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La Maraîchine Normande
15 mars 2013

PALLUAU - SAINT-ÉTIENNE-DU-BOIS (85) - JOSEPH JANDIN, ÉLÈVE CHIRURGIEN SOUS DAVY, DIT DESNOROIS, OFFICIER DES REBELLES

HISTOIRE DU RÉPUBLICAIN JOSEPH JANDIN
AGÉ DE VINGT-TROIS ANS, NATIF DE PALLUAU
Élève en chirurgie sous Davy, dit Desnorois, officier des rebelles.

Fils d'André Jandin et de Magdelaine Bardoult, Joseph Jandin est né à Palluau, le 18 octobre 1770.

Jandin Joseph acte naissance



Ce mémoire fut rédigé par l'auteur, pendant sa détention à la maison d'arrêt des Sables et présenté, comme moyen de défense, au Comité révolutionnaire de cette ville.

A l'époque de l'insurrection, je demeurais à Saint-Etienne-du-Bois, chez une de mes soeurs qui s'est établie dans cette commune. J'étais là pour prendre des principes de chirurgie et commencer de me former à cet art sous un maître de campagne, appelé Denauroy. Il était en pension, chez ma soeur, avec un volontaire de la Vendée, arrivé depuis peu des frontières. Ce dernier s'appelle Grolleau ; il est maintenant dans la compagnie des chasseurs. Nous vivions tous trois dans la plus étroite union et la meilleure intelligence du monde.

Le 12 mars, vers l'heure de midy, nous apprîmes, avec douleur, qu'il était arrivé, à Legé, une cohorte infâme de rebelles qui ne respectaient rien, forçaient les personnes qu'ils rencontraient de les suivre, ou les menaçaient, en cas de refus, et souvent sans cette dernière raison. Une nouvelle si triste affligea et alarma nos coeurs. Nous délibérâmes aussitôt sur le parti que nous devions prendre. Le sujet de notre délibération était, ou de rassembler le petit nombre de républicains qui étaient dans la commune, ou de nous replier dans un autre endroit, où nous en trouverions davantage, et où nous attendrions qu'il y eut un rassemblement de sans-culottes pour ensuite le rejoindre. Ce dernier conseil fut suivi. Nous nous retirons, tous les trois, dans un village un peu éloigné du bourg, et sur la route que nous devions tenir, au cas que les insurgés arrivâssent à Saint-Étienne, pour y faire sonner le tocsin. Nous étions à ce village, lorsqu'on vint chercher l'un de nous, Denauroy, pour aller panser un de nos frères, appelé Massé, qui fut blessé en faisant route de Nantes vers Palluau. Il était alors à peu près trois heures du soir. Denauroy s'empresse de voler au secours du blessé, sans beaucoup réfléchir à sa démarche. Aussi pensa-t-il perdre la vie dans cette circonstance. Nous ne restions donc plus que deux.

Tout à coup nous entendons un bruit sourd et alarmant partir du côté de Saint-Étienne-du-Bois. Nous ne doutons plus que les insurgés y sont arrivés. Nous prenons aussitôt la fuite ; nous nous retirons vers le Poiré qui est à deux lieues de distance de l'endroit où nous étions. Le lendemain, nous convînmes, avec les citoyens de cette commune, de prendre les armes pour arrêter les progrès de l'insurrection. Nous les avions déjà à la main, lorsqu'il passa un détachement de républicains qui se rendait de la Roche-sur-Yon à Palluau. Au lieu de nous en tenir à notre première résolution, nous le suivîmes. Dans notre route, nous entendîmes quelques coups de canon ; ce qui nous donna à penser qu'on était déjà aux mains avec les rebelles. Nous pressâmes aussitôt notre marche, en criant d'une voix unanime : "Vive la nation ! Vive la République !" Nous arrivons à Palluau ; nous apprenons que l'action avait cessé.

Le 14 du même mois, nous fûmes attaqués par les rebelles. Ils étaient au nombre de cinq à six mille hommes ; et nous, nous n'étions que trois cents ; encore était-il parti de ce nombre un détachement de soixante et quelques hommes pour Apremont. Le combat s'engage ; nous sommes obligés de céder au nombre et de prendre la fuite avec précipitation. Ce même jour fut pour ma famille un jour de deuil et de tristesse. Elle eut le malheur de perdre son chef, assassiné par les brigands. Ils tuèrent donc mon père dans cette malheureuse journée ; vidèrent notre cave, assez bien montée en vins de plusieurs espèces ; nous consommèrent deux tonneaux de farine ; encore forcèrent-ils mes frères qui ne purent se sauver, de les boulanger, en laissant, auprès d'eux, une garde de dix hommes qui avait ordre de les tuer, s'ils ne travaillaient pas de suite. Ils finirent par emporter de notre maison ce qui leur plut. Toutes ces dernières pertes, quelque considérables qu'elles fussent pour nous, ne furent rien pour nos coeurs en raison de celle de notre malheureux père.

