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La Maraîchine Normande
27 mars 2013

POÉSIE ♣ DOMMAIGNÉ

DOMMAIGNÉ

Les blancs, devant Saumur, usent en vain leurs masses
Contre des cavaliers ceints de fortes cuirasses
Où le plomb rebondit, et ces hommes couverts
D'acier passent, broyant, fauchant tout à travers
Ce flot ; les Vendéens ont peur, c'est la défaite !

Loin, un bruit ! C'est Crouston qui bat, sur son tamb¤ur,
La charge des chevaux de guerre et de labour,
Singuliers excadrons, fière cavalerie,
Reins sanglés, mors garnis de cordes ... Leur chef crie :
"Aux visages, les gâs !" et serrant l'éperon,
Parmi les rangs massifs, ainsi qu'un forgeron,
De sa crosse à deux mains, Dommaigné cogne, entaille ;
Les régiments blindés ne sont plus que ferraille !
Chaillou, leur colonel, haut sur les étriers,
Cherche qui peut f¤urnir tant de coups meurtriers !
Il voit le Vendéen, hurle avec arrogance,
Et, pistolet au poing, au grand galop s'élance,
Vise ... Le coup fait balle au flanc de Dommaigné,
Le sang s'arrête au coeur que la mort a gagné !
D'un spasme convulsif, le cadavre se dresse,
Son cheval obéit au genou qui le presse,
Part, bondit, et, debout, la nuit couvrant ses yeux,
Dommaigné, cou tendu, jette son âme aux cieux !
Mais son corps à tomber ne veut pas se résoudre,
Ses doigts sur son fusil se sont crispés, la poudre
Inconsciente crache et siffle un air moqueur ;
Sous l'armure du Bleu, le coup fait balle au coeur.
La lèvre contractée en un rictus atroce,
Chaillou menace Dieu, poing levé, l'oeil féroce ...
Vain effort ! Le blasphème à ses dents s'est figé ...
Il ne maudira plus, car il est obligé,
Souillé, bavant le sang, d'un relan effroyable,
De vomir, tête en bas, toute son âme au diable !
Le Vendéen se penche ; il n'a plus de rival ...
Pour lui la lutte vient de finir ; son cheval
D'une foulée auprès de l'ennemi s'aligne ...
Dommaigné lentement s'abat et, toujours digne,
S'allonge sur Chaillou, face au ciel, sans effort :
Le brillant cuirassier est le vaincu d'un mort !

Les paysans, autour de Dommaigné sans vie,
Exaspérés, des Bleus font immense tuerie !
Comme le flot qui vient, fuit, revient sur le roc,
Hommes, chevaux, canons, se heurtent en un choc
Formidable, et les Blancs ont la ville conquise
Quand le soir, dort Saumur, drapé de brume grise.

VINCENT LE GOVEC
La Vendée Historique
1902

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