre d'attaquer ces forces réunies ; mais ce pays est si couvert et si coupé, et j'ai été si étonné de ma dernière victoire dans ces parages, que ce ne sera qu'avec les plus grandes précautions que je m'y frotterai. Les brigands sont au moment de manquer de munitions et je suis très- décidé à ne leur en pas fournir.
Voici mon plan : Je me suis ménagé un espion ; j'ai beaucoup pris sur moi pour y parvenir ; mais le succès que j'en attends me justifiera, je l'espère. Cet homme doit me donner des renseignemens sûrs, et il en est capable, sur le lieu, le jour, la force des rassemblemens. Il me conduira lui-même vers Stofflet, et j'espère, citoyen général, pouvoir attaquer dans quelques jours avec quelque certitude de succès. En attendant, je vais parcourir les environs de Jallais, la Jumelière et Chemillé. J'irai ensuite prendre du pain à Saint-Florent, contre lequel il n'y a d'autres rassemblemens dans ce moment que douze ou quinze cents hommes qui gardent Chaudron et les environs. Je compte les attaquer avant que Stofflet s'en doute.
Le pain qu'il faut aller chercher tous les quatre jours me force souvent à des marches inutiles."

Du 8 = L'adjudant-général Dusirat, au général en chef. (camp de Coron)
"Ce matin j'ai été instruit que les brigands devaient marcher sur moi, sans savoir précisément quelle route ils devaient tenir. J'ai cru devoir garder ma position et les attendre de pied ferme, pour les attaquer aussitôt que j'aurais connaissance de la direction qu'ils auraient prise.
Je sentais cependant que Travot me manquait. Je lui ai écrit sur-le-champ, non pas que je devais me battre, mais qu'il était indispensable qu'il fût auprès de moi. Je l'engageais à laisser le commandement du camp de Concourson à quelque officier supérieur et que je répondais de tout. Je suis sûr, citoyen général, que tu ne désapprouveras pas une démarche dictée par la nécessité.
Travot m'a répondu qu'il allait se concerter avec le général Caffin et qu'il tâcherait de me joindre le 11.
Si tu dois me continuer long-temps dans le commandement de la colonne que tu m'as confiée, ordonne, je te prie, à Travot de venir commander avec moi contre Stofflet.
A midi, j'étais en bataille, mes voitures étaient chargées, mes patrouilles rôdaient. A une heure, l'ennemi a paru sur la grande route venant de Vezin. Je l'ai fait reconnaître et bientôt je n'ai plus douté que j'allais être attaqué par quatre à cinq mille hommes au moins. J'ai mis mon avant-garde en mouvement, elle a attaqué assez franchement, mais, au premier coup de fusil des brigands, elle a pris lâchement la fuite. J'ai fait de vains efforts pour la rallier. J'ai lancé mon escorte pour arrêter un moment les brigands qui se portaient avec furie sur nous. L'officier qui la commandait a été tué et  trois chasseurs ont été démontés.
Quoique les brigands fussent sur mes talons, je n'ai pas voulu faire quitter à mon corps de bataille sa position. L'immobilité de cette troupe en a imposé à l'ennemi. Quelques hommes de l'avant-garde se sont ralliés et se sont portés en tirailleurs sur les flancs.
Le bataillon d'Ille-et-Vilaine, que j'avais envoyé chercher à la réserve dès le commencement de l'action, est arrivé ; je me suis mis à sa tête avec mon état-major et je l'ai mené au pas de charge sur les brigands qui, à la vérité, n'avançaient plus, mais qui soutenaient toujours un assez bon feu.
J'apprends dans le même moment qu'un bataillon que j'avais jeté sur ma droite pour y arrêter, dans une excellente position, les brigands qui s'y portaient, était en déroute ; j'y en ai vite fait filer un autre, et je me suis précipité avec le bataillon d'Ille-et-Vilaine sur les catholiques qui n'ont pas tardé à être mis dans la plus complète déroute. Je n'ai pu jouir de ce beau moment ; mon cheval ayant reçu une balle dans la tête, j'ai été obligé de me retirer.
Je me suis porté promptement vers ma droite que j'ai ranimée et qui a fini aussi par mettre les brigands en fuite. Dans le moment où j'encourageais les volontaires, un officier du bataillon de l'Eure m'a dit : Général, nous n'avons plus de cartouches ... Je l'ai fait arrêter sur-le-champ, et je l'envoie à Doué, pour être traduit à la commission militaire.
Demain je poursuis les brigands, et au lieu de prendre mon pain à Saint-Florent, je le ferai venir de Doué."

