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La Maraîchine Normande
9 juin 2013

LA FIN DE LA CHOUANNERIE DANS LE PAYS DE DINAN ET DE PLANCOET EN FÉVRIER 1800

LA FIN DE LA CHOUANNERIE
DANS LE PAYS DE DINAN ET DE PLANCOET
EN FEVRIER 1800
d'après deux relations contemporaines

Le colonel Toussaint du Breil de Pontbriand de la Caulnelaye a laissé des Mémoires forts importants sur les opérations de la Chouannerie, tant dans les régions de Vitré et de Fougères que dans le pays de Dinan, ces dernières s'étendant seulement de la fin de 1799 aux débuts de 1800.
D'autre part, il existe à la série Lm5 des Archives des Côtes-du-Nord, liasse 150, un rapport inédit du citoyen Jh. Mattat, commandant temporaire de la place et de l'arrondissement de Dinan, lequel fournit de précieux renseignements recueillis par cet officier sur les procédés employés pour obtenir la pacification voulue par Bonaparte.

C'est son rapport que nous voudrions mettre en regard de la narration du colonel de Pontbriand. Bien qu'ils diffèrent sur d'assez nombreux points de détails, nous nous abstiendrons, en les publiant, de tout commentaire. La lecture de certains ouvrage paru en 1929 et 1930, vient de nous rappeler, combien il est difficile, après cent trente ans passés, de parler de ces évènements avec sérénité et impartialité. Chacun tirera donc les conclusions qu'il lui plaira tant de la version républicaine que de la version royaliste que nous allons faire passer sous les yeux.

Sur un seul point, cependant, on nous permettra d'attirer l'attention. Le colonel de Pontbriand raconte avec beaucoup de détails la sauvage exécution de ses soldats. L'un Bonnier, dit l'Ebogueur, réchappa comme par miracle à la mort. Or, Mattat le fait périr dans une ferme près du Plessis-Balisson, tandis que M. de Pontbriand situe, au contraire, son assassinat près du pont de Plancoët. Selon lui, c'est dans le lit de l'Arguenon que les soldats républicains, après avoir garrotté les deux chouans ; et les avoir lardés de coups de bayonnettes, jetèrent ce qu'ils croyaient être leurs cadavres. Il faut reconnaître que la distance est cependant longue du Plessis-Balisson aux rives de l'Arguenon. Bien plus, une seconde fois dans son rapport, Matta insiste sur la mort de l'Ebogueur, cependant un biographe de M. de Pontbriand qui écrivait en 1846 dans la Revue générale biographique, raconte, le tenant sans doute l'un de ses oncles, Joseph du Breil de Pontbriand, l'arrivée au château du Chesne-Ferron de l'Ebogueur, venant rejoindre, après sa guérison, les troupes royalistes. Enfin le chanoine Fouéré-Macé, recteur de Léhon, la paroisse de l'Ebogueur, a consigné dans son Prieuré royal de Saint-Magloire de Léhon, l'histoire extraordinaire de ce rescapé dont il a pris soin de nous indiquer le prénom, lequel était Nicolas. Tout cela sans doute ne sont que menus détails, mais ils font ressortir combien il est difficile d'écrire la petite histoire et d'obtenir la vérité quand on n'a qu'une version à sa disposition. Fût-elle aussi circonstanciée que celle du commandant Mattat, elle laisse souvent de nombreux faits dans l'ombre et parfois des plus intéressants.

Ces brèves considérations faites, nous laissons parler les textes.

LA REPRISE D'ARMES DANS LES PAYS DE DINAN ET DE PLANCOET EN 1799 ET 1800
selon les Mémoires du Colonel de Pontbriand, p. 407, 408, 411 et 419.

