HENRY-MARIE ALLARD ♣ CHEVALIER DE SAINT LOUIS (1771 - 1843)
HENRY-MARIE ALLARD
Notice sur Henry-Marie Allard, dont le Livre d'Or de Saint-Maurice-des-Noues conserve le souvenir avec une légitime fierté.
Si le vaillant soldat est une gloire pour la Vendée tout entière, il appartient étroitement à cette paroisse, où il s'est marié, où il habita près de 20 ans.
Voici ses titres d'honneur : Ancien aide de camp de Henri de la Rochejaquelein, commandant une division de l'armée de Charette et de la Rochejaquelein, colonel d'Infanterie, en retraite, chevalier de Saint-Louis.
Henry Marie Allard naquit à Saint-Jean-de Liversay, dans la Charente-Inférieure, le 18 décembre 1771. Se destinant à l'état ecclésiastique, il faisait ses études au collège de Fontenay-le-Comte. Quand les paysans Vendéens, à l'appel de Cathelineau, le colporteur du Pin en Mauges, s'insurgèrent pour défendre leurs églises et leurs prêtres menacés par la Constitution Civile du Clergé, Allard alla se mettre sous les ordres d'un général aussi jeune que lui : Henri de la Rochejaquelein dont il devint aide de camp et ami dévoué.
Il fut de tous les grands chocs : Châtillon-sur-Sèvre, Les Quatre-Chemins-de-l'Oie, Torfou, Mortagne, La Tremblaye.
Après cette bataille à l'issue douteuse, il passa la Loire et se battit à Laval, Château Gontier, Craon, Fougères, Granville, Dol, Le Mans, Angers, Ancenis. C'est à ce dernier combat qu'il fut fait prisonnier.
Condamné à mort et sur le point d'être fusillé, il s'évada avec la complicité courageuse du geôlier.
Peu de jours après, il retombait entre les mains de l'ennemi et, pour sauver sa vie, il accepta de combattre dans les armées de la Révolution. On l'envoya rejoindre le bataillon auquel il était affecté, à l'Ile d'Yeu. On devait s'embarquer à La Chaume, mais le temps contraire retardant le départ, Allard, avec deux camarades dans les mêmes conditions que lui, s'échappa et alla demander du service au général de Charette, qui le connaissant de réputation, fut heureux de l'accueillir et lui donna le commandement de la division des Sables, dont la mission était de recevoir le Comte d'Artois, venant pour se mettre à la tête des troupes vendéennes. Le prince pusillanime, demeura quelques semaines à l'Ile-d'Yeu et, sous prétexte que tout effort était désormais inutile, reprit le chemin d'Angleterre, moins glorieux, sans doute, mais beaucoup moins dangereux.
Le général de Charette, épuisé par des combats incessants et des pertes sanglantes, dut signer une suspension d'armes préliminaire de la paix. Pendant cette trève, les officiers républicains et royalistes entretenaient des relations pleines de courtoisie. Le général Allard fut invité par eux à faire une promenade à cheval. Sans défiance, il accepta et tomba dans une embuscade traîtreusement préparée. On voulait, sans doute, lui faire expier le parjure commis en quittant l'armée révolutionnaire. Prisonnier, il fut jugé à Saumur et acquitté. Ce jugement fut annulé ; un nouveau conseil de guerre condamna notre héros à la détention dans une forteresse jusqu'à la paix générale. Sa captivité dura quinze mois et, malgré son endurance, il ne put en supporter les rigoureuses privations.
Il tomba malade et trouva, dans l'hôpital où il fut interné, des soins intelligents et dévoués. Il employa ses forces revenues pour s'évader encore une fois, et vint se cacher à Nantes et dans le Bocage Vendéen.
Enfin, sur la recommandation d'un ami influent M. Bureau de la Bâtardière, il se confia à loyauté du Général Avril, qui lui fit savoir que la liberté lui était rendue et que rien ne s'opposait à son retour à Saint-Maurice-des-Noues. Ceci se passait à la date du 3 avril 1797.
C'est M. Bureau qui reçut la lettre du général pour être communiquée à Allard. Elle débutait en ces termes : "J'ai l'honneur de prévenir M. Bureau que j'ai obtenu, du général Grigny, la liberté du citoyen Allard ; il épousera la jeune personne dont il est parlé dans la pétition ; il sera heureux et moi satisfait d'avoir contribué à son bonheur."
Pourquoi Allard avait-il choisi notre humble village ?
Voici le mot de l'énigme : Nous sommes en pleine idylle. Nous n'imaginions pas que le coureur d'aventures guerrières s'amusât à effeuiller la marguerite sur les bords fleuris des chemins.
