LE BOUFFAY - NANTES ♣ 1ère partie
LE BOUFFAY
PAR M. J.-C. RENOUL
1ère partie
Le passé est la meilleure leçon de l'avenir.
De tous les quartiers qui composent notre belle et grande cité, il n'en est aucun, croyons-nous, qui présente autant de souvenirs historiques que celui du Bouffay.
Ce fut le berceau de la ville de Nantes. Il est du moins généralement admis que ce fut dans l'angle Nord formé par l'Erdre et la Loire que vinrent d'abord s'établir ceux qui furent nos premiers ancêtres.
Le premier temple chrétien s'y élève dès le Ve siècle.
Aux temps féodaux, le palais ducal s'y établit comme moyen de domination, et pendant cinq cents ans, il demeure le siège d'une autorité souvent contestée et qui ne pouvait ainsi se maintenir et conserver son droit qu'en s'appuyant sur la force.
Le château fort devient ensuite palais de justice, puis maison de détention, et cette destination il la conserve encore pendant cinq siècles et jusqu'à nos jours.
C'est sur la place du Bouffay qu'au XVe siècle la communauté de ville fait construire, avec tout le luxe de l'époque, la maison qui doit servir à ses réunions. Cette maison, devient plus tard l'arsenal de la ville.
Un autre établissement, pareillement d'une haute importance, l'hôtel des monnaies, s'y élève vers la même époque et y fonctionne pendant plus de quatre cents ans.
La place du Bouffay surtout a ses souvenirs. A son origine, elle fut la cour d'honneur du château ducal et le théâtre de brillants tournois. Au moyen-âge elle est le champ clos, où de nobles champions viennent vider leurs différends par les armes et se soumettre au jugement de Dieu. Enfin, pendant de longs siècles elle est l'arène sanglante où la loi criminelle frappe ses victimes, et dans cette succession de temps, l'époque sinistre de 1793 apparaît particulièrement pour donner à la place du Bouffay une triste et lugubre célébrité.
Ainsi que d'évènements se sont déroulés dans cette enceinte du Bouffay !!! Que de projets, que d'entreprises pour lesquels on avait rêvé le succès et même la gloire sont venus y trouver leur fatal dénouement.
Aujourd'hui sans doute nous ne pouvons plus déchirer le voile qui couvre désormais pour toujours une grande partie de ces faits. Cependant il en est encore bon nombre qui nous ont été c¤nservés ; mais le récit s'en trouve épars chez nos chroniqueurs et dans nos annales, et par ce motif, il est souvent fort difficile de les découvrir et de les connaître.
Nous avons pensé qu'en recueillant ces faits, qu'en les réunissant et en les présentant dans leur ordre chronologique, nous ferions une chose utile et qui ne serait pas sans intérêt. Disons-le, du reste, ce travail a exigé de nous beaucoup de soins et de recherches, mais nous n'av¤ns pas l'habitude de reculer devant pareille difficulté.
Pour tout ce qui précède le XVIIe siècle, nous devons déclarer tout d'abord que nous serons à peu près simple compilateur. Il est évident, en effet, que tous les documents qui nous sont restés, antérieurs à cette époque, ont été bien des fois fouillés, étudiés, mis au jour, et qu'ils ne pourraient plus guère maintenant donner lieu à de nouveaux développements ni même à une controverse sérieuse. Nous serons donc forcément amenés à ne parler, à quelques exceptions près, que des seuls faits qui ont pu être arrachés de l'oubli, et, de plus, d'admettre, sur ces faits, le récit de nos historiens, lors même que ce récit ne s'appuierait que sur la notoriété que donne la tradition.
Présentés ainsi, les évènements ne s'enchaîneront évidemment pas toujours, mais l'on doit sentir que dans un travail de cette nature, c'est moins un récit historique suivi que nous pouvons offrir, que de simples éphémérides, recueillies sans doute avec une attention scrupuleuse, mais aussi recueillies un peu partout et sur la foi de ceux qui avaient pu les reproduire avant nous.
Dans ces conditions encore, cette première partie de notre travail pourra, croyons-nous, être consultée avec fruit. Elle facilitera du moins certainement les recherches de ceux qui voudraient s'occuper de notre histoire locale.
