SUITE AU TRAITÉ DE LA JAUNAYE - APPEL AU CALME
MANIFESTE DES REPRESENTANTS DU PEUPLE DES DEPARTEMENTS DE L'OUEST ET PRES DES ARMEES DES COTES DE BREST ET DE CHERBOURG APPELANT AU CALME LES HABITANTS DES DEPARTEMENTS INSURGES
après la signature du traité de La Jaunaye ; Nantes 10 ventôse an III (28 février 1795).
Il n'est plus de Vendée ; les Départemens de l'ouest rentrent dans le sein de la République. Son unité et son indivisibilité viennent d'être solennellement reconnues par les chefs des armées vendéennes.
Le sang cesse de couler ; les campagnes vont se repeupler. Le tems des persécutions est passé ; le régime arbitraire a disparu. Ce que les combats n'avoient pu faire, l'humanité et la justice l'ont obtenu au français, qui se sont souvenus que la même patrie les avoit vu naître.
Grâces soient rendues de ce nouvel ordre de choses, à la révolution du neuf Thermidor ! que la confiance unisse maintenant les habitans de ces Départemens ; que la passion ne s'agitent plus ; que ses haines particulières se taisent ; que les vengeances personelles s'éteignent ; que les liaisons sociales qui étoient rompues se renouent ; enfin que les rapports commerciaux se rétablissent.
Habitans de la Vendée, rentrez dans vos foyers, retournez à vos atteliers, et réparer les maux qu'une guerre désastreuse vous a causé ; que votre jeunesse vous aide à cultiver en paix vos champs.
Habitans des Départemens insurgés, suivez les exemples que les armées Vendéennes ditte du Centre, ou pays bas et d'une partie de l'Anjou vous donnent. Reposez vous sur la loyauté d'une grande nation.
N'écoutez plus la voix de ces hommes qui sans moeurs, sans principes et sans propriétés, se jouent de votre bonne foi, pour prolonger une guerre qui vous ruine et les alimente.
Rejettez au loin les conseils perfides de ces hommes qui étrangers à votre pays, veulent votre perte à quelque prix que ce soit pour satisfaire leurs passions.
Pour qui vous battriez vous enfin ? pour un Roi ... Non, vous n'aimez pas les tirans ; vous vouliez un gouvernement doux et humain, et bien ? depuis la chute de Robespierre et Carrier, la République en jouit.
Prendriez-vous les armes pour avoir une relligion ? - la Convention n'a jamais entendu interdire l'exercice des cultes, elle vient par un décret d'en assurer la liberté.
Ces hommes qui cherchent à vous égarer, répenderont-ils comme nous des secours et des indemnités dans vos malheureuses contrées ? rebâtiront-ils vos chaumières ? encourageront-ils votre commerce et votre industrie ? ... Non, ils savent que la Nation française triomphante par tout les écrasera, et ils veulent vous perdre avec eux.
O vous, qui, parce que vous êtes encore trompés, balancez à rentrer dans le sein de la République, Voyez Charette - tous ses chefs et son armée bénir la Convention Nationale.
Voyez les principaux chefs de Stofflet se féliciter de vivre avec nous, jettez vos regards de tous côtés et voyez succéder les douceurs de la paix aux horreurs de la guerre.
Que ce tableau attendrissant écarte la séduction de vos coeurs, et que les Départemens insurgés ne présentent plus qu'un peuple de frères.
Archives Départementales de Vendée
1 J 2108