Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Maraîchine Normande
15 avril 2013

VEZINS ♣ MATHURIN BRUNEAU ♣ FAUX DAUPHIN

Capture plein écran 15042013 173447

Mathurin Bruneau, naquit le 10 mai 1784 à Vezins, d'un pauvre sabotier qui demeurait à la porte du château.
Orphelin à huit ans, il fut recueilli chez son beau-père, d'où sa mauvaise conduite le fit chasser à ¤nze ans.
Il erra quelque temps et fut recueilli au château d'Angrie (1795) près Candé, où il s'était présenté comme le fils du baron de Vezins, victime de la guerre de Vendée. Démasqué, il fut ramené à Vihiers où habitait alors le reste de sa famille, puis disparut vers l'âge de 16 à 17 ans.


On le retrouve en 1803 écroué comme vagabond et fou dans une maison de répression de Saint-Denis, d'¤ù il sort pour s'engager dans le 4e régiment d'artillerie de marine, s'embarque à Lorient, déserte à Norfolk et vit comme boulanger, tailleur de pierre, domestique durant dix ans aux États-Unis.
Le voici pourtant qui débarque en septembre 1815 à Saint-Malo, muni d'un prétendu passe-port américain délivré au nom de Charles de Navarre, citoyen des Etats-Unis.

Capture plein écran 15042013 173258Grossier de manières, sans esprit ni instruction ni rien qui pût aider à l'illusion, il prétendit se faire accepter de la crédulité publique, comme le malheureux dauphin, fils de Louis XVI, échappé par miracle du Temple en 1795. Il trouva pourtant des dupes et dans le département même, où il était né, parvint à en vivre trois mois. Arrêté l'année même à St-Malo, une lettre qu'il écrit au gouverneur anglais de Guernesey, le fait transférer à Rouen, puis à Bicêtre le 16 janvier 1816, où il gagne à son service un ex-huissier et un faux prêtre pour rédiger des proclamations et ses mémoires et l'aider à recruter des fidèles qui alimentent sa table et sa bourse. Sa piteuse mine ne tint pas contre l'évidence des interrogatoires, les reconnaissances publiques de sa soeur et de Mme Turpin de Crissé et la maladresse de sa défense. Un arrêt du tribunal correctionnel de Rouen le condamna le 19 février 1818, à 3.000 francs et à cinq ans de prison pour le principal délit, et à deux autres années pour injures aux magistrats pendant l'audience.
A l'expiration de sa peine, il devait être livré à l'autorité militaire qui avait à le juger comme déserteur.Ayant continué à correspondre avec ses partisans, Bruneau fut transféré le 17 mai 1821 à la maison d'arrêt de Caen puis, dès le lendemain, au Mont-Saint-Michel, où il mourut un an plus tard. - On a publié dans le temps l'Histoire et le procès complet du faux dauphin (Pillet, 1828, in-8° de 128 p.) avec le portrait gravé de cet aventurier, qui un moment occupa de lui toute la France et ne laissa pas de donner souci au gouvernement du roi,
Croyez-moi, prince de Navarre,
Prince, faites-nous des sabots.
C'est l'avis que lui donnait Béranger,  et il reste au moins de cette drôlerie une jolie chanson.

[Ayant continué à correspondre avec ses partisans, Bruneau fut transféré le 17 mai 1821 à la maison d'arrêt de Caen puis, dès le lendemain, au Mont-Saint-Michel, où il mourut un an plus tard.]


Dictionnaire historique de Maine-et-Loire
Archives Départementales de Maine-et-Loire

Capture plein écran 15042013 173334

Mathurin Bruneau mourut le 26 avril 1822, ainsi que le constate la pièce suivante que nous avons copiée sur les registres de l'état-civil de la commune du Mont-Saint-Michel


"L'an mil huit cent vingt-deux, le six avril à six heures du soir.
Par devant nous, Jean-Etienne Chénier, maire et officier de l'état-civil de la commune du Mont-Saint-Michel, canton de Pontorson, département de la Manche ;
Sont comparus les sieus Etienne-Marie Mottay, secrétaire-greffier de la maison centrale de ce lieu, âgé de cinquante-quatre ans, et René-Louis Turgot, concierge, âgé de vingt-six ans, tous deux domiciliés en cette commune, lesquels nous ont déclaré que le nommé Bruneau Mathurin, né à Vezins le dix mai dix-sept cent quatre-vingt-quatre, est décédé aujourd'hui à six heures du matin en cette commune ; et ont les déclarants signé avec nous le présent acte après lecture.
Signé : CHÉNIER, TURGOT, MOTTAY.

Mathurin Bruneau mourut d'une attaque d'apoplexie, provoquée très probablement par une artério-sclérose d'origine alcoolique.


(Les prisons du Mont Saint-Michel 1425-1864 de Etienne Dupont)


LE PRINCE DE NAVARRE
ou MATHURIN BRUNEAU
de BÉRANGER

Air du ballet des Pierrots

Quoi ! tu veux régner sur la France !
Es-tu fou, pauvre Mathurin ?
N'échange point ton indigence
contre tout l'or d'un souverain.
Sur un trône l'ennui se carre,
Fier d'être encensé par des sots.
Croyez-moi, prince de Navarre,
Prince, faites-nous des sabots.

Des leçons que le malheur donne
Tu n'as donc point tiré de fruit ?
Réclamerais-tu la couronne,
Si le malheur t'avait instruit ?
Cette ambition n'est point rare,
Même ailleurs que chez les héros.
Croyez-moi, prince de Navarre
Prince, faites-nous des sabots.

Dans le rang que toi-même espères,
Trompés par des flatteurs câlins,
Que de rois se disent les pères
D'enfants qui se croient orphelins !
Régner, c'est n'être point avare
De lois, de rubans, de grands mots,
Croyez-moi, prince de Navarre,
Prince, faites-nous des sabots.

Quand tu combattras avec gloire,
Sache que plus d'un conquérant
Se voit arracher la victoire
Par un général ignorant.
Un Anglais, aidé d'un Tartare,
Foule aux pieds de nobles drapeaux.
Croyez-moi, prince de Navarre,
Prince, faites-nous des sabots.

Combien d'agents illégitimes
Servent la légitimité !
Trop tard sur les malheurs de Nîmes
On éclairerait ta bonté.
Le roi qu'au Pont Neuf on répare
Parle en vain pour les huguenots.
Croyez-moi, prince de Navarre,
Prince, faites-nous des sabots.

De tes maux quel serait le terme,
Si quelques alliés sans foi
Prétendaient que tu tiens à ferme
Le trône que tu dis à toi ?
De jour en jour leur ligue avare
Augmenterait le prix des baux.
Croyez-moi, prince de Navarre,
Prince, faites-nous des sabots.

Enfin pourrais-tu sans scrupule,
Graissant la patte au Saint-Esprit,
Faire un concordat ridicule
Avec ton père en Jésus-Christ ?
Pour lui redorer sa tiare
Tu nous surchargerais d'impôts.
Croyez-moi, prince de Navarre,
Prince, faites-nous des sabots.

D'ailleurs, ton métier nous arrange :
Nos amis nous ont fait capot.
C'est pour que l'étranger la mange
Que nous mettons la poule au pot.
De nos souliers même on s'empare
Après avoir pris nos manteaux.
Croyez-moi, prince de Navarre,
Prince, faites-nous des sabots.

(Oeuvres de P.-J. de Béranger - Tome 1 - Perrotin (Paris) 1867

Publicité
Commentaires
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité