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La Maraîchine Normande
2 décembre 2013

TROUBLES A SÉREILHAC (87) - GERMINAL AN III = AVRIL 1795

TROUBLES A SEREILHAC
GERMINAL AN III = AVRIL 1795

SEREILHAC 3



Procès-verbal dressé par la municipalité.

Nous officiers municipaux et notables de la commune de Séreilhac ayant vu sous nos yeux et sous notre exacte surveillance se former, sur la place publique de la dite commune, un attroupement imprévu de femmes mal intentionnées secondées de quelques hommes aussi ennemis de la paix, nous y sommes sur-le-champ transportés pour écarter ce mouvement séditieux. Nous avons employé tous les moyens et le langage qui nous ont paru les plus convenables dans une telle circonstance, en tâchant de les ramener à la raison et leur faisant connaître le danger où elles s'exposaient ; mais elles ne nous ont répondu que d'un ton furieux et menaçant et suivant l'impulsion de leur extravagance.
Elles se sont transportées au temple de l'Etre suprême en demandant un prêtre et s'exhalant en mille murmures contre plusieurs personnes innocentes ; et là, pour satisfaire leur cupidité et leur fureur insensée, elles se sont attaquées aux bancs et tables qui servaient à la Société dans ses séances, les ont brisés et en ont fait un feu de joye ; ensuite, se livrant à de plus grands excès, elles ont coupé l'arbre de la Fraternité et l'ont aussi fait brûler.
La Municipalité qui s'employait alors avec force pour réprimer ce désordre n'était secondée du secours d'aucun individu et, étant de plus en plus insultée, et de plus encore menacée, a été contrainte de céder à leur violence. Mais ayant connu et distingué Andrive, épouse à Léonard Robert, de Gauthier, Léonarde Dartout, du village du Theillaut, Jeanne Parthounaud, épouse de Jean Tharaud, du village de Lauchomise, lesquelles agissaient avec le plus d'entêtement, d'aigreur et de fureur, nous les avons notées au présent procès-verbal pour en être du tout statué que de droit selon la loi.
Fait et clos le présent procès-verbal à Séreilhac, à 3 heures de relevée, le 16 germinal, 3e année de la République française une et indivisible.
Signé : BELY ; MAYÉRAS, officiers municipaux, et ROBERT, notable.

Délibération du directoire du district de Limoges.
Séance publique du 21 germinal, 3e année républicaine.

Vu le procès-verbal fait par la municipalité de Séreilhac le 16 courant, portant qu'il s'est manifesté un mouvement séditieux et fanatique qui a eu des suites fâcheuses, puisque les insurgés se sont portés aux voies de fait les plus répréhensibles, à la violation des propriétés.
L'Administration, considérant qu'il importe à la sûreté publique qu'elle prenne sur-le-champ des mesures répressives contre les auteurs d'un pareil mouvement ;
Considérant que la voix de la persuasion a été vainement employée par la municipalité de Séreilhac ; que les séditieux ont porté l'audace à son comble en coupant et faisant brûler l'arbre de la Fraternité, signe de ralliement de tous les amis de l'ordre, de la paix et du bonheur commun ;
Considérant que les chefs d'une semblable sédition ne peuvent être que les artisans de l'anarchie qui, sous le manteau de la religion, veulent ressusciter le fanatisme qui a fait rougir si souvent le sol de la France du sang de ses habitants ;
Considérant que, nonobstant le crime d'avoir coupé et fait brûler l'arbre de la Fraternité, les attroupés se sont portés dans le lieu des séances de la Société populaire et y ont consommé leurs pernicieux projets en enlevant et faisant brûler tous les bancs et ustensiles qui y étaient, ce qui prouve complètement leurs perfides desseins puisque, d'un côté, ils violaient les propriétés et que, de l'autre, ils rompaient le faisceau que doivent former tous les amis de la félicité publique ;
Considérant que la sollicitude de l'administration doit répondre à celle que le représentant du peuple Cherrier a exprimée dans son arrêté du 7 du courant ;
En conséquence, le substitut de l'agent national entendu, l'Administration du district arrête :
1° Le commandant de la gendarmerie nationale séant à Limoges sera requis incontinent d'envoyer dans la commune de Séreilhac nombre suffisant de gendarmes pour arrêter et conduire dans la maison d'arrêt de Limoges les nommées Andrive, épouse de Léonard Robert, de Gauthier, Léonarde Darthout, du village de Theillaud, Jeanne Partounaud, épouse de Jean Tharaud, du village de Lauchomise, toutes trois signalées dans le procès-verbal de la municipalité de Séreilhac daté du 16 courant comme les auteurs et motrices de la sédition dont s'agit et ce, en conformité de l'arrêté du représentant du peuple Cherrier en date du 7 courant.
2° Expédition du présent sera délivrée au commandant de la gendarmerie, laquelle lui servira de réquisition.
3° En cas que les gendarmes éprouvent de la résistance, les municipalités de Séreilhac, d'Aixe, et autres adjacentes sont requises de leur prêter main-forte en se conformant à la loi.
4° Il sera adressé à l'accusateur public près le tribunal criminel de ce département expédition tant du présent arrêté que du procès-verbal de la municipalité de Séreilhac pour qu'il fasse les poursuites et diligences nécessaires et prescrites par la loi.
5° Enfin, il sera envoyé de suite au représentant du peuple Cherrier et au comité de sûreté générale copie de toutes les pièces dont s'agit.

