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La Maraîchine Normande
28 octobre 2013

PIERRE-JEAN DE GRIFFON, CHEVALIER DE L'ORDRE NOBLE DU PHOENIX, DÉCORÉ DU BRASSARD BORDELAIS ...

Dans l'Album Vendéen de Louise de La Rochejaquelein (1826), nous trouvons le portrait de M. Griffon, avec la légende suivante : « Il s'agit sans doute de M. Griffon qui commandait, en 1815, l'artillerie de Louis de La Rochejaquelein. Selon Crétineau-Joly, il était père d'une nombreuse famille ».

A partir de ces maigres indices, j'ai cherché à recueillir toutes les informations disponibles sur ce personnage. Cet essai biographique n'est certainement pas parfait mais il nous permet néanmoins de découvrir la grande valeur de cet homme presque inconnu.

Des zones d'ombre subsistent sur le cours de sa vie ainsi que vous pourrez vous en rendre compte ; aussi, Chers Lecteurs, n'hésitez pas, par vos commentaires,  à contribuer à l'amélioration de  cette biographie.

PIERRE-JEAN DE GRIFFON

 

M

 

ÉTATS DE SERVICES

 

Capture plein écran 23102013 084742

Capitaine aide-de-camp de M. de Budor (?) 1813

Capitaine aide-de-camp de M. Tringant de Beaumont 1814

Officier de génie de l'armée Royale 1815

Major Commandant les chasseurs 1815

Fait la campagne de la Vendée de 1815

Chevalier de l'ordre noble du Phoenix*

Décoré du Brassard, à Bordeaux en 1814

Très bon officier et très intelligent

Officier de l'ordre royal de la légion d'Honneur

1816 - Aide-de-camp de M. le duc de Damas

FAMILLE

La famille de Griffon est originaire d'un lieu du même nom dans le Sarladais. Elle fut anoblie en 1441, maintenue dans sa noblesse en 1667 et 1697 et convoquée aux assemblées de 1789. On compte plusieurs de ses membres échevins de Saint-Jean d'Angély, officiers de terre et de mer, gardes du corps, conseillers du roi et un lieutenant-général en la sénéchaussée de la Rochelle. Il convient de citer les branches de Beaumont, du Champol, de Romagné, du Belloy, et de Pleineville, et celle de Sénéjac enfin, à laquelle appartient la marquise de la Rochefoucauld-Bayers. Cette famille a donné de nombreux gentilshommes, qui, pendant la Révolution, témoignèrent de leur fidélité dévouée à la monarchie, soit sur l'échafaud, soit parmi les troupes levées sur divers points pour la cause royale.

ARMES : D'azur, au griffon d'argent, ou De gueules, au griffon d'or, ailé d'argent. (La France Illustrée, n° 1839 du 26 février 1910, 37eme année)

Né à Bordeaux en 1783, fils de demoiselle Catherine-Amante Garros de Sénéjac et de Antoine Griffon (1745-1792), secrétaire et subdélégué de l'Intendance de Guyenne, ce jeune homme s'est conduit de la manière la plus distinguée à l'arrivée de son Altesse royale monseigneur le duc d'Angoulême, à Bordeaux. Il est maintenant capitaine de cavalerie, aide-de-camp du général Beaumont, embarqué avec lui pour une expédition importante, en Afrique. (Nobiliaire universel de France - Vol. 4)

 

signature de Griffon

VIE MILITAIRE

En 1814, lorsqu'à son arrivée à Bordeaux, le duc d'Angoulême se rendit dans le sein du conseil municipal, et qu'il fut question de l'accompagner au palais dans lequel il allait faire sa demeure, le maire s'empressa de lui composer une garde particulière. Il la choisit parmi les personnes qui se trouvaient alors à l'hôtel-de-ville, et dont l'empressement avait été remarqué dans cette journée. Ces personnes s'organisèrent immédiatement sur un pied militaire. Comme elles n'avaient pas d'uniformes, elles convinrent de prendre pour signe distinctif de ralliement, un mouchoir blanc noué autour du bras gauche. Cette garde ayant ensuite été habillée de blanc, elle voulut conserver sa première marque de distinction ; et pour la rendre plus apparente sur l'habit, elle imagina de la porter de couleur verte. Ce noeud militaire fut appelé un brassard, ainsi que chaque homme qui le portait.