Toussaint_du_Breil_de_Pontbriand"Pontbriand avait voulu lors de la reprise d'armes en 1799, retourner à Vitré, mais une lettre de Boisguy l'engageant à prendre le commandement de l'arrondissement de Dinan afin de s'assurer de la côte et de recevoir les secours dont on avait besoin, l'en empêcha. Pontbriand avait attiré autour de lui de bons officiers, il était secondé par trois de ses frères, dont deux sortaient de prisons, et par MM. de Landeneuf, émigré de Dinan, Laurioles, Le Séchère, Rogon, Josselin, Robert et beaucoup d'autres encores ... Chaque paroisse avait son capitaine. Tous les jeunes gens étaient inscrits pour marcher. Mais on n'en réunissait qu'autant qu'on avait d'armes à leur donner. Fidèle à la mission qu'on lui avait confiée, Pontbriand s'assura des côtes de l'arrondissement de Dinan, reçut un débarquement d'armes et de munitions, occupa Plancoët, Jugon et Matignon et se rendit maître du pays entre Saint-Malo et Lamballe.
Le 22 janvier 1800, Pontbriand, qui croyait à l'existence d'une trêve, fut sur le point d'être cerné dans ses cantonnements à Plancoët et autres lieux de l'arrondissement par trois fortes colonnes sorties en même temps de Dinan, Saint-Malo et Lamballe.
L'avant-garde de celle de Dinan fut arrêtée par un poste avancé placé dans une ferme à une demi-lieue de Plancoët, qui se replia en combattant, après avoir tué deux hommes à l'ennemi. Cette petite affaire permit à Pontbriand d'évacuer Plancoët sans perte. Il était temps, car la colonne de Saint-Malo parut bientôt et réunie avec celle de Dinan, cette troupe était de moitié plus forte que celle des royalistes.
Une pluie torrentielle qui survint, empêcha les Républicains de sortir de Plancoët et les cantonnements de Pontbriand purent se rallier le soir même.
Le soir même, deux soldats de Pontbriand, ignorant que Plancoët fut au pouvoir des républicains, y revinrent assez tard et furent faits prisonniers. Un officier, nommé Malter, les fit conduire sur le bord de l'Arguenon et après les avoir fait dépouiller et lier ensemble, il ordonna de les tuer à coups de baïonnette. Ces malheureux, ainsi massacrés, furent ensuite jetés dans la rivière. La mer était haute, la nuit assez noire, mais Malter ayant entendu comme le bruit d'un homme qui nageait, ordonna de tirer dans cette direction et une balle vint encore traverser le bras du nommé Bonnier, jeune homme de Dinan, qui, déjà percé de quatre coups de baïonnette, dont deux le traversaient de part en part, traînait avec lui le cadavre de son camarade.
Il parvint cependant, en suivant le cours de la marée descendante, à s'éloigner assez pour être à l'abri des coups de fusil et aborda dans les vases sur l'autre rive où il parvint à se débarrasser du cadavre de son compagnon d'infortune.
Il se remit à l'eau et gagna à la nage une ferme où il pensait implorer du secours, mais tout était fermé, et, ignorant s'il n'y trouverait pas des Républicains, il monta dans un grenier où il s'enveloppa dans du linge mouillé que le fermier avait déposé là. Il demeura là 24 heures sans connaissance ; ce ne fut que le lendemain, vers 9 heures du soir, qu'il lui revint des idées confuses de ce qui lui était arrivé. Il put descendre dans la maison où il fit le récit de son aventure. Le fermier alla prévenir un des frères de Pontbriand qui lui envoya de suite M. Morel, médecin à Plancoët. Celui-ci n'en revenait pas qu'un homme eût pu survivre à de telles blessures. Il lui donna tous les soins et le rétablissement fut si prompt que le 11 février il put rejoindre les Royalistes au château du Chêne-Ferron.
Après avoir quitté Plancoët, Pontbriand s'en alla rejoindre Legris-Duval dans les montagnes du Mené où ils eurent avec une colonne qui venait de Saint-Brieuc un engagement qui dura deux heures sans résultat.
Puis, s'étant assuré que les Républicains avaient évacué Plancoët, Pontbriand revint s'établir dans les environs vers le 25 de janvier. S'étant mis en route le 28 suivant pour passer la Rance et se réunir à la division de M. de Botherel, les Républicains faillirent le surprendre au bourg de Trigavou où il avait couché. Ils s'avançaient en force, mais s'étant égarés, ils ne purent rejoindre que son arrière-garde qui fit bonne contenance et comme les Bleus ignoraient la force des troupes de M. de Pontbriand, il n'y eut qu'une fusillade insignifiante. Deux jours après, Pontbriand arrivait à Guenroc ... Ayant passé dans la légion de Bécherel où commandait M. de Botherel qui avait fait sa paix, une compagnie de ce dernier se réunit à Pontbriand décidée à partager son sort ... Il s'établit alors au château de la Tour (Saint-Pern) jusqu'au 9 février 1800 ... Il apprit là que plusieurs de ses soldats demeurés dans le pays de Plancoët avaient été pris et impitoyablement massacrés et qu'on mettait le pays à contribution. Pour éviter de plus grands malheurs et voyant que toute résistance était inutile, il se résigna à envoyer demander à Dinan un sauf-conduit pour traiter de la paix pour sa légion. Le commandant de Dinan était alors à Plancoët. Il écrivit à Pontbriand pour l'inviter à s'y rendre. Celui-ci y coucha le 10 au soir et conclut son traité qui fut signé à Plancoët le 11 février 1800 et ratifié le 13 au château du Chêne-Ferron par le général La Barolière."