Nous nous repliâmes, de suite, sur la Mothe. Là, les uns furent d'avis d'y passer la nuit ; mais la majorité opina pour partir de suite. Pour moi, excédé de fatigue, les pieds brisés - car ils étaient nus, ayant été contraint dans ma fuite, d'abandonner des sabots, que j'avais pris malheureusement ce même jour, - il ne me fut pas possible de continuer ma route. Je me couchai, de suite, n'ayant besoin que de repos. Je comptais partir le lendemain, pour les Sables, avec plusieurs autres qui n'avaient pu suivre, ainsi que moi. J'étais dans cette pensée, et commençais déjà à goûter les douceurs du repos, lorsqu'il se répand une grande alarme dans la Mothe. C'était l'arrivée des brigands qu'on annonçait. Je me lève aussitôt ; la crainte me donne du courage et je me retire à un village appelé Le Richard (alias la Roche-Richard, village de Saint-Julien-des-Landes), autant que je puis croire.

Le lendemain, un peu délassé, je me disposais à me mettre en route, pour me rendre ici ; lorsqu'il vint subitement des cavaliers, de la part de Joly, avec ordre de faire attrouper les gens de la campagne, d'arrêter toutes les personnes étrangères et les conduire à Beaulieu, lieu de son rassemblement. Aussitôt l'on se saisit de moi et l'on me conduit, au lieu indiqué, comme un criminel et en me menaçant sans cesse de m'ôter la vie. De Beaulieu, je fus conduit à Palluau, devant Savin, que les rebelles avaient mis à leur tête. A mon arrivée, on voulut me mettre en prison ; mais Delaunoy, - qui avait été pris par les insurgés, lorsqu'il fut panser le blessé, dont j'ai parlé, et qui fut forcé pour sauver sa vie, de leur promettre d'entrer dans leur parti, - me prit sous sa responsabilité. Je passai quelques jours sans être employé, mais non sans être beaucoup menacé par les paysans. Furieux alors, surtout au bout de quelque temps, ceux qui m'en voulaient déjà, depuis longtemps, parce que j'étais patriote, entreprirent de me faire marcher avec eux. "Nous ne lui donnerons point d'armes, disaient-ils, parce qu'il pourrait s'en servir contre nous, au milieu du combat. Nous le ferons marcher, à notre tête, afin de l'avoir toujours sous les yeux, et qu'il ne nous échappe pas pour nous trahir ensuite."

Au bout de quelques jours, la troupe des rebelles partit pour je ne sais quelle expédition, et on m'envoya chercher, par quatre hommes, pour me faire partir. Denauroy m'avait fait avertir et j'avais eu soin de me cacher. Je ne fus point trouvé. Je ne sais si, dans la suite, l'on m'oublia ; mais j'eus le bonheur de rester encore chez nous. A leur arrivée, ils prirent contre moi les résolutions les plus terribles. Ils étaient ennuyés de faire la guerre, tandis que je restais tranquille chez moi. La mort ou la prison était mon seul partage. Je fus instruit de leur dessein ; et je crus, sans me compromettre, pouvoir paraître entrer dans leur parti. Je pris cette résolution, moins à cause de moi, que du reste infortuné de ma famille et des conseils de quelques amis, qui étaient bien éloignés ainsi que moi, de l'esprit du brigandage.

Les rebelles avaient alors établi un corps, auquel il leur plut de donner le nom de comité. Chaque particulier allait, à volonté, dans la chambre où il se tenait. Les membres de ce prétendu comité étaient : Savin (Louis-Marc-Etienne, chirurgien et maire de Saint-Etienne-du-Bois, arrêté en mars 1798 et rendu à la liberté au mois de mai suivant), l'aîné, par le ministère duquel tout se faisait. Son frère (Louis, commandant royaliste au Luc, ex-capitaine de cavalerie, fusillé à Noirmoutier le 8 janvier 1794), le commandant, ne formait aucune entreprise sans le consulter, de manière que je puis avancer que lui seul était le mobile et l'agent de toutes les affaires qui se sont faites à Palluau, tant pour le militaire, que pour ce qui concernait les pouvoirs du Comité. Venait, après lui, un individu à grandes affaires, appelé Asselin, le maréchal ; celui-là n'a pas été un des amis de ma famille, ainsi que son frère, le chapelier ; ensuite Julien, agent du ci-devant marquis de Palluau ; enfin la Rouillère-Gilardeau, occupaient aussi chacun leur place. Ils reçurent, parmi eux, un cinquième membre qui fut Duplessis de Beaufou.

