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La Maraîchine Normande
14 août 2013

TRADITIONS POPULAIRES - PLOERMEL

TRADITIONS POPULAIRES  -  PLOERMEL



LE CIERGE DE LA CHANDELEUR

A peu près dans tout l'arrondissement de Ploërmel, spécialement à Campênéac, où cet usage est resté très vivace, chaque enfant assiste à la messe, le dimanche de la Chandeleur, avec un petit cierge à la main ; le petit cierge de la Chandeleur sera, au retour de la messe, placé à côté du buis béni et du tison de la saint Jean. Sa mission sera surtout de protéger les récoltes et les habitations des ravages de la foudre et on l'allumera précisément aussitôt que la foudre commence à gronder.
Le cierge de la Chandeleur a une autre destination très curieuse : Il retrouve les noyés. Lorsque, soit dans un ruisseau, soit dans un étang où existent des "tournants" et des fondrières, une personne s'est noyée, on va aussitôt, pour retrouver son corps, chercher le cierge de la Chandeleur. On pique ce cierge au milieu d'une petite planchette ; on l'allume et on l'abandonne au fil de l'eau. Là où s'arrêtera le cierge, là, où il se mettra à tourner dans les remous du tourbillon ; là est le noyé. Là, on le cherche et, là, on le trouve.

SAINT ARMEL-BEURROUX

Dans l'église paroissiale de Ploërmel, se trouve une statue de bois, représentant saint Armel, terrassant la "Guibre".
La "Guibre" bien connue dans l'histoire de saint Armel, est un monstre qui symbolise le serpent.
C'est un vieil usage de déposer, en offrande, au pied de cette statue de belles mottes de beurre. D'où la désignation de saint Armel-Beurroux qui lui est donnée.

SAINT FÉLICISSIME

Il existe dans la chapelle des Frères de l'Instruction Chrétienne, à Ploërmel, un autel dédié à saint Félicissime. Les reliques du saint sont dans une belle chasse de verre, que surmonte une sorte de portique.
Autrefois, les mamans faisaient passer sous ce portique leurs petits enfants qui, trop faibles sur leurs jambes, avaient de la peine à se mettre à marcher.
Il existe aussi, à Ploërmel, une fontaine dédiée à saint Félicissime.
A cette fontaine, encore aujourd'hui, on mène parfois, les petits enfants qui marchent difficilement.

noces Plouërmel

LES CÉRÉMONIES DU MARIAGE A PLOERMEL

Une huitaine de jours avant la noce, les deux fiancés, accompagnés des garçons et des filles d'honneur, s'en vont, de ferme en ferme, faire leurs invitations.
Il est d'usage, dans chaque maison, de les faire s'asseoir et de leur offrir des rafraîchissements. Après les invitations faites, on dresse la liste du cortège c'est-à-dire des "menoux" et des "menouses".
Le jour de la noce, chaque "menoux" va chercher sa "menouse" et, lui donnant le bras, la conduit à la maison nuptiale. A l'heure dite, précédé des "violonoux", le cortège se met en marche, vers l'église. Après la messe, le cortège, se dirige vers le village où doit avoir lieu le repas de noces et où il ne doit arriver que vers quatre ou cinq heures du soir. Aussi sur la route, fait-il de très nombreuses stations. A la première station qui a lieu dans une auberge voisine de la ville, le cortège composé d'ordinaire de plusieurs centaines de "menoux" et de "menouses", est décoré de "marjolaine" pour les garçons d'honneur. A cette auberge, un déjeuner est servi aux deux mariés et à quelques notables de la noce. Ce déjeuner a été préparé par les deux belles-mères qui, d'ordinaire, par suite d'un usage assez inexplicable, n'assistent pas à la messe de mariage et attendent le cortège, à cet endroit. Pendant ce déjeuner des notables, les autres mangent une "beurrée". La "motte de beurre" est une oeuvre d'art. Elle est ajourée, sculptée, semée d'arabesques. Ce ne sont que festons, ce ne sont qu'astragales. Une branchette de sapin la couronne.
Une fois la beurrée mangée, la noce se met en dance, sur la grande route. Elle danse des "guédillées". La "guédillée" est une variante de "la ridée" qui est la danse la plus connue du Morbihan ; tout comme la dérobée est la danse classique des Côtes-du-Nord ; le Jabadao ainsi que le bal breton, les danses caractéristiques du Finistère.