BRASSARD GARDE A CHEVAL

 

  • le brassard des Volontaires Royaux à cheval, constitué d'un brassard d'une seule pièce en tissu de soie blanche avec, au centre, sur fond de soleil à rayons de fils d'or, un écusson en or avec deux L dorés sur émail blanc, et une jarretière d'émail vert avec l'inscription "BORDEAUX 12 MARS 1814" en lettres d'or.

    ADRESSE DES VOLONTAIRES ROYAUX A CHEVAL DE LA VILLE DE BORDEAUX

    "SIRE,

    Vos volontaires bordelais du 12 mars, honorés par Votre Majesté des marques éclatantes de sa satisfaction et de sa bonté spéciale, nous ont envoyer porter à vos pieds le tribut de respect et d'amour, l'hommage de leur dévouement sans réserve, et de leur éternelle reconnaissance.

    Lorsqu'à l'époque mémorable inscrite sur ce brassard, monseigneur le duc d'Angoulême, avec l'intrépidité d'un Bourbon, est venu presque seul frapper à nos portes, répondre à nos coeurs, nous annoncer, en votre nom, et transmettre déjà lui-même l'oeuvre de votre restauration et de notre délivrance, vos volontaires bordelais, Sire, se sont réunis sans se compter. Ils ont volé au-devant de l'aimable et auguste précurseur du Roi qu'ils appelaient, vous le savez, depuis si long-temps : ils l'ont escorté dans leurs murs, ils l'ont environné dans son palais ; ils l'eussent suivi au bout de l'univers ; Dieu merci, il y avait encore pour nous des dangers à courir. Pendant un mois, Sire, nous avons frémi d'une sainte allégresse, en pensant que nous vous prouvions notre fidélité au péril de nos biens et de nos têtes. Nos femmes et nos enfans s'étaient dévoués, ainsi que leurs époux et leurs pères. Chaque jour, chaque moment grossissaient nos phalanges : tous les fidèles de l'Aquitaine accouraient dans Bordeaux. Avec la même alacrité, celui dont le sort avait épargné la fortune la consacrait toute entière à votre service ; celui à qui il ne restait plus qu'une pièce de son champ, la vendait pour acheter un uniforme, des armes, un cheval, et venir se ranger parmi vos volontaires royaux.

    Sire, en vous parlant ainsi, nous songeons bien moins à vous retracer comment nous vous avons servi, qu'à vous montrer comment vous étiez désiré, et combien vous êtes chéri.

    Notre récompense, il faut le dire, a égalé notre zèle ; elle a été dans le charme que nous goûtions à remplir le plus doux, comme le plus saint des devoirs ; elle a été dans la certitude que les transports de notre amour arriveraient à notre Roi par l'organe du Prince, qui les sentait avec nous et les inspirait avec lui ; elle a été dans les proclamations de ces généreux alliés, qui, sur leur route, criaient aux sujets fidèles, mais incertains : Imitez Bordeaux ! Elle est aujourd'hui dans la permission que vous nous donnez, Sire, de paraître devant vous, dans le bonheur de contempler ce visage royal et paternel, où respirent la sérénité de la vertu, les méditations de la sagesse et les inspirations de la bonté. Elle est enfin cette récompense dans la glorieuse distinction que Votre Majesté a daigné nous accorder, et dont, sous ses yeux, nous nous parons pour la première fois. Symbole inappréciable, Sire ; c'est l'ère de la France renaissante, c'est le chiffre de Louis-le-Désiré, c'est le ruban que nous envoya madame la duchesse d'Angoulême, la nièce de votre sang et la fille de votre coeur, l'ange de la France, comme vous en êtes le père. Ah ! Sire, Votre Majesté concevra qu'une fois marqués de ce signe sacré, nous ne puissions plus le quitter un instant. Si, dans sa forme actuelle, il appartient à l'appareil militaire, et doit rendre invincibles ceux qui le portent, vous permettrez que, dans le costume de paix, nous le réunissions au lis, signe commun de ralliement pour tous les Français. Ainsi le sentiment universel se fortifiera de toutes les impressions locales : le liseré vert de Bordeaux sera en accord avec le liseré bleu de nos braves frères d'armes de Paris ; et, selon la nature des temps, cette marque resplendissante de notre amour et de votre bonté devra briller alternativement parmi nous, sur les bras qui vous servent et sur les coeurs qui vous aiment."

