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La Maraîchine Normande
15 mai 2013

HISTOIRES D'ARBRES ...

HISTOIRES D'ARBRES

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De la Tessoualle (Maine et Loire), provient l'histoire suivante :
"Jeanne Chaillou, jeune fille de 20 ans, sa mère et ses soeurs entendent un bruit de pas et de voix retentir tout à côté de leur métairie de la Roberdière : c'étaient des Républicains qui arrivaient sur elles. T¤utes se sauvent ; Jeanne se dérobe derrière une haie, grimpe à la cime d'un gros chêne et s'enfonce dans un trou ; mais les Bleus l'ont vue fuir et courent après elle ; ils sont au pied du chêne où elle est blottie : "Qu'est-elle donc devenue, dit l'un, cette fille que j'ai vu fuir ? - Elle s'est sauvée au loin répondit un autre. - Elle est peut-être dans ce chêne, reprit un troisième" : et aussitôt ils frappent l'arbre avec la crosse de leurs fusils pour voir s'il sonne le creux : les coups restent sans écho, et jugeant aussitôt qu'elle ne peut y être cachée, ils s'éloignent, suivis de toute la colonne qui passe au pied de l'arbre où la jeune fille demeure toute tremblante".

Au Cellier en Loire-Atlantique, l'abbé Jousset, prêtre réfractaire, fut massacré par des républicains dans la nuit du 5 décembre 1795, ainsi qu'un jeune homme qui l'accompagnait, Jean Gauffriaud, âgé de 19 ans, qui voulait devenir prêtre. Le prêtre fut inhumé sur le b¤rd de la route de Paris, où une croix fut dressée, mais Jean Gauffriaud fut enterré sur place :
"La tombe ne tarda pas à être vénérée, en particulier par les enfants malades. On raconte qu'un paysan incrédule, au siècle dernier, voulut faire passer ses boeufs et sa charrette par-dessus, mais que les animaux refusèrent obstinément. On raconte aussi que les sabotiers de la forêt, ayant abattu en 1854 un hêtre à proximité de la tombe, découvrirent sous l'écorce la figure gravée d'un calice, d'un ciboire, d'un ostensoir et d'une croix, remontant évidemment à l'époque du culte clandestin".

En juillet 1993, fut inauguré aux Epesses un square à la mémoire des martyrs de 1793 et de Pierre-Marie Chapelain. Ce dernier était un prêtre né en ce lieu et qui, ayant refusé de prêter le serment exigé par le gouvernement, continua néanmoins à officier dans sa paroisse natale, en se cachant, comme nombre d'autres "prêtres réfractaires". Selon l'historien local Jean Lagniau qui a consacré une monographie à ce personnage, "La résidence ordinaire de l'abbé Chapelain était la maison de son père : et en cas d'alerte, ce qui arrivait fréquemment, le tronc creux d'un vieux chêne tétard, à un kilomètre du bourg [...] Et vers la fin de janvier 1794, la Colonne Infernale commandée par Boucret envahit le territoire des Epesses. Ce fut une véritable chasse aux Vendéens fidèles. Cette fois, l'abbé Chapelain n'échappera pas aux recherches. Sur une dénonciation très précise, il fut découvert caché dans le tronc de son arbre. C'était le 24 janvier 1794". Le prêtre sera fusillé le 27 janvier 1794 dans le jardin dit "des Fourneaux", et les circonstances de sa fin sont confirmées par plusieurs documents.
Premièrement par un rapport daté du 28 janvier, adressé à Turreau par le général Boucret et où se lisent les lignes suivantes : "Je suis arrivé aux Epesses le 26 janvier à 5 heures du soir. Deux soldats ont trouvé dans le tronc d'un arbre un prêtre non assermenté : je l'ai fait fusiller. Il avait sur lui 15 louis tant en or qu'en assignats. J'ai ordonné aux volontaires, pour récompense, 100 livres. Je suis porteur du reste".
Deuxièmement par ce témoignage de Léonard Graviche, gendarme de Corrèze mobilisé en Vendée : "Le 28, aux Epêches [Les Epesses], ordre particulier d'aller aux Herbiers, pour savoir s'il y avait de (la) trouppe [...]. Des volontaires trouvèrent dans le creux d'un arbre un curé qu'ils fusillèrent sur le champ". Enfin, lors d'une enquête judiciaire conduite vers 1800 par son frère Vincent, Angélique Hiou, femme Pierre Maudet, tisserand, demeurant au bourg des Epesses, déclara que "les deux soldats qui l'ont fusillé étaient logés chez elle [...] lesquels lui dirent avoir trouvé ledit citoyen Chapelain caché dans le tronc d'un chêne creux, d'où ils l'avaient conduit au commandant de la colonne, qui était logé chez le père dudit Chapelain, que de là ils l'avaient conduit dans un jardin pour le fusiller, et que s'ils avaient su que le commandant ne leur eut pas donné d'argent, ils l'eussent laisser sauver". Cependant, Jean Lagniau (qui ne cite la provenance d'aucune de ses sources) signale qu'il existe "plusieurs versions" du récit. D'une part "on raconte que les soldats passant devant le chêne où il était caché aperçurent quelques brins de paille sur le sol, dont la vue les intrigua. On avait, paraît-il renouvelé les jours précédents la paille de la cachette". D'autre part, "une autre version" rapporte que, "après le passage du détachement au pied de l'arbre, le prêtre, se relevant imprudemment, fut aperçu par deux soldats retardataires et pris dans son gîte". Pour l'historien local, ces variantes sont mineures, et "ce qui est certain, c'est que Monsieur Chapelain fut découvert et arrêté dans sa cachette".

