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La Maraîchine Normande
17 mai 2013

QUELQUES PERSONNAGES DU TEMPS ...

DAUJON

Tout le monde sait que lors de l'assassinat de l'épouse de Louis XVI, le tribunal révolutionnaire mêlant la lubricité à cette scène sacrilège, osa sommer l'infortunée Marie-Antoinette de répondre à de prétendues déclarations qu'on disoit avoir été faites par son fils. On prétendoit que ces déclarations se trouvoient consignées dans un procès-verbal dressé contradictoirement au Temple, en présence de sa belle-soeur et des deux enfans de la reine. Il est très-singulier qu'on ne produisit pas ce procès-verbal ; moi-même j'ai cru long-temps qu'il n'existoit pas. Cependant, j'ai eu depuis la preuve que Daujon, officier municipal à l'époque du jugement de Marie-Antoinette, homme perdu d'honneur et de réputation, avoit assuré av¤ir rédigé lui-même cette pièce, étant commissaire au Temple. Ainsi Daujon reste chargé de cette impudique imposture.

DEMAUX

De tous les monstres qui, sous la tyrannie de Robespierre, ont épouvanté la France, Demaux est, sans contredit, un des plus dignes de l'exécration du genre humain. Officier municipal à Arras, il fut nommé par Joseph Lebon, commissaire pour surveiller la prison de la Providence. Il tenoit les prisonnières dans le plus grand dénuement, jusqu'à leur refuser le linge qu'une propreté indispensable exige à certaines époques. Pour s'approprier tout ce qu'elles pouvoient avoir en assignats ou objets aisés à cacher, il les obligeoit à quitter leurs vêtemens, et le scélérat les fouilloit avec la plus insolente indécence, se permettant des propos et des manières que la pudeur ne permet pas de révéler. Il exigea un jour d'une de ces infortunées, qu'elle défit le linge qui bandoit un cauterre. En voyant une qui pleuroit amèrement, parce que son père venoit d'être transféré à l'Hôtel-Dieu, il lui dit avec brutalité : Tu dois étouffer les sentimens de la nature. Demaux avoit pour collègue dans la surveillance de la prison, le nommé Gilles, officier municipal comme lui. T¤us les deux vivoient de la manière la plus scandaleuse avec la gardienne et la sous-gardienne de la prison. C'étoit entre ces quatre monstres une véritable émulation à qui se montreroit plus féroce envers les prisonnières.

LALLART Catherine

Vendeuse de pommes et de peaux de lapins à Arras. Joseph Lebon, pendant le règne de Robespierre, l'établit dans cette ville sous-gardienne des prisonnières détenues dans la maison de la Providence. Ainsi que la Lemaire, gardienne en chef de cette maison, (voyez ci-après l'article de cette dernière) elle se rendit coupable de vol envers plusieurs prisonnières, et envers toutes, d'excès de cruautés à peine croyables. Elle faisoit journellement, à l'exemple de la Lemaire, des orgies avec les commissaires de la pris¤n ; et l'une et l'autre se prostituoient à eux chaque nuit.

LEMAIRE

Mégère que Joseph Lebon, pendant sa vice-royauté à Arras, avoit établie gardienne des prisonnières détenues à la maison de la Providence de cette ville. Lorsque d'infortunées prisonnières se plaignoient à elle d'avoit été séparées de leur mari, au lieu de les consoler, elle leur répondoit : On a bien fait de vous séparer, parce que si vous eussiez été ensemble, vous n'auriez fait que des monstres. Lorsqu'elle étoit mécontente d'une prisonnière, elle la faisoit enfermer au cachot, au pain et à l'eau. Ce cachot ét¤it un trou où l'on déposoit les cadavres. La prisonnière n'avoit point d'autre lit que la paille empestée et pourrie sur laquelle avoit reposé le cadavre. Lorsqu'une prisonnière étoit appellée pour son jugement, la Lemaire lui ordonnoit de n'emporter aucun paquet, et ajoutoit : Vous n'avez plus besoin de rien. Quelqu'un lui demandant si elle n'étoit point affligée de voir périr un si grand nombre de ses prisonnières : Non, répondit-elle, plus il y a de monde dans le sac, plus nous rions. Lorsqu'une accusée étoit sur le point de monter au tribunal, elle lui annonçoit le sort qui l'attendoit, par ces infernales paroles : Aujourd'hui je cracherai le sang. D'autrefois elle disoit : Ma foi, voilà que je crache le sang.

