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La Maraîchine Normande
10 mai 2013

POESIE ♣ LA MORT DE STOFFLET

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MORT DE STOFFLET

La joie aux coeurs des Bleus arrache de grands cris ;
L'écho redit au loin leur triomphe et leur gloire.
Enfin, la trahison leur donne la victoire :
    Stofflet, Stofflet est pris !

Le héros était seul, il reposait tranquille
Chez de bons paysans ; c'était pendant la nuit.
Stofflet étant vendu, les Bleus viennent sans bruit
    Entourer son asile.

Deux cent dix fantassins et vingt-cinq cavaliers
S'élancent pour saisir un homme privé d'armes,
Mais cependant encore ils palpitent d'alarmes,
    Ces hardis chevaliers.

De ses poings vigoureux, Stofflet s'ouvre un passage ;
Devant tant d'ennemis, Stofflet ne tremble pas ;
Mais il tombe bientôt sous les coups des soldats,
    Malgré son grand courage.

Par ses bourreaux joyeux Stofflet est garrotté ;
On lui lance l'affront, on lui crache au visage ;
Mais Stofflet, en chrétien supportant cet outrage,
    Garde sa dignité.

On jette sur son dos un vêtement sordide ;
Il s'avance pieds nus, au milieu d'étrangers,
Suit les cruels bourreaux dans la ville d'Angers,
    Mais les suit intrépide.

De son ivresse encore à peine réveillé,
Un juge le condamne et lit cette sentence ;
Stofflet, chef des brigands, est hostile à la France,
    Il sera fusillé.

"Si je meurs aujourd'hui, c'est pour Dieu que je tombe,
Dit Stofflet en poussant ce cri : Vive le roi !
Si je meurs aujourd'hui, merci ! c'est pour ma foi !
    Allez creuser ma tombe !

"Sachez-le, devant vous, je serai toujours fort.
Mais, dans mon âme, il n'est de haine pour personne.
Vous m'avez fait du mal, mais moi, je vous pardonne,
    Et j'accepte la mort."

Puis, regardant la foule : "Au sol qui me vit naître
Je pense, amis, dit-il ; trouverai-je un Lorrain
Parmi vous ? Qu'il s'approche et qu'il touche ma main :
Je veux le voir paraître !"

Un soldat s'avança : "Garde ce souvenir,
Dit Stofflet, en donnant sa montre au militaire ;
Fais savoir au pays ainsi qu'à mon vieux père
    Que j'ai bien su mourir."

Les durs exécuteurs avaient chargé leurs armes,
Et le tambour soudain fit entendre un signal :
Quelqu'un dit à Stofflet : "Avancez, général ..."
    Et l'on versait des larmes.

Un soldat voulut mettre un bandeau sur ses yeux ;
Stofflet le repoussa de sa main mutilée :
"Pour moi, dit-il, la mort ne sera point voilée,
    Moi, je veux voir les cieux.

"Que maintenant, soldats, vos âmes soient loyales !
Je resterai debout, c'est là mon dernier voeu.
Sachez qu'un Vendéen qui tombe pour son Dieu
    N'a pas peur de vos balles."

Alors Stofflet, debout, sans orgueil, sans effroi.
Pourtant des grands chrétiens, sur son front, l'auréole,
Aux soldats cria : "Feu !" puis cette autre parole :
    "Je meurs ! vive le roi !"


Souvenirs du Bocage Vendéen
Dom Joseph Roux
1808

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