VIMOUTIERS (61) - DE LA GRANDE RÉVOLUTION A LA GRANDE DESTRUCTION

19 août 2013

VIMOUTIERS (61) - DE LA GRANDE RÉVOLUTION A LA GRANDE DESTRUCTION

VIMOUTIERS - DE LA GRANDE REVOLUTION A LA GRANDE DESTRUCTION

Vimoutiers fut secoué comme presque toutes les cités par la nouvelle idéologie. Mais il faut remarquer que les Vimonastériens restèrent plus humains, plus prudents, moins sanguinaires qu'en beaucoup de lieux. Le cahier de doléances d'abord fut d'une grande pondération. Il insiste surtout sur l'état des chemins et à juste raison. Il note que les gentilshommes du bourg sont dans un état voisin de la misère. Ce qu'il réclame est juste et plein de modération.

Le curé de Vimoutiers prêta serment et fut un fervent des idées révolutionnaires. Mais les autres prêtres refusèrent le serment et beaucoup vécurent à Vimoutiers ou aux environs ; aucun ne fut dénoncé. Le seul acte de sauvagerie commis à Vimoutiers ne fut pas le fait de ses habitants.

Un prêtre de passage dans la localité fut frappé et massacré par de jeunes excités des communes voisines. Le CONSEIL GÉNÉRAL de la commune fit tout pour éviter ce malheur et en plusieurs circonstances s'éleva contre les vols et l'anarchie qui sévit alors. Réquisitions et conscriptions furent instaurées là comme ailleurs et ouvrirent l'ère de la LIBERTÉ.

Cela se termina, comme chacun sait, par l'EMPIRE, une guerre de 23 ans et l'occupation de VIMOUTIERS par les troupes prussiennes. Sans grand dommage d'ailleurs.

En 1824 a lieu le fait probablement le plus important de notre histoire : la ROUTE de HONFLEUR à ALENCON, la première de nos routes, est terminée. Commencée sous Louis XVI, elle fut terminée grâce à l'intervention puissante du DUC de BROGLIE. Vimoutiers sort de son isolement. Rapidement sous CHARLES X, sous NAPOLEON III, le réseau routier va se compléter.

Des maisons se construisent au bord de la nouvelle route ; la rive droite se bâtit et VIMOUTIERS va prendre l'aspect que nous lui avons connu au début du XXè siècle. La ville compte alors 4.000 habitants et connaît une ère de prospérité.

A partir de cette époque (1860) le pays va changer : les cultures disparaîtront petit à petit et, en 1939, on connaîtra plus que prés et herbages. Nous sommes arrivés ici à l'âge de l'herbe et ces terres qui ne donnaient que de mauvais grains, fournissent les plus beaux pâturages qui soient.

En 1871, nouvelle occupation par les PRUSSIENS. Le coût en est de 57.000 francs mais, grâce à l'intervention du Baron de MACKAU, nous en récupérons 62.359 sur l'armée prussienne par des négociations habiles.

En 1914, VIMOUTIERS perd 87 de ses enfants, ce qui représente 15 % de ses électeurs environ. Et ce chiffre est significatif : il prouve l'importance de la saignée subie par la Nation.

Et, en 1940, nouvelle occupation allemande, la troisième en 125 ans. Suivant leurs traditions les Vimonastériens agirent avec prudence. Tout autour les drames se succédaient : arrestations, fusillades, déportations, emprisonnements. Il n'y eut pas d'enfants de VIMOUTIERS inquiétés et VIMOUTIERS ne connut aucune représaille. Pourtant les S.S. de la DIVISION ADOLPHE HITLER séjournèrent à deux reprises et manifestèrent des exigences sans cesse renouvelées. Maire et adjoints se défendirent pied à pied avec dignité et évitèrent le pire. Des dégâts matériels et ce fut tout.

(Photo Sénécal - http://vimoutiers.net/vimus/1944.htm)

Mais le 14 juin 1944, ce fut l'atroce bombardement allié qui fît 200 victimes et réduisit en cendres, comme en 1450, tout le centre commercial de la ville.
En valeur, deux milliards d'immeubles détruits !
Un numéraire, des stocks considérables anéantis.
La mort et la ruine.

Dans ses ruines, VIMOUTIERS garda le prestige de ses marchés et de ses foires Ce qui prouve qu'il répond à une nécessité. Avec ténacité et intelligence ses édiles exigèrent que la Reconstruction fut d'un pur style augeron : pierres et briques, couvertures en tuiles, ainsi que dès le début de 1945 l'un d'eux l'avait suggéré. Aussi assiste-t-on à une réussite architecturale reconnue par tous les visiteurs.

VIMOUTIERS, reconstruit, rajeuni, embelli, RESSUSCITE, va offrir à ses fidèles une HALLE qui sera un chef-d'oeuvre moderne et des organisations qui pourront servir utilement le HAUT PAYS D'AUGE et même tout le PAYS D'AUGE.

JEAN BARD
Revue Le Pays d'Auge
Mars 1952