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La Maraîchine Normande
18 mars 2013

JOSEPH BONNIN DE SAINT-AMAND-SUR-SEVRE

JOSEPH BONNIN

Ce fut un des plus braves soldats de la Rochejaquelein ; né à Saint-Amand-sur-Sèvre, il ne quitta son général qu'après la mort de ce dernier, pour suivre Stofflet et Marigny dans les dernières campagnes.

♣ Compagnon d'armes des fameux Texier de Courlay, il contribua puissamment avec l'un des trois frères, par la manoeuvre habile, à la défaite des Bleus au combat de Boismé. A la fin de l'année 1793, une armée républicaine, partie de Thouars, envahissait la Vendée ; les Bleus avaient appris que Stofflet et Henri de la Rochejaquelein avaient réussi, après le désastre de Savenay, à traverser la Loire. Les débris des armées vendéennes se reformèrent immédiatement sous le commandement de ces deux chefs éprouvés. Pendant trois jours on batailla contre l'armée venant de Thouars. Refoulés par des forces supérieures, les Vendéens reculèrent en bon ordre, et finalement se rallièrent à la nuit près du bois du Moulin-aux-Chèvres. Les soldats étaient épuisés et mouraient de faim. Les officiers se tinrent cependant sur le qui-vive ; craignant une surprise, défense absolue fut faite d'allumer aucun feu de bivouac. Bonnin eut beau fermer les yeux, le sommeil ne vint pas ; au milieu de la nuit, il résolut, coûte que coûte, d'aller chercher des vivres dans une maison qu'il connaissait à proximité du camp. Il n'eut pas de peine à entrer, la maison était déserte et la porte entrebaillée. Il eut la chance de trouver la moitié d'un pain abandonné sur la table et un morceau de vieux lard resté au fond du charnier. Arrivé au camp, il réveille cinq ou six camarades et, se retirant avec eux à l'écart, il partage son butin. Malgré la défense, ils ne peuvent résister à la tentation de faire griller leur lard ; chacun d'eux, une brochette à la main, approchait son morceau de la flamme, et malgré l'imperfection du procédé, le dévorait des yeux. Au milieu de cet apprêt pittoresque, survient Stofflet. Il apostrophe les convives de sa voix la plus rude, puis, d'un coup de pied, il fait voler dans toutes les directions les broutilles enflammées. Les pauvres affamés, sans se décourager, font semblant de mordre dans leur pain et laissent au général le temps de s'éloigner. Quand il a disparu, on rassemble les tisons mal éteints et bientôt brochettes et lard ont repris leur position.
Tout allait bien quand M. Henri arrive à son tour. "C'est mal ça, mes enfants, vous pouvez compromettre notre position avec votre farde ! Comment ! toi, Bonnin, que je regardais comme un modèle de discipline, tu t'oublies ainsi ?

En parlant de la sorte, La Rochejaquelein jetait un oeil de convoitise sur le piteux déjeuner. Bonnin s'en aperçoit : "Oh ! tenez ! M. Henri, vous me faites l'effet d'avoir aussi grand faim que nous ; ne grondez pas si fort, nous allons partager avec vous." La Rochejaquelein sourit : "Tu me prends par ma sensible, car depuis trois jours je n'ai guère avalé que la fumée de la poudre ; c'est égal, éteignez votre feu ; les parts sont déjà faites, il n'y en a pas pour moi". - "Soyez sans inquiétude, répond Bonnin, ce qui est partagé n'est pas mangé, nous allons diminuer nos rations pour faire la vôtre." Le général dévora sa part à belles dents et quand il eut fini : "Merci, mes enfants, vous m'avez rendu la vie ! Vous n'y perdrez pas ; on est allé chercher du pain à la Durbellière et quand il sera venu je vous en donnerai. Mais ne dites rien, car je serais blâmé si on savait ce que je viens de faire."