    MM. le chevalier de Gombault, le comte de Fages, Eugène de Saluces, le colonel Roger, G. Bontems-Dubarry, de Rasac, de Ville-Bois, de Canolle, de Brachet, Grifon et Thévenot-d'Aunet, furent les députés de leurs corps pour présenter cette adresse.

    Réponse de Sa Majesté :

    "Je reçois avec plaisir l'expression des sentimens que vous me manifestez au nom des corps des volontaires de Bordeaux. Je n'avais pas oublié l'accueil que je reçus dans votre ville, il y a trente-sept ans : j'oublierai encore moins que les premiers instans de bonheur que j'ai éprouvés après de longues peines, c'est à votre ville que je les ai dus. J'accorde avec plaisir la demande que vous me faites."

    [Extrait de : Exposé fidèle des faits authentiquement prouvés : qui ont précédé et amené la la Journée de Bordeaux, au 12 mars 1814. par M. I.S. Rollac - 1816]

  •  

    brassard de Bordeaux

Mme de la Rochejaquelein, dans ses Mémoires, raconte cette anecdote concernant M. Griffon :

"M. Griffon, jeune homme attaché au cadastre, était rempli de zèle et de talents. Il avait imaginé qu'il serait utile à monseigneur le duc d'Angoulême d'avoir un plan de la ville et des fortifications de Blaye. Il descendit la nuit dans les fossés, et les mesura avec ses pas, etc., etc. ; puis, afin de lui faire connaître l'intérieur de la citadelle, la vieille madame Duluc, dont le vertueux mari était maire de Blaye, prit son bras, et passa quatre heures dans la citadelle, sous prétexte de chercher un soldat imaginaire auquel elle prétendait s'adresser, et qu'on lui avait dit être malade, se promenant partout en causant avec des officiers, qui faisaient mille politesses à la femme du maire. M. Griffon présenta son plan à monseigneur le duc d'Angoulême aussitôt qu'il fut question d'attaquer Blaye."

 

Le 1er décembre 1814, un rapport est adressé au roi proposant de nommer Pierre-Jean de Griffon, capitaine d'infanterie, comme aide de camp du comte Elie-Joseph Trigant de Beaumont, commandant et administrateur du Sénégal. Par ordonnance du 25 avril 1816, le comte est remplacé par le colonel Julien Schmaltz. (M. de Griffon a-t-il effectivement accompagné le comte Tringant de Beaumont au Sénégal, aucun document n'a pu me le confirmer)

 

LE COMBAT DES MATHES (5 juin 1815)

"Le marquis de la Rochejaquelein, qui connaissait le vice de l'ancienne organisation de l'armée vendéenne, sentait qu'en la laissant subsister, on serait toujours réduit à ne faire qu'une guerre défensive qui ne pouvait conduire à aucun grand résultat. Il résolut donc de lui donner une conforme au but qu'il se proposait, de se porter en avant et de franchir la Loire pour se joindre aux insurgés de la rive droite de ce fleuve, ainsi qu'à ceux de la Bretagne. En conséquence, il m'invita à jeter les bases de cette organisation, et me pressa d'accepter auprès de lui les fonctions de major-général de l'armée. ... Nous avions beaucoup d'officiers à l'état-major ; mais aucun d'eux n'avait de poste fixe. J'assignai à chacun la place qu'il devait occuper.

M. de Beauvollier fut nommé intendant général, il avait déjà été chargé de cette importante fonction en 1795.

M. de Gourbillon fut nommé ordonnateur-général ; et M. de Griffon, directeur de l'artillerie. On adjoignit à ce dernier M. Bouteau. ...

Le débarquement s'opérait avec beaucoup d'ordre et d'activité. On faisait filer à mesure les armées et les munitions sur le Marais, où M. Griffon, officier très-intelligent, chargé du détail de l'artillerie, les divisait sur plusieurs points, pour les mettre en sûreté. Nous étions arrivés au 2 juin, sans avoir été inquiétés par l'ennemi ; mais nous nous attendions de moment à autre à le voir paraître. ..."