RAPPORT DES OPERATIONS FAITES DEPUIS LE 2 PLUVIOSE AN VIII (22 janvier 1800)
époque de la reprise des hostilités, par le soussigné Mattat, commandant temporaire de la place et arrondissement de Dinan.
(Arch. C.-du-N. Lm 5, liasse 150)

"Le 2 pluviôse (22 janvier), conformément à l'ordre du chef de brigade Mazingant, commandant à Port-Brieuc et en vertu de l'instruction réglementaire du général en chef, j'organisa la garde nationale, dont la force, état-major et officiers compris, se trouva de 760 hommes. Je fis aussi les règlements que je crus convenables pour la police de la place et j'envoyai le tout au citoyen Mazingant qui y donna son approbation. Parmi ces règlements, il en était un qui assujettissait les habitants à venir à mon bureau, faire la déclaration de leurs armes, tant à feu que tranchantes. Ils l'ont fait exactement, j'en ai le registre.
Depuis le 15 nivôse (5 janvier), les brigands infestaient les cantons de Plancoët, Corseul et Tréfumel, notamment les deux premiers dont une grande partie de la jeunesse fut enlevée de force par eux. Ils s'étaient fixés à Plancoët et au château de la Caunelaie, ayant pour chef Pontbriand.
Le 3 pluviôse (23 janvier), j'écrivis au citoyen Tuapp, chef de bataillon, commandant à Lamballe, l'invitant à me donner un coup de main pour les débusquer de Plancoët ; mais sur ce qu'il me répondit qu'il ne le pouvait, sa garnison étant trop faible, je me déterminai à partir, la nuit du 5 au 6, avec 110 hommes du 1er bataillon de la 13e légère, 10 canonniers de la 2e compagnie du 8e régiment et 80 hommes de la garde nationale. Le temps était affreux et la nuit la plus noire, mais rien ne put ralentir l'ardeur des troupes.
Le 6 (26 janvier) avant d'arriver à Plancoët, distant de trois-quarts de lieue, les éclaireurs de gauche trouvèrent un poste de chouans. L'affaire s'engagea : trois furent tués. Malheureusement un des nôtres subit le même sort. Je marchai ensuite sur Plancoët le plus rapidement qu'il me fut possible ; mais une colonne qui était obligée de passer la rivière (de l'Arguenon) prodigieusement accrue par les pluies, retarda d'une demi-heure et ne put arriver à temps pour s'emparer des différents débouchés. Cependant nous poursuivîmes (les Chouans) et huit furent tués, deux se rendirent. Nous nous emparâmes de dix fusils anglais et d'un baril de munitions, de pantalons et de carmagnoles non achevés, de morceaux  de drap pour en faire, enfin de leur soupe et de trois fournées de pain. Un guide s'étant écarté de la route avec la colonne qu'il conduisait, fut cause par sa méprise, due en partie au mauvais temps, que nous manquâmes l'entière destruction des rebelles.
Je divisai de suite ma colonne sur trois points : l'une de 25 hommes commandée par le citoyen Margerie, officier à la 13e légère, auquel j'avais indiqué plusieurs maisons à fouillet où il devait se trouver des armes ; mais il eut l'affligeante certitude qu'elles n'y étaient plus. Chemin faisant, il rencontra près le moulin de Montafilant les Chouans qui firent feu sur lui. Il riposta vivement et en tua trois.