L'adjudant-général Dusirat, au général en chef. (Camp de Coron)
"Je n'ai pu me mettre à la poursuite des brigands que le 9, à quatre heures de l'après-midi. J'ai été obligé à la poursuite des brigands que le 9, à quatre heures de l'après-midi. J'ai été obligé d'attendre un convoi de cartouches que j'avais envoyé chercher à Doué. J'ai campé le même jour à la Plaine, le lendemain j'ai traversé Izernay que j'ai fini de brûler ; de là je me suis dirigé sur Vezin, en traversant la forêt.
J'ai trouvé dans cette forêt de superbes magasins de farines et des hôpitaux évacués le matin. J'ai tout livré aux flammes.
Je viens de reconnaître dans ce moment les environs de Coron ; j'ai vu par mes propres yeux que la perte des brigands dans la journée du 8, est vraiment considérable. Il n'est pas de direction qu'ils n'aient prise dans leur déroute.
Je pars demain pour porter obstacle, si je le puis, au nouveau rassemblement que tente Stofflet. Je n'entreprendrai pas tout ce que je pourrais me promettre avec une colonne de près de quatre mille hommes. Je commence à m'apercevoir que la plus grande partie des soldats que je commande préfère la déroute à la victoire ; cela n'est pas surprenant, après la déroute, on va à Doué, et, après la victoire on poursuit les brigands.
Si je parviens à tenir encore la campagne pendant huit jours, ce sera beaucoup ; et assurément, à cette époque, les troupes que j'ai laissées à Doué ne seront pas disposées à rentrer dans la Vendée pour y jouer un rôle convenable ; j'en suis si persuadé, citoyen général, que je te préviens d'avance que, quelque décidé que je sois à ne sortir de la Vendée que lorsqu'elle n'existera plus, je ne me chargerai pas du commandement de cette troupe qui, j'en suis sûr, finira, si on s'obstine à la laisser dans ce pays, par ressusciter, si je puis m'exprimer ainsi, les espérances de Stofflet.
Cependant, il me semble indispensable qu'une force assez considérable se promène dans ce pays, en attendant qu'on prenne d'autres moyens pour arriver à la fin de cette guerre.
Voici ce que je te propose dans ce moment : Je prendrai mon pain le 15 à Saint-Florent pour quatre jours. Je tâterai Chaudron d'où je parcourrai la rive gauche de la Loire, et j'irai prendre position à Belair près Vallet, où je recevrai mon pain de Nantes. Là je demanderai le renouvellement de certains corps de ma colonne qui tiennent plus au système de la déroute. Il ne me faudra pour ce changement que mille ou douze cents hommes qu'il serait très-possible de tirer de Nantes et de Montaigu. Si tu adoptes cette mesure, je pourrai continuer ma promenade une quinzaine et faire pendant ce temps une station dans la forêt de Vezin où il reste encore beaucoup de magasins à détruire.
Les pluies continuelles ont, depuis quelques jours, abîmé les chemins. Les marches deviennent très-difficiles, surtout pour ma colonne qui ne suit pas les grandes routes. Le besoin de souliers sert encore de prétexte aux réclamations continuelles qui m'accableraient si je n'y répondais toujours par : Il faut marcher ... Je te prie de donner des ordres  pour que Nantes puisse me fournir une assez grande quantité de souliers, sans cela, il me serait impossible de me mettre en marche de Vallet.
Dans l'affaire du 8, j'ai senti plus que jamais le besoin que j'avais d'un second, et Travot, à qui je l'avais mandé, arrive dans ce moment de Concourson."

