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La Maraîchine Normande
20 avril 2013

LA LECON DU CURÉ DU VILLAGE

Capture plein écran 20042013 115028

 

LA LECON DU CURÉ DU VILLAGE

Resserrer, chers petits, vos joyeuses phalanges,
Plus près, plus près encor, et que de toutes parts
Mes yeux ne puissent voir que des visages d'anges,
Formant autour de moi de souriants remparts.
C'est alors, bénissant cette vivante enceinte
Qui jette dans les airs mille cris triomphants,
Que j'admire en mon coeur cette parole sainte :
"Laissez venir à moi les plus petits enfants."

Fixez les yeux au ciel ... La nuit va nous atteindre :
Dieu, pour tous les humains, dispense ses bienfaits :
Dans une mer de feu le soleil va s'éteindre
En projetant au loin ses splendides reflets.
C'est l'heure où jouissent, assis sur l'herbe tendre,
D'un repos calme et pur par l'ombre procuré,
Je vous vois, chaque soir, fidèlement entendre
Une simple leçon de votre vieux curé.

La forêt, le ruisseau, ce beau ciel, cette étoile,
Cet astre de la nuit d'où tombe un si doux feu :
Regardez, chers enfants, ici tout nous dévoile
Dans l'oeuvre des sept jours la présence de Dieu.
Aimez-le donc toujours, croyez à sa puissance,
Croyez à la bonté, croyez à son amour,
Et, pour lui témoigner votre reconnaissance,
Que vers lui vos accents s'élèvent chaque jour.

Croyez, croyez, enfants, sur cette triste terre,
On puise en sa croyance un bonheur inouï,
Et si quelque insensé, niant un saint mystère,
Vous dit : Y croyez-vous ? Répondez toujours : Oui !
Car, sachez-le, la foi, c'est la vertu première ;
Craignez comme un serpent le doute empoisonné :
Avec lui, plus d'élan, plus d'amour, de prière,
On voit fuir tout espoir et l'on meurt condamné.

Je suis bien vieux, bien vieux, et je vois sans alarmes
Que bientôt, pour toujours, il me faudra partir ...
Vous pleurez, chers enfants ; essuyez donc vos larmes ;
Apaisez ces sanglots que j'entends retentir.
Du ciel, mon souvenir, humble et céleste flamme,
Vous guidant à travers chaque sentier humain,
Fortifiant la foi dans le fond de votre âme,
Pour me revoir un jour vous dira le chemin.

J. DUBAS

(La semaine des Familles - Alfred Nettement - 4 décembre 1858)

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