Si le bouillant courage et les talents militaires d'Henri de La Rochejaquelein enthousiasmaient les soldats, sa bonté franche, sa manière de procéder qui entrait si bien dans le caractère vendéen, lui attiraient des dévouements sans bornes. "Si M. Henri eut vécu, disait Bonnin, il eût trouvé des soldats tant qu'il se fût rencontré un enfant capable de porter un fusil".

PUAUD ET LA PRISE DE POUZAUGES

Après le passage de la Loire, les patriotes du pays, acquéreurs de biens nationaux et autres, croyant la guerre finie, brossèrent leurs uniformes un peu ternis dans leur cachettes, organisèrent des clubs et une garde nationale. Les patauds de Pouzauges se distinguèrent entre tous, firent appel à leurs amis disséminés et formèrent une troupe nombreuse. On les voyait parader sur la place, le fusil au bras, braillant la Marseillaise et jurant d'exterminer les aristocrates qu'ils croyaient tous partis. Quand ils avaient arrosé leur chant patriotique de quelques rasades du petit blanc du crû, leur attitude laissait vraiment à désirer.

Puaud, du village des Barres, ancien garde-chasse du marquis de Grignon, un des meilleurs tireurs de la Vendée, était resté caché dans les environs de Pouzauges ; c'était un homme de petite taille, un peu brusque, vif, plein de sang-froid et de résolution. Son courage l'avait fait remarquer parmi les plus braves, nul n'entendait mieux que lui cette guerre de partisans qui fit tant de mal aux Bleus. Ce fut lui qui eut l'idée, à la fin de la guerre, de lever une dernière fois le drapeau blanc fleurdelisé, pour l'ensevelir dans un combat héroïque ; il rassembla quarante braves et s'enferma avec eux au château de Saint-Mesmin. Le siège mémorable qu'il y soutint a été raconté ; il peut soutenir la comparaison avec celui de la Pénissière et c'est tout dire !

Les parades ridicules des Patauds de Pouzauges finirent par lasser sa patience. Il se rendit à la Pommeraye où il trouva Joseph Bonnin à peine rétabli d'une grave blessure ; une balle lui avait traversé la cuisse. "J'ai besoin de toi, lui dit-il, il faut que tu me donnes un coup de main pour mettre à la raison les patriotes de Pouzauges.

"Je vous demande encore huit jours, lui répond Bonnin, pour pouvoir marcher jusqu'à Pouzauges."

Le jour et l'heure convenus, Puaud quitta Bonnin. Huit jours plus tard, Puaud se trouvant à la tête de 120 hommes, divisa sa petite troupe en trois bandes ; Huvelin, Bonnin et lui en prirent le commandement. Huvelin devait se tenir en observation vers le point appelé le Puymétreau ; Bonnin devait s'arrêter au pied du Donjon et Puaud entrer par le petit faubourg du Bourbelard. Quand ce dernier voulut donner le signal convenu de l'attaque en tirant un coup de fusil, il aperçut un homme en uniforme à une assez grande distance ; au lieu d'envoyer sa balle en l'air, il la dirigea vers lui et l'étendit mort ; un autre déboucha d'une rue transversale, Puaud le tua comme le premier. Huvelin, Bonnin et leurs hommes n'eurent pas le temps à la rescousse ; les Patauds, pris de peur, se sauvèrent par le côté laissé libre, dégringolant à qui mieux mieux à travers les haies et les murs de clôture. Quand les trois détachements se rejoignirent, ils ne trouvèrent plus personne ; ils aperçurent seulement les derniers fuyards qui s'éloignaient rapidement dans la vallée qui entoure le vieux Pouzauges. En sorte qu'on peut dire que Puaud prit tout seul la ville.

Le résultat de cette facile victoire fut utile au pays ; les Patriotes de Pouzauges et des environs se tinrent pour avertis et jusqu'au retour des armées républicaines ils ne donnèrent plus signe de vie.



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