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La Maraîchine Normande
24 mars 2013

CURIEUSE FIGURE ♣ L'ABBÉ LE DUC

L'ABBÉ LE DUC

L'abbé Le Duc est une curieuse figure très attachante et méritant qu'on s'y arrête un peu. Benoît-Louis Le Duc naît à Paris le 7 février 1764. Il est baptisé le même jour en l'église Saint-Paul.

Sa mère, Jeanne-Louise appartient à une famille percheronne de petite noblesse les Tiercelin de la Colleterie. A la naissance de son fils, elle a 18 ans. Plus tard, on l'appellera Madame de Bonneval.

Son père n'est rien d'autre que le roi Louis XV lui-même. Le fait est certain, le second prénom du nouveau-né le présume déjà, la sollicitude royale puis les diverses étapes de sa vie confirment et prouvent cette illustre filiation encore qu'adultérine.

Benoît-Louis Le Duc atteint sa dixième année quand Louis XVI, son "neveu" de la main gauche, lui accorde, à Compiègne, une Lettre de Reconnaissance de Noblesse et lui attribue des armes : "de gueules à la Croix de Saint-André d'argent".

Ses vingt ans accomplis et malgré sa bâtardise, il est voué à l'Eglise. Il devient prieur commendataire de l'abbaye de Saint-Germain des Champs à Paris, puis en 1786, ¤ abbé commendataire de l'abbaye de Saint-Vincent de Laon. C'était pour le jeune abbé, sinon la fortune, du moins "un superbe établissement", comme on disait alors : 20.000 livres de mense abbatiale.

Mais la Révolution s'approche et le fonds et le revenu vont disparaître à jamais.

Le Duc est intimement mêlé à une affaire obscure et peu reluisante pour Monsieur - le frère du roi, le futur Louis XVIII, - l'affaire Favras.

L'abbé Le Duc assiste  ce gentilhomme conspirateur à ses derniers moments. Il semble avoir pour mission de retenir sur les lèvres du condamné les mots qui compromettraient à jamais un prince du sang. Favras se tait jusqu'à l'échafaud et son confesseur réussit pleinement dans son rôle délicat, le 15 janvier 1790.

Deux jours après le supplice de Louis XVI, le 23 janvier 1793, Le Duc date une lettre adressée à la Convention pour réclamer, à Sens, près du Dauphin, son père. La supplique n'a naturellement aucune suite. C'était tout de même de la part de son auteur un signe évident de courage.

Dès lors, l'abbé subit tous les ennuis inhérents à sa naissance, à son état et à son époque.

Par arrêté du Comité de Sûreté Générale du 10 nivôse an II, et de la Commune de Soissons, il est traduit devant un tribunal parisien, - sans doute sous l'inculpation d'aristocrate - et est interné à Sainte-Pélagie.

Le 9 thermidor le libère temporairement. Le 19 ventôse an III un arrêté du Comité de Sûreté Générale lui rend une liberté plus complète. Il habite alors dans le district de Chauny, l'un des six du département de l'Aisne à l'époque.

Deux mois plus tard, il pétitionne auprès du directoire du département de l'Aisne pour être rayé de la liste des émigrés. Il n'obtient pas cet exeat. Peu après, il habite Marigny-en-Orxois et renouvelle sa demande auprès des autorités d'Egalité-sur-Marne. Le 12 germinal an III, il obtient enfin satisfaction.

Il dispose sans aucun doute de moyens assez copieux. Il secourt la famille royale en exil et d'autre part reçoit des subsides de Napoléon. La Restauration lui accorde une pension. Il applaudit au retour du Roi. En 1820, la faveur royale s'affadit et Le Duc devient même une sorte d'interdit de séjour, on lui assigne Vannes, en lointaine Bretagne, comme résidence.

Nouveaux subsides en 1824, la faveur royale diminue avec Charles X et les secours s'amenuisent. Ils doivent disparaître tout à fait puisqu'en décembre 1830, Le Duc écrit à Louis-Philippe, sans succès semble-t-il. A ce moment il atteint 66 ans.

On ignore lieu et date de sa mort.

ROGER HAUTION
Bulletin de la Société archéologique,
historique et scientifique de Soissons
1957

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