Du 16 = L'adjudant-général Dusirat, au général en chef. (Goulaine, près Saint-Florent)
"Cambray t'a mandé sans doute que hier, croyant trouver vers Beaupréau l'ennemi disposé à m'attaquer, j'ai été au-devant de lui.
J'ai trouvé Beaupréau aussi désert qu'à l'ordinaire ; pendant ma marche de cet endroit vers Saint-Florent, mes tirailleurs m'ont appris qu'un peu en arrière de ma droite, on avait cru apercevoir une colonne de brigands. Quoique cette marche soit dans le genre de Stofflet, je n'ai pas fait grand compte de ce rapport ; cependant j'ai fait prendre une position à mon avant-garde, pour couvrir, pendant sa marche, le reste de ma colonne.
Une heure après mon arrivée à Goulaine, j'examinais ma position avec Cambray, lorsqu'on a aperçu les brigands débouchant du village de Botz. Ils marchaient fièrement, drapeaux blancs déployés. Ma troupe prenait les armes sans bruit et sans tumulte. Travot était déjà parti avec quelque cavalerie, il m'a fait demander deux bataillons que je lui ai envoyés de suite. Avec cette poignée de monde, il a attaqué Stofflet et ses six mille hommes qui ont pris bravement la fuite et se sont laissé poursuivre environ une lieue, en jetant leurs sabots et leurs piques.
Tu sens bien, général, que pendant que Travot attaquait ainsi les brigands, je prenais des mesures pour que son audace ne devînt pas funeste, en cas de retraite. A peine mes dispositions étaient prises qu'on m'a annoncé la victoire qui ne nous a coûté que quelques coups de fusil. Je viens d'envoyer des patrouilles (il est 5 heures du matin), j'attends leur rentrée, et Cambray qui doit venir, pour arrêter définitivement la marche que je tiendrai.
Comme je n'ai d'autre quartier-général qu'une charette à boeufs, et qu'il fait beaucoup de brouillard, Cambray te mandera le résultat de notre conférence.
Des quatre choses que tu me recommandes dans ta dernière lettre : courage, prudence, persévérance et activité, j'ai mis hier la seconde en pratique et jamais temporiseur ne fut plus heureux que moi.
Je ne renouvelle aucun de mes bataillons à Saint-Florent. J'ai pris hier les échantillons de cette garnison et aucun ne m'a tenté.
Je te préviens que ma force diminue à tout instant par les maladies."
(Saint-Florent)
"Mes patrouilles sont rentrées, elles n'ont trouvé que les traces de la fuite des brigands jusqu'à Chaudron. D'après le rapport des patrouilles de Cambray, il paraît qu'ils occupent leurs anciens postes de Saint-Laurent, Sainte-Christine, etc.
Je suis occupé à faire établir un pont au Marilais pour passer l'Evre avec une colonne que je diviserai en deux pour mieux balayer la rive gauche de la Loire, dont je ne me rapprocherai pas absolument, puisque Delaage pourra sortir d'Ancenis pendant ma marche. Je serai vers le Loroux le 19 d'assez bonne heure, j'y attendrai du pain, j'espère que tu m'ordonneras de me rapprocher un moment de toi.
Travot, qui m'est indispensable (c'est lui qui a mis hier les brigands en déroute), est d'une bien faible santé. La mienne est assez bonne, mais je suis horriblement fatigué et sans chevaux. Cependant, général, pour peu que tu paraisses le désirer, je courrai encore la Vendée et je n'aurai d'autre crainte que de ne pouvoir agir avec toute l'activité qu'exige cette guerre."

Du 18 = L'adjudant-général Dusirat, au général en chef. (Camp de la lande Bambèche)
"Je n'ai point rencontré de brigands sur la rive gauche de la Loire, je me propose de camper demain près le Loroux. Mes soldats sont ivres du matin au soir, et depuis mon passage au Marilais, j'ai été obligé de faire enfoncer deux mille pièces de vins."

Extrait de l'arrêté du comité de salut-public du 13 mai.
"7° - Dutruy, Avril, Grignon, Cambray, Legros, Dusirat, Duquesnoy, Caffin, son aide-de-camp blessé avec lui, Guillaume, Blamont, Liebaut, Valentin, Huché, Bonnaire et Dembarerre, seront employés provisoirement par Vimeux pour composer le nouvel état-major de l'armée de l'Ouest [Ces listes d'officiers-généraux, suspendus ou continués en activité, présentent un singulier amalgame ; mais on ne tarda pas à voir arriver des épurations].

