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La Maraîchine Normande
21 mai 2013

POITIERS ♣ 1815-1816 ♣ DÉVOTION AU SACRÉ COEUR DE JÉSUS EN RÉPARATION DES CRIMES COMMIS PENDANT LA RÉVOLUTION

LE SACRÉ-COEUR DE JÉSUS EN POITOU



ORDONNANCE DE MM. LES VICAIRES GÉNÉRAUX,
ADMINISTRATEURS DU DIOCESE DE POITIERS,
LE SIEGE EPISCOPAL VACANT

Qui établit la Dévotion au SACRÉ COEUR DE JÉSUS dans l'Eglise cathédrale, en réparation des crimes commis pendant la révolution (Réimpression d'une brochure rarissime publiée à Poitiers, en 1816, chez Barbier).

LES VICAIRES GÉNÉRAUX de l'Eglise de Poitiers, le Siège épiscopal vacant, au Clergé et aux Fidèles du Diocèse, SALUT EN NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST.

La dévotion au sacré Coeur de Jésus, NOS TRES CHERS FRERES, a pris naissance dans ce royaume. Les plus illustres de nos Pontifes l'ont établie parmi les peuples confiés à leurs soins. Nos cités les plus florissantes l'ont reçue dans les transports de la joie la plus pure. Le Dauphin, père du Roy martyr, et la vertueuse Princesse qui lui avoit donné le jour, la pratiquoient à l'ombre du trône. Le Monarque dont les vertus et les malheurs étonneront les siècles, ne trouvoit de consolations, au sein de ses inexprimables douleurs, que dans les hommages qu'il rendoit au Coeur de Jésus. Il prononça le voeu sublime de consacrer sa personne, sa famille et son royaume à ce Coeur adorable, s'il recouvroit sa liberté et sa puissance. Dans ces jours funestes où nous n'apercevions que des ruines, où nous errions parmi les tombeaux, ce Coeur sacré fut le signe auguste qui rallia dans nos contrées les Français fidèles aux fils de saint Louis. O Église gallicane ! honneur de l'Église catholique, soutien du trône, dépositaire de la science, des lettres et des anciennes traditions, ta gloire est d'avoir élevé partout des autels au Coeur divin de l'auteur et du consommateur de notre foi !

La dévotion au sacré Coeur de Jésus n'est pas resserrée dans les limites de ce royaume. Une société célèbre que détruisit l'impiété pour assurer ses lugubres triomphes, et dont le rétablissement promet à nos neveux une éducation savante et chrétienne, l'a propagée dans l'univers. L'Allemagne, la Pologne, l'Espagne, l'Italie la professent avec pompe. Le nouveau Monde, séparé de l'ancien par les espaces immenses de l'Océan, rivalise avec lui de zèle et d'amour pour un culte si noble et si touchant. Rome, le centre de l'unité catholique, la mère et la maîtresse de toutes les Églises, accorde les faveurs les plus signalées, ouvre tous ses trésors aux adorateurs du Coeur de Jésus.

Nous honorons, N.T.C.F., les actes des héros célèbres, des monarques bienfaisants, de tous les hommes illustres qui ont pratiqué d'éclatantes vertus ; les villes se disputent la gloire de les posséder dans leur enceinte. Quels hommages ne méritent pas le Coeur vivant de Jésus, dont la puissance commande au ciel et à la terre, à la vie et à la mort, à l'être et au néant ; dont la sainteté trouve des taches dans les astres les plus purs ; dont l'amour pour les hommes doit s'étendre jusqu'à l'incendie du monde et se prolonger dans les profondeurs de l'immuable éternité !

Nous célébrons les fêtes de la Croix où Jésus-Christ expira pour le salut du monde et celle du sanglant diadème qui déchira son front. Un de nos Rois éleva dans son palais un temple auguste aux instrumens vénérables de la passion du Sauveur ; ils sont révérés dans la première basilique de cet empire. Ces objets sont dignes de notre culte, puisqu'ils ont été sanctifiés par l'attouchement du Rédempteur. Quelles adorations ne devons-nous pas au Coeur de Jésus, toujours uni à la Divinité, le principe et le centre de toutes ses affections, de toutes ses vertus, surtout de son immense charité pour les hommes !