Nous aurons soin, du reste, autant que cela nous sera possible, d'indiquer les sources auxquelles nous aurons puisé. Et, dès ce moment même, nous devons nous empresser de dire que M. Chevas avait pu réunir sur cette époque des matériaux qui nous ont été communiqués et qui nous ont été fort utiles. En faisant cette déclaration, nous ne faisons que rendre à M. Chevas une justice qui lui est bien due.
Pour les évènements qui se rapportent aux trois derniers siècles, nous pourrons mieux les étudier. Bien que, sur ce terrain encore, nous ayons eu des devanciers, nous seront souvent dans le cas d'ajouter des détails à ceux qu'ils ont pu fournir. Enfin de nouveaux renseignements éclaireront la période qui s'étend jusqu'au moment où nous écrivons.
Nous espérons ainsi faire connaître d'une manière aussi complète que possible tout ce qui se rattache de faits et de souvenirs à notre plus ancien quartier. Si quelque oubli nous échappe, et il est impossible qu'il en soit autrement, on voudra bien trouver notre excuse dans la difficulté de notre tâche.
Nous ne pourrions sans doute émettre qu'une opinion hasardée et dénuée de toute preuve sur l'époque précise où se forma l'agglomération d'habitants qui vint constituer la population de cette partie de notre ville. Nous avons pu seulement avancer, d'après l'opinion généralement reçue, que la première peuplade qui vint planter ses tentes sur les bords de notre fleuve, choisit pour résidence l'espace qui s'étendait entre l'Erdre et la Loire. Cette position présentait en effet des avantages réels à l'établissement d'une colonie naissante qui y trouvait des moyens naturels de défense et en même temps des facilités précieuses pour la pêche et la navigation. C'est de ce point que l'on s'accorde à penser que la population vint successivement occuper le coteau de l'Est, aujourd'hui Saint-Clément ; celui de l'Ouest, qui a formé le Bourgmain, actuellement Saint-Nicolas ; et enfin celui du Nord, aujourd'hui Saint-Similien.
La ville primitive était ainsi resserrée dans un triangle formé par la Seille, l'Erdre et la Loire. Ce n'est que sur cet espace, affirme Fournier, que l'on retrouve les traces de l'ancienne ville à une profondeur de deux à trois mètres. Dans les autres parties de la ville, le sol primitif existe à soixante-dix centimètres environ de profondeur.
Le cours de l'Erdre n'avait point alors la direction qu'il suit aujourd'hui ; cette rivière, formant en quelque sorte marais, s'étendait sur l'espace qu'occupent maintenant les rues des Carmes et de la Poissonnerie, et venait se jeter dans la Loire au point où est établi notre pont d'Aiguillon.
A cette époque, tout est nuit pour l'historien qui doit se montrer fort circonspect dans ses assertions, s'il ne veut être accusé de s'abandonner aux rêves de son imagination. Contentons-nous donc de dire que pendant plusieurs siècles, les Namnètes vécurent ignorés, sous l'autorité de leurs Druides, s'occupant sans doute uniquement de la pêche, de la chasse et du soin de leurs troupeaux. Dans cette longue période, rien ne vient témoigner chez eux du désir de sortir de cet état d'indépendance à demi sauvage et voisin de la barbarie.
Mais l'ambition de César va enfin les faire sortir de ce long repos. Les légions romaines envahissent les Gaules, et les Bretons menacés eux aussi dans leur liberté se lèvent pour la défense de leurs foyers. On cite encore le courage et la ténacité qu'ils montrèrent dans cette lutte. Mais enfin ils succombèrent et durent se soumettre à l'autorité de leurs vainqueurs.
Toutefois, l'occupation romaine ne fut pas pour eux sans avantages. En contact avec une civilisation qui leur avait été jusqu'alors inconnue, ils en subirent bientôt l'influence, et l'incurie dans laquelle ils vivaient fit place au désir d'apprendre et de connaître. Peu à peu cette civilisation les dompta eux-mêmes, et c'est véritablement de cette époque que date l'origine de la nationalité bretonne.