SEREILHAC 87



Lettre du directoire du district de Limoges au comité de sûreté générale

Des femmes et quelques hommes aveuglés probablement par un reste de préjugés ou égarés par des hommes perfides se sont attroupés le 16 du courant dans la commune de Séreilhac faisant partie de ce district. La municipalité a cherché, mais en vain, à les éclairer ; le fanatisme l'a emporté sur la raison. Ces individus, après s'être rassemblés dans le temple de l'Etre suprême, ont demandé à grands cris un prêtre. Les passions ont fermenté et le résultat de ce mouvement a été le coupement de l'arbre de la Fraternité, sa brûlaison et celle de tous les bancs et tables qui se trouvaient dans le lieu des séances de la société populaire.
Quelques mouvemens semblables avaient eu déjà lieu dans certaines autres communes du département, ce qui déterminât le représentant du peuple Cherrier à prendre un arrêté le 7 du courant, qui trace aux autorités constituées la marche qu'elles doivent suivre dans de pareilles occasions. C'est en conformité de cet arrêté que la municipalité de Séreilhac, après avoir échoué dans les moyens de persuasion, a désigné trois femmes pour être les motrices de cette émeute et, par suite, nous les avons fait traduire dans la maison d'arrêt de Limoges et adressé toutes les pièces à l'accusateur public près le tribunal criminel. Cette mesure en imposera sûrement aux factieux et les citoyens de la commune de Séreilhac, plus éclairés sur leurs véritables intérêts, rentreront dans l'obéissance aux lois et à leurs organes ; ils jouiront du bénéfice du décret mémorable qui consacre la liberté des cultes sans compromettre la tranquillité publique. Nous vous assurons, citoyens représentans, que nous ne négligerons aucun des moyens qui sont en nous pour les instruire et pour déjouer les manoeuvres criminelles des ennemis de la paix intérieure. Nous devons cependant vous observer, citoyens représentans, que les trois femmes qui ont été arrêtées sont de malheureuses mères de famille, épouses de cultivateurs, qui n'ont été sans doute que le jouet de la scélératesse de quelques agitateurs. Nous désirons bien sincèrement qu'elles déclarent la vérité, afin que la justice ne frappe que les véritables coupables.
Pour que vous soyez plus parfaitement et plus authentiquement instruits de tous les faits, nous vous adressons ci-inclus l'arrêté du représentant du peuple Cherrier qui nous a servi de boussole dans cette circonstance, copie du procès-verbal qu'a dressée la municipalité de Séreilhac et expédition de notre arrêté.

Réponse du comité de sûreté générale
3e année républicaine.
Paris, le 3 floréal.

Nous avons reçu, citoyens, votre lettre du 22 du mois dernier et les pièces relatives aux excès auxquels un attroupement de femmes s'est livré dans la commune de Séreilhac. L'arrêté de notre collègue Cherrier et les mesures que vous avez prises suffiront sans doute pour prévenir de semblables désordres. Faites replanter sans délai l'arbre de la Liberté et surveillez soigneusement ceux qui cherchent à jeter le trouble dans votre district, mais surtout, exigez l'exécution littérale du décret du 3 ventôse.
Les membres du comité de Sûreté générale,
Signé : CLAUZEL ; PEMARTIN.

Replantation d'un arbre de la Liberté à Séreilhac.
Arrêté du directoire du district de Limoges (9 floréal an III = 28 avril 1795).

Vu la lettre du comité de sûreté générale en date du 1er du courant signée Clauzel et Pemartin, approvative des mesures prises par l'administration relativement à l'attroupement qui a eu lieu le 16 germinal dernier dans la commune de Séreilhac, laquelle porte, en outre, de faire replanter sans délai l'arbre de la Liberté qui y fut coupé et brûlé par les attroupés, de surveiller soigneusement ceux qui cherchent à jeter le trouble et surtout d'exiger l'exécution littérale de la loi du 3 ventôse.
L'administration du district de Limoges, considérant que, pour répondre efficacement au voeu du comité de gouvernement, il est essentiel qu'un de ses membres se transporte dans la commune de Séreilhac pour faire procéder aussi solennellement que possible à la replantation de l'arbre qui rappelle aux Français qu'ils sont les enfans d'une même mère, la patrie, et qu'ils doivent conséquemment ne sacrifier qu'à la concorde, qu'à l'union et à la douce fraternité, pour éclairer les citoyens qui se sont portés aux excès commis le 16 du mois dernier et les prémunir contre les perfides manoeuvres des méchans qui les ont égarés en les dirigeant dans la voie de l'anarchie et leur faire sentir enfin qu'il n'est pas de bonheur là où les loix ne sont pas strictement et religieusement observées ; le substitut du procureur syndic entendu, arrête :
1° Copie de la lettre du comité de sûreté générale sera adressée à la municipalité de Séreilhac pour qu'elle aye à convoquer la commune le 20 du présent mois, jour de décadi, afin de procéder à la replantation de l'arbre de la Fraternité.
2° Le citoyen ..., membre du District, se transportera pour, de concert avec la municipalité, faire exécuter cette cérémonie civique avec la solennité qu'elle exige et rappeler à tous les citoyens leur devoir et le respect dû aux loix émanées de la Représentation nationale, comme aussi qu'il importe essentiellement dans les bornes prescrites par le décret du 3 ventôse dernier pour l'exercice des cultes.
Signé : BOISSOU, président ; AUVRAY ; DAVID ; RUHADE ; LABESSE ; DEPERET ; DUPUYTREN, administrateurs ; MÉAT, secrétaire.

Société des archives historiques du Limousin
2e séries : Archives révolutionnaires
1908 - volume 8

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