L'adjudant-général Dusirat, au général Vimeux (Montaigu).
"Je conserverai le camp de Saint-Georges avec quatorze cents hommes d'infanterie ; sept cent quatre-vingts seront placés dans le château. Je resterai dans cet état en attendant la garnison de Mortagne et une partie de celle de Saint-Florent.
Je demande que le commandement des troupes stationnées et campées soit donné au commandant Barbier, et celui du château à Martial.
Je prévois de grandes difficultés pour l'évacuation de Mortagne."

JUIN 1794

Du 1er = L'adjudant-général Dusirat, au général Vimeux (Montaigu)
"La garnison de Mortagne est arrivée hier à onze heures du soir ; elle occupe le camp de Saint-Georges. Les douze cents hommes qui y étaient sont partis à une heure du matin, sous les ordres de l'adjudant-général Brière, pour aller du côté de Mormaison, afin de protéger un enlèvement de grains dont nous avons le plus grand besoin. Cette colonne a pris position dans une lande pendant que l'on chargeait les voitures : elle a été attaquée par quatre colonnes de Charette et Stofflet réunis. Une partie de nos troupes s'est très-bien battue ; mais la grande majorité a pris lâchement la fuite, et la déroute a été complète. Je ne connais pas encore notre perte. Le bataillon d'Ille-et-Vilaine, qui s'était si bien battu à l'affaire de Coron, et qui s'est encore bien montré dans cette affaire, a perdu son drapeau. La troupe rentrée a été reconduite au camp.
Charette est dans le Bocage à la tête d'un puissant rassemblement, pendant qu'on fait un étalage pompeux dans le Marais. Pourquoi ne va-t-on pas l'y chercher ? Le quartier-général à Niort est trop éloigné pour qu'on puisse correspondre facilement.
Je me propose d'aller avec deux mille hommes attaquer Charette, qui veut porter du secours au Marais. J'en préviens le commandant de Challans, et j'invite Crouzat à faire un mouvement vers Remouillé, pour couvrir la route de Nantes dans le cas d'un échec. J'ai ici quatre mille hommes ; ils sont sans souliers.
L'insatiable Cambray m'a enlevé tous les vieux corps et l'excellent bataillon du soixante-dix-septième régiment de la garnison de Mortagne ; sa colonne doit être de quatre à cinq mille hommes. J'ai besoin d'une augmentation de forces, si l'on veut que je seconde les opérations de Cambray, attendu qu'il faut au moins trois mille hommes à Montaigu pour s'opposer aux entreprises de Charette.
Je vous invite, mon général, à présenter au comité de salut public un compte exact de la situation de la Vendée, ou, si vous l'aimez mieux, je lui rendrai compte moi-même de ce qui se passe, dussé-je y perdre la tête ..." [ce compte ne fut point rendu, ainsi que l'entendait Dusirat qui bientôt reçut l'ordre de passer à une autre armée.]

L'adjudant-général Dusirat, au général Vimeux (Montaigu)
"La guerre de la Vendée est plus sérieuse qu'on ne pense, je ne cesserai jamais de le répéter. [Dusirat est le seul officier qui, à cette époque, ait bien connu la situation de la haute Vendée, et qui ait osé en parler avec franchise.]
Je n'ai pas reçu de nouvelles de Cambray depuis son départ de Mortagne. Il m'est impossible de faire aucun mouvement avec les troupes qui sont sous mes ordres, surtout depuis que j'ai envoyé deux mille hommes à Machecoul.
L'affaire du 1er nous a coûté deux cent quarante-trois hommes, un drapeau et dix-neuf charrettes ; elle a jeté le découragement parmi les troupes qui semblent voir partout des drapeaux blancs. J'ai changé la position du camp de Saint-Georges pour le porter sur la hauteur des moulins. La force du camp et du château de Montaigu consiste en deux mille hommes de mauvaises troupes sans souliers. Lorsque tous les postes sont occupés, il ne me reste plus que cinq cents hommes disponibles.
Je suis allé hier, avec trente hommes de cavalerie, jusqu'à Saint-Fulgent. J'enverrai trois ou quatre cents hommes d'infanterie pour s'assurer si les brigands ont un poste aux Quatre-Chemins, que l'on devrait occuper avec des forces suffisantes pour assurer la communication de Montaigu avec Niort ; Montaigu, étant le centre du pays occupé par les brigands, mérite qu'on y envoie un général divisionnaire."

