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La Maraîchine Normande
9 avril 2013

NOTICE ♣ ANTIQUITÉ DE SAINT-PIERRE-DU-CHEMIN (85)

ANTIQUITÉ DE SAINT-PIERRE-DU-CHEMIN

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La plupart des auteurs pensent que la paroisse de Saint-Pierre du Chemin, avec le territoire voisin, faisait autrefois partie du pays des Anagnutes, petit peuple qui habitait le Bas-Poitou, à l'époque de l'invasion romaine. Mais nous devons à la vérité de dire que les documents font complètement défaut p¤ur prouver l'existence, dans cette contrée, de cette peuplade d'origine celtique. Il n'y a qu'un point absolument incontestable, c'est l'ancienneté de Saint-Pierre du Chemin, qui se dém¤ntre non seulement par la position de cette importante localité sur le bord d'une Voie romaine, mais encore par le vocable de son église et par le choix qu'on en fit comme chef-lieu d'un doyenné, dans les siècles qui suivirent l'introduction du christianisme dans l'ouest de la Gaule.

1° La Voie, ou le Chemin qui a donné son nom à Saint-Pierre allait-elle de Nantes à Poitiers ? M. Léon Audé (Etudes historiques de la Vendée - Annuaire de la Société d'Emulation et M. René Vallette (Paysages et Monuments du Poitou, art. La Châtaigneraie) l'ont cru, contrairement à M. B. Fillon qui, dans Poitou et Vendée, prétend qu'elle se dirigeait de Nantes à Rom.
Un ouvrage publié par M. A. Lièvre, avec une carte des chemins gaulois et romains, fournit des indications précieuses sur le parcours de ces voies anciennes, qui ont aujourd'hui presque complètement disparu. D'après cet auteur le chemin de Poitiers à Nantes n'aurait point passé par notre pays, situé trop à l'ouest ; il aurait traversé Auxannes, près de Neuville, Etables, Bellien, La Cueille, Saint-Jouin (autrefois Ension), Saint-Généroux, le pont Volubine, Coulonges, la Chapelle-Gaudin, Voultegon, Saint-Clémentin (probablement la Ségora des anciens, mentionnée comme étant à trente-trois lieues de Poitiers, sur la route de Nantes), les Aubiers, Maulévrier, Cholet, Vallet, la Chapelle-Heulin et Nantes.
La voie qui passe à Saint-Pierre du Chemin, partirait de Nantes et traverserait les Sorinières, Vieillevigne, Montaigu, Saint-Georges (Durinum), Bazoges, les Herbiers, Ardelay, Pouzauges, Montournais, Saint-Pierre du Chemin, Chartemerle, l'Absie, Secondigny, Mazière, Saint-Maixent, Rom (Rauranum - Deux-Sèvres) et de là se dirigeait vers Périgueux.
Lorsqu'on fit, il y a cinquante ou soixante ans, la route de la Rochelle à Saumur, un ingénieur trouva au delà du bourg de Saint-Pierre du Chemin, près d'une maison appelée le Chêne, un gragment d'inscription qui semble avoir appartenu à une borne militaire.
On y lisait :
TOF AVG
PMP. TR
P ...

M. B. Fillon nous apprend que d'après les inscriptions conservées aux musées de la Loire-Inférieure et des Deux-Sèvres, cette voie romaine de Rom à Nantes, par Saint-Pierre du Chemin, avait été établie ou réparée par ordre de Tétricus et que Tacite en avait fait continuer les travaux.
Il faut traduire ainsi l'inscription précédente :
Invicto felici Augusto
Pontifici maximo, patri patriae,
Tribunitia potestate.

M. Emile Espérandieu, dans son "Epigraphie romaine du Poitou et de la Saintonge" ajoute :
"Ce sont les titres donnés aux empereurs Tétricus et Tacite sur les autres bornes militaires trouvées à Rum et à Nantes."
"Les comptes-rendus du Congrès de Fontenay-le-Comte, contiennent en outre sur ce militaire  une communication malheureusement trop courte du savant auteur de "Poitou et Vendée." L'inscription de cette borne y est ainsi donnée :
TOF AVG
PMPPTR
POIIIIIII