noces la Guédillée

Une autre station a lieu à la maison nuptiale. Dans la maison nuptiale pénètre le plus de monde possible. Au premier rang, se placent les jeunes mariés et leurs parents, et l'une des belles-mères montrant le lit des futurs époux leur dit : "Voici votre lit". A Carentoir et dans les villages voisins on fait même alors une énumération complète de ce qui garnit la maison. "Voici votre lit ; voici votre armoire ; voici votre horloge ; voici votre table ..." dit-on, en montrant tour à tour chacun de ces objets.
Cette très curieuse cérémonie est la symbolique prise de possession du ménage et est un très lointain et effacé souvenir des pittoresques usages qui caractérisaient les fêtes du mariage, au moyen-âge, même dans les familles seigneuriales.
Après un nombre de stations qui se prolongent jusqu'à l'heure du repas, on arrive, enfin, à l'endroit où les tables ont été dressées. D'ordinaire le repas a lieu dehors. La noce étant composée de centaines de convives, le menu est évidemment fort simple : la soupe, du boeuf bouilli, du lard, des gâteaux des Rois et du cidre en abondance. Le nombre des servants et servantes est toujours très considérable et, ceux-ci, divisés en escouades apportent chaque plat, en chantant et en dansant.
Les notables de la noce, sont à une table d'honneur. Durant le repas, on chante, de temps en temps des "chansons longues" - ces chansons interminables qui constituent une des plus étranges physionomies de la littérature orale, dans le Morbihan.
A la suite du repas "on passe au plat". C'est en d'autres termes alors le quart d'heure de Rabelais. Tous les convives passent devant la table d'honneur au bord de laquelle on a placé un grand plat. Dans ce grand plat, chaque convive dépose son obole ; ordinairement, cinq francs. Quant l'obole est notable, le marié verse immédiatement un verre de vin au généreux convive "afin de trinquer ensemble". Dans le Finistère, on le sait, c'est souvent, dans une moche de beurre qu'on glisse son obole, mais l'obole ainsi dissimulée est parfois si modeste que le progrès la remplace par un plat. C'est bien plus pratique.
Après le repas de noces, les danses recommencent. Le bal est ouvert par une pauvresse qui danse avec le marié et par un pauvre qui danse avec la mariée. Tous les pauvres du pays font, du reste, partie de droit de la noce et une table leur est réservée.
Le bal se prolonge fort tard. Ce sont les cavaliers qui offrent les rafraîchissements. Ces rafraîchissements consistent en menus gâteaux secs, qu'on appelle des "quat'-quat'". Quatre pour un sou : d'où l'origine du mot. Les vendeuses de "quat'-quat'", accompagnent le cortège depuis la sortie de l'église.
Les rafraîchissements consistent surtout en "bolées" qu'on va boire dans les auberges du village ou dans des débits en plein vent qui pour la circonstance, se sont établis sur le lieu de la noce.
La nuit venue, on couche n'importe où : dans les auberges, dans les fermes voisines ; voir même dans les barges de paille. La noce, en effet, dure trois jours. Elle commence le mardi pour se prolonger jusqu'au jeudi soir. Seuls les gens économes la font le mercredi et de cette façon, le vendredi y venant toujours mettre fin, elle ne dure que deux jours.
Comme presque partout en Bretagne, dans la campagne, la première nuit de noces est consacrée à la Sainte-Vierge et la seconde à Saint-Joseph.
Dans le Finistère, la troisième nuit est, en outre, on le sait, souvent consacrée aux âmes du Purgatoire.
C'est un grand mystère, la question de savoir où, la première nuit, ira coucher la jeune mariée, d'autant que dès le matin les filles d'honneur qui sont dans le secret vont la chercher, pour la cacher mieux encore. La fête, le lendemain matin, commence donc par la recherche de la mariée. En tête des chercheurs se trouve évidemment le marié, accompagné de ses garçons d'honneur. Quand la mariée est trouvée, les danses recommencent et la fête se continue identique à la veille.

LA BETE DE QUÉHON

On raconte encore à Ploërmel qu'il existait, autrefois, une bête fantastique qui logeait dans les arbres voisins de Quéhon. Quéhon est un tout petit village, tout proche de Ploërmel et où, longtemps, habitaient, de génération en génération les "sonoux" du pays. Les "sonoux", ce sont les violoneux ; mais on les appelle toujours les "sonoux", bien que dans les noces, le violon ait remplacé, déjà depuis longtemps la bombarde et le biniou. Or, quand, au retour des noces, tard dans la nuit les sonoux de Quéhon rentraient chez eux, ils étaient toujours suivis par la bête de Quéhon.
L'étrange bête qui ressemblait assez à un gros écureuil voletait de branche en branche, leur ricanant au nez. Et les pauvres sonoux tremblaient de peur, longtemps encore après s'être blottis, au fond de leurs lits-clos.

BELLE JEANNETTE OU BETE JEANNETTE

Près de Guer, au village de Lutel, il y avait avant la Révolution, un vieux château en ruines : le château de la Loyère.
Dans ce château, vécurent, des années et des années, deux vieilles filles. L'une était aussi charitable que sa soeur était dure, pingre et avare. C'est cette dernière qui mourut la dernière. Elle mourut sans s'être convertie et dût, sûrement être damnée.
Toujours est-il que son âme "revenait" dans les ruines du château. Elle "revenait" sous la forme d'une chèvre, d'un cheval, d'un bouc et se plaisait à jouer mille tours aux villageois de Lutel.
Un jour elle se logea dans le corps d'un cheval que montait un brave paysan et, prenant aussitôt son galop, elle allait, avec son cavalier, aller se jeter dans l'étang voisin, quand le paysan sût la calmer en lui disant très doucement :
Belle Jeannette !
Belle Jeannette !!
Belle Jeannette !!!
Si au lieu de dire "Belle Jeannette" on avait le malheur de dire : "Bête Jeannette !" alors ses mauvais tours redoublaient.
Tantôt, elle soufflait le feu ; tantôt, elle renversait les bassines pleines de lait, culbutait les vachères, jetait des sorts. Les ruines du vieux château de la Loyère ont disparu aujourd'hui. Un beau château neuf s'élève sur leur emplacement. Avec les ruines du vieux château a disparu aussi la "bête de la Loyère" dont cependant les mauvais tours sont encore racontés, au coin du feu, dans les veillées d'hiver.

Revue des Traditions Populaires
1897

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