Un châtelain de Saint-Maurice, M. Arsène Texier, avait, lui aussi, décroché son fusil du manteau de la cheminée pour se faire soldat de Dieu et du Roy. Il s'était lié d'amitié avec Allard et, un soir de bataille, se chauffant à la flamme mourante du bivouac, sous la pâle clarté qui tombe des étoiles, les deux camarades devisaient des choses du pays. Texier racontait qu'il avait une parente jouissant d'une grande fortune, possédant des qualités rares ; on voulait la lui faire épouser, mais la personne ayant dépassé la trentaine, il s'était refusé à toute tentative matrimoniale.
Cette confidence avait fait rêver Allard. Dans ses prisons, dans toutes les traverses de sa tumultueuse existence, il songeait au bonheur calme d'un foyer qu'il ne posséderait, sans doute, jamais.
Libre, il voulut tenter la chance et la fortune ; il vint, un soir, frapper à la porte du vieux manoir de La Gétière, propriété des Texier. On le présenta à Mlle Jeanne Ayraud, la parente négligée par le compagnon d'armes ; il fut agréé et le mariage était célébré quelques semaines plus tard.
Travot avait pacifié la Vendée ; les épées vaillantes se rouillaient dans une douce inactivité. Mais les clairons de l'Empire sonnaient la charge ; Allard ne les écoutait pas et refusa le haut grade offert par Napoléon.
Louis XVIII, pour récompenser sa fidélité, le nomma Chevalier de saint-Louis. Tout à coup, on apprend que Bonaparte a quitté l'Ile d'Elbe, il a rallié à sa cause de nombreux officiers avec leurs régiments. Allard reprend son harnais de bataille, il est près de Louis de la Rochejaquelein lorsque, sur le champ de bataille des Mathes, le chef vendéen tombe, tué par une balle égarée. Les insurgés sont en pleine déroute, mais Allard ne veut pas laisser le corps du général entre les mains des ennemis. Au péril de sa vie, il retourne sur le lieu du combat, emporte le cadavre auquel on rend, dans le cimetière du Perrier, les honneurs de la sépulture, en attendant son transfert dans le tombeau de famille à Saint-Aubin-de-Baubigné. A son retour de Gand, le Roi, reconnaissant, donna à notre héros le grade de colonel d'infanterie, et la situation lucrative d'entreposeur des tabacs à Thouars.
En 1828, la duchesse de Berry lui fit obtenir une pension de 600 francs, sur la cassette royale de Charles X.
Il mourut le 6 mai 1843, entouré de ses enfants, regretté même de ses ennemis politiques. Tous avaient apprécié sa droiture et sa bonté.
Nous avons cru remplir un devoir en faisant revivre le souvenir du général Allard. Les chercheurs d'aventures pour un roman de cape et d'épée trouveront, dans ces notes, malgré leur brièveté, un sujet émouvant dont le récit fera la joie des Lecteurs.
Société d'émulation de la Vendée
1931
Portrait de Henry Allard extrait de l'Album Vendéen de Louise de La Rochejaquelein "Légende revécue" - Clisson - 1826
Le mariage de Henry Allard, alors âgé de 25 ans, avec Jeanne Ayraud eut lieu à Saint-Maurice-des-Noues, le 23 prairial an V (11 juin 1797). De cette union naquirent :
Joseph, mort à l'âge de 21 mois,
Julie-Joséphine, née le 20 nivôse an IX (10 janvier 1801), décédée le 8 novembre 1806,
Victoire-Louise, née le 26 frimaire an XII (17 décembre 1802)
Charlotte-Agathe-Claire, née le 21 avril 1806,
Jeanne-Emilie, née le 16 mars 1808.
M. Antoine-Eugène Genoude, dans son "Voyage dans la Vendée", nous rapporte cette phrase de M. Allard : "On n'a peut-être pas fait pour moi ce qu'on auroit dû, mais il me reste le souvenir de ce que j'ai fait."
La notice biographique de Michel Chatry dans l’album Vendéen de Louise de la Rochejaquelein le dit habitant Saint-Cyr-des-Gâts. Ses sources seraient entre autres la Revue du Bas-Poitou de 1890, Chassin , la Fontenelle de Vaudoré et la marquise de la Rochejaquelein. Celle-ci (p. 443 & 444) nous donne des détails sur son enrôlement à Noirmoutier (et non Yeu), ainsi que sa fuite en traversant à la nage, de nuit, l’anse du port des Sables-d’Olonne.
Toujours d’après la marquise, c’est peu de jours après la 3° bataille de Luçon (14 août 1793).
Le Loup