Avant la conquête, la ville de Nantes qui fut sans doute le siège d'un certain commerce local, ne semble pas cependant avoir eu une grande importance. Mais son heureuse position à l'embouchure du plus grand fleuve des Gaules dut nécessairement qu'elle devint une cité vraiment digne de ce nom.
Dans le courant du IIIe siècle, un fait d'une haute portée eut lieu à Nantes. Le christianisme s'y établit ; saint Clair en fut le premier apôtre.
A la fin du IVe siècle, la domination romaine cessa d'exister dans l'Armorique, et la contrée fut désormais soumise seulement à ses souverains particuliers. Conan Mériadec vint se fixer à Nantes, en fit la capitale de ses états et s'y fit couronner roi.
Laissons se développer et grandir cette société nouvelle, destinée à bien des vicissitudes, mais qui doit honorablement survivre. Nous n'écrivons point l'histoire de Nantes, et nous devons nous hâter d'arriver à l'époque qui doit nous permettre d'entrer dans le sujet que nous voulons spécialement étudier.
Ainsi que nous l'avons fait observer, la formation successive de Nantes, dans les temps reculés, est fort peu connue. Sous les Romains, la ville dut être le centre d'un mouvement maritime assez actif et dut aussi naturellement s'accroître. Plus tard, à partir du IVe siècle, le christianisme y éleva ses temples ; le prince, chef du comté, y fera sa résidence, et au moment où nous nous plaçons, à la fin du Xe siècle, si nous ne pouvons dire d'une manière précise quelles étaient l'étendue et la population de Nantes, nous avons du moins de justes raisons de croire qu'elle comptait déjà parmi les villes les plus importantes de l'époque.
En 980, Hoël est le chef du comté de Nantes. Conan dit le Tort, est comte de Rennes ; mais, prince ambitieux, il songe à dépouiller Hoël de sa principauté. Pour arriver à son but, il a recours au meurtre et fait assassiner Hoël. Les habitants de Nantes, irrités, donnent pour successeur à Hoël, Guerech, son frère qui marche contre Conan, le défait et le poursuit jusqu'aux portes de Rennes. Forcé d'accepter la paix, Conan ajourne sa vengeance. Mais bientôt, à son instigation, Guerech lui-même meurt empoisonné et le comté de Nantes se trouve vacant.
Conan veut profiter de cette circonstance pour réunir toute la Bretagne sous sa domination et s'en faire déclarer duc. En 988, il somme Nantes de lui ouvrir ses portes et, malgré une résistance désespérée, les Nantais durent céder. Conan se rendit maître de la ville et s'y fit aussitôt reconnaître duc de Bretagne et comte de Nantes.
Mais il n'ignorait pas la haine profonde que lui portaient ceux qu'il venait de soumettre. Pour les contenir par la force, il fit bâtir le château du Bouffay et y établit une forte garnison.
Telle est l'origine de ce château, dont les ruines ont disparu seulement depuis quelques années ; telles sont aussi les premières traces que l'on trouve du nom du Bouffay.
D'où vient ce nom ? Quelle en est l'étymologie ?
Nous avouons que, malgré nos recherches, nous n'avons rien pu découvrir à cet égard. Nos chroniqueurs sont muets sur ce point. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que, dans nos vieilles chartes, ce nom se trouve écrit de plusieurs manières. On trouve Bouffaio, Bouffedio, Bufeto, Boffredum, Bufetum, mais évidemment cela n'explique rien.
Quant au château élevé par Conan et à son périmètre, voici ce qu'en dit Mellinet, d'après d'autres historiens :
"Un titre irrécusable prouve la construction du château du Bouffay, au Xe siècle, par Conan le Tort, au confluent de l'Erdre et de la Loire. Or, l'Erdre passait dans la rue de la Poissonnerie. D'autre part un examen sérieux du terrain démontre que l'étendue en était considérable. Tous nos historiens conviennent que c'était un bâtiment carré, flanqué de quatre tours, et devant lequel était une esplanade. Eh bien ! nous avons vu les murs de ville en indiquer la façade sur la Loire. Elle s'étendait de la tour qui se trouvait encore en 1840, à l'entrée de la Poissonnerie, jusqu'à la tour de la monnaie, bornée par la rue du Port-Maillard, qui devait en être le fossé. Si nous plaçons deux lignes latérales, avec une tour à chaque angle, nous trouvons la façade opposée à La Loire, d'une part bien près des Changes et de l'autre du Pilori."
