STANCES POUR L'INAUGURATION DE LA STATUE DE HENRI DE LA ROCHEJAQUELEIN - 26 SEPTEMBRE 1895

Stances pour l'inauguration de la statue
de HENRI DE LA ROCHEJAQUELEIN
LE JEUDI 26 SEPTEMBRE 1895

Quand j'appris quelle fête, illustre Durbelière,
Réjouirait tes murs où serpente le lierre,
Je tressaillis de joie et jurai de venir.
Pour le chantre vieilli c'est un bonheur suprême ;
Sa Vendée et son Dieu, voilà tout ce qu'il aime,
Lui, fidèle au passé qu'on devrait tant bénir !

Quels regrets aurait-il d'achever sa carrière ?
S'il veut voir des héros, il regarde en arrière.
Qu'es-tu, France, à cette heure ? - Un peuple d'amollis ;
Une glèbe épuisée où périt le bon germe.
Au dur sentier du bien qui marche droit et ferme ? ...
Hélas ! où sont d'antan les neiges ... et les lis ?

Où sont, hélas ! où sont nos rois, si catholiques ?
Du chrétien, visiteur de nos places publiques,
Quels monuments partout frappent l'oeil indigné !
Le bronze, qu'on refuse aux guerriers, aux génies,
Nous rend des malfaiteurs dignes des gémonies ;
Ils trônent, et l'on passe autour d'eux, résigné !

Mais nous vénérons, nous, ce qu'ailleurs on déteste ;
Le pays des Géants, le Bocage proteste ;
Le cri de nos aïeux est toujours notre cri.
Célébrez vos Danton, vos Rousseau, vos Voltaire ;
Nous louons les trois preux qu'enfanta cette terre :
- Gloire à leur grand aîné ! Gloire à Monsieur Henri !

D'un martyr de la foi noble et chère statue,
Ranime l'héroïsme en notre âme abattue,
Et nous ferons pour toi sonner nos plus beaux chants.
Saint-Aubin ! Saint-Florent ! vous êtes les deux temples
Où nous invoquerons, pour suivre leurs exemples,
La Rochejaquelein et son frère Bonchamps !

ÉMILE GRIMAUD

Archives Départementales de Vendée
Bibliothèque du comte de Chabot