NICOLAS

Surnommé Coupe-tête. C'est le nom que portoit cet antropophage, qui, le 6 octobre 1789, coupa la tête de deux gardes-du-corps. Son métier étoit de servir de modèle aux peintres. Voici à son sujet une anecdote très-singulière et très-certaine. Dans le courant de décembre 1789, c'est-à-dire, environ deux mois après les sanglantes scènes des 5 et 6 octobre, un particulier prit dispute sur le boulevard avec un marchand d'estampes. La querelle s'échauffa ; la foule s'amassa autour de ces deux hommes, on les conduisit au district. Le marchant paraissoit pris de vin, et avoit tort. Il vantoit avec emphase son patriotisme. Le président du district le poussa beaucoup sur cet article. Lui ayant demandé sur quel fondement il parloit avec tant de complaisance de son civisme, celui-ci dit qu'il avoit été envoyé dans le Soissonnois pour y tuer Nicolas ; qu'il l'y avoit en effet découvert, et qu'il l'avoit mis à mort. Le président insista et lui demanda qui lui av¤it donné droit et mission de tuer Nicolas, il ajouta que la chose ne paroissoit nullement vraisemblable. Cet homme alors tira de sa poche un papier qu'il remit au président. C'étoit un écrit signé de Bailly et de La Fayette, qui lui donnoit commission d'assassiner Nicolas. Cet écrit dont l'existence nous est connue, est resté entre les mains du président.

BOCHARD DE SARON

Premier président du parlement de Paris. Il fut proscrit par Robespierre. Les gens qui vinrent le chercher dans la prison où il étoit détenu pour le transférer à la conciergerie, firent arrêter la voiture devant la maison d'arrêt où étoit détenu le président de Gourgues. Ils dirent à Bochard de Saron, qu'il pouv¤it descendre de la voiture, et entrer dans la maison. Il descendit en effet, et s'assit dans une pièce en attendant de Gourgues. Celui-ci demanda à ceux qui venoient le chercher, s'il lui seroit permis d'emporter quelques hardes. Sur leur réponse affirmative, il fit prendre deux matelas. Bochard de Saron le voyant suivi de ces matelas, lui dit : et que faites-vous là, M. de Gourgues ? - Nous allons, lui répondit ce dernier, à la conciergerie, et j'emporte un lit. - Vous n'y pensez pas, reprit Bochard de Saron, ce que vous emportez est inutile ; laissez-là vos paquets ; demain ni vous ni moi ne serons en vie. De Gourgues se rendit à cet avis ; il fit rentrer son lit, et le lendemain en effet la prédiction s'accomplit, tous les deux allèrent à la mort. Bochard de Saron au reste étoit un des plus savans astronomes de ce temps, et si sa réputation n'a pas jeté plus d'éclat parmi nous, ce n'est pas à l'injustice de ses contemporains qu'il faut s'en prendre, c'est à sa seule modestie qui fut excessive.

PINET

Agent de change. On trouve dans l'histoire de la conjuration de d'Orléans, la déplorable aventure de cet homme, mais voici à son sujet une anecdote qu'on n'y lit point, et qu'il peut être intéressant de faire connoître. Celui qui avoit eu commission de d'Orléans, de le tuer dans le bois du Vésinet, a raconté qu'après lui avoir tiré un coup de pistolet derrière la tête, il avoit éprouvé un tel remords, qu'il en perdit toute raison, au point que ne sachant plus ce qu'il faisoit, il frappa de son sabre, à grands c¤ups comme un forcené, quelques arbres. Il ajouta qu'on pouvoit vérifier le fait, et qu'on verroit auprès de la place où il avoit assassiné Pinet, des arbres défigurés par des entailles. Ce misérable, apprenant qu'il étoit destiné à être à son tour assassiné par d'Orléans, se sauva en Angleterre.

Almanach des gens de bien pour l'année de grâce 1797
par F.-L.-C. Montjoie
Paris 1797

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