En toutes choses, ils tenaient à l'ancien régime. Ils ne voulaient point, parmi eux, de membre qui n'excédât l'âge de vingt-quatre ans. Ce fut, en allant aussi, moi, rendre quelquefois des visites aux membres du Comité, que je crus me sauver, et mettre ma famille dans un état un peu plus tranquille.

La première fois que j'y fus, je n'y allait qu'en tremblant. L'on fut surpris de m'y voir ; et même, plusieurs qui étaient présents, disaient entr'eux qu'il fallait me mettre à la porte ; que ce n'était point là ma place. Cependant, on ne le fit point. Le lendemain, j'y retournai. Je cessai, pour un moment, d'être aussi suspect. On se familiarisa avec moi ; même, au bout de quelques jours, on me faisait transcrire, mais rien de secret. Je sauvai ainsi les apparences pendant un mois et demi ; mais tout-à-coup je fus perdu ; je fus chassé comme un traître au Roy et à la religion. Quel malheur ! Voici la cause de ma disgrâce :

Le citoyen Voyneau, père, de Saint-Étienne-du-Bois, fut accusé devant Savin, le commandant, d'avoir répandu qu'il fallait couper la tête à tous les chefs ; que c'était le meilleur parti pour les gens de campagne ; que, par ce moyen, ils auraient la paix, et s'épargneraient bien des maux qu'entraîne la guerre après elle. Cette accusation parvint à la connaissance du citoyen Voyneau père ; cela fit une affaire sérieuse. Je fus accusé d'avoir été le rapporteur, et, de suite, disgracié. Ce fut alors que les vexations contre moi et ma famille se renouvelèrent ; au point que ma mère et moi fûmes obligés de nous retirer et d'abandonner Palluau. Dès lors, je fus obligé, regardé comme un jeune homme indigne d'être employé dans la cause des augustes défenseurs du trône et de l'autel. Tels étaient les propos fréquents que l'on me faisait ; mais je me riais de tous ces propos.

A peu près dans le même temps, je reçus ordre, de la part de Savin, commandant, de ne pas abandonner Saint-Etienne, où je m'étais retiré après ma disgrâce ; et de ne jamais sortir, sans sa permission ou celle du Comité, me menaçant, si j'avais le malheur de passer aux républicains, de rendre toute ma famille responsable de ma personne. Toutes ces menaces n'auraient pas eu grand effet sur moi, si je n'avais eu que mes intérêts particuliers à consulter. J'aurais fait volontiers le sacrifice de ce que je pouvais prétendre pour servir ma patrie. Retenu par les larmes d'une mère désolée, dont le poids de la tristesse s'augmente tous les jours, et qui, à chaque moment, sent rouvrir, au fond de son coeur, les plaies profondes et incurables qu'y a faites la mort d'un mari chéri ; retenu par les intérêts d'une nombreuse famille - nous sommes dix enfants, - dont tout l'avoir consiste en meubles, je pris la résolution de souffrir, au milieu de mes ennemis, plutôt que de compromettre la tranquillité de toute ma famille et causer la perte de ses propriétés. Si une telle conduite n'est pas excusable aux yeux de la loi, je doute quelle soit condamnée par les législateurs et leurs ministres.

En prenant cette résolution, je ne crus pas, pour cela, être dégagé des obligations, dont j'étais redevable à la chose publique ; je crus devoir faire le plus de bien que je pourrais dans ma position.

Je fis retirer, dans notre maison, un jeune Bordelais, appelé Laroque, aide-chirurgien-major ; il avait été pris au pont de la Chaise, et conduit à Palluau, comme prisonnier. Je le fis traiter comme s'il eut été mon frère ; et comme on l'avait dépouillé de toute ressource, je crus devoir lui ouvrir celles de ma famille, en le priant d'y puiser. Je lui fis procurer les moyens de rejoindre son corps, par le secours de ma soeur qui le fit cacher, au moment où les brigands évacuèrent Palluau, pour faire place à l'armée du général Boulard. J'ai fait nourrir, en prison, pendant deux mois, vingt prisonniers normands, d'une affaire de Machecoul. J'ai fait donner, dans notre maison, un logement à plusieurs citoyens de la commune du Luc, qui avaient reçu l'ordre de Savin de se rendre à Palluau, pour y être incarcérés ; mais, par adoucissement, ils obtinrent d'être consignés dans une particulière. Ils s'adressèrent à nous, et nous nous empressâmes de leur en céder une. Je vais en nommer plusieurs, qui sont maintenant dans le parti républicain, et qu'on peut consulter sur ce que j'avance à leur égard. Ils me serviront aussi de témoins, que je restais à Saint-Etienne-du-Bois, et que je n'occupais aucune place parmi les brigands ; qu'au contraire, ma famille et moi étions vexés par leurs chefs, suspects à tous les yeux, et traités comme tels. Voici leurs noms : Renaudin, marchand ; Pichard, marchand ; Péraudeau jeune, chasseur de la Vendée ; Texier frères, etc.