"Il est incontestablement fort difficile de restituer avec assez de certitude les lignes qui sont aujourd'hui disparues. Nous sommes en présence d'un texte sûrement relatif à quelque prince de la fin du IIIe ou du commencement du IVe siècle, mais les qualifications, incomplètes peut-être, qui lui sont données, ne peuvent suffire pour nous en faire connaître le nom. Si l'inscription que nous n'avons pas vue, était réellement rédigée comme l'indique B. Fillon, elle contiendrait une anomalie que nous ne nous expliquerions guère. On sait qu'à partir de Commode, le titre d'Auguste, pris par tous les empereurs comme Cognomen se trouve généralement précédé des surnoms de Pius, Felix, auxquels Caracalla et ses successeurs ajoutèrent celui d'Invictus. Or ici l'ordre invariable dans lequel se présentent ces divers surnoms n'existerait pas. Faudrait-il en conclure que le lapicide s'est trompé ? Cela nous paraît peu probable et nous préférons croire à quelque faute de transcription.

La lettre F doit plus vraisemblablement appartenir à la ligne précédente, où sa place est mieux indiquée et les deux noms de Tacite ou de Tétricus pourraient entrer indifféremment dans la restitution de la partie mutilée du texte.
Toutefois si nous remarquons que sur les milliaires du musée de Niort, l'indication du pontificat de Tacite occupe seule la place correspondante à celle qui lui est assignée dans le fragment de Saint-Pierre-du-Chemin, nous croyons qu'il est possible de s'arrêter d'une façon plus sûre à la restitution qui suit :

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A l'empereur César Marcus Claudius Tacite, pieux, heureux, invincible, Auguste, souverain, pontife, père de la patrie, revêtu de la puissance tribunice, consul pour la deuxième fois ..."

Il est incontestable que Saint-Pierre du Chemin dut une grande partie de son importance au passage de cette voie romaine et fut pour ce motif choisi comme chef-lieu d'un doyenné qui plus tard fut transféré à Fontenay-le-Comte.
"Il est très rationnel, a écrit M. de la Fontenelle de Vaudoie, de placer le chef-lieu d'une division ecclésiastique sur un point traversé par une voie romaine, au moment où le christianisme s'introduisait chez nos aïeux ... Cette route traversait le bourg, près de l'église et du champ de foire et prenait en sortant une suite de taillées, pour aller par le Gué-Chaudron, vers Réaumur et Pouzauges."

Le vocable de Saint-Pierre.
L'étude de la géographie ecclésiastique nous amène tout d'abord à remarquer que les lieux les plus anciens furent placés sous le patronage du Prince des Apôtres. Nous ne manquons pas d'exemples pour appuyer notre assertion. Nous citerons en particulier Limoges, qui avant d'avoir sa cathédrale, élevée en l'honneur de saint Martial, disciple de saint-Pierre, possédait un sanctuaire dédié au chef de l'Eglise naissante. - La cathédrale de Poitiers a été consacrée à saint Pierre. - Paris, l'ancienne Lutèce, ne fut placé sous le vocable de Notre-Dame, qu'après avoir eu un premier monument chrétien élevé en l'honneur de saint Pierre. - Cette manière d'agir était rationnelle. Le catalogue des Saints, et en particulier celui de nos contrées, était à former et les premiers Apôtres des Gaules, partant de la Ville éternelle, devaient naturellement choisir et placer à la tête des populations chrétiennes Celui à qui Jésus-Christ avait donné le pouvoir de fonder son Eglise, Celui de qui plusieurs avaient reçu la mission d'évangéliser les peuples.

Saint-Pierre, chef-lieu d'un doyenné.
Lorsque le Christianisme s'introduisit dans les Gaules, les premiers Apôtres durent se rendre, tout d'abord, au milieu des centres populeux. La colonie chrétienne, une fois fondée, les premières églises durent être construites dans les lieux les plus habités et les plus importants, afin qu'il fût plus facile de subvenir aux besoins spirituels des fidèles. De là, prenant leur essor, ces ouvriers évangéliques partaient, comme d'un centre, pour éclairer du flambeau de la foi, les campagnes environnantes. Ces premières fondations acquéraient naturellement plus d'influence et lorsqu'un supérieur ecclésiastique était jugé nécessaire, il trouvait sa place toute marquée dans l'église principale d'où était partie la bonne nouvelle du salut.
Cette remarque est importante, parce qu'elle nous indique la raison et l'origine des divisions ecclésiastiques, sur lesquelles furent calquées plus tard les divisions civiles et administratives. Ces divisions, jusqu'en 1791, avaient subi peu de variations ; et à cette époque, nous les retrouvons à peu près telles qu'elles étaient à leur origine.

