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La Maraîchine Normande
24 mars 2013

NOTICE ♣ LE PUY-DU-FOU

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L'auteur de la Notice est l'abbé Pierre Bréau, curé des Epesses durant de longues années. Il l'écrivit en 1884 dans le but de composer un "Guide" pour le visiteur du château du Puy-du-Fou. C'est dire que sa publication intégrale serait fastidieuse et que beaucoup des descriptions qu'elle contient ne nous apprendraient rien. Nous avons jugé, toutefois, que les extraits qui vont suivre sont dignes d'intéresser nos lecteurs. L'abbé Bréau avait une connaissance parfaite des lieux et de la tradition orale qui s'y rattache. De plus, il avait été à même de consulter les archives locales et bien souvent, il a, dans son travail, consigné, des détails dont plusieurs nous ont semblé peu connus.

♣♣♣

Aussitôt la chute de la Convention, le 25 octobre 1795, les propriétaires de la terre du Puy-du-Fou, croyant que leur château avec tous ses bâtiments était devenu la proie des flammes, firent construire pour le régisseur qu'ils devaient y envoyer, une maison bourgeoise dans l'emplacement où devait être complété le corps principal du château et des servitudes, là où devait être construite la deuxième aile du château.

La maison destinée au régisseur n'a pas été occupée par lui ; elle n'a pas même été achevée ; il n'en existe que les murs et la couverture. M. Lelièvre, le nouveau régisseur, ayant trouvé un logement plus convenable et plus sûr dans la partie de l'aile existante qui n'avait pas été détruite par l'incendie.

Les cuisines dans le sous-sol communiquent à plusieurs grands caveaux et couloirs, le tout pavé, muré et voûté en pierre de taille. L'entrée de quelques souterrains a été murée solidement pour empêcher les visiteurs de s'y engager imprudemment.

M. Lelièvre a plusieurs fois raconté devant nous ce qui suit :

"Dès les premiers mois de mon séjour au Puy-Fou, je voulus visiter les souterrains. Je m'engageai dans celui qui suit à l'ouest la direction de la principale avenue. J'avais à peine parcouru une centaine de mètres lorsque je me trouvai en face d'une énorme porte de fer solidement verrouillée qu'il me fut impossible d'ouvrir. Le fer était couvert d'une épaisse couche de rouille qui scellait les verroux à la porte et la porte à son encadrement.

Quelques temps après, deux des propriétaires de la terre du Puy-du-Fou, MM. de la Brille et de Sesmaisons, munis de torches spéciales, s'engagèrent dans un autre souterrain dont la direction était à l'est vers Mallièvre. Ils n'avaient pas encore parcouru 1 km, lorsque M. de la Briffe qui marchait en avant enfonça jusqu'au dessus des genoux dans une eau verdâtre et stagnante qui lui glaça les jambes et en paralysa les mouvements. Effrayés ils retournèrent sur leurs pas et se hâtèrent de sortir. M. de la Briffe avait les deux jambes engourdies par un refroidissement qu'on eut peine à dissiper et le força à garder le lit pendant quinze jours."

Pour prévenir de pareils accidents et d'autres plus funestes encore, ces Messieurs ordonnèrent à leur régisseur de faire murer solidement tout accès à ces souterrains.

Les murs du Château construits sur pilotis comme l'on prouvé les fouilles faites dans les caveaux ... sont baignés dans les eaux d'un étang encadré dans un bois taillis très accidenté et parsemé d'arbres à hautes tiges.

Une barque amarrée au bas de la terrasse du château, sous un ki¤sque, y prenait les promeneurs et allait les déposer sur un promontoire où commençait une charmille traversant presque tout le bois taillis.

C'est dans cette charmille que le Comte d'Artois, plus tard Charles X, roi de France, partageait un repas champêtre avec les nobles des environs, lorsqu'une dépêche de la Cour vint l'informer du projet de Louis XVI de partir secrètement pour l'Allemagne et lui ordonnait d'aller l'y joindre.

Capture plein écran 24032013 200955A trois ou quatre cents mètres des ruines (principales) ..., sur la lisière du bois de l'Etang, près des bâtiments de la métairie du Parc, on voit les vestiges et ruines d'un vieux château du nom de Puy-du-Fou. Ce qui en reste se réduit à un amas informe de pierres couvertes de lierre, de broussailles et d'arbres, laissant à peine soupçonner le double fossé de ceinture et les remparts et autres fortifications. On y découvre cependant la base de quelques tours dénotant l'architecture militaire du Xe ou XIe siècle.
Les archives du Puy-du-Fou mentionnent souvent ce vieux château, sans indiquer la date de sa construction, sans préciser celle de sa destruction. Elles disent cependant que tous les matériaux de quelque valeur qu'on a pu y trouver ont été employés à la construction du nouveau château.
Plusieurs souterrains découverts fortuitement et à diverses ép¤ques ayant diverses directions annoncent l'importance de ce vieux manoir.
Les aveux faits par les seigneurs du second château portent : "proche desdits vestiges et fortifications du premier château est encore l'ancienne chapelle de la Madeleine dudit lieu, couverte en thuiles, le tout se joignant et contigü l'un à l'autre."
Il ne reste plus rien de cette chapelle ni sur les lieux ni dans la mémoire des habitants du pays.

Un bourg du nom de Bérard existait très anciennement près du château du Puy-du-Fou.

