ETYMOLOGIE VENDÉENNE ♣ SAINT-AUBIN-DES-ORMEAUX

Etymologie Vendéenne

SAINT-AUBIN-DES-ORMEAUX

Saint Aubin, évêque d'Angers, compte parmi les apôtres les plus célèbres du VIe siècle. Les Bollandistes nous apprennent que sa réputation s'étendait bien au-delà des limites de son diocèse et que, plus d'une fois, sa voix et ses conseils furent écoutés à la cour du jeune royaume de France. Il s'était surtout rendu p¤pulaire par son zèle pour la prédication : presque chaque jour il prêchait, soit à Angers, soit, au cours de ses incessantes visites pastorales, sur tous les points du territoire confié à son administration, soit même, de temps à autre, dans les villages ou bourgades qui dépendaient alors du vaste diocèse de Poitiers et avoisinaient l'Anjou.

C'est ainsi qu'une antique tradition locale, notée par l'abbé Boutin dans ses Légendes des Saints du Propre de Luçon, rapporte qu'un jour le zélé prédicateur vint prêcher près de la Bruffière, sur un coteau abrupt situé en face de Tiffauges et qui, depuis, porte le nom de Pierre-Saint-Aubin. Or, comme la Pierre-Saint-Aubin se trouve à environ deux lieues de Saint-Aubin-les-Ormeaux, il est très vraisemblable - sinon absolument certain - que ce fut en souvenir de cette prédication dans le voisinage que, plus tard, l¤rs de sa fondation, notre paroisse bas-poitevine reçut le nom de Saint-Aubin.

Elle n'en porta point d'autre pendant longtemps. Le recueil officiel du Grand Gauthier, au XIVe siècle, la mentionne seulement, en effet, sous ce nom de Saint-Aubin : Ecclesia Sancti Albini. Ce ne fut que bien plus tard qu'on ajouta la dénomination complémentaire les-Ormeaux.

Quand, pourquoi et à quelle occasion ? Aucun document officiel précis ne nous l'apprend. Mais tout porte à croire que ce fut à la suite des célèbres plantations dues à l'initiative de Sully, le grand ministre de Henri IV, dont une ordonnance, datée de l'année 1605, prescrivait de planter au moins un orme dans chaque bourgade, en face de l'église paroissiale.

En exécution de cette ordonnance, chaque église de campagne eut donc bientôt son orme ; et comme le cimetière, alors, joignait presque toujours l'église, ce fut généralement au milieu du champ des morts que se fit la plantation. A Saint-Aubin on ne se contenta pas d'un seul orme, mais en en mit plusieurs qui, bientôt, trouvant là sans doute un terrain plus particulièrement favorable, grandirent rapidement et devinrent un objet d'admiration pour tout le pays ; telle pourrait bien être l'origine de la dénomination complémentaire les-Ormeaux, à moins que ce complément n'eût été ajouté antérieurement, comme une réclame à de nombreux ormeaux déjà existant sur le territoire de la paroisse.

Toujours est-il que, parmi les ormeaux plantés dans l'ancien cimetière de Saint-Aubin, il y en avait un, surtout, qui était de proportions gigantesques et que les fidèles avaient en grande vénération. Comme il tombait de vétusté lorsque le cimetière, il y a environ un demi-siècle, fut éloigné de l'église et transporté en dehors du bourg, on dut l'enlever en même temps que plusieurs autres ; mais on eut soin de conserver un spécimen de la collection, choisi parmi les plus vigoureux. Ce survivant, qui se dresse encore sur la place ménagée en face de l'église, hérita d'une partie de la popularité dont jouissait le géant tombé, et l'administration municipale l'a entouré d'un petit rempart de maçonnerie pour le protéger contre tout accident de roulage. De sorte que si le Saint-Aubin du canton de Mortagne n'a plus aujourd'hui la parure entière des beaux ormeaux qui semblent lui avoir valu jadis sa dénomination complémentaire, il en conserve néanmoins un échantillon destiné à rappeler le souvenir de ce second baptême.

LA VENDÉE HISTORIQUE
1914