"L'ennemi eut quatre cent quatre-vingts hommes tant tués que blessés ; quarante de ces derniers restèrent sur la champ de bataille. De notre côté, nous n'eûmes que neuf hommes tués, parmi lesquels était l'infortuné marquis de La Rochejaquelein. M. Auguste, son frère, fut blessé légèrement au jarret par une balle qui tua son cheval sous lui. M. de la Fenêtre, de Poitiers, eut la cuisse traversée d'une balle. Les blessés de l'un et de l'autre partis furent conduits au Perrier sur les ordres de M. Griffon, qui leur prodigua les soins les plus généreux ; à défaut de chirurgien, il les pansa lui-même. Tous ces malheureux l'appelaient leur ami, leur père, en arrosant ses mains des larmes de la reconnaissance. Les paysans, empressés autour de ces infortunés, secondèrent de tous leurs moyens le zèle de M. Griffon. ... Le lendemain, M. Griffon renvoya les blessés au général Estève, et se transporta sur le champ de bataille pour faire enterrer les morts ; il aperçut le jeune Guignes sur un tas de cadavres ; cet infortuné donnait encore quelques signes de vie ; une balle lui avait traversé la tête. Il était tellement défiguré par les coups de sabre qu'il avait reçus, que, sans ses habits, on aurait eu de la peine à le reconnaître ; son corps était percé de six coups de baïonnettes. On l'emporta ; mais tous les secours ne purent le ramener à la vie ; il mourut dans les bras de M. Griffon ; ce bon jeune homme n'avait que seize ans. ..."

[Mémoires sur la guerre de la Vendée en 1815 - par M. le Baron Canuel - 1817]

Ces états de services nous apprennent qu'il est chevalier de l'ordre noble du Phoenix*. Malheureusement à ce sujet, je n'ai pas trouvé de documents relatifs à sa présence au régiment de Hohenlohe.

 

VIE PRIVÉE

Pierre-Jean de Griffon se maria le 16 août 1819 avec Marie Louise Elisabeth Julie Louveau de La Guigneraye, née en 1801.

Deux enfants :

Pierre Louis Eugène GRIFFON, Chevalier de légion d'honneur, de Charles III d'Espagne, commandeur de Saint Grégoire le Grand ... 1820-1884

Louis Armand Alfred GRIFFON de SÉNÉJAC, Chevalier de St Grégoire le Grand, né à Cherbourg le 31 juillet 1826 – marié le 13 septembre 1864 à La Garnache (85) à Henriette Marie de La Rochefoucauld née en 1842, décédée en 1893 – décédé en 1895

Il mourut à Brest le 24 août 1832, à l'âge de 49 ans.

 

acte naissance 2ème fils - Cherbourg

L'acte de naissance de Louis-Armand-Alfred m'a permis de découvrir l'année de naissance de son père. Quant à obtenir les actes (naissance et décès) concernant Pierre-Jean, les Archives du Finistère ainsi que celles de Gironde ne sont pas des plus accessibles en ce domaine.

 

régiment de Hohenlohe

(*) L'Ordre du Phénix de Hohenlohe est un ordre de chevalerie dont l'objectif est de récompenser le mérite et les services dévoués à la Maison de Hohenlohe.

Le Régiment de Hohenlohe est un régiment de l'armée des émigrés.Son nom a été repris par une unité d'infanterie française en 1816 dissoute ensuite en 1831.

Le 4ème grand maître, Louis-Aloys-Antoine-Joachim de Hohenlohe-Wardebburg-Bartenstein créa en 1799 une branche française de l'ordre du Phoenix, qui fut décernée à des officiers allemands et français des régiments de Hohenlohe ayant servi à l'armée de Condé, ainsi qu'à des émigrés de valeur ou méritants.

 

 

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Commentaires
B
Après de nombreuses années de recherches sur l'histoire de m'a famille, la famille de Griffon de Bordeaux n'a aucun lien de parenté avec la famille Griffon de St Jean d'Angély.
Répondre
La Maraîchine Normande
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