Le deuxième détachement fut, avec un chouan qui se rendit à Plancoët, fouiller différentes maisons où il devait aussi se trouver des armes. Elles n'y étaient malheureusement plus. Je me portais avec le reste de la troupe au château de la Caunelaie où je fis la visite la plus exacte, croyant y trouver des armes. Toutes mes recherches furent vaines à cet égard, mais j'y trouvai et enlevai 70 boisseaux de blé noir, 15 de froment, trois vaches et une petite jument grise, le tout appartenant à MM. Caunelaie, chouans.
Je fis conduite le tout à Dinan, avec la colonne. A mon arrivée, trois chouans se rendirent.
M. de Beauregard (du Rocher), de la commune de Corseul, faisant partie de la bande de chouans à Plancoët, s'étant cassé une jambe dans la déroute, me fit parler pour se rendre, offrant pour fruit de sa reddition un mauvais fusil ; mais, comme j'avais parfaite connaissance qu'il retirait chez lui et servait de tous ses moyens les rebelles, je lui imposais une amende de 700 francs, qu'il versa à la caisse du citoyen Chapeaux à Dinan.
Le 12 (1er février), j'envoyai deux officiers du 1er bataillon de la 13e légère, avec un détachement de 60 hommes dans le canton de Tréfumel, à l'effet d'y enlever les grains de Mesdames de la Houssaye (en Saint-Maden) et la Roche-Bénézé qui avaient des parents chouans et retiraient chez elle les chefs des rebelles. Ils enlevèrent 19 quintaux 26 livres de froment, 19 quintaux 37 livres de seigle, 6 boisseaux et demi de blé noir et 4 quintaux 33 livres d'avoine. Le commissaire des Guerres à qui je remis le tout, en a disposé pour le besoin de la République.
Le 14 (3 février 1800), j'écrivis aux dénommés ci-après qui avaient des parents au service des rebelles, savoir :
Bodinier père (ses deux fils) ; La Marthe (son mari), Bonnier père (un de ses fils) ; Roland père (un de ses fils dit Justice) ; femme David (son mari) ; Ruçay (un fils), pour qu'ils m'eussent représenté leurs fils et mari, leur prescrivant qu'à ce défaut, ils contribueraient d'une somme proportionnée à leurs moyens.
David, Justice et Ruçay se rendirent ; Bonnier fut tué ; la citoyenne Marthe me fit voir un acte constatant sa séparation d'avec son mari. Il n'y eut que Bodinier qui ne put me représenter son fils. Je lui imposai donc une somme de 600 fr. qu'il versa le 17 à la caisse du receveur.
Le 15 (4 février), je donnai ordre à un officier du Ier bataillon de la 13e légère de parcourir avec une colonne le canton de Ploubalay, dans plusieurs maisons duquel il se faisait des rassemblements. Il arrêta dans une ferme, au Plessix-Balisson, le nommé Bonnier, dit l'Ebogueur, Gabriel Briand, tous les deux de Léhon et Barbanson, de la commune (sic) de Tréguilhé (en Corseul). Il les fit fusiller sur le champ, étant pris les armes à la main.
Le 18 (7 février 1800), M. de Pontbriand m'écrivit pour me prier de traiter avec moi d'une trêve. Comme je n'ignorais pas qu'il ne m'appartenait pas de traiter avec ces Messieurs, je lui répondis que je ne pouvais lui adresser de sauf-conduit, mais qu'il pouvait venir en toute sûreté, lui et ceux sous ses ordres, déposer ses armes et munitions, et que je ne pouvais avoir d'autre conférence.
