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La Maraîchine Normande
1 juin 2013

JOSEPH RAYMOND DOMINGER DE MEYRACQ, VICAIRE A LA BERNARDIERE (85)

JOSEPH RAYMOND DOMINGER DE MEYRACQ

la bernardière



Ce prêtre était né vers 1750, à Nantes, où sa famille habitait sur la place du Change.
Il fut d'abord vicaire à Indre, puis à Saint-Aignan, et enfin à la Bernardière, le 20 décembre 1783.
Tous les anciens de la paroisse étaient unanimes à dire qu'il était remarquable par sa tendre et solide piété. Il priait sans cesse, et partout, lorsqu'il était seul ou qu'il ne remplissait pas quelque fonction incompatible avec la prière extérieure.

Quand on le rencontrait dans les chemins ou les champs de la paroisse se rendant dans les fermes pour son ministère, on le trouvait toujours priant avec ferveur, le bréviaire ou le chapelet à la main. Son dernier acte sur les registres de la paroisse est du 8 décembre 1791. A cette époque, sa mère et ses frères le firent revenir à Nantes, dans leur maison, espérant qu'il y serait plus en sûreté. Sans doute aussi son vénérable curé, M. Simon, afin de le conserver à l'Église pour des jours meilleurs, lui fit une sainte obligation de se cacher, persuadé que, de concert avec M. Gaborieau, il suffirait à l'administration de la paroisse de la Bernardière et de celle de Treize-Septiers. Cette séparation, dans ces jours malheureux, dut être douloureuse pour le vieux recteur et le jeune vicaire.

M. de Meyracq, vivant dans un des quartiers de Nantes les plus fréquentés, s'aperçut bientôt que sa retraite était connue des agents révolutionnaires. Du reste, son courage et son zèle généreux l'avaient exposé bien souvent à être reconnu et saisi dans l'exercice continuel de sa charité, ou dans celui de son ministère près des fidèles, si persécutés et si exposés à la séduction surtout dans la ville de Nantes. Alors il se livra, dans le coeur de l'Apôtre un grand combat, excité et soutenu par les plus nobles sentiments. Il craignait, en effet, de compromettre par sa présence la liberté et la vie de sa vieille mère et de ses frères, et de leur faire payer par le martyre leur généreuse hospitalité. Il aurait pu encore se dérober à la fureur des bourreaux en changeant de domicile ; mais assurément ceux-ci, courroucés de voir échapper leur proie, se seraient vengés doublement sur sa famille ... Puis il se rappelait le besoin que l'Eglise avait de ses prêtres, surtout pour remplacer tous ceux que la Révolution barbare avait massacrés et immolait chaque jour ... Enfin, la générosité pour sa famille et le vif désir du martyre l'emportèrent sur toute autre considération : il se fit connaître publiquement.

Saisi par les agents de Carrier, il fut renfermé dans un sombre et humide cachot. On le conduisit aux Carmélites, le 27 avril 1793, et il est inscrit sur l'une des listes de cette prison avec le titre de vicaire de la Bernardière. Il est probable qu'on le transféra dans d'autres prisons jusqu'au 16 novembre 1793, jour où on le fit monter sur le navire la Gloire, pour être noyé dans la Loire.

C'était un triomphe pour la Révolution que de conduire à la mort un prêtre, fils d'une des plus recommandables familles de Nantes. Aussi les cruels bourreaux y mirent-ils le plus de publicité possible. Mais le saint prêtre lui-même, comme un triomphateur qui va recevoir la couronne de la gloire, en traversant les rues qui conduisaient de la prison au bateau infernal, marchait à pas fermes, la tête haute, le visage calme et serein, les yeux tout brillants d'inspirations divines, et tantôt fixés vers le ciel, tantôt arrêtés sur ses parents ou amis, attendris par ce spectacle. Il semblait leur dire "Ne pleurez pas sur moi, mais pleurez plutôt sur les crimes et sur le sort malheureux de mes bourreaux. Pour moi, je vois le ciel ouvert, et Jésus Christ, mon divin Maître, me présenter la palme glorieuse du martyre." Puis ce fidèle enfant de la Reine des Cieux, qui avait trouvé tant de joie à réciter souvent le chapelet, se l'ayant vu arracher de ses mains pieuses par les révolutionnaires, donnait à sa dévotion un dédommagement solennel, en chantant à voix haute et assuré le beau cantique du B. Père de Montfort :
Je met ma confiance
Vierge en votre secours,
Servez-moi de défense,
Prenez soin de mes jours.
Et quand ma dernière heure
Viendra fixer mon sort
Obtenez que je meure
De la plus sainte mort.

Capture plein écran 08032012 143126En montant sur le funeste bateau, il redisait encore les derniers mots de ce pieux refrain. Enfin la soupape s'ouvre et il est englouti dans les flots, pendant qu'il invoque les noms de Jésus et de Marie.

Ainsi mourut ce jeune et saint prêtre, offrant généreusement au bon Dieu sa vie sacerdotale pour la sainte Église, pour ses persécuteurs, pour la France, pour Nantes, pour la paroisse de la Bernardière, où il avait laissé son affection la plus tendre et la plus dévouée.

Son corps fut retrouvé dans le voisinage de la Basse-Indre et enseveli avec respect par les habitants : le monticule sous lequel il reposait fut visité comme un lieu de pélerinage.

LA VENDÉE HISTORIQUE
Abbé Dénéchaud
1897

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