L'Eglise se revêt des ornemens de sa gloire dans la solennité du corps de Jésus. L'Arche sainte est portée par les lévites au milieu des nuages que forment l'encens et les fleurs. Le Coeur de Jésus-Christ est la portion la plus noble de son humanité sacrée. Il est selon l'expression des Augustin, des Bernard, de tous les Saints des derniers siècles, le trésor de la Divinité, le trône de l'amour, l'océan de la miséricorde, la source de toutes les grâces, la porte par laquelle Dieu vient à nous et nous allons à lui.

La France, N.T.C.F., a commis de grands attentats. Le meilleur des Rois, l'auguste fille des Césars, la Vierge royale sont tombés sous le fer des bourreaux. Le jeune Joas ne put trouver un Pontife qui le couvrit de l'ombre des autels. Partout les échafauds furent dressés pour punir la vertu. La révolution, le plus horrible fléau qui ait jamais ravagé la terre, ne respecta point cette Religion sainte de nos pères, qui est le premier besoin des empires, le bouclier des monarchies, la seule ancre de salut pour le vaisseau des états. Les Temples ont été détruits ou profanés. Les Ministres de Dieu ont été immolés ou jetés sur des plages étrangères. Les signes de l'impiété remplacèrent les symboles touchans de la Foi. Les cris de la discorde succédèrent aux doux cantiques de Sion. Les leçons du vice furent substituées aux oracles sublimes de l'Evangile. La déesse de la volupté reçut des hommages publics là où s'offrait, tous les jours, le Sacrifice solennel des chrétiens.

Rochers, pourquoi ne vous êtes-vous pas brisés de douleurs ? Astre du jour, pourquoi n'as-tu pas refusé ta lumière à une terre criminelle ? Habitans des tombeaux, pourquoi vos cendres ne se sont-elles pas ranimées pour reprocher leurs crimes aux coupables mortels ? Anges de paix, vous avez versé des larmes bien amères sur les scandales de cet empire ...

Il faut, N.T.C.F., réparer les outrages faits à la majesté divine et à la majesté royale. Il faut arrêter la foudre prête à éclater sur nos têtes. Il faut chercher un médiateur puissant qui nous réconcilie avec le ciel. Nous trouverons tout dans le Coeur de Jésus. Ce Coeur sacré, toujours inséparable de la Divinité, rend au Père céleste des honneurs infinis. Ce Coeur adorable, plus puissant que le sang de l'Agneau dont les portes des Israélites étoient teintes, met en fuite l'ange exterminateur. Ce Coeur divin rétablit la chaîne d'alliance qui nous unit à Dieu.

L'antique dynastie des Bourbons, N.T.C.F., qui n'a cessé de produite des héros que pour montrer des monarques bienfaisans est remontée sur le trône de ses pères. Les représentants de la France ont fait entendre la voix de l'honneur et de la foi sous des voûtes étonnées de répéter leurs nobles accens. La Religion a recouvré ses sanctuaires et ses autels. Mais que de maux pèsent encore sur notre infortunée patrie ! Le sacerdoce s'éteint, et le flambeau de la foi semble jeter sur nous ses derniers rayons. Une funeste indifférence pour le culte de nos ancêtres règne dans les palais et les chaumières. Les jours consacrés au Seigneur sont profanés. Les époux contractent des alliances que ne bénissent pas les Ministres du Très-Haut. L'anarchie s'efforce de rallumer ses torches dévorantes. Un affreux égoïsme dessèche tous les coeurs. La haine ne respecte plus les liens de la nature et du sang. Non, ils ne se montroient guère plus féconds en crimes, les jours tant détestés dans les livres saints, où toute chaire avoit corrompu ses voies. La terre ne présentoit pas beaucoup plus d'abomination à effacer, lorsqu'elle fut ensevelie sous les eaux du déluge. Recourons au Coeur de Jésus ; et celui qui, du sein des rochers fait jaillir des eaux abondantes, renouvelera la face de ce royaume. Invoquons le Coeur de Jésus ; et celui qui des pierres même fait des enfans d'Abraham, opérera parmi nous des prodiges de clémence. Réfugions-nous dans le Coeur de Jésus ; et celui qui tient dans ses mains les clefs de la vie et de la mort, fera sortir d'innombrables Lazares de leurs tombeaux. Consacrons-nous au Coeur de Jésus ; et l'amour de Dieu, la fidélité au Roi, la charité envers les pauvres, le pardon des injures, toutes les vertus vont éclore parmi nous.