Le 18, je partis d'après l'ordre du citoyen Mazingant, avec une colonne de 150 hommes, pour opérer militairement, conjointement avec le citoyen Boispaboul, commissaire du gouvernement désigné par le département (afin d'opérer) la rentrée des contributions arriérées. Nous nous transportâmes, I° dans le canton de Corseul ; 2° dans celui de Plancoët où Pontbriand vint le 21 avec David, major, me trouver, le premier m'invitant de lui soumettre quelques conditions conformes à l'instruction réglementaire du général en chef.
Le 21, je rentrai à Dinan. Je fus très surpris de l'arrivée du général La Barolière le 22 au matin. On avait donné la fausse nouvelle qu'il y avait auprès de Dinan un frot rassemblement attendant un débarquement. Il fut bientôt trompé parce que tout était dans le meilleur ordre et que les chouans rentraient en force. Il en fut témoin : s'étant transporté avec moi au Chêne-Ferron, distant d'un quart de lieue de cette place, où il se trouvait une trentaine de chouans dont plusieurs chefs de la Légion de Pontbriand, qui déposèrent les armes en sa présence et d'après les conditions convenues entre moi et Pontbriand.
Le 23, je repartis pour Plancoët où j'avais laissé le citoyen Boispapoul. De là, nous nous rendîmes à Ploubalay. J'y reçu la compagnie de Sans-Rémission. De là, nous fûmes à Plouër pour continuer la rentrée des contributions, ensuite de quoi nous rentrâmes à Dinan le 1er ventôse.
Le 5 dudit mois de ventôse (24 février 1800), je me suis mis en marche avec ma colonne de 130 hommes pour me rendre conjointement avec le citoyen Boispapoul, dans les cantons de Plumaudan, Tréfumel et Evran, à l'effet d'y recevoir les contributions et en même temps les armes et munitions de deux compagnies de chouans.
Le 6, M. de Pontphily, ex-noble et chef de chouans, vint me trouver et m'ayant rendu ses armes, je lui donnai un passe et une lettre pour le général La Barolière, auprès duquel il se rendit. Dans cette tournée qui est la dernière, j'ai recueilli les armes des cantons de Plumaudan et Tréfumel.
Je dois donner les plus grands éloges aux troupes que j'avais dans cette expédition, je leur ai fait fournir tout ce qui leur était nécessaire et je dis avec satisfaction qu'il ne m'est pas parvenu la plus légère plainte ...
Nota - J'avais établi le 26 pluviôse un cantonnement de 30 hommes à Plancoët, commandé par un officier. Il restait encore quelques chouans faisant partie de la compagnie d'Emmanuel. Je lui donnai ordre d'enlever les grains et les bestiaux de leurs parents. Il fut enlevé aux uns du cidre, aux autres quelques vaches ou un peu de grain. Le surlendemain, tous ceux dont les parents étaient imposés vinrent déposer leurs armes au nombre de 12.
Tout est actuellement dans la plus parfaite tranquillité. Il peut y avoir encore quelques armes cachées. J'ai mis à leur poursuite et j'en ai découvert quatorze qui vont être remises."
Dinan, le 22 ventôse an VIII (13 mars 1800).
Signé : J. MATTAT.