L'adjudant-général Dusirat, au général Vimeux (Montaigu).
"Je ne vois d'autres moyens de faire passer à Cambray la dépêche qui vient de m'être remise de ta part, qu'en la faisant escorter par deux mille hommes à travers la Vendée pour arriver à Saint-Florent. Il est plus expéditif de la lui faire parvenir par la rive droite de la Loire.
Je ne pourrai mettre en mouvement que huit cents hommes au plus pour l'expédition projetée contre Charette pour le 8, attendu l'impossibilité de recevoir à point nommé les mille hommes qui doivent renforcer ma colonne."

L'adjudant-général Dusirat, au général Vimeux (Montaigu).
"Conformément à ton instruction, je suis parti hier à cinq heures du matin ; je me suis porté sur l'Hébergement et de là sur le Grand-Luc, chassant devant moi quelques troupes de brigands jusque sur Beaufou où j'ai pris position à cinq heures du soir.
D'après le rapport de quelques prisonniers brigands, Savin a quitté le Luc à notre approche et s'est retiré avec huit cents hommes vers Vieille-Vigne. Charette, avec quinze cents hommes, avait passé la nuit du 7 au 8 à Belleville, et Jolly était au Poiré avec peu de monde.
Stofflet, après l'affaire de Challans, s'était séparé mécontent de Charette, avait passé le matin même aux Quatre-Chemins et devait être aux Herbiers.
J'ai envoyé un de mes adjoints à la chapelle-Palluau, pour inviter le général Boussard à se porter avec moi sur Belleville ou sur Boulogne, à la poursuite de Charette pendant la nuit. Il m'a fait réponse qu'il ne pouvait pas perdre de vue Challans. N'ayant que neuf cents hommes, entouré d'ennemis, harcelé par la cavalerie des brigands, j'ai pris le parti de revenir à Montaigu où je ne suis arrivé qu'à dix heures du soir."

L'adjudant-général Dusirat, au général Vimeux (Montaigu).
"La garnison de Saint-Florent est arrivée, elle a laissé deux mille hommes au camp de la Roullière. Je te propose de former une colonne agissante avec douze cents hommes que m'offre Delaage, ce que je peux prendre à Montaigu, et mille hommes à mon choix du camp de la Roullière. Nous pourrions agir de concert Delaage et moi."

Du 13 = L'adjudant-général Dusirat, au général Vimeux (Montaigu).
"Je me dispose, suivant ton ordre, à former, de concert avec Delaage, deux colonnes pour assurer les communications de Montaigu à Chantonnay et des Sables à Legé. En laissant mille hommes d'infanterie à Montaigu, il ne reste que cinq mille hommes pour former ces deux colonnes qui ne semblent pas assez fortes, devant se trouver à de grandes distances l'une de l'autre. Je demande au général Crouzat le vingt-neuvième régiment et le cinquième bataillon de l'Eure, ce qui donnera trois mille hommes pour chaque colonne. Delaage sera chargé de la route des Sables et moi de celle de Montaigu. Je te prie de donner des ordres pour que nous ne manquions ni de pain ni de souliers."

Du 16 = L'adjudant-général Dusirat, au général Vimeux (Montaigu).
"Delaage est parti avant-hier par la route des Sables, demain je ferai porter un parti sur Chantonnay. Je te réitère ma demande de souliers, la moitié de ma troupe est nu-pieds.
Trois mille hommes d'infanterie et deux cent quatre-vingts de cavalerie forment ma colonne. Il reste pour la garnison du château de Montaigu mille soixante hommes d'infanterie, et quarante-deux hussards du onzième régiment."

Du 17 = Le général Vimeux, à l'adjudant-général Saint-Sauveur (Niort).
"Ordre d'aller prendre le commandement de Dusirat qui doit passer à l'armée du Rhin."