Un Pontife long-temps exilé pour la foi, N.T.C.F., des Magistrats occupés à la défense des lois, des Guerriers prêts à répandre leur sang pour le trône, le Chapitre vénérable de ce diocèse, les Pasteurs vertueux de cette cité nous ont fait une demande qui nous remplit des plus douces consolations. Ils désirent qu'une chapelle de l'Église cathédrale soit dédiée au Coeur de Jésus, et qu'une fête expiatoire répare les outrages qu'il a reçus dans les jours de nos erreurs. Nous ne pouvions qu'accueillir avec empressement des voeux si légitimes. Le successeur de Pierre, le Vicaire de J.-C., le Père commun des fidèles veut rendre notre dévotion plus solennelle et plus salutaire en nous accordant les Indulgences les plus précieuses. Puissent toutes les villes imiter le touchant exemple de cette illustre cité ! Puisse la France entière se consacrer, en corps de nation, au Coeur de Jésus ! Alors le Ciel, désarmé par la grande Victime, non du Temple, mais du monde entier, versera sur nous ses bénédictions les plus abondantes ; la Religion sera placée à la tête de toutes nos institutions, comme Dieu est à la tête de l'univers ; la joie et la sérénité reparoîtront dans nos villes, l'abondance et le bonheur dans nos campagnes ; les moeurs reprendront leur antique pureté ; l'esprit de faction s'évanouira, les opinions cesseront d'être des fureurs, la confiance mutuelle renaîtra en nous : nous reviendrons français, puisque nous reviendrons chrétiens.

A CES CAUSES, après en avoir conféré avec nos vénérables frères les Doyen et Chanoines de l'Eglise cathédrale, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

ART. Ier - En vertu du rescrit apostolique que nous a adressé de Rome Son Éminence Monseigneur le Cardinal de Petro, sous la date du 19 décembre 1815, la grande Confrérie du sacré Coeur de Jésus est érigée dans l'Eglise Cathédrale.
II - La Chapelle dite des Évêques est consacrée à cette dévotion.
III - La Fête du sacré Coeur de Jésus y sera célébrée solennellement et à perpétuité, en esprit de réparation des impiétés et des crimes qui ont inondé la France pendant la révolution ; et on y donnera la bénédiction du S.Sacrement le premier vendredi de chaque mois.
IV - Il sera placé sur l'autel de ladite Chapelle un tableau du sacré Coeur, qui représentera la ville de Poitiers implorant le pardon des attentats commis contre la majesté de Dieu et celle des Rois.
V - Le jour de l'inauguration, les Autorités qui ont demandé cette fête expiatoire seront invitées à y assister.
VI - La même confrérie sera érigée, sous la direction de MM. les Curés, dans les Paroisses du diocèse où on la désirera, si elle ne l'est pas déjà dans une Eglise du même lieu.
VII - Il sera tenu un registre des personnes qui entreront dans cette Confrérie.
VIII - Lorsque l'Evêque qui nous est destiné par la divine Providence aura pris possession de son siège, il sera prié d'ordonner que la Fête et l'Office du sacré Coeur de Jésus soient célébrés dans toutes les Eglises du diocèse.