ETAT NOMINATIF DES CHEFS DES REBELLES ET DES HOMMES SOUS LEURS ORDRES QUI ONT RENDU LEURS ARMES A DINAN, DRESSÉ LE 23 VENTOSE AN VIII (14 mars 1800).

ETAT-MAJOR
Toussaint du Breuil (sic) (Pontbriand), chef de la 3e légion.
François David, major ; Olivier Roland, dit Justice, chef de canton. Joseph du Breuil (sic), adjudant de la 3e légion. Louis-Auguste Ernault (de) Landeneuf, lieutenant de la légion de Dinan ; Joseph Caillé, lieutenant de la légion de Dinan. Alexis Bourgeois, lieutenant de canton. Jérôme du Breuil (sic) ; Marie-Ange du Breuil (sic) ; Louis Péan-Pontphilly, attachés à l'Etat-Major.

liste 1

liste 2

liste 3

liste 4

liste 5

liste 6


LES RÉSULTATS DE LA PACIFICATION,
d'après le rapport de Boispaboul, commissaire du Gouvernement à Dinan
(Arch. des C.-du-N., série Lm-5, liasse 152)

Duval-Boispaboul, commissaire du gouvernement à Dinan, écrit au préfet Boullé, le 8 germinal an VIII (29 mars 1800).
... "Ce qui m'a le plus flatté dans ma tournée, ce qui est bien consolant pour l'humanité, c'est d'avoir vu revenir dans le sein de la Patrie, ceux qui s'étaient armés d'un fer homicide et portaient le deuil et la désolation dans les familles.
500 émigrés (et il n'y en avait pas un de plus) se sont soumis aux lois de la République. Près de 300 ont déposé entre mes mains et celles du commandant militaire d'un nombre égal de fusils anglais. Les autres se composaient de jeunes cultivateurs enlevés forcément de leurs paisibles demeures et qui, peu de temps après notre sortie de Dinan, se débarrassèrent de leurs armes pour se rendre à nous avec plus de sûreté.
Les chefs des rebelles ont témoigné un repentir sincère, s'occupant avec fruit et activité du retour de la tranquillité publique et de la sûreté de tous ; ils n'ont pas hésité à remettre le contrôle de leurs compagnies respectives et à nous livrer les barils de cartouches anglaises qui étaient en leur pouvoir."

Société d'émulation des Côtes-d'Armor
1932

ETAT DES SERVICES DE JOSEPH MATTAT

(Extrait des Archives administratives du Ministère de la Guerre)

Né à Grenoble, paroisse Saint-Hugues, le 20 novembre 1768. Entré dans la marine comme novice pilote du mois de décembre 1786 à mars 1789. Garde national bordelais du 6 avril 1789 au 4 mars 1792. Sous-lieutenant au 5e bataillon de Paris le 5 septembre 1792. Blessé d'un coup de feu près Tongres, Belgique, le 16 mars 1793, puis les reins traversés par un boulet de 3 ans le bois de la Bonne-Espérance, près Valenciennes. Lieutenant adjoint aux adjudants généraux le 5 novembre 1793. Capitaine au même service, armées de l'Ouest, le 3 juillet 1795. Commandant d'armes de 4e classe le 5 octobre 1796. Réformé du 19 juin 1797 au 26 octobre suivant. Rétabli dans ses fonctions et commandant d'armes à Dinan le 26 octobre 1797. (Il s'y distingue spécialement dans la chasse aux prêtres : note de l'auteur). Destitué le 10 août 1802 comme prévenu d'avoir été porteur de libelles contre le gouvernement, lors de la conspiration dite de Bernadotte.

Capitaine à la compagnie de réserve des Côtes-du-Nord le 1er janvier 1805 ; passé à l'Etat-Major Général le 26 janvier 1807 et à l'armée du Portugal le 30 août de cette année. A l'armée d'Espagne le 12 janvier 1809. A la Grande Armée d'Allemagne le 12 août 1812. Capitaine-adjudant à l'Etat-Major de la 13e division militaire le 13 mars 1813. Chevalier de la Légion d'honneur le 27 décembre 1814. Chef de bataillon le 13 janvier 1815. En demi-solde le 1er décembre 1817. Demandait la Croix de Saint-Louis cette même année. Avait reçu cette décoration le 8 septembre 1818. Lieutenant-colonel honoraire le 1er novembre 1826.

Il avait épousé Françoise Briot du Champorin d'une famille de robins de la région de Bécherel. Le 3 septembre 1830, il adressait de Rennes une supplique, dans laquelle il se disait père de huit enfants dont l'aîné, Gaston-Marie-Joseph, né à Bécherel, le 15 mai 1805, était alors sous-lieutenant. Mattat, qui déclarait jouir d'une pension de 1440 frs (Le colonel de Pontbriand, son adversaire, n'avait obtenu du roi Louis XVIII qu'une pension de 1.300 frs.), demandait à Louis-Philippe d'être au moins réintégré dans le cadre de la disponibilité.

Société d'émulation des Côtes-d'Armor - 1932


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