Du 19 = L'adjudant-général Dusirat, au général Vimeux (Bivouac de la Chardière).
"Parti de Montaigu le 17 au soir, je suis allé camper entre les Quatre-Chemins et Saint-Vincent. Pendant tout le jour du 18 de nombreux partis de brigands sont venus narguer mes postes ; je leur ai fait donner la chasse.
Le 19, ma troupe était sans pain et ne connaissant pas les dispositions des postes de Luçon, je n'ai pu me rapprocher de Chantonnay. J'ai alors formé ma troupe en trois colonnes ; l'une passant par les Essarts, l'autre par Bazoges et la troisième par Saint-Fulgent, pour se réunir à la Chardière, entre Saint-Fulgent et Saint-Georges. Cette marche nous a procuré des bestiaux et quelques charrettes chargées de pain que j'ai fait conduire à Montaigu.
Le pays au delà de Saint-Fulgent est cultivé, les prés sont fauchés, les bestiaux soignés, le lin cueilli, ce qui annonce encore une forte population. Beaucoup de villages du côté des Essarts n'ont pas été brûlés.
Il reste aux brigands de grandes ressources, tandis que la troupe est découragée. Il me semble bien difficile de terminer la guerre et de protéger la récolte. Je pense qu'il serait prudent de retirer la troupe de l'intérieur, jusqu'à la fin d'août, tant pour lui donner un repos dont elle a si grand besoin, l'habiller, l'organiser, que pour donner le temps de faire la récolte."

Du 22 = L'adjudant-général Dusirat, au général Vimeux (Bivouac de la Chardière).
"Ma colonne est restée sans pain pendant trois jours. On ne peut pas compter sur des vivres que l'on est obligé de tirer de Nantes et la troupe ne peut pas marcher sans pain.
J'ai besoin de dix-huit cents paires de souliers ; on m'en avait annoncé quatre cents paires qui n'arrivent point.
Hier, l'avant-garde envoyée à la Gaubretière a ramené trois cents têtes de bestiaux. Mille hommes sont partis aujourd'hui pour les Brousils et la Cope-Chagnère.
Je n'ai point de nouvelles de Delaage depuis son départ de Montaigu."

L'adjudant-général Dusirat, au général Vimeux (Bivouac de la Chardière)
"Le pain et les souliers n'étant pas encore arrivés, je vais camper à Saint-Georges pour procurer à ma troupe du riz et des marmites.
Un hussard parti de Montaigu pour porter une dépêche au camp de la Roullière, a été tué sur la route par des brigands embusqués.
J'ai fait annoncer aux brigands qu'ils auront leur grâce s'ils se rendent avec leurs armes."

Du 25 = L'adjudant-général Dusirat, au général Vimeux (Camp du pont Charon).
"Je suis parti hier de Saint-Georges avec du pain pour un jour seulement. J'en ai envoyé chercher la nuit à Luçon où il n'y en avait pas et d'où je ne pourrai en recevoir que ce soir à peine pour un jour.
La communication de Chantonnay à Montaigu est très-difficile à établir. Un pont près Saint-Fulgent et celui de Saint-Vincent sont coupés par les brigands une heure après qu'on les a rétablis. Il faudrait, pour assurer cette communication, un fort poste à Chantonnay, un camp de trois mille hommes au moins aux Quatre-Chemins et un autre poste à Saint-Fulgent.
J'ai au moins quatre cents hommes de diminution dans ma colonne depuis sa formation, soit par défaut de souliers, soit par défaut de vivres ; ce qui reste est harassé, après un bivouac continuel depuis deux mois. Il est bien difficile de faire agir des colonnes qui doivent tirer leur pain de Nantes ; il est aussi difficile d'empêcher le pillage à des soldats qui n'ont pas de pain.
Conformément à l'ordre que tu m'as transmis, je vais me rendre à ma nouvelle destination. Je pars pour Nantes, laissant le commandement de la colonne au commandant Barbier."

Lettres extraites de
Collection des mémoires relatifs à la révolution française
publié par Saint Albin Berville
de François Barrière
1825
Tome 3

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Commentaires
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
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