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La Maraîchine Normande
7 avril 2013

JEAN-BAPTISTE GARNIER ♣ LYON ♣ MEMBRE DE LA LOGE DES ILLUMINÉS MARTINISTES

GARNIER (JEAN-BAPTISTE), chapelier, né à Lyon, y demeurant, place Saint-Jean, âgé de 34 ans, condamné par la Commission révolutionnaire de Lyon et fusillé le 21 décembre 1793

"Fusilier caserné et contre-révolutionnaire"

Nous n'avons aucun renseignement sur cette victime. Mais une aimable et obligeante communication de M. Louis de Combes nous a fait connaître que M. J.-D. Garnier avait fait partie de la loge des Illuminés Martinistes de Lyon, et nous profitons de cette circonstance pour donner ici quelques renseignements sur cette secte sur laquelle M. Louis de Combes a fait de patientes et lab¤rieuses recherches.

Les Illuminés Martinistes de Lyon étaient des adeptes de la doctrine philosophique fondée au XVIIIe siècle par Martinez Pasqualis et continuée par Louis-Claude de Saint-Martin, surnommé "le philosophe inconnu". Cette secte était peu c¤nnue, tellement les initiés tenaient leur doctrine cachée, quand en 1862 parut un ouvrage du philosophe protestant Matter, sur saint Martin et sur un manuscrit de Martinez, dont il donnait une analyse. On y trouve l'exposition d'une sorte de panthéisme mystique, affirmé comme un dogme, sans démonstration et servant de principes à des pratiques de théurgie. Saint Martin, comme Martinez, était un mystique, il "prêchait la régénération de l'oeuvre par le développement de ses principes spirituels et son union avec Dieu". Sa morale était d'une élévation incontestable. Joseph de Maistre trouvait dans cette secte une certaine grandeur, quoiqu'elle fût peu orthodoxe et qu'elle pratiquât l'occultisme. Il ne faut pas la confondre avec l'odieux illuminisme de Welshaupt.

Les adeptes du martinisme étaient recrutés dans les loges maçonniques et les sociétés mystiques, principalement à Marseille, à Toulouse et à Bordeaux. A Lyon, cette secte ne prit quelque importance que par les hommes considérables qui en firent partie : Willermoz, premier du nom, qui en était l'âme ; Savaron, baron de Chamousset ; Périsse-Duluc ; de Grainville, etc. Ils fondèrent aux Brotteaux une loge, dite de la Bienfaisance.

M. Louis de Combes, à qui nous laissons la responsabilité de son assertion, dit que ces illuminés "comptaient dans leurs rangs l'élite du clergé, de l'aristocratie et de la bourgeoisie de Lyon. Aucun Jacobin n'en est sorti. J.-B. Willermoz, qui était l'âme de cette société secrète, avait formé un centre d'idées libérales, il est vrai, sincèrement acquis aux réformes, mais répugnant aux mesures violentes. Joseph de Maistre, qui fréquentait les martinistes, en parle avec éloge et même avec une visible sympathie dans les "Soirées de Saint-Pétersbourg".

"Le temple de la Bienfaisance, dit M. Louis de Combes, a eu une fin joyeuse. En 1793, ce temple formait bastion et poste avancé sur le mur crénelé construit pour défendre les Brotteaux contre les troupes de la Convention campées sur la Pardieu. Il figure en petit carré noir sur le plan dressé à cette époque par le capitaine de génie, Girard Aubert, et reproduit par Monfalcon. Le bataillon lyonnais qui l'occupa dans la nuit du 28 au 29 août, découvrit la défroque dont on se servait pour les épreuves maçonniques. Je laisse à penser quelle joie ! quelle mascarade aussitôt improvisée ! Les couronnes d'or et de fer, les casques, les cuirasses, les linceuls surtout parèrent les jeunes soldats. On attacha l'épée flamboyante aux os décharnés de la main du traditionnel squelette. On chantait, on dansait, lorsque la sentinelle cria : Aux armes ! Les contingents requis dans l'Ain commençaient l'attaque.
Les valeureux étourdis sautèrent sur leurs fusils et firent une sortie sans songer à enlever leurs déguisements. L'un d'eux marcha même devant, en portant le squelette, qu'il agitait comme si celui-ci avait des convulsions. A la vue de la bande de spectres, les Bressans, saisis de terreur, prirent la fuite et rentrèrent au camp en racontant qu'ils avaient été attaqués par des démons, qu'un mort, sorti du tombeau, commandait avec une épée qui coupait les hommes en deux. Le général Rivaz, furieux, fit marcher un régimen de cavalerie. Les Lyonnais, sur le point d'être tournés, durent  rentrer dans leur poste.
Balleydier écrivait en 1845 : "Un volontaire du département de l'Ain, partie active de ce combat de nuit, existe encore à quelques lieues de Bourg : il est toujours convaincu d'avoir eu affaire à une légion d'êtres surnaturels."