Ainsi, suivant ces indications, le château de Conan eut compris tout l'espace situé entre la Loire, la rue du Port-Maillard, le Pilori et les Changes.
Ce tracé, qui en effet eut été d'une grande étendue, était-il exact ?
Mellinet lui-même a le soin de ne le donner que comme probable. Et, en effet, une objection a été plusieurs fois faites et peut toujours se reproduire.
La ligne que nous venons de tracer eut compris dans son enceinte l'église Sainte-Croix, ainsi que celle de Saint-Saturnin, avec son presbytère et son cimetière. Il est bien reconnu, en effet, que l'église Saint-Saturnin, fondée par l'évêque Clément, vers la fin du Ve siècle, existait ainsi comme paroisse, plus de quatre cents ans avant la construction du château du Bouffay. Il nous semble bien difficile d'admettre, alors surtout que le clergé avait des droits et des prérogatives qu'il avait tout pouvoir de faire respecter, qu'il eût été loisible, même au chef du comté, d'enclore dans les murailles d'un château fort deux églises, dont l'une au moins bien certainement servait au culte d'une paroisse.
Mellinet qui connaissait cette objection, y répond relativement à Sainte-Croix :
"Peut-être cette église n'était-elle que la chapelle du château. Toujours est-il certain que cette église appartenait au comte de Nantes. Pour le prouver, il suffit de rappeler qu'en 1093, Alain Fergent, ayant épousé en grande solennité, dans le château du Bouffay, la bienheureuse Ermengarde d'Anjou, cette pieuse princesse, non satisfaite d'avoir persuadé à son époux de passer la mer, pour aller combattre les ennemis du Christ, le décida à donner à l'église Sainte-Croix à l'abbaye de Marmoustiers, dont les miracles étaient célèbres alors. Un mémoire du temps dit, pour expliquer l'empressement des moines de Marmoustiers à obtenir la concession de cette église : Sainte-Croix étant paroisse de la cour, c'était un attrait de plus pour eux ..."
Ce que dit là Mellinet est exact et constaté par les documents de l'époque ; mais il n'y a là aucune preuve, nous dirons même aucun indice qui puisse faire admettre que les églises de Sainte-Croix et de Saint-Saturnin fussent comprises dans l'enceinte du château du Bouffay.
En opposition à cette opinion, nous signalerons quelques faits qui semblent prouver, au contraire, qu'il en était autrement.
Nous avons déjà fait remarquer combien il était peu supposable que l'on eût fait entrer dans l'enceinte même d'un château soumis à l'autorité et à la police militaire, et qui n'était en réalité qu'une place de guerre, plusieurs églises, notamment celle de Saint-Saturnin avec son presbytère et son cimetière, et qui, comme église paroissiale, devait chaque jour et à toute heure être accessible aux fidèles et pour le service du culte. A notre avis, cette supposition perd même toute chance de probabilité, lorsque l'on considère l'époque de l'érection du château et surtout le motif qui avait décidé Conan à le faire construire.
Mais ce n'est pas tout.
Comme le dit Mellinet, en 1106, Alain Fergent et son épouse Ermengarde firent don aux religieux de Marmoustiers de l'église Sainte-Croix et de celle de Saint-Saturnin. Dom Morice, qui rapporte ce fait, donne aussi les termes de cette donation. Or, cette charte fixe ainsi la position de Sainte-Croix : intra moenia nanneticoe urbis, et plus loin l'on retrouve ces mots, qui s'appliquent évidemment à Saint-Saturnin : Capella juxta Bufetum. Ces mots ne peuvent laisser prise à aucune équivoque. Ces églises pouvaient être un annexe, une dépendance du château, mais ne se trouvaient pas à l'intérieur de l'enceinte.
Continuons.