La révolution en bouleversant la France par ses subdivisions multipliées, sans égard bien souvent pour les recommandations locales, n'a    guère laissé de traces de ces anciens souvenirs. C'est ainsi également que pour faire disparaître toute idée religieuse, on avait rayé le vocable de Saint-Pierre du Chemin, pour le remplacer par celui de Chemin sur le Lay et il n'était pas rare au commencement de ce siècle d'entendre dire : "Le Chemin. - Je vais au Chemin."

Voici quelles furent les divisions premières du diocèse de Poitiers, dont Saint-Pierre du Chemin faisait partie primitivement.

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Pendant combien de siècles, Saint-Pierre du Chemin conserva-t-il son titre de doyenné et à quelle époque en fut-il dépossédé ? L'on peut sans témérité faire remonter la création du doyenné de Saint-Pierre du Chemin jusqu'aux premiers siècles du Christianisme, jusqu'au moment où la religion de Jésus-Christ fut introduite dans le Poitou. En effet, une fois nos contrées soumises au joug de l'Evangile, la ville de Poitiers devint le siège d'un évêché et l'on dut presque aussitôt établir les divisions ecclésiastiques.
Quant à fixer l'époque à laquelle Saint-Pierre cessa d'être un doyenné, rien dans l'histoire, aucune charte, aucun "pouillé" ne vient éclaircir cette question. Néanmoins l'on s'accorde généralement à dire que ce fut vers le IXe ou le Xe siècle, que ce titre ecclésiastique lui fut enlevé pour être transféré à Notre-Dame de Fontenay-le-Comte.

Dans l'année 1158, la chronique paroissiale de Fontenay fait mention d'un doyen de Fontenay, du nom de Pautonier, qui paraît comme témoin dans un acte signé : Teste Pautoniero. decano Fontaneti. Ainsi, dès cette époque, Saint-Pierre-du-Chemin était déchu de son antique splendeur. C'est la première mention que nous ayons d'un doyen de Fontenay, mais il est à croire qu'il n'était pas le premier et qu'il avait eu un ou peut-être plusieurs prédécesseurs.

L'importance du château de Fontenay, bien placé pour défendre le passage de la Vendée, le séjour qu'y firent à l'époque des grandes chasses et la protection que les comtes de Poitou accordèrent aux nouveaux habitants qui venaient se réfugier sous ses remparts, l'établissement d'une viguerie, à la fin du Xe siècle, voilà sans doute quelques-uns des motifs qui décidèrent la translation du chef-lieu du doyenné dans une localité qui était devenue la plus marquante du Bas-Poitou.

Deux Pouillés d'Alliot parlent du doyenné de Fontenay.
Le 1er, en 1625, s'exprime ainsi :
"Decanatus Fonteniaci-comitis, cui annexa est ecclesia Sancti Petri de Camino."
"Le doyenné de Fontenay-le-Comte auquel est annexé l'église de Saint-Pierre-du-Chemin."
Dans le 2e de 1648, on lit :
"Le doyen de Fontenay, avec Saint-Pierre-du-Chemin, son annexe."

En 1317, Saint-Pierre du Chemin cessa, comme tout le doyenné, de faire partie de l'évêché de Poitiers et fut incorporé au nouveau diocèse de Maillezais.
En 1648, l'évêché de Maillezais ayant été transféré à la Rochelle, Saint-Pierre du Chemin dépendit de ce diocèse jusqu'en 1821, époque à laquelle il fut rattaché au diocèse de Luçon.

Jusqu'à la Révolution, Saint-Pierre faisait partie de la subdélégation de la Châtaigneraie, de l'érection de Fontenay et de la généralité de Poitiers.
Devenue simple succursale après le transfert du doyenné à Fontenay, la paroisse fut érigée en cure de deuxième classe, le 24 mai 1829, par décret de Charles X, roi de France et de Navarre, à la demande de Mgr Soyer, évêque de Luçon, en considération de M. l'abbé Levé, alors curé de Saint-Pierre.

Abbé TEILLET
Revue du Bas-Poitou
1894 - 1ère livraison

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