Ce n'est qu'avec beaucoup de peine, que je suis obliger de citer les services que je me suis efforcé de rendre à la République ; mais l'on excusera, j'espère, en se persuadant que ce n'est point pour m'attirer des applaudissements, mais pour me justifier devant mes juges.

Telle était ma conduite, au milieu des brigands, lorsque je fus forcé d'être du nombre de trois cents hommes, que Savin, par l'ordre de Charette, envoya, en garnison, à Noirmoutier. Ce coup fut, pour moi, le plus cruel qui m'avait été porté jusqu'alors. Il fallut m'arracher aux embrassements de ma famille et d'une mère dix fois trop tendre. Que cette séparation me fut dure et amère ! Cependant, il fallut partir. Savin, toujours attentif à me persécuter, avait inculqué à Charette l'idée qu'il avait lui-même de moi, et m'avait compris au nombre de ces trois cents hommes, dont un grand nombre était des personnes suspectes.

Rendu à Noirmoutier, sans armes - je n'en avais pas encore manié, - on ne m'en offrit point, car elles y manquaient ; mais, au bout de quelques jours, l'on me donna pour aide au distributeur de pain. Je passai, dans cette ville, deux mois dans la plus profonde tristesse. Je continuai à m'y comporter comme j'avais commencé ailleurs.

Quelques républicains, qui me connaissaient particulièrement, et auxquels j'avais souvent fait part de mes sentiments s'employèrent pour moi. Je fus absous par le Comité révolutionnaire, établi dans cette île par les représentants du peuple, qui lui avaient délégué tous les pouvoirs. Depuis ce temps-là, j'ai servi en qualité de commis à ce même Comité. J'ai obtenu un certificat de la manière dont je m'y suis comporté. Quand il n'y eut plus guère d'ouvrage, je demandai un passe-port pour aller voir mes parents. Au bout de quelques jours de mon arrivée, je fus arrêté en vertu de quelque dénonciation sans doute ; je ne crois pas qu'il en puisse exister une valable contre un jeune homme aussi infortuné que moi, et qu'on doit juger avoir été plus malheureux que coupable. J'étais encore en arrestation, lorsque les brigands s'emparèrent de Legé. Le corps entier des officiers du 1er bataillon de grenadiers de l'Ardèche qui était pour lors à Palluau, fut d'avis d'aller reprendre cette place. Je pouvais profiter de ce moment pour m'échapper, comme fit un autre prisonnier qui était avec moi ; mais l'idée de le faire ne me vint même pas à la pensée. Je demande une arme et je marche avec le corps d'armée contre Legé, d'où nous chassâmes les brigands, après minuit. Depuis ce temps-là, j'avais ma liberté. On crut me la donner, d'après la manière dont je m'étais distingué. J'avais toujours suivi le bataillon dont les officiers et les soldats m'avaient pris en affection. J'allais même remplir, au milieu d'eux, une place de caporal-fourrier, pour partir de suite sur les frontières, lorsqu'on m'a conduit ici.

Le tableau que je fais ici, est fidèle et conforme à la vérité ; celui d'un vrai républicain incapable de sauver sa vie par un lâche mensonge.

J. JANDIN

Le 28 janvier 94, Jandin, nanti d'un passeport du Comité révolutionnaire de Noirmoutier, s'était rendu dans sa famille, à Palluau ; mais le 4 février suivant, à la suite d'une dénonciation, il fut arrêté à Palluau et interrogé par B. Massé, agent municipal du canton de Palluau, auquel il apprit que les membres du Comité royaliste étaient : Savin l'aîné, maire de Saint-Etienne, président ; Savin, le jeune, son frère ; Asselin, maréchal ; Gilardeau le jeune, dit Boutière, et Julien, agent du ci-devant seigneur de Palluau ; Asselin, chapelier ; Grit de la Boutière, de Saint-Etienne-du-Bois ; Ricouleau, du bourg ; Desnorois, fils.
Maintenu en état d'arrestation, il fut conduit, le 22 février suivant, à Saint-Gilles et aux Sables, et écroué, le 23, à la maison d'arrêt de Rosnay.
On ignore ce qu'il devint.

A. BITTON
Société d'émulation de la Vendée
1889

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