Dans les Mauges, on raconte qu'une "femme Franchet" âgée de quinze ans, réussit à se réfugier à la tête d'un chêne, mais qu'une colonne républicaine vint justement camper à quelques pas. Pour se nourrir, il est précisé que la jeune fille dut descendre de sa cachette deux nuits de suite, et déterrer avec ses ongles les pommes de terre qu'elle avait remarquées au pied de l'arbre. Après quarante-huit heures d'attente, la colonne repartit, et la fuyarde réussit enfin à descendre pour de bon et se sauver.

... Voici comment en 1910, le Marquis de Goué évoquait le souvenir de la fin du chef Vendéen à La Chabotterie, dans le chemin menant au bois de l'Essart :
"Ce fut enfin un des têtards de ce sentier, - une cosse de frêne à 4 m de la lisière du bois du côté de la Chevasse - qui servit de suprême refuge au grand chef vendéen [...]. Il n'est pas de tradition plus exacte et demeurée plus précise dans la famille de Goué et chez les habitants de St-Sulpice-le-Verdon".
Outre le fait que ce texte servira de source aux nombreux auteurs qui mentionneront à nouveau l'évènement, il convient d'ajouter que lorsque vers 1845, M. de Goué père avait fait combler le sentier et abattre les têtards qui l'encadraient, il avait tenu à conserver en son entier cette "cosse" de frêne "afin qu'il y eût toujours un souvenir vivant de la capture de Charette" : "A chaque coupe du taillis, elle avait été respectée quand, au mois de décembre 1870, les habitants de la Chabotterie qui, presqu'encore enfants, - avaient tant des leurs sur les champs de bataille, ne prirent pas le soin de prévenir le bûcheron qui la fit tomber par mégarde, au grand chagrin de la famille et des vieillards de la commune dont les pères avaient été soldats de Charette. Depuis, la vieille souche n'a pas été retouchée, et il est facile aux nombreux touristes et amis de la Vendée qui y viennent en pèlerinage, de distinguer la cosse de Charette".

Extraits de l'article :
Le chouan dans le chêne
et l'arbre sur la tombe
Jean-Loïc Le Quellec
paru dans le Bulletin de la
Société de Mythologie Française
1998, n° 190-191, pp. 22-41

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