En 1096, avant la donation faite aux moines de Marmoustiers, l'église Sainte-Croix était aux mains d'un laïc. Plus tard, comme nous le dirons, un laïc la posséda encore et Mellinet lui-même avance que ce furent les religieux qui firent cette cession. Comment croire que, si cette église eût fait partie intégrante du château, elle fut demeurée ainsi propriété particulière dont le détenteur put librement disposer à son gré ? Il est en effet clairement établi que dans l'espace de moins d'un demi siècle, cette même église Sainte-Croix passa des mains d'un laïc en celles des moines de Marmoustiers, puis de celles de ces religieux en celles du clergé, qui bientôt en fit la rétrocession aux mêmes religieux. Nous ne pouvons admettre que ces mutations, que ces concessions diverses aient pu se faire pour une église située à l'intérieur d'un château fort, entouré de murailles et dont la destination, clairement indiquée, avait été de défendre et de maintenir l'autorité du duc.
Et la rue de la Juiverie ... Si le tracé que donne Mellinet eût été exact, cette rue tout entière se fût trouvée comprise dans le château. Sans doute, à cette époque, les Juifs recherchaient la protection des grands seigneurs et souvent même la payaient fort cher. Ils se mettaient donc sous leur tutelle et se réfugiaient le plus près possible de leurs habitations. Mais en vérité on répugne à croire que le duc eût donné asile dans son château même à une population d'une probité douteuse et pour laquelle on avait alors une répulsion que personne ne cherchait même à dissimuler.
Nous sommes donc d'avis que Mellinet se trompe, lorsqu'il avance que l'enceinte du château de Conan s'étendait jusqu'aux emplacements actuels du Pilori et des Changes. Dans notre opinion, cette enceinte ne devait point avoir autant d'étendue. Voici les limites que nous lui donnerions.
En partant de la tour du Frêne, à l'angle de la rue de la Poissonnerie, le mur d'enceinte, baigné de ce côté par la Loire, s'étendait jusque vers l'axe de la rue du Port-Maillard, où était la seconde tour. De là il devait remonter jusqu'aux écuries du prince, situées un peu au-dessous de la rue de la Juiverie ; là se trouvait la troisième tour, appelée tour des Palefrois. Puis de ce point, la muraille devait se diriger directement sur l'Erdre, en passant près de l'église Sainte-Croix, qu'elle laissait en dehors, suivant l'usage établi alors d'isoler de toute habitation les édifices religieux. Au point de rencontre avec la rivière, était la quatrième tour, et enfin le mur longeant l'Erdre regagnait la première tour du Frêne.
Dans cette hypothèse, nous avons toujours le bâtiment carré, flanqué de quatre tours, dont parlent tous les auteurs ; seulement les deux églises et la rue de la Juiverie restent en dehors de l'enceinte, comme cela nous semble naturel.
Disons de suite que l'église Saint-Saturnin se trouvait près des Changes, à la droite, en montant la Basse-Grande-Rue, sur laquelle s'ouvrait l'entrée principale. Elle s'étendait de là jusqu'à Sainte-Croix, dont elle n'était séparée que par une ruelle de seulement trois mètres.
Telle est notre opinion sur le périmètre du château du Bouffay. Cette opinion est-elle de tous points exacte ? Nous sommes portés à le croire, mais évidemment nous ne sommes point en mesure de rien affirmer à cet égard. Avec le temps, ce mur d'enceinte a disparu, sans laisser de traces, sans qu'aucun historien ait pris le soin de signaler cette destruction, et l'on ne peut ainsi aujourd'hui présenter que des probabilités, que des hypothèses.
Mellinet avait exprimé sur un autre point une opinion qui s'est trouvée pleinement justifiée. Il avait émis l'idée que le château du Bouffay devait être assis sur des fondations romaines. Et en effet, lors des travaux de construction de la maison, élevée en 1851, sur l'emplacement de l'ancien palais ducal, l'on a trouvé d'abord les fondations propres du château, et au-dessous des fondations romaines parfaitement caractérisées. Ainsi il ne peut rester aucune incertitude à cet égard.
... à suivre ...
M. J.-C. RENOUL
Annales de la Société royale académique de Nantes
et du département de la Loire-Inférieure
1864