Les illuminés prirent une part considérable à la défense de Lyon : plusieurs étaient des royalistes militants. Un grand nombre réussirent à se sauver ; une dizaine périrent, ce sont : MM. Jean-Pierre Savaron, Pierre-André de Grainville, Jean-Jacques Millanois, Pierre-Marie Bruyset, Didier Guillin, Dominique-Jean Manin, Antoire Willermoz, Joseph Jouty, Jean-Baptiste Garnier, tous exécutés à Lyon et le comte de Virieu, tué à la sortie de Précy. Pour M. de Virieu, nous savons que sa fin très chrétienne a racheté son erreur et que depuis longtemps il avait rompu avec ces pratiques condamnées par le catholicisme.

21 décembre 1793 (1er nivôse an II)
67 condamnés, dont 51 fusillés aux Brotteaux et 16 guillotinés à 2 heures 1/4, place des Terreaux

AGÉNORY N. - ouvrier en soie - 46 ans
ASSADA L.-B. - ouvrier en soie - 41 ans
AUROUZE P. - prêtre - 42 ans - G
BAVET J.-A. - comm. charg. - 37 ans
BENOIT P. - ouvrier en soie - 54 ans
BERGE J. - élève chirurgien - 37 ans
BERGER H.-J.-M. - avocat - 43 ans - G
BISCARA H. - fabricant - 37 ans
BLANCHET E. - ferratier - 33 ans
BOURDIN P. - prêtre - 70 ans - G
BRODIER E.-P. - chirurgien - 69 ans
CABARET B. - élève chirurgien - 21 ans
CAMUS R. - baigneur - 38 ans
CAGNION M. - marchand - 48 ans
CHAMOUSSET P. - fripier - 58 ans
CHARVET A. - employé - 42 ans
CHECHERE F.-R. - tailleur - 44 ans
CUNY Ch. - cordonnier - 59 ans
DESMARAIS Fr. - quincailler - 20 ans
DIJON A.-M., présid. district - 57 ans - G
DISSELIN J.-F. - ouvrier en soie - 54 ans
DRIVET B. - garçon épicier - 45 ans
DUPRÉ A. - comm. drapier - 27 ans
FILLION P. - fabricant - 57 ans
GABY J. ou CARY - 47 ans
GACHE J.-B. - fabricant - 63 ans - G
GARNIER J.-B. - chapelier - 34 ans
GUILLET J. - garçon chapelier - 29 ans
GUYOT L. - fabricant - 44 ans
HACHARD Th. - architecte - 67 ans
JACOB Ch.-J. - fabricant - 53 ans - G
JEUDY Fr. - ex-carme, distill. - 58 ans
JOUSSERAND J.-Ch. - md de dorures - 64 ans - G
LABARGE J. - noble - 45 ans
LACOSTAT Fr. - négociant - 40 ans - G
LAFONT aîné C.-A. - épicier - 56 ans - G
LAFONT cadet J.-B. - épicier - 55 ans
LATUS P. - ouvrier en soie - 34 ans
LAULREAUD Fr. potier d'étain - 26 ans
LEBLANC A. - homme de loi - 44 ans - G
MAILLAND H.-G. - rentier - 46 ans - G
MINOYAL M. - maçon - 58 ans - G
NEUVILLE N. - emballeur - 23 ans
PERMILLEUX J. - tourneur - 30 ans - G
PERRACHE Cl.-F. - ouvrier - 45 ans
PERRAUD Fr. - prêtre - 35 ans - G
PICHOT J. - ceinturonnier - 44 ans
PLANSON E. - domestique - 42 ans
PLISSON Ch. - dentiste - 29 ans
PONCHON Ch. - officier - 73 ans
POUGNOT J.-M. - fourbisseur - 30 ans
REMILHE J.-M. - procureur - 70 ans
REPLAIN J. - ouvrier - 49 ans - G
REVOIRE J.-B. - commis - 19 ans
ROBIN J.-P. - négociant - 51 ans
ROGUAT P.-M. - droguiste - 36 ans
ROULET A. - charpentier - 49 ans
SAUTET P. - cabaretier - 48 ans
SENES J.-B. - perruquier - 42 ans
SERÉ Ph. - clerc - 26 ans
SUPERCHY E. - graveur - 57 ans
TRIPIER A. - serrurier - 30 ans
TRUTEMANN M. - ouvrier - 35 ans
VAURENARD A.-E. CORTEILLE DE - noble - 20 ans
VAURENARD F.-G. - noble - 69 ans - G
VERCHERE L. - noble, avocat - 40 ans
VERMOEL P. - vinaigrier - 33 ans.

(Le journal de Ville-Affranchie (d'Aumale) donne les noms d'Antoine Gaillard et d'Antoine Rogassi-Louvet, deux victimes qui auraient été condamnées à mort ce jour-là et qui ne figurent sur aucun jugement).

Tableau général des victimes & martyrs de la Révolution,
en Lyonnais, Forez et Beaujolais : spécialement sous le régime de la Terreur, 1793-1794
par Antonin Portallier
1911

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