Dans un aveu, rendu le 27 février 1740, par M. Savart, tuteur de M. le Comte d'Armaillé, seigneur du Puy-du-Fou, au seigneur de Rochethremer, René Jousbert, chevalier, seigneur baron du Landreau, des portions du Puy-du-Fou qui en dépendent, on lit :
"s'ensuivent les devoirs et cens à moi dus :
"1° A la fête de la Pentecôte ... m'étaient anciennement dus plusieurs cens et devoirs par différents particuliers qui possédaient lors certains domaines assis au bourg Bérard, lequel est depuis un temps immémorial détruit et dépendances diceluy réuni(s) à mon castel du Puy-du-Fou".
On lit dans le même aveu :
"Item, tiens au nom sous hommages les maisons, jardins, prés, terres labourables appelés le Bourg Bérard, situé près de mon parc dans ladite paroisse des Epesses."

Les archives du Puy-du-Fou font aussi mention d'une foire annuelle très importante qui avait lieu près du bourg Bérard dans la grande prairie de la métairie de la Grange, appartement au château. Cette foire durait huit jours. Elle réunissait un nombre considérable de commerçants de tout genre et de toutes les contrées environnantes. Il s'y faisait des affaires importantes. Elle a disparu avec le bourg Bérard ou, plutôt le bourg a disparu avec la foire.

La terre du Puy-du-Fou était très considérable, elle comprenait presque toute la commune des Epesses et s'étendait sur les communes de Saint-Malo-du-Bois, de Mallièvre, de Treize-Vents, de Saint-Michel-Mont-Mercure, du Petit-Bourg des Herbiers, de Chambretaud, de la Verrie ; le château-fort de Mallièvre en faisait partie ...

Nous croyons exagéré le nombre de quatre-vingt-dix-neuf métairies dont on dit avoir été composée la terre du Puy-du-Fou, mais avec défense d'augmenter ce nombre sous peine de confiscation du surplus. Aucun des aveux des seigneurs, aucun des comptes rendus par les régisseurs ne porte à un nombre aussi élevé les métairies composant la terre du Puy-du-Fou ...

Capture plein écran 24032013 200806Peut-être dans le nombre de quatre-vingt-dix-neuf comprenait-on les terres cultivées par le château, les sept moulins, les tuileries auxquels étaient adjointes des terres pour la nourriture des bestiaux nécessaires à leur exploitation ; et des terrages assez considérables affermés à diverses personnes.

Un compte rendu des revenus de la terre du Puy-du-Fou, pendant l'année 1744 mentionne quarante-sept métairies, sept moulins, sept étangs, plusieurs garennes à lapins, le péage des foires des Epesses et de Mallièvre, la forge du château, les bois taillis, le complant des vignes des Epesses, le four banal des Epesses, celui de Mallièvre, des rentes d'argent, de froment, de seigle, d'avoine, de chapons, de cannetons, de cire, de dixmes qui constituaient un revenu considérable ...

La famille du Puy-du-Fou s'est constamment montrée protectrice de la religion, bienfaitrice de l'église des Epesses et charitable pour les pauvres.

Elle avait fondé sur toutes les métairies qu'elle possédait dans la paroisse des Epesses et même sur quelques-unes de celles lui appartenant dans les paroisses voisines, des rentes de blé seigle en faveur de la fabrique et de la cure des Epesses. Celles de la fabrique ont été fidèlement servies jusqu'à ce jour et la fabrique en conserve les titres.
La famille du Puy-du-Fou avait aussi fondé une rente annuelle de 300 livres pour le collège irlandais établi à Paris.
Elle avait encore établi une rente annuelle de dix charges et demie de blé seigle qui devait être converti en pains et distribués par les curés des Epesses, Chambretaud, Treize-Vents et Mallièvre, aux pauvres de leurs paroisses, la veille de la Sainte-Catherine et les jours suivants.

Au XVe siècle, les du Puy-du-Fou construisirent la belle et grande chapelle dédiée à Saint-Jean-Baptiste, au bourg des Epesses, proche de l'église paroissiale. L'écusson de la famille, gravé sur les clefs de voûte et sur les murs de cet édifice prouve qu'il est dû à la générosité des seigneurs du Puy-du-Fou.

Capture plein écran 24032013 200801En l'année 1520, Gabriel du Puy-du-Fou fait commencer la nouvelle église paroissiale dans l'emplacement de l'ancienne devenue trop petite pour la population.
Il y établit une crypte ou plutôt une église souterraine ayant sanctuaire et autel, nef, bas côtés et caveaux pour sépultures, le tout pavé, muré et voûté de pierres de taille.
Les voûtes du sanctuaire de l'église supérieure, à trois nefs, et celles des deux chapelles du choeur faites en pierres à caissons et moulures, le revêtement en pierres de taille des murs extérieurs de l'église et des contreforts attestent la grande générosité des seigneurs du Puy-du-Fou.
Le 5 juillet 1639, Gabriel du Puy-du-Fou vend sa terre à Claude de Boislevé et à Louise Ogier, sa femme, qui se chargent de meubler et de décorer l'église construite par leur prédécesseur.
C'est à eu qu'on doit le majestueux et riche retable du grand autel avec ses colonnes et pilastres en marbre, ses médaillons représentant la naissance de N.S.J.-C. et l'assomption de la Sainte-Vierge Marie ; aussi l'écusson des Boislevé "d'azur à trois flanchis d'or" est-il placé au-dessus des deux niches pour statues qui font partie du retable.
Un calice, un ostensoir et un ciboire en vermeil sont aussi des dons des seigneurs du Puy-du-Fou. Le calice et l'ostensoir sont regardés par les savants comme des oeuvres d'art. Deux paires de burettes avec plateau en argent, un riche ostensoir, de riches ornements attestent de leur générosité.

En reconnaissance, la fabrique de l'église leur concède et à leurs successeurs un banc gratuit à l'église et droit à être inhumés dans les caveaux de la chapelle souterraine.

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Revue du Bas-Poitou
1942 - 2ème et 3ème livraisons

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Commentaires
T
Excellent article, bien précis. Merci
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