Et sera notre présente ordonnance lue et publiée au prône des Messes paroissiales de la ville de Poitiers, le dimanche qui suivra immédiatement sa réception.

DONNÉ à Poitiers, sous notre seing, le sceau du Chapitre et le contre-seing du Secrétaire de l'Evêché, le 31 mai 1816.
DE MOUSSAC, Vic. gén. ; SOYER, Vic. gén. ; DARGENCE, Vicaire gén., Doyen du Chapitre ; BRUMAULT DE BEAUREGARD, Vic. gén., Curé de la Cathédrale.

Par mandement de MM. les Vicaires généraux : PAIN, Chanoine, Secrétaire.


Les Autorités principales de la ville de Poitiers,
à MM. les Vicaires généraux du diocèse de Poitiers, le siège vacant.

MESSIEURS,

Un petit ouvrage qui circule depuis quelque temps dans les sociétés bien pensantes de cette ville, en attirant l'attention des personnes amies des principes éternels de la Religion, n'a pas même trouvé indifférente une autre classe de lecteurs, moins zélés en apparence, mais qui ne laissent pas de nourrir en eux de bons désirs. Tous ont lû avec intérêt cet ouvrage intitulé le Salut de la France, où l'auteur, vivement pénétré des vérités que la Foi nous propose, indique le remède le plus sûr pour guérir et cicatriser les plaies que l'impiété a faites à ce royaume, le premier parmi les nations chrétiennes et policées. C'est la Consécration solennelle au sacré Coeur de Jésus, dévotion sublime et tendre, qui, pendant les temps les plus orageux, a rallié les fidèles serviteurs du Roi.
Si des gens encore imbus d'opinions pernicieuses osoient élever la voix contre la manifestation de ces principes, sans nous arrêter à leurs clameurs, nous leur déclarons que, marchant sur les traces de nos aïeux, nous nous glorifions de professer ouvertement une Religion qui fit leur bonheur, et qui, pour faire le nôtre, n'attend de notre part que de la fidélité.
Le culte du sacré Coeur de Jésus est déjà pratiqué dans plusieurs Oratoires de cette ville, mais on désire en voir accroître la pompe et l'éclat pour exciter de plus en plus les sentiments de componction, de confiance et d'amour qu'il fait naître et qu'il entretient. Ainsi, pour seconder le pieux empressement des habitans de Poitiers qui souhaitent se consacrer publiquement à ce divin Coeur, nous, leurs premiers Magistrats, devenant leurs organes, nous nous adressons avec confiance à vous, Messieurs les Vicaires généraux, afin qu'il vous plaise instituer à cette fin une Fête expiatoire, réparatrice et tendante à l'union des esprits et des coeurs, laquelle Fête seroit célébrée dans l'enceinte de votre Eglise cathédrale.
Il y a dans cette belle basilique un endroit propre à cet établissement ; c'est la chapelle dite des Evêques, où l'on n'offre point le saint Sacrifice, peut-être parce qu'elle a été déshonorée ... Nous vous la demandons, assurés que cette inauguration lui rendra sa pureté primitive. D'ailleurs le Tableau du Sacré-Coeur, aux frais duquel pourvoiront quelques personnes pieuses, en remplaçant celui que l'on voit encore, fera disparoître les teintes aux trois couleurs que l'impiété, dans son délire, a répandues sur les saints personnages qui y sont représentés.
Votre conduite ferme et courageuse dans les jours difficiles, ayant été pour tous les habitants de Poitiers un juste sujet d'admiration, nous avons la confiance, Messieurs, que vous daignerez accueillir avec bonté le Voeu qu'ils ont formé, et que vous voudrez bien y apposer le sceau de l'autorité épiscopale.
Poitiers, le 14 décembre 1815.

signatures - Poitiers

signatures - PoitiersLes Archives Religieuses
